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Samuel Eto’o Fils : "J’ai un devoir vis-à-vis des Camerounais"

 
YAOUNDE - 30 MARS 2007 © S. P. ETOUNDI & B. MBEZE, Cameroon Tribune "Quand je joue, les Camerounais attendent tous monts et merveilles. Ils s’attendent tous à ce que je marque. Si je ne marque pas, les gens sont tristes, parfois furieux. Les pens


YAOUNDE - 30 MARS 2007
© S. P. ETOUNDI & B. MBEZE, Cameroon Tribune

"Quand je joue, les Camerounais attendent tous monts et merveilles. Ils s’attendent tous à ce que je marque. Si je ne marque pas, les gens sont tristes, parfois furieux. Les pensées de la plupart de mes compatriotes sont dirigées sur Samuel. Les rêves des jeunes, c’est de faire comme Samuel Eto’o. A partir de là, où que je sois, je ne peux pas laisser faire un certain nombre de choses allant à l’encontre du Cameroun sans intervenir."

Comment se porte désormais Samuel Eto’o ?

Bien. Comme toujours.

Après six mois d’absence avec la sélection, comment Samuel Eto’o a-t-il été accueilli, et la motivation est-elle toujours intacte ?

J’ai été très bien accueilli par tout le monde. Les anciens comme les nouveaux joueurs. J’ai surtout trouvé un groupe très chaleureux qui baigne dans une bonne ambiance. Quand je reviens chez moi, c’est comme si j’étais à Barcelone. Porter le maillot de l’équipe nationale n’a pas de prix.

Votre retour coïncide avec l’arrivée de Jules Nyongha qui assure l’intérim après la démission d’Arie Haan, comment s’est passée la prise de contact ?

Je connaissais déjà le coach Jules (Ndlr : Nyongha). Nous avons eu un contact positif. Je crois que le Cameroun a enfin un sélectionneur.

Mais, il n’assure que l’intérim ...

Il faut qu’on arrête avec cette folie qui nous amène à aller toujours voir à l’extérieur. Nous avons beaucoup d’entraîneurs compétents dans notre pays. En dehors du coach Jules, je peux citer d’autres comme Sadi, Akono, Wansi et bien d’autres qui sont des entraîneurs compétents.


Vous semblez militer pour un entraîneur local. Aura-t-il suffisamment d’autorité pour gérer un groupe constellé de tant de stars ?

Je pense que si on met les nationaux en confiance en leur donnant les moyens, ils vont produire de très bons résultats. Nous sommes tous des responsables. Que ce soit Jules ou un expatrié, c’est pareil. La gestion d’une sélection est différente de celle d’un club. En club, on reste pendant 300 jours au moins par an alors qu’en sélection on vient pour quatre ou cinq jours. Celui qui est là va juste s’employer à ce que les gars gardent leur condition physique. Tous les entraîneurs méritent le même respect. Nous sommes assez grands pour faire le job. Le sélectionneur dirige un groupe. Mais il y a les responsables au sein de ce groupe qui sont ses relais. Le coach n’a pas besoin de la police. C’est le travail du capitaine et des joueurs cadres. Dans toutes les équipes, c’est comme ça. Même dans le Barça. Quand un jeune arrive, il sait comment s’y prendre. Quand tu es capitaine d’une équipe, tu es le patron.

Quelle est la place de Samuel Eto’o au sein des Lions ?

Je suis un joueur comme les autres. Le sang que vous avez dans vos veines, c’est le même sang qui coule dans les miennes. Mais, ça fait beaucoup d’années déjà que je cours dans cette équipe. Comme les gens m’ont déjà beaucoup vu, ils vont bientôt m’envoyer à la retraite alors que je peux encore courir pendant neuf ou dix ans.

Bénéficiez-vous d’un traitement de faveur ?

Je ne cesse de le répéter, je suis un joueur comme les autres. Cela dit, quand je suis là, je ne fais pas semblant. Il est de mon devoir de dire : " les gars, faites attention, il faut assurer le résultat ". Si on ne se protège pas, les autres ne le feront pas à notre place.

Croyez-vous en l’équipe actuelle des Lions ?

Si je comprends bien, vous n’y croyez pas. Allons poste par poste. Dans les buts, vous avez deux gardiens, Kameni et Souleymanou qui dégagent de l’assurance. A la défense, vous avez Rigo, Geremi, Atouba. Le milieu de terrain est tenu par Seidou et Makoun. Regardez leurs qualités. En plus, il y a des jeunes comme Nguemo et Mbia qui arrivent. Je m’arrête là (Rires). Le problème des Lions, c’est l’ambiance. Quand il y a une bonne ambiance dans le groupe comme actuellement, les résultats suivent. Lorsqu’un remplaçant est conscient qu’il est aussi important que celui qui a commencé le match, les choses vont d’elles-mêmes.


Parlons maintenant du Barça. Une certaine opinion pense que vous avez raté votre retour après la blessure. Etes-vous de cet avis ?

Je sortais de quatre mois et demi de privation de football. J’ai souffert dans mon coin. A partir de ce moment, une folle envie de jouer me brûle. Mon but est d’aider le Barça. Et le but des autres est de m’aider à leur façon. Mais vu de loin, il y a des interprétations. Je ne fais que jouer au football. Le reste ne m’intéresse pas. Mais quand on vous donne seulement une minute pour le faire, c’est difficile de donner le meilleur de vous-même.

Pendant quelques semaines, vous avez été au centre d’une grande polémique ...

Quand vous jouez cinq minutes à l’extérieur comme je l’avais fait quelque temps plus tôt, c’est légitime d’espérer avoir un temps de jeu plus important à domicile. Mais, un manque de communication entre le coach, Ronnie (Ndrl, Ronaldihno) et moi, a provoqué des remous. Le coach a fait une déclaration publique qui m’a touché. Et quand vous jouez au Barça, même un sourire est parfois mal interprété. Il y a eu simplement un concours de malentendus regrettables.

Toujours est-il qu’après la situation a dégénéré. Vous avez eu des mots durs à l’endroit de votre coach et de Ronaldihno ...

Mon entraîneur a quand même dit publiquement que Samuel a refusé d’entrer sur le terrain. Après, les gens peuvent interpréter ces mots différemment. Puis Ronnie a déclaré que chacun devait penser au bien de l’équipe. Mais ce n’était pas pour m’accuser. Le fond du problème, c’est qu’il y a eu un manque de communication. J’ai attendu 48 heures pour qu’on me donne des explications et n’ayant pas eu ces explications, j’ai dit ce que je pensais. J’ai explosé. Je n’ai jamais posé de problèmes à ce groupe. J’ai toujours pensé au bien de l’équipe. Je ne trouvais pas normal qu’on puisse dire ce genre de choses sur moi. Mais très vite on s’est expliqué tous et le malentendu a été dissipé.

Mais vos propos ont quand même marqué les esprits, vous parliez d’une scission dans le vestiaire du Barça. C’est grave...

Attendez. Même dans un gouvernement, il y a une opposition. Le Barça c’est un gouvernement et il y a sûrement une opposition. Et chacun joue avec ses armes. Je résume la situation comme cela.

Quelle place occupe Samuel Eto’o dans la vie du Barça et vice -versa ?

Je ne sais pas. Je suis un joueur, ça au moins, c’est certain. Toujours est-il que le Barça a une place importante dans ma vie. J’ai encore un contrat de trois ans. Mais on est en football et on ne sait jamais ce qui peut arriver.

Est-ce que vous envisagez quitter le Barça après tout ce qui s’est passé ?

Je vais vous dire une chose. Le football est un grand bazar où chacun veut gagner, les footballeurs, les clubs, les journalistes. Voyez-vous, si on parcourt les journaux de la semaine écoulée, comme il n’y a pas eu de championnat en Europe, les journaux vont profiter pour dire que Chelsea, Milan ou l’Inter sont revenus à la charge pour le transfert de Samuel Eto’o. C’est la loi du milieu. Il faut bien vendre les journaux. Je me sens bien au Barça. La ville est belle, ma famille s’y sent bien et les conditions de travail sont idéales.

Samuel Eto’o peut-il nous raconter sa journée au Barça ?

Je me lève tous les matins à 7h. Je prends mon bain. 7h30, c’est le petit déjeuner. 8h, je dépose ma fille à l’école. Je suis au club vers 9h. Je commence à me préparer pour l’entraînement qui commence à 10h. La séance dure généralement deux heures. Après l’entraînement, c’est la pause. Je traîne un peu. Je rentre à la maison vers 15h. Je mange et je me repose. Dans la soirée, je repars au club pour la deuxième séance. Je dors entre minuit et 1h du matin.

Et au Cameroun ?

