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Felix Moumie : Un martyr de la révolution et du nationalisme camerounais

 
Le 3 novembre 1960, Félix Moumié président de l`UPC décédait assassiné à Genève en suisse. Sa mort à 35 ans mettait fin à une activité militante intense et tumultueuse en faveur de l`indépendance et de la réunification du Cameroun.


Photo: Execution de Ernest Ouandié

En deux parties, un historien retrace la trajectoire du président de l`Upc assassiné à Génève.

Jean Koufan Menkene *

Le 3 novembre 1960, Félix Moumié président de l`UPC décédait assassiné à Genève en suisse. Sa mort à 35 ans mettait fin à une activité militante intense et tumultueuse en faveur de l`indépendance et de la réunification du Cameroun. Qui était Félix Moumié ?
Médecin Africain à une époque où il en manquait cruellement, playboy de la politique, tribun incendiaire un brin mégalomane, membre de l`Internationale révolutionnaire, très introduit dans les milieux tiers-mondiste, Félix Moumié n`est assurément pas un personnage banal tant il était honni du colonialisme français et donnait des insomnies à Ahidjo.
Moumié était un homme bref d`environ 1,68 m, vif et volontaire, qui était un dévoreur de journaux et un lecteur assidu des auteurs marxistes. Sémillant et snob, sobre ou extravagant, selon les opinions, il avait un penchant prononcé pour les belles créatures ; il épousa d`ailleurs deux femmes, eut trois enfants. Issu du clan bamoun des Njimeffiré, il était né le 1er novembre 1925 à l`hôpital de Njissé dans la banlieue de Foumban, des œuvres de Samuel Mekou Moumié (1906-1993) évangéliste à la mission protestante et de Suzanne Mvuh. Félix Moumié fut élevé à la dure, conformément à la tradition calviniste.

De 1935 à 1938, il fréquente à l`école protestante de Njissé. En 1939, il s`inscrit au CMI à l`Ecole publique de Bafoussam et l`année suivante, au CMII à l`école régionale de Dschang, où il obtient facilement le certificat d`Etudes Primaires. En 1941, il est admis au concours d`entrée à l`Ecole Supérieure Edouard Renard de Brazzaville. Classé parmi les meilleurs élèves de sa génération, il est autorisé à poursuivre des études de médecine à l`école professionnelle William Ponty à Dakar, en 1945. A son retour au Cameroun en 1947, il entame une carrière professionnelle qui ne dure que 8 années. Il est affecté successivement à Lolodorf, (1947-1948), Bétaré-Oya (1950), Mora, (1951), Maroua (1952) et Douala (1954). Dans tous ces lieux d`affectation, ceux qui l`ont connu ont gardé de lui l`image du chirurgien dévoué, consciencieux, compétent et généreux.
Moumié était un esprit impulsif et cyclothymique. Tantôt amical et enjoué, Tantôt emporté et virulent, il dégageait en tout cas une énergie positive, une sympathie naturelle.

Marqué par le rigorisme calviniste, il en avait gardé le penchant viscéral pour la justice et la vérité et un esprit de contestation. Au cours moyen deuxième année, frustré d`une note en mathématique par son maître, Moumié eut l`outrecuidance de porter l`affaire devant le directeur de l`école régionale qui lui donna raison. A Dschang en décembre 1950, il protesta contre les mauvais traitements que l`institutrice européenne, Mme Galiazzi infligeait aux élèves. Cette contestation allait s`étendre à l`exploitation de l`Afrique et à la mauvaise application des Accords de Tutelle.
Son attachement quasiment inné à des principes explique son engagement politique précoce. En 1946, à Dakar, Moumié se distingue de ses autres camarades par son engagement fougueux dans la contestation estudiantine. Il est de toutes les grèves. Il ne dédaigne pas de coller des affiches ou de distribuer nuitamment des tracts. Son professeur, Gabriel Darbousier, qui l`a remarqué et adopté l`a orienté vers les cercles d`études marxistes de la capitale de l`AOF.
C`est lui qui le recommande à Um Nyobè en 1948.

Um et Moumié se rencontrent à Kribi en 1948, peu après la création de l`UPC.
Marthe Moumié raconte les circonstances de cette rencontre qui allait marquer l`histoire de la décolonisation du Cameroun :
Un jour de l`année 1948, Ruben Um Nyobé, un autre grand leader nationaliste, fondateur de l`UPC rendit visite à Moumié. (…) Il revenait de la conférence du RDA de Bamako (…). Il était porteur d`une lettre de recommandation de monsieur Darbousier, ancien professeur du docteur Moumié à l`école normale fédérale de l`AOF William Ponty implantée à Dakar. (…) um avait été chargé de chercher ce jeune médecin plein d`avenir et déjà empli de ferveur nationaliste, que certains conférenciers avaient connu à Dakar alors qu`il était encore étudiant à William Ponty ; (…) Um Nyobé s`était mis à à parler du mouvement de libération nationale nouvellement créé : l`UPC. Les deux hommes ont parlé pendant des heures en abordant tous les sujets de préoccupation, pour s`entendre rapidement sur tous les points. Convaincu, le docteur adhéra de fait à l`UPC en souscrivant pour deux militants : lui-même et moi (…).
Dès lors, le néophyte déploie un activisme fébrile dans la création des structures de base de l`UPC partout où il passe, au gré des affectations. Il implante l`U.P.C, le syndicalisme et le football dans les localités d`Ebolowa, Sangmélima, Kribi, Lobo, Ndoulibi, Nlob, etc. A Betaré-Oya où il est sous occupé à l`hôpital, il convertit de nombreux Baya à la cause

nationaliste. Le paradoxe de Moumié est qu`il n`est pas prophète dans son propre terroir, le pays Bamoun. Candidat contre le roi des Bamoun aux élections à l`ATCAM en 1952, Moumié fit campagne sur le thème de la résolution des problèmes fonciers, l`encouragement des cultures de rente, la revitalisation de l`art bamoun. Il est battu à plate couture.

