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Meinrad Hebga : Le père de la rationalité du Kon et du Famla (1)

 
Le philosophe et prêtre exorciste a fait la démonstration de la rationalité des phénomènes paranormaux en 1998 dans un maître ouvrage que l`un des meilleurs spécialistes camerounais de sa pensée a lu.


Le philosophe et prêtre exorciste a fait la démonstration de la rationalité des phénomènes paranormaux en 1998 dans un maître ouvrage (2) que l´un des meilleurs spécialistes camerounais de sa pensée a lu.
Par Charles Ossah *

Alors que jusque-là la question de la rationalité sur le plan philosophique avait pour lieu d´élaboration, l´Occident, et pour ces auteurs, les philosophes issus des différents systèmes de pensée de la tradition culturelle occidentale, Meinrad Hebga procède à une délocalisation de cette question en la posant à partir du substrat métaphysique et culturel propre aux sociétés africaines. Il s´agit là, d´une réflexion originale et révolutionnaire qui, à n´en pas douter, marque un tournant décisif dans l´histoire de l´émergence d´une philosophie propre à l´Afrique.

L´auteur se propose dans son ouvrage de soumettre à l´examen philosophique (épistémologique ou métaphysique) un certain nombre de phénomènes paranormaux qui hantent la conscience africaine. L´objectif étant d´établir la rationalité, c´est-à-dire la cohérence logique du discours les concernant. Selon Meinrad Hebga, il s´agit non pas d´une défense des pratiques habituellement reléguées par l´Occident de la science et de la technologie dans le domaine de l´irrationnel ou d´une promotion du mysticisme et de la crédulité, mais de relativiser en considérant comme de simples données culturalistes parmi d´autres, les soubassements anthropologiques et métaphysiques qui sous-tendent le jugement d´irrationalité porté contre les discours africains sur les phénomènes paranormaux. Ce jugement négatif est formulé non point au nom de la raison, mais d´une raison située dans un cadre anthropologique et métaphysique déterminé, à savoir la conception dualiste du composé humain qui caractérise la pensée occidentale depuis Platon. Le but d´un tel projet est de réhabiliter les croyances métaphysiques et religieuses africaines.

La dualité du composé humain dans l´anthropologie occidentale Meinrad Hebga se livre à une analyse des théories anthropologiques chez les philosophes occidentaux. Il s´agit de : Platon, Aristote, Descartes et Bergson.
Meinrad Hebga établit que " Si l´âme est prise au sens des Platon ou d´Aristote platonisant, à savoir une substance hétérogène venue de l´extérieur, la conception dualiste du composé humain est à ce niveau claire et nette chez les deux philosophes. Elle est caractérisée par l´extrinsécisme puisque l´âme fait irruption du haut d´un ciel des valeurs et par l´instrumentalisme le corps n´étant qu´un outil de l´âme ".

Pour Saint Thomas, le corps n´existe pas indépendamment de l´âme car c´est cette dernière qui lui confère la corporéité, l´exister en acte comme corps. Quant à l´âme humaine ou âme intellectuelle, elle possède une opération propre à celle de l´intellection si elle ne dépend pas du corps mais de Dieu quant à son " exister ", elle le tient en elle-même et non point par dérivation de quelques sujets préexistants. Cependant elle n´est pas créée avant d´être unie au corps. Forme substantielle du corps, elle est destinée à lui être unie bien qu´elle puisse lui survivre. Par contre, le corps ne peut ni préexister ni survivre à l´âme, il ne peut pas coexister avec elle. Il y a donc à la fois complémentarité et inégalité entre ces deux éléments de la personne humaine.

Dans la pensée de Descartes, il n´y a pas de substance sensible mais intelligible. En chaque substance il y a un attribut qui constitue sa nature et son essence. L´étendue est l´attribut essentiel de la matière comme la pensée est celui de l´esprit. Dieu est la seule substance au sens strict n´ayant besoin d´aucun support au lieu que les créatures sont sustentées par lui sans se confondre avec lui parmi ses créatures, il existe deux types de substances : les âmes et les corps. L´âme est la substance pensante, le corps est la substance étendue.

En ce qui concerne Bergson, M. Hebga note que l´œuvre de ce dernier est marquée par une évolution qui le fait passer du dualisme tranché à une conception unifiée du composé humain et enfin à un retour au dualisme dur. A la fin de son parcours, il parle de la différence radicale entre la conscience et la matérialité.

Cette analyse de l´anthropologie qui se dégage des œuvres des philosophes occidentaux permet à Hebga d´établir que l´anthropologie occidentale est dualiste. Il est par conséquent absurde d´admettre des apparitions des multi-locations dans le cadre d´une telle anthropologie. Elle implique également le rejet d´un vaste champ de phénomènes paranormaux. Qu´en est-il du composé humain dans l´anthropologie africaine ?
La théorie Epiphanique du corps pour être adopté implique une rupture avec conception désuète de la matière issue de la science classique

Le pluralisme humain dans l´anthropologie africaine

M. Hebga observe que les instances de la personne sont en nombre variable selon les différentes traditions culturelles africaines. Cependant trois d´entre elles peuvent être regardées comme un fond commun à savoir le corps, le souffle et l´ombre.

Le corps peut désigner ce que nous appelons la peau, l´enveloppe, c´est-à-dire l´antériorité, le dehors. Le corps est saisi comme fonction de la personne, fonction de la sensibilité, de l´ouverture du monde. Pour ce qui est du souffle, il ne s´agit pas du souffle des narines. Le souffle présente d´abord un aspect fonctionnel. Il est fonction de la vie, de la persévérance dans la durée. C´est essentiellement le mouvement autonome procédant du sujet lui-même.