C’est différent. Le rythme est infernal. Lever à 7h. Coucher à 5h du matin. (rires)

Mais la saison est quand même délicate pour vous et pour le club non ?

Le Barça est premier en championnat. On a été sorti de la Champions League, c’est vrai. Mais nous sommes encore en lice en coupe du Roi. On ne peut pas tout gagner. Mais je n’ai pas de doutes que nous allons être champions d’Espagne. Sur le plan individuel, je suis tranquille. J’ai été indisponible pendant presque cinq mois, mais aujourd’hui tout va mieux et la réussite revient. J’ai joué quatre matches et j’ai marqué trois buts, c’est bien. Mais le plus important ce sont les victoires de l’équipe.

Néanmoins, l’opinion s’interroge sur votre rendement d’ici à la fin de la saison. Que doit-on attendre de Samuel Eto’o ? Est-il possible que vous soyez encore "pichichi" ?

Je ne vais pas vous dire que je vais marquer 50 buts. Pas du tout. Mon job, c’est de trouver la solution pour qu’on marque.

Vous avez signé la semaine écoulée un contrat d’après lequel chaque fois que vous marquerez deux nouveaux buts, votre fondation gagnera une voiture. Est-ce une façon de vous motiver ?

Il y a un peu de ça effectivement. ça doit être stimulant de marquer des buts pour la bonne cause.

Justement parlons de votre engagement humanitaire. Qu’est ce qui vous pousse à vous investir autant pour aider les autres, effet de mode dans la jet-set ou générosité naturelle ?

Je n’ai pas besoin de ça. Mon pays en a besoin et ça ne me coûte rien de le faire. De plus, je suis plus heureux en le faisant. Quand je vois tous ces jeunes qui ont des problèmes, cela ne me laisse pas indifférent. Chacun a des problèmes dans la vie, mais leurs problèmes sont des détails pour moi. Alors, si je peux aider un compatriote en détresse, il n’y a rien de plus beau. Je ne suis pas un Européen, moi. La solidarité est dans la tradition africaine. Je me souviens très bien que quand j’étais gamin, ma mère se levait pour demander du sel à la voisine, qui le lui donnait volontiers. Il y a cette chaleur là. Je ne vois pas pourquoi avec la notoriété qui est la mienne aujourd’hui et ce qui en découle, je ne vais pas voler au secours de mes compatriotes. C’est même devenu un devoir pour moi. Même si je ne voulais pas le faire, je dois le faire. Comme cela ne me pose pas de problèmes, je le fais et je le ferai davantage.

Jusqu’où peut aller votre engagement humanitaire ?

Ca dépend. Je veux bien mettre la main dans la poche pour certaines choses, mais je ne peux pas tout faire. Plus vous avancez, plus il y a des difficultés. Et le chantier devient vaste. Tout dépend donc des personnes qui veulent bien m’accompagner afin que nous fassions ensemble œuvre utile pour améliorer le quotidien de mes compatriotes. Mais je ne me fixe aucune limite. J’espère qu’un jour, je verrai le Cameroun sans problèmes. Je rêve peut-être, mais nous devrons avoir au moins le minimum.

Quand vous offrez des lits ou des ambulances, quel sens donnez-vous à ces actions là ?

En offrant des lits aux jeunes des prisons, je me suis simplement posé la question de savoir si nous étions tous exempts de tout reproche. Comme un petit doute subsiste dans mon esprit à ce sujet, je me suis dit que nous sommes tous des condamnés potentiels. Et la prison n’est pas l’affaire de certains. On peut se retrouver tous en prison pour diverses raisons. Mais en prison tout espoir n’est pas perdu. C’est la raison pour laquelle j’ai tendu la main aux prisonniers et principalement aux jeunes qui sont l’avenir du Cameroun. C’est la même chose pour les accidentés et les malades.

Après le chantier humanitaire êtes-vous prêt à apporter votre caution à d’autres causes, le sida par exemple ?

Je suis prêt à tout. Si je peux apporter mon aide, je suis ouvert. Mais il faudrait que j’aie du temps. N’oublions quand même pas que je suis un footballeur avant tout. J’essaye de laisser du champ à d’autres personnes.

Quel est le regard que vous portez sur le Cameroun de façon générale ?

