|
|
| Littérature > CRITIQUES - Colonisation - White Supremacy - |
Hydromine Inc et son président Peter Brigger : des écrans pour la fortune de Paul Biya à l’assaut des mines du Cameroun - Ndzana Seme
|
| |
|
L’entreprise Hydromine Inc n’est rien d’autre qu’une boîte à lettres, dont le gouvernement camerounais se sert pour attribuer l’exploitation exclusive de la bauxite camerounaise à Paul Biya et sa descendance, pour les siècles à venir.
|
CAMEROUN – PROJET BAUXITE
Hydromine Inc et son président Peter Brigger : des écrans pour la fortune de Paul Biya à l’assaut des mines du Cameroun
« L’aluminium va certainement remplacer le pétrole comme notre source première de recettes d’exportation », déclara Célestin Ndonga, un conseiller technique au ministère des industries, des mines et du développement technologique. Hydromine bénéficie de deux permis d’exploitation exclusive de la bauxite dans les régions de Minim Martap et Ngaoundal. La manière cavalière dont l’entreprise Hydromine Inc a été créée en Août 2004 dans le Delaware, sans objet social précis, démontre d’avantage que Peter Brigger est utilisé comme un individu écran de Paul Biya, dont il est par ailleurs l’agent immobilier en Suisse. L’entreprise Hydromine Inc n’est rien d’autre qu’une boîte à lettres, dont le gouvernement camerounais se sert pour attribuer l’exploitation exclusive de la bauxite camerounaise à Paul Biya et sa descendance.
Ndzana Seme
NEