Afros Mundos a surgi de la volonté de soutenir nos origines afro-brésiliennes, pour se souvenir que la mer ne nous sépare pas, elle nous unie. Cette union est plus que symbolique puisque l’Afrique est présente au Brésil, tout comme est le Brésil présent en Afrique. Cependant, de quelle Afrique parlons-nous: de celle de nos ancêtres? De celle des Dieux noirs? De l’Afrique des grandes dictatures? Celle des guerriers? Ou encore de l’Afrique des grands intellectuels Africains, ou afro descendants dispersés dans le monde? La diaspora Africaine a contribué à l’expansion « des mondes noirs ». Cette afro descendance, qu’elle soit en Amérique, qu’elle soit sur le dit Vieux Monde ou bien, réparties sur d’autres continents, va encore plus loin. La question est de savoir finalement ce que nous avons en commun. La couleur de la peau? Les traits? Qu’est ce qui nous unis? Quel est notre trait d’union? L’idée est d’apporter quelques réponses et de générer d’autres interrogations.
Il s’agit donc de créer un lien entre des intellectuels, des artistes africains et afro descendants, disséminés dans le monde, et desintellectuels afro-brésiliens, et africanistes. L’objectif est de rendre les connaissances académiques accessibles au grand public, grâce à l’usage d’un langage simple et compréhensible par tous. En bref, il s’agit d’ouvrir un espace d’échanges d’expériences et de passions.
Dans ce contexte, Afros Mundos propose célébrer la Semaine de la Conscience Noire Brésilienne, encore une fois, en France. Une Première Semaine de la Conscience Noire Brésilienne fut organisée par Márcia Moraes, en 2006, à l`Institut d`études politiques – IEP (Rennes), avec l`intention d`attirer l`attention pour la question noire brésilienne. Pendant cette période, les débats sur les actions affirmatives (l’équivalent français de « discrimination positive ») étaient enflammés au Brésil. La Semaine présenté des thèmes, comme les politiques d`actions affirmatives, la « démocratie raciale », la lutte dans la poésie afrobrésilienne. Elle a pu compter aussi sur une programmation culturelle (ateliers de danse, de musique et une fête de clôture).
« Conscience » c`est le terme pour convoquer le brésilien noir à discuter de notre réalité, de ce que nous sommes et notre pouvoir de transformation. « Conscience » pour pouvoir de transformer. Le 20 novembre a été choisi comme le Jour de la Conscience de la Conscience Noire au Brésil, pour être le jour de l`anniversaire de la mort de Zumbi dos Palmares (1695). Zumbi fut le leader du Quilombo dos Palmares – un vrai État indépendant dans le territoire du Brésil colonial –, qui s’étendait dans les actuels États de Pernambuco et d’Alagoas. Quilombo représente, encore aujourd`hui, dans l`imaginaire et dans le quotidien noir brésilien, un esprit de lutte, de résistance.
Cette année fêtera les 314 ans de la mort de Zumbi dos Palmares, le leader de la résistance noire au Brésil. Il fut assassiné. Il fut décapité et sa tête exposée sur la place publique afin de donner «l’exemple ». De quoi était-il coupable? D’être le chef de la plus grande communauté quilombola. Le Quilombo était un endroit où les esclaves fuyaient pour vivre en liberté, une région autonome cachée au milieu de la forêt, difficile d’accès. Au Quilombo ne vivaient pas seulement des noirs, mais aussi des blancs et des indiens qui refusaient le système esclavagiste. Longtemps considéré comme un bandit, un marginal pour l’historiographie officielle brésilienne, Zumbi dos Palmares est devenu une icône de la résistance noire au Brésil. La date de sa mort est devenue la journée officielle de la conscience noire – puisque le 13 mai, le jour de l’abolition de l’esclavage, n’est guère l’occasion de célébrer une grande victoire…
Au Brésil, comme dans de nombreux pays, la population noire a dû résister contre un racisme d’autant plus subtile qu’il était occulté par un discours officiel du métissage, qui décrétait que la « démocratie raciale » était déjà réalisée et laissait entendre que le pays était dans la voie du progrès puisque les peuples noirs et indigènes allaient un jour « blanchir » grâce au mélange. Aujourd’hui, il est impossible de parler du Brésil sans faire référence à sa culture métissée majoritairement noire. De la samba à notre réputation de gaieté, la culture noire est omniprésente. En revanche, cet apport culturel exige une contrepartie, une revendication permanente d’égalité des chances, un désir de réparation. Après l’esclavage, il n’y a eu aucune politique de réparation. Pourtant, en dehors des moments privilégiés de l’expression d’une identité culturelle distincte, comme par exemple lors des défilés du Carnaval, les noirs du Brésil se veulent aussi brésiliens que le reste de la population. Ils aspirent à intégrer la vie politique et universitaire, la diplomatie, l’enseignement. Ces désirs de participation remettent en cause le discours officiel de la démocratie raciale, les chiffres le montrent aussi clairement. De fait, les commémorations du mois de novembre, mois de la conscience noire, font apparaître une autre facette du Brésil : un Brésil conscient.
De ce fait, maintenait accompagnée pour des autres Afros Mundos, la prochaine Semaine de la conscience noire brésilienne va se réaliser entre entre le 21 et le 23 octobre 2009 en France, et sera l`occasion de promouvoir un rencontre entre la conscience noire brésilienne et d’autres formes de consciences africaines, filles de la Diaspora et de la Déportation.
Dans cette perspective de dialogue, les thèmes seront abordés par trois parties. La discussion sera accompagnée par un représentant de la Diaspora ou Déportation et un représentant africain. Les thèmes proposés sont: “Promouvoir la culture afro: quels défis?”, “Médias et diversité”, “Pratiquer le capoeira: le sport comme comme résistance”, “Être expatrié(e) et engagé(e)”, “Le rôle du parlement dans la promotion de l`égalité raciale”, "Entrepreunariat noir" et "Être Quilombola aujourd`hui: du panafricanisme, des actions affirmatives et les luttes des femmes noires quilombolas".
Márcia Moraes – présidente – Afros Mundos |