Je vais être assez franc. Je suis déçu du comportement de mes compatriotes. L’image que nous projetons à l’extérieur n’est pas bonne. On ne parle que des escrocs, des Camerounais qui sont dans tous les coups foireux. Pourtant, c’est une minorité. Mais elle fait un travail de sape qui ternit l’image de notre cher et beau pays. Et quand vous écoutez les commentaires désobligeants qu’on fait sur le Cameroun, ça ne fait pas plaisir. Il y a autre chose, les Camerounais sont des ingrats. Tu fais du bien à quelqu’un, il n’a même pas l’honnêteté de le reconnaître. Je ne parle pas de moi, je n’ai pas besoin de ça. Mais j’ai été frappé par les propos de quelqu’un qui a dit un jour, " Roger Milla là, il a même fait quoi pour qu’on nous rabatte les oreilles sans cesse avec son nom ? ". Le seul fait qu’il soit Milla et qu’il a fait parler en bien du Cameroun est déjà important à mes yeux. Il nous a permis de rêver et cela n’a pas de prix. Je serais peut-être braqueur aujourd’hui, si je ne m’étais pas dit que j’allais ressembler à Roger’s (NDRL, Roger Milla). A partir de là, je pense que Roger a beaucoup fait pour le Cameroun. Quand quelqu’un se permet de dire ce genre de choses sur notre Roger, cela démontre à quel point les Camerounais ont la mémoire courte.

Est-ce que Samuel Eto’o est conscient de ce qu’il représente pour les Camerounais aujourd’hui ?

(Emphatique) Ah oui. Ah oui. Il y a des choses qui me frappent. Quand je joue, les Camerounais attendent tous monts et merveilles. Ils s’attendent tous à ce que je marque. Si je ne marque pas, les gens sont tristes, parfois furieux. Les pensées de la plupart de mes compatriotes sont dirigées sur Samuel. Les rêves des jeunes, c’est de faire comme Samuel Eto’o. A partir de là, où que je sois, je ne peux pas laisser faire un certain nombre de choses allant à l’encontre du Cameroun sans intervenir. Et quand je reviens dans mon pays et je lis tout ce qui a été écrit récemment sur moi et l’équipe nationale, je suis sidéré.

Vous voulez parler de l’affaire Womé ?

Moi je n’ai pas l’habitude d’aller accuser les gens dans la presse. Tous mes coéquipiers savent que si j’ai quelque chose à dire à l’un d’entre eux, je le lui dis en face. Ils le savent tous. On a tous galéré ensemble. Ce qui me fait le plus mal, c’est que ce soit une personne qui partage la chambre en équipe nationale... Mais moi j’ai un devoir vis-à-vis des Camerounais et je ne peux pas me permettre de les décevoir. Il y a des choses qui peuvent me fâcher, mais je suis obligé d’évacuer. Je ne peux m’arrêter parce qu’untel a des états d’âme. L’équipe nationale est au-dessus de chacun d’entre nous.

Où en êtes-vous avec votre projet de centre de formation ?

On y travaille. Ce n’est pas un projet qui va naître en un jour. Il faut un travail de conception de qualité. On vient de me présenter la maquette. Je pense qu’il y a des choses à modifier. En tout cas, quand je me lance dans un projet, je ne fais pas n’importe quoi. Je voudrais faire quelque chose de bien dans mon pays. Mon ambition c’est de mettre sur pied des infrastructures qui puissent accueillir même le Barça. Il faut donc une bonne conception. Construire n’est pas un problème. En fonction du rythme des travaux, on peut construire en un ou deux ans. Je voudrais faire un truc qui soit à la hauteur du football camerounais.

Est-ce que vous suivez l’actualité politique au Cameroun ou ailleurs ?

Non pas du tout. Je ne m’intéresse pas à la politique. Chacun naît avec son don. Je sais jouer au football et c’est tout. Je n’ai rien à voir avec la politique. Il y a des gens qualifiés pour faire de la politique. Moi, ce n’est pas mon truc.

Quelle place occupe la famille chez Samuel Eto’o ?

La première place. C’est la chose la plus importante. Je pense d’abord à ma famille avant de regarder plus loin. Si ma famille n’est pas bien, je ne peux rien faire pour les autres. Mais en Afrique on a 350 cousins et autant de cousines, c’est difficile de ne pas s’engager.

Une certaine opinion pense que Samuel Eto’ o est un mauvais communicateur. Vos rapports sont même difficiles avec la presse d’ici et d’ailleurs. Quel est votre avis ?

