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Richard Bona en tournée française

 
Le bassiste camerounais sera en tournée française ce mois de Décembre après la sortie de son dernier album «Tiki»


De Douala à Bahia : Entretien avec Richard Bona
Propos recueillis par Samy Nja Kwa
Paris, le 20 septembre 2005
africultures.com

La carrière de Richard Bona, né à Minta à l’Est du Cameroun, a été une ascension fulgurante. Installé à New York, il a accompagné la crème des artistes : Bobby Mc Ferrin, Pat Metheny, George Benson, Franck Mc Comb, Danilo Perez… Son quatrième opus, Tiki, est un voyage musical entre l’Afrique et le Brésil, en passant par Cuba et l’Inde. Un vrai plaisir.

Il y a deux ans, tu sortais un album. L’année dernière, tu as participé aux albums de Georges Benson et de Pat Metheny, tout en travaillant sur un disque avec Lokua et Gérald Toto. Où trouves-tu le temps ?

Je voyage avec mon studio portatif, un « protools M-box ». Dès que j’ai une idée, je l’enregistre. Quand je suis dans le bus et que j’ai une idée, je l’enregistre avec mon magnéto portable et, une fois dans ma chambre, je la réenregistre. Je travaille tout le temps sur mes futurs projets, même en tournée. Quand je rentre chez moi, mes chansons sont pratiquement finies. Je n’attends pas d’être chez moi pour composer.
 
Que fais-tu pour rester au meilleur niveau ?

Je dis souvent qu’il faut continuer à chercher, à apprendre, ne pas tomber dans la monotonie. J’ai fait trois albums, dont le premier a été enregistré dans un studio loué et les deux autres, Révérence et Munia, dans mon propre studio. C’était une trilogie, la boucle est bouclée. Aujourd’hui, je suis dans une trilogie de voyage : ce nouvel album, Tiki, parle du Brésil, et j’aimerais aller à la rencontre de l’Inde ou de Cuba.
 
C’est pour cela qu’il y a des « clins d’œil » à ces pays dans cet album ? Tu y invites Susheela Raman, il y a aussi des rythmes afro cubains.

C’est un appel. Je ne veux pas que le jour où j’irais jouer en Inde ou à Cuba qu’on se dise que c’est étrange. Je veux qu’on entende déjà quelques accents de ces parties du monde dans ma musique. J’essaie d’écrire mes albums comme une histoire.

Dans ton album, tu nommes Caetano Veloso et Milton Nascimento, tu chantes Bahia comme d’une ville africaine

« Lambo lé bisso maya, di buki eyabanè » (en langue douala pendant l’entretien) : Il y a quelque chose qui nous relie, qui nous rassemble qu’il est difficile, même pour nous, d’expliquer. « E sè matumba mèsè na missono o bèn no, jatèlè miango tatan » : en regardant plus loin, ces couleurs et cette diversité, on se rend compte que c’est le seul pays où l’on trouve des Noirs aussi noirs qu’en Afrique et des Blancs aussi blancs qu’en Europe. Et tous revendiquent leur africanité. Je me souviens, être passé près d’une cuisine, dans un quartier de Salvador de Bahia, et d’avoir été ramené trente ans en arrière par ces odeurs qui étaient les mêmes qu’en Afrique. J’ai assisté à un mariage avec des tambours, des robes amples et longues, qui m’ont rappelé les « abélés » et les « kabas », c’était comme au Cameroun. Il y a des choses difficiles à expliquer tant qu’on ne les a pas vécues. Ce qui m’amène à dire que les coutumes et la culture sont les choses les plus fortes au monde.

C’est pour cela que le musicien brésilien Djavan a chanté en Douala ?

C’est un musicien formidable qui restera toujours une idole pour moi. Il avait la musique sur laquelle il devait chanter (« Manyaka O Brazil ») depuis un mois et avait écrit ses paroles en portugais. Quand il est arrivé en studio, il a commencé à fredonner ses mélodies en portugais et m’a demandé de lui apprendre quelques phrases en douala pour qu’il puisse les chanter.

Dans une chanson intitulée « Sen sen sen », tu parles d’Endalè. Qui est-ce ?

C’est un nom que j’ai donné à une compatriote. C’est une histoire triste que j’ai voulue joyeuse. Après un concert en Suisse, alors que je signais des autographes, une Africaine est arrivée, toute contente, pour me faire signer ses deux albums. Son accent me rappelait le Cameroun et je me suis mis à discuter avec elle. Quand je lui ai demandé ce qu’elle fait en Suisse, elle s’est subitement mise à pleurer. J’ai essayé de comprendre pourquoi. Elle était gênée, puis m’a avoué être une prostituée. Elle était venue suivre ses études en France, mais avait été détournée par un « maquereau » qui lui a pris ses papiers. Elle s’était ainsi retrouvée en situation irrégulière et ne savait pas trop comment s’en sortir. Je lui ai dit que personne ne pouvait contrôler son destin et qu’il fallait qu’elle s’en sorte. Je lui ai promis d’écrire une chanson pour elle. « Endalè » n’est pas son vrai nom, mais j’espère que cette chanson lui parlera et qu’elle s’en sortira.

Lorsqu’on joue avec des gens qui sont des idoles, comme Benson ou Djavan, comment rester humble ?