L´ombre quant à elle n´est pas l´ombre en tant qu´image silhouette dont l´apparition et la disparition sont fonction de la lumière. Dans la conception des bantous et d´autres peuples africains, l´instance ombre est un sujet d´attribution indépendamment des autres instances de la personne. L´ombre est une entité enveloppante qui déborde le corps et agit bien au-delà de la sphère normale. L´instance ombre désigne la personne entière sous le signe de l´agilité, de la subtilité, de la maîtrise du temps et l´espace.

M. Hebga souligne que toutes les anthropologies, qu´elles soient dualistes ou pluralistes, admettent une interaction des instances de la personne. Cette interaction constitue la clé de l´interprétation des phénomènes paranormaux : la coprésence intra personnelle signifie que tout sujet est structurellement introverti, c´est-à-dire animé d´un mouvement de sortie de soi, de dépassement de soi, à la recherche d´une perfection toujours plus grande. Ce mouvement de dépassement indéfini existe non comme infini en acte mais comme infini en devenir. Il connote la relation à autrui.

Approche pluraliste du composé humain et interprétation des phénomènes paranormaux

La compréhension du schéma triadique du composé humain rencontré chez les africains constitue selon M. Hebga un outil précieux pour l´interprétation des phénomènes paranormaux. Toutefois il faut éviter l´écueil du chosisme.
En faisant des instances de la personne des choses, les théories dualistes sont restées prisonnières du chosisme. La déchosification concerne avant tout le corps humain. Les êtres de l´univers étant des forces ou des énergies en interaction, il est possible de ne plus considérer le corps comme une matière quantifiée située dans un espace tridimensionnel, mais plutôt comme l´épiphanie de la personne. Il y a corps humain lorsque la personne s´offre à la saisie sensible de soi par soi ou par autrui. Il y a corps en général quand une présence est saisissable non seulement actuellement mais potentiellement.

La théorie épiphanique du corps pour être adoptée implique une rupture avec une conception désuète de la matière issue de la science classique. Il faut pour cela adopter la conception de la matière en vigueur dans la physique contemporaine et notamment chez Einstein et Infeld. Selon ces deux auteurs, affirment Hebga, il faut admettre l´existence de deux réalités, à savoir la matière et le champ dont la distinction est d´ordre quantitatif plutôt que qualificatif. L´étoffe unique du réel est l´énergie. Quand cette dernière est concentrée, on l´appelle matière et quand elle est peu concentrée, on lui donne le nom de champ. La matière de l´espace-temps. Pour M. Hebga, si cette définition non substantialiste et non essentialiste ne nous révèle l´arcane du phénomène, elle a l´avantage de ne point le mutiler puisqu´elle inclut le temps et le mouvement, et nous oriente vers une conception purement relationnelle de la matière.

La théorie du champ appliquée dans toutes les instances de la personne pourrait nous aider à concevoir leur intériorité réciproque, leur circumincession ainsi que leur inséparabilité dans le mouvement. Ainsi, considérant le rapport que soutient l´énergie avec la matière, M. Hebga soutient que "c´est l´énergie qui est le tissu commun de tout en sorte que la matière n´est pas douée d´énergie mais est énergie".
Une fois rejetée la conception du corps-chose du sens commun, des sciences humaines, voire de la physique et de la chimie classique, l´apparition, les visions, les multi-locations, le cannibalisme mystique, le kon, le famla, peuvent se concevoir aisément. La co-présence intra personnelle ou intériorité réciproque est une condition essentielle de l´intelligibilité des phénomènes paranormaux.

Il ressort de cette réflexion que la croyance aux phénomènes paranormaux n´est pas irrationnelle pourvu qu´on la replace dans son contexte socio-culturel. " A l´extrapoler indûment et à la juger en fonction d´une anthropologie dualiste qui lui est étrangère, on la dénature et l´on tient sur elle un discours qui ne la concerne pas ".

La fin d´un mythe

En dégageant les conditions de rationalité des discours africains sur les phénomènes paranormaux, M. Hebga permet de comprendre que la critique occidentale des discours mythologiques africains est sujette à caution parce qu´elle part de présupposés qui ne sont pas les nôtres, à savoir d´un schéma dualiste du composé humain. Elle est sous-tendue par la croyance à l´existence d´une métaphysique et d´une psychologie philosophique unique, universelle et normative, philosophie de référence, d´ailleurs mal définie. Cette critique occidentale évite difficilement le réductionnisme sociologiste ou psychologiste, le mythe d´une "raison universelle" est radicalement dépassé.
L´auteur, il faut le souligner, a pu éviter trois écueils : l´isolationnisme au nom d´une identité culturelle revendiquée à outrance, l´eurocentrisme de certaines personnes qui n´arrivent pas à s´assumer différentes et enfin l´universalisme qui se fonde sur une universalité problématique.

Toutefois, la réflexion de M. Hebga qui se veut épistémologique et scientifique peut donner lieu à une ambiguïté comme le reconnaît l´auteur. Dans la mesure où on peut avoir l´impression qu´il cherche à démontrer la vérité objective de ce phénomène. Pour M. Hebga, la science et la métaphysique ne s´excluent pas mutuellement. On peut tout de même se poser la question de savoir des deux disciplines, quelle est celle qui a une fonction de surdétermination ? Ce travail de M. Hebga n´a pas la prétention d´être exhaustif mais il ouvre des perspectives nouvelles sur le plan philosophique, c´est aussi là tout son mérite.

* U.Y.I, ENS et UCAC
(1) Note initialement publiée dans Patrimoine n°012 de mars 2001.
(2) La rationalité d´un discours africain sur les phénomènes paranormaux (Paris, l´Harmattan,)
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