La presse ne peut pas aimer quelqu’un qui dit toujours ses vérités à tous et à chacun. Mais dites moi, je joue au football et vous vous êtes des journalistes. Je ne peux pas faire votre boulot à votre place. J’ai l’impression que les journalistes veulent faire mon boulot à ma place. C’est le seul truc qui m’agace. Que chacun reste à sa place. A la longue, je préfère ne pas parler le plus souvent. Parce qu’il suffit d’une parole pour que mille interprétations surgissent. Et quand c’est écrit et lu, on ne peut plus revenir dessus. Dernièrement, quelqu’un s’est permis de dire que j’étais en train de me battre avec Thuram. Les images ont été diffusées avec une intention malveillante et c’est ce que je condamne. Je n’ai pas le pouvoir comme vous d’aller écrire tous les jours ou d’être à la télé et être entendu. Ce que vous dites, que l’on veuille ou pas reste gravé dans les esprits et les gens peuvent penser que ce que vous dites est toujours vrai. Ce n’est pas le cas. Il y a des journalistes qui donnent la bonne information et certains qui cherchent seulement le scoop, même déplacé. Je ne suis pas un mauvais communicateur. Les journalistes français qui m’ont jugé sévèrement de loin s’en sont rendus compte en m’approchant. On n’est pas bête. Je sais. Quand je marque et qu’on dit que c’est une bonne passe de tel ou quand je fais une passe et on dit c’est un beau but de tel, je ne suis pas dupe. Il faut que les gens cessent de m’accuser sans me connaître vraiment.

Et que pensez-vous de ceux qui disent qu’aujourd’hui vous faites trop d’efforts pour plaire à la presse française ?

Ils se trompent. Il y a un an avec mes collaborateurs, on s’est rendu compte que la France avait une grande influence sur le Cameroun. Alors comme je n’accordais pas d’interviews aux journalistes français, il y a des choses me concernant que mes compatriotes ne connaissaient pas. En clair en jouant en Espagne, j’étais méconnu dans mon propre pays. Et nous avons décidé de corriger cela. Si je suis plus disponible pour les médias français, c’est bien pour mes compatriotes et non pour les Français. Je ne veux pas plaire aux Français. Mon pays c’est le Cameroun et je veux que les Camerounais sachent que Samuel Eto’o s’est levé d’un bon pied ce matin et qu’il va bien. Du moins si ça les intéresse. Je n’ai jamais payé pour jouer au football et je ne payerai rien pour plaire aux gens.

Vous placez l’Afrique au centre de vos discours. Et si nous vous disons 2010. Qu’est-ce que cela évoque pour vous ?

La coupe du monde en Afrique bien sûr. Un grand moment que nous attendons tous. Je ne sais pas combien de temps il me reste à jouer au plus haut niveau, mais j’espère bien que je serai là en 2010. Et nous devrons tout faire pour que l’Afrique réussisse ce rendez-vous, tant au niveau de l’organisation que sur le plan sportif. Nous devrons faire comme les autres. J’ai fait trois coupes du monde deux en tant que joueur et une autre en tant que journaliste (rires), consultant j’allais dire. Mais je dois avouer que j’ai souffert en Allemagne. Lorsque que je rentrais des matches, je m’enfermais dans ma chambre. Au-delà de notre participation, sur un plan personnel, j’avais peut-être une carte à jouer. Il y avait le Ballon d’or au bout. Mon constat est que le pays organisateur figure toujours bien. Coïncidence ? Je n’en sais rien. Mais nous devrons tout faire pour qu’un pays africain aille loin dans notre coupe du monde. Tous les Africains doivent se mobiliser pour que l’Afrique joue les premiers rôles. Si c’est le Cameroun c’est encore mieux. Je ne suis pas raciste, mais pour moi c’est mon continent d’abord. Cela dit, au-delà de la coupe du monde 2010, mon plus grand rêve est de jouer une coupe d’Afrique dans mon pays avant la fin de ma carrière.


Et comment appréciez-vous l’émergence des grands buteurs africains dans tous les championnats européens, Kanoute, Drogba, Aruna Dindane etc.

C’est une bonne chose. Je suis très content. Les Européens peuvent se passer difficilement de nous. On nous a mis tellement de barrières qu’aujourd’hui, la réussite de beaucoup d’entre nous au haut niveau est un vrai bonheur. Et j’espère que nous allons ouvrir les portes pour les plus jeunes. J’aimerais voir le Barça, le Real, le Milan ou Chelsea aligner six Africains. Ces clubs alignent bien six ou sept Brésiliens alors pourquoi pas autant d’Africains.

Samuel Eto’o aurait-il aimé jouer dans une équipe camerounaise, si oui laquelle ?

J’aurais effectivement pu jouer dans deux équipes camerounaises à un moment où je n’avais pas de certitudes sur ma carrière. Il y avait le Canon et le Tonnerre. Si j’ai bonne mémoire je crois j’ai même discuté avec Docta (Ndlr.Théophile Abega), mais mon grand frère là est spécial et ça n’a pas pu se faire. J’aurais vraiment aimé jouer dans l’un de ces clubs. Mais il y a aussi l’équipe du village, Dynamo de Douala.

Aujourd’hui Eto’o pense-t-il au Ballon d’or ?

Non. Je préfère jouer et penser à faire gagner mon équipe. Il y a des gens qui sont là pour choisir les meilleurs joueurs. Si un jour, ils pensent que j’ai bien fait, tant mieux. Mais je ne me prends plus la tête avec ces choses -là.

Pour le Ballon d’or africain, les Camerounais auraient souhaité que tu le remportes pour la quatrième fois. Cela ne s’est pas fait, et ton absence à Accra a été mal perçue. Eto’o serait-il un mauvais perdant ?

Je n’étais pas à Accra parce que si j’ai une bonne mémoire, j’avais une importante échéance avec mon équipe. J’avais donc besoin de me concentrer là-dessus. Et même si j’avais gagné je ne serais pas allé à Accra. Je ne suis pas allé chercher tous mes trois ballons d’or si je me souviens bien. Et puis, je ne voudrais pas faire de polémique. J’ai toujours été sincère, Didier et Michaël sont des gens pour qui j’ai la plus grande sympathie et ils le savent. Mais dites-moi, les trois fois où j’ai été Ballon d’or, tous les finalistes étaient-ils là ? La réponse est non. Alors pourquoi les gens parlent. Parce que c’est Eto’o ? J’aurais vraiment voulu aller à Accra, mais je n’ai pas pu pour les raisons que j’ai évoquées. Pour le reste, Didier a mérité son Ballon d’or. C’est un grand joueur.

Vous avez rejeté en bloc votre éventuel engagement en politique. Que dites vous de la participation des footballeurs à la gestion des affaires de leur sport ?

Je dis que pour que le football camerounais marche, il est important que les gens qui connaissent le football notamment les anciens footballeurs arrivent aux affaires. Je n’ai pas une idée précise des postes qu’ils pourraient occuper, mais on doit les intégrer et les consulter. ça se passe ainsi dans tous les pays. En Allemagne, on ne peut rien faire dans le football sans consulter Beckenbauer ; en France c’est la même chose avec Platini. Au Brésil, l’avis de Pelé compte et celui de Maradona en Argentine aussi. Alors pourquoi pas au Cameroun ? Il y a des gens au Cameroun qui ont joué au football et qui connaissent ses problèmes. On les met devant et on place ceux qui ont fait des études de marketing, de finances, de communication etc. derrière. Jusqu’ici, il y a des gens qui gèrent, mais les résultats ne sont pas toujours satisfaisants. Alors je pense qu’il faut essayer une autre approche. Nous disposons des gens qui peuvent nous apporter beaucoup de choses. Hors du pays, très peu de gens peuvent refuser d’aider Roger Milla par exemple. Sa tête seule nous emmène dix stades.

Les Camerounais font un reproche à Samuel Eto’o : il ne marque pas assez pour le Cameroun. Que leur répondez-vous ?

Il faut dire aux Camerounais une chose : dans les Lions je n’ai pas les mêmes coéquipiers qu’au Barça. Avec les Lions, je suis obligé d’évoluer comme deuxième attaquant. Les qualités de mes partenaires m’obligent à jouer ainsi. Dans ces conditions, mon boulot est de faire marquer le premier attaquant. Eto’o est alors important pour les Lions dans un autre registre. On l’a vu à Abidjan face à la Côte d’Ivoire. Mais lors de la dernière CAN, j’ai profité d’un système de jeu différent avec des joueurs comme Makoun, Douala et Saïdou qui me mettaient sur orbite. Vous connaissez le résultat. Au Barça, j’ai des joueurs qui me donnent des ballons et je fais l’effort d’en mettre le maximum au fond des filets. En équipe nationale c’est plus délicat. Mais que les Camerounais sachent que si j’ai des ballons, je vais marquer. Néanmoins ce qui est le plus important c’est la victoire de l’équipe.
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