Au Nord Cameroun où il affecté disciplinairement, dans le but de brider sa fougue militante, Moumié ne baisse pas les bras. Aidés par la légion du sud, commerçants et fonctionnaires originaires du Sud Cameroun affectés dans la région (Jean-Paul Sendé, Toubé Ekwalla, Isaac Tchoumba Ngouankeu, Singap Martin, et d`une poignée de l`élite avant-gardiste locale influencée par l`idéologie mahdiste (Mohammadou Fokou, Mahmoudou Issa, Issa Mamoudou, Hadji Mal Bakary, Abdoul Baghi, Bello Bourdanné), il entreprend de contaminer cette partie du Cameroun le virus nationaliste et anticolonialiste.
Un ambitieux programme qu`il s`efforça de mener à bien au moyen d`un travail de conscientisation et d`apprivoisement digne d`éloges. En 1954, l`U.P.C était implantée dans une vingtaine de localités du Nord et guidait l`opinion d`un demi millier de personnes. Il avait la dent dure contre les Lamibé, autocrates réactionnaires et collaborationnistes, lui valurent beaucoup d`inimitiés et de gros ennuis parmi ceux-ci. Le lamido Yaya Dahirou attenta à sa vie.
Moumié est l`objet d`une surveillance constante, ses faits et gestes sont épiés au quotidien. " J`ai pu m`apercevoir, ironise t-il, que les services de sûreté attachent beaucoup de prix à ma personne". Dans son autobiographie, le barbouze Guy Georgy, prototype de l`administrateur colonial français, condescendant, hautain, anti-nègre évolué, qui dirigeait la région du Diamaré avoue qu`il s`appliquait à contrer systématiquement et sournoisement l`action de Moumié par des mesures de basse police : viol de correspondance, perquisitions illégales et surveillance à la jumelle de son domicile et tentatives de corruption.

Quand l`administration Française décide d`intimider les leaders upécistes, Moumié est sa principale tête de turc. Il élève une multitude de protestations, de télégrammes pour dénoncer l`intimidation dont il est l`objet. Il dénonce l`interpellation de Ouandié par le commissaire de police Boutellier, la tentative d`arrestation de Um Nyobé dès son retour des Nations Unies le 5 mars 1955, juste après la résurrection de l`affaire Gelis-Um.
La stratégie du nouveau haut commissaire Roland Pré, nommé en 1954, qui consiste à regrouper à Douala, les ténors du part, pour mieux les surveiller, le ramène à Douala. Pour une fois concentré dans la cité portuaire, le comité directeur de l`UPC est au complet à la fin 1954.
Toujours sur la brèche, jamais à cours d`imagination pour élargir l`audience de son parti, il initie l`école des cadres de l`U.P.C pour donner un plus grand confort idéologique aux militants nationalistes. Malheureusement celle-ci ne fonctionne que pendant un trimestre et ne forme qu`une seule promotion de "cadres" qui n`ont d`ailleurs pas le temps de faire leurs preuves. Douala bouillonne de révoltes. C`est une poudrière prête à exploser dès l`instant où le comité directeur du parti a décidé de "répondre du tic au tac" aux provocations colonialistes. Le 22 avril 1955, Moumié et ses lieutenants émettent "la proclamation commune". Ce jour là, alors que Pré inaugure le pont sur le Wouri, une altercation oppose des militants upécistes, nerveux à des nervis stipendiés par la police. Une provocation dans laquelle Moumié tombe et qui est le prétexte du déclenchement de la liquidation de l`UPC du paysage politique. Son siège est saccagé, ses militants arrêtés, persécutés, ses principaux dirigeants pourchassés s`enfuient au Cameroun méridional britannique. Le décret du 13 juillet 1955 met définitivement hors jeu l`U.P.C et ses organes annexes.

Le chantre de la Réunification
Réfugié dans la clandestinité, gardant le moral intact, Moumié continue à dénoncer ce qu`il qualifie de manœuvres colonialistes visant à éliminer l`UPC du champ politique et des élections de 1956 en particulier. Infatigablement il continue le travail d`organisation entamé sept ans plus tôt par Um. Il parcourt les localités de Victoria (Limbé)à la mi-juin 1955, Kumba en juillet, Bamenda en août 1955. Il donne de la voix pour galvaniser les militants déboussolés par la répression qui s`est abattu sur eux : "Je faillirai à mon devoir de militant […] si je devais rester longtemps sans vous adresser mon message de fidélité" , lance t-il à ses partisans de l`autre côté de la frontière. En un an, sous sa houlette l`U.P.C étend son influence en zone anglaise : 21 comités centraux y sont recensés en 1956. Il est à l`origine de l`initiative du "Front Uni pour la Réunification", une coalition patriotique qui comprend l`UPC, le Kamerun National Democratic Party (Kndp) et le Kamerun United Commoners` Party, une alliance éphémère.
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