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Angela Davis parle : «Continuer la lutte»

 
Militante féministe et icône vivante des luttes des communautés africaines américaines et des combats pour la liberté humaine, cette femme noire née en 1944 dans l’Alabama en pleine ségrégation dure aux USA deviendra une des voix les plus écoutées de


Militante féministe et icône vivante des luttes des communautés africaines américaines et des combats pour la liberté humaine, cette femme noire née en 1944 dans l’Alabama en pleine ségrégation dure aux USA deviendra une des voix les plus écoutées de l’anticolonialisme auquel toute sa vie semble dédiée. Issue d’un couple d’instituteurs communistes, elle allait adhérer au mouvement des Black Panthers et au parti communiste américain. Elle fut traquée et arrêtée par le FBI pour son activité militante, mise en prison pour des faits non avérés de prise d’otages. Ce qui ne l’empêcha pas de continuer de militer pour le parti communiste, les droits des Noirs et des Femmes, contre la guerre du Vietnam. Universitaire formée à Francfort, Paris et aux Etats-Unis, elle enseigne aux Etats-Unis et déploie une importante activité d’écriture dès 1971 à sa sortie de prison, et son combat l’a conduite à se présenter en 1980 et 1984 à l’élection présidentielle américaine au poste de vice-présidente pour le camp communiste. Son histoire est celle d’une femme engagée, qui n’a jamais baissé les bras devant l’hostilité des pouvoirs publics américains qui l’ont surveillée et combattue.

Elle continue d’enseigner à l’université (de Californie en 2006), et se fait entendre dans son opposition à la guerre américaine en Irak, dans sa solidarité aux victimes vietnamienne de l’Agent orange, et toutes les causes qui ont de logues dates été les siennes.

Elle répond aux questions de RFO.fr à qui nous empruntons cette interview. Angela Davis donne son point de vue sur la question noire en France, dans le contexte d’une lutte mondiale contre le capitalisme, elle aborde les aspects tactiques, stratégiques des combats transnationaux à mener, conjuguant les exploitations raciales, sociales, sexistes et économiques. Toujours optimiste et volontaire.

Comment voyez-vous la France depuis votre dernière visite ?

Angela Davis :
Je suis venue en France il y a deux ans. Et aujourd’hui, au regard du bilan du mois de novembre, je suis beaucoup plus consciente des problèmes de xénophobie, de racisme, de frustrations que les gens ressentent ici et qui sont très semblables aux genres de frustrations qui ont conduit aux émeutes historiques des Etats-Unis.

Vous reconnaissez-vous dans cette jeunesse française ?


Angela Davis :
Bien sûr ! Historiquement, nous partageons beaucoup de problèmes communs, beaucoup de difficultés communes. Oui, je vois des similitudes entre les jeunes de couleur ici et les jeunes de couleur aux Etats-Unis. En même temps, il y a des différences et je pense qu’il est important d’accepter les différences afin que les solutions proposées reflètent les circonstances locales, telles que la croissance généralisée du racisme par exemple.

Que diriez-vous à ces jeunes si demain vous alliez dans les quartiers populaires français ?


Angela Davis :
En fait, je suis allée dans ces quartiers. Je me suis rendue à Grigny et j’ai visité La Grande Borne. J’ai eu quelques conversations très intéressantes avec les jeunes sur place. Ils sont très concernés par les types de stratégies qui pourraient guider des changements sociaux concrets et radicaux.

J’ai par exemple discuté avec des jeunes intéressés par les médias et qui tentent de parler des problèmes rencontrés par les gens, les jeunes, les communautés pauvres et les communautés historiquement associées à l’immigration post-coloniale. J’étais très impressionnée par leur désir de créer des sortes d’associations qui satisferaient leurs exigences de changement.

Que pensez-vous du fait que les Noirs ne soient pas organisés en diaspora ?


Angela Davis :
Je ne suis pas sûre que les Noirs du monde entier puissent s’organiser en une seule communauté. Ils sont tellement différents... Ne serait-ce qu’aux Etats-Unis, où j’habite, il y a tellement de différences entre les Noirs que j’aurais des réticences à lancer un appel pour une unité noire indifférenciée. Comme je l’ai souligné de nombreuses fois, je ne tiens pas à m’associer avec certains Noirs comme Condoleezza Rice ou Clarence Thomas... (rires). C’est important de construire, de résister et de se reconstruire en se basant non pas uniquement sur la couleur mais aussi sur des idées politiques. Ceci est valable pour les groupements transnationaux que nous avons besoin de construire, pour une solidarité mondiale basée sur des projets d’amélioration du monde. Etant donné que je crois au socialisme et non au capitalisme, cela ne me dit rien de m’associer avec des capitalistes, fussent-ils noirs.

Les Noirs de France devraient-ils s’organiser sur une base communautaire ou sur une base sociale ?


Angela Davis :
Sur les deux. Bien sûr je pense que les communautés doivent s’organiser mais peut être qu’elles peuvent le faire en lien avec d’autres combats, plus larges, plus fédérateurs. Il existe un lien entre les soulèvements ici en France et le capitalisme mondial, il existe un lien entre ce qui arrive à la classe ouvrière pauvre aux Etats-Unis et ce qui se passe dans les pays de l’hémisphère sud à cause de l’ajustement structurel demandé par des organisations internationales, telles que la Banque mondiale ou le Fonds monétaire international, (FMI).

Les Noirs de France revendiquent leur Histoire et demandent un travail de mémoire. Quelle importance revêt ce combat à vos yeux ?


Angela Davis :
La revendication d’une nouvelle façon de voir l’Histoire est extrêmement importante. La manière dont on repense l’histoire de l’Esclavage aux Etats-Unis peut ne pas ressembler à un mode de résistance à vos yeux, ici en France. Quoiqu’il en soit, dans la mouvance des réparations pour l’Esclavage, nous considérons de plus en plus que les institutions contemporaines conservent des sédiments esclavagistes et maintiennent l’Esclavage en vie.
J’ai parlé du système carcéral, du fait que 70% de plus de deux millions de personnes en prison aux Etats-Unis sont issus de communautés de couleur, c’est à l’évidence un héritage de l’Esclavage. La peine de mort existe encore et de nombreuses personnes se demandent comment les Etats-Unis peuvent mettre des personnes à mort avec autant de désinvolture et aussi souvent : cette attitude est un héritage de l’Esclavage. Plutôt que de penser à des réparations, qui seraient uniquement attribuées aux descendants d’esclaves, il est important de se demander pourquoi l’abolition complète de l’Esclavage dans notre Société a été un échec. Cela ne concerne pas que les Noirs ou les descendants d’esclaves, nous avons tous un enjeu dans cette remise en question.

L’Esclavage a laissé une telle empreinte sur la Société toute entière que les enjeux sont beaucoup plus grands. Nous devons tous nous lever et reconnaître les dommages que l’Esclavage a fait et trouver des moyens pour les réparer.

Quelle est votre définition du féminisme ?

Angela Davis : Ma conception du féminisme est probablement différente de sa définition conventionnelle. Je conçois le féminisme comme la manifestation d’une volonté de ne pas seulement prendre en considération les formes d’oppressions infligées aux femmes mais aussi de penser au travers des frontières établies. De penser race, classe, genre et sexualité, tout ensemble sans se soucier de cet éternel clivage homme/femme.

Après toutes ces années de lutte, qu’est-ce qui vous donne encore l’envie de vous battre ?


Angela Davis :
Les problèmes sont toujours là ! Nous avons certes accompli un gros travail tout au long de notre vie. Cependant, il ne faut pas se contenter des victoires obtenues par l’un ou par l’autre. Il nous est souvent arrivé, dans le processus d’obtention de ces victoires, d’ouvrir les portes de l’égalité au niveau des sociétés capitalistes et du gouvernement. Aujourd’hui, bien évidemment, George Bush se flatte du gouvernement multiculturel qu’il a créé, en soulignant qu’il y a en son sein du gouvernement, des Noirs, des Hispaniques... Mais ce n’est pas ce multiculturalisme-là que nous voulons. Nous nous intéressons avant tout à ceux qui ont le plus à souffrir du capitalisme, à ceux qui souffrent du manque de démocratie. C’est pourquoi nous continuons à lutter, je ne m’imagine pas vivre ma vie autrement.

Avez-vous confiance en l’avenir ?


Angela Davis :
C’est plus fort que moi, j’ai particulièrement espoir dans la jeunesse qui représente le futur et qui va arriver avec plus de créativité et de nouvelles idées pour défier toutes les formes d’oppression.

Vous savez que vous êtes une icône pour la jeunesse française...


Angela Davis :
Ce n’est pas moi l’icône ! Je suis simplement une personne qui essaie de contribuer à la lutte pour l’égalité, la justice, la paix et le socialisme, beaucoup d’autres personnes essaient de faire la même chose. Cette icône qui a été créée, ce n’est pas mon image, c’est la représentation de luttes historiques, de possibilités de victoire.
Lorsque des personnes me disent que j’incarne tout cela, je leur réponds toujours : « Je ne suis pas la personne qui doit tout susciter en vous, pensez plutôt à ce qui a permis à mon nom d’émerger, pensez à ce qui m’a sauvée de la peine de mort ». Si j’ai pu échapper à ce destin, c’est grâce à la mobilisation de personnes dans le monde entier, particulièrement en France ou cette mobilisation était énorme. Les jeunes d’ici ont joué un rôle majeur dans ce qui est devenu la victoire de ma liberté.
C’est lorsque les gens s’unissent, s’organisent, se mobilisent et se tiennent ensemble, qu’il est possible d’apporter un changement. C’est ce message qui devrait être l’icône.

Quel message voudriez-vous faire passer à vos lecteurs et aux internautes ?


Angela Davis :
Mon message serait de continuer la lutte, continuer la construction de communautés de résistance. Bien évidemment, les jeunes générations jouent toujours un rôle majeur et produisent des nouvelles stratégies, apportent de la créativité dans leur vision, dans leur mode de résistance et j’ai très envie de les suivre sur cette voie. Voilà ce que j’ai envie de leur dire.

Propos recueillis par Maïté Koda et Timothy Mirthil
 Le 4 mai 2006
Lire :
*Angela Davis : Autobiographie, Le Livre de Poche, 1978
*Femmes, race et classe, édition Des Femmes, 1983

Angela Davis
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