Lorsque j’ai donné mon premier cours à l’université de New York le 9 septembre, j’ai demandé aux étudiants d’être patients avec moi parce que je n’avais jamais enseigné. Je leur ai dit qu’il y aurait beaucoup d’imperfections, qu’il y en aura toujours parce que je suis et je reste un étudiant. C’est ce qui nous permet d’avancer. On peut toujours apprendre des choses. Lorsque je joue avec des gens, j’apprends toujours des choses nouvelles. Et puis, je ne veux jamais oublier d’où je viens.

Tu t’impliques de plus en plus dans des causes humanitaires. On t’a vu notamment à Yaoundé, pour parler du sida avec des lycéens.

La société ne peut évoluer qu’à travers l’éducation et la santé. Sans éducation ni santé, nous sommes appelés à mourir. Et quand je dis mourir, il ne s’agit pas simplement d’une mort clinique, mais c’est aussi d’une mort culturelle, morale. Lorsqu’on peut contribuer à faire avancer l’éducation et la santé, peu importe les moyens, on le fait. Quand je vais en Afrique, je rencontre des gamins, je vais dans des écoles et je les sensibilise contre le sida. Quand on voit combien ce continent est touché, je pense qu’il est important de le faire.
Au moment du passage du cyclone Katrina à la Nouvelle Orléans, des amis ont donné des concerts mais je n’étais malheureusement pas disponible. J’ai alors réfléchi à ce que je pouvais faire et j’ai décidé de faire une petite collecte dans mon immeuble. En vingt minutes, je me suis retrouvé, à ma surprise, avec des paquets de vêtements donnés par les habitants. C’est peu de chose mais parfois on n’y pense pas. On ne peut pas toujours s’appuyer sur les gouvernements, il faut s’impliquer.

Propos recueillis par Samy Nja Kwa
Paris, le 20 septembre 2005


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On a toujours l´impression de croiser Richard Bona, et non de le saisir immobile, tranquille, au repos. «Je trouve un confort aux voyages», dit-il en passant. Il sème son français d´expressions anglaises, laisse passer des souvenirs distraits qui font penser qu´il a déjà vécu vingt vies de musicien. Ces jours-ci, il traverse la France au galop pour accompagner la sortie de son album Tiki (chez Universal). Ce disque-là est lui-même un voyage : une fusion avec beaucoup de Brésil, et puis New York et Paris. Et puis l´Afrique, évidemment, parce qu´il n´en est jamais très loin.

Ce n´est pas seulement qu´il la porte avec lui, mais qu´elle lui apparaît souvent, comme par surprise : «Un jour à Salvador de Bahia, une sauce tomate que préparait une dame dans sa cuisine. Eh bien ça m´a renvoyé toute mon enfance.» L´enfance, c´est un village dans l´Est du Cameroun. A 4 ans, il s´installe au balafon, chez son grand-père musicien traditionnel. Il y est virtuose quand il passe à la guitare. «500 francs CFA – ça fait 1 euro – par soir, en jouant de 9 heures à 6 heures du matin.» Un ami lui fait entendre Donna Lee de Charlie Parker joué par Jaco Pastorius. «J´ai d´abord cru que le disque ne tournait pas à la bonne vitesse.» Choc. Il sera bassiste. «J´ai arraché deux cordes à ma guitare. Une basse, c´était 2 000 euros...»

Une habile fusion

Après, son histoire (racontée notamment dans le DVD Richard Bona, African Tale) tient du Tour du monde en 80 jours et de la quête du Graal. Il va tout jouer. Avec Cecil Taylor, Harry Belafonte, Queen Latifah, George Benson, Bobby McFerrin, Tito Puente, Herbie Hancock, Jacques Higelin, Paul Simon, Harrick Connick Jr... Il papillonne ? Kenny Garrett regrette que ses albums ne contiennent jamais plus de deux ou trois titres vraiment jazz. «On pourrait me reprocher de ne pas aller jusqu´au fond des choses dans le bebop ou dans une autre musique, mais ce n´est pas le plus important, finalement. Le plus important, c´est la personne que je suis. J´aime l´inconnu, j´aime apprendre. Herbie dit souvent que l´on est étudiant en musique jusqu´à la mort.»

Alors, au Brésil, il a appris. Il a glissé des guitares au feeling africain sous les rythmiques brésiliennes, il a invité Djavan qui lui a demandé, au bout de quelques minutes en studio, de traduire ses paroles en douala («Il n´avait jamais chanté une langue africaine et c´est beau, son accent brésilien»), il a convié Susheela Raman sur une habile fusion entre Afrique centrale, rap et Nordeste... Il en revient aux maîtres : «J´ai joué deux ans avec Joe Zawinul. Je suis né pas très loin des Pygmées, mais je n´ai jamais vraiment étudié leur musique – elle était là, voilà. Un jour, dans le bus de tournée, je vois Joe avec ses écouteurs sur les oreilles. Il écoutait de la musique pygmée. On apprend forcément de gens comme lui.»

Bona insiste : «Ma direction, c´est voyager.» Il n´aime pas que ses disques aient un seul son. «On me demande souvent en Afrique pourquoi je ne fais pas la musique vraiment africaine. Je me sentirais enfermé.» Il aime l´idée que «s´il avait vécu, Miles ne jouerait pas bebop. Il serait dans un projet avec des musiciens de Sibérie.» Le voyage, le voyage...

En concert le 8 décembre à Lille, le 9 à Nancy, le 13 à Clermont-Ferrand, le 14 à Lyon, le 15 à Montpellier, le 16 à Marseille, le 19 à Paris (Olympia).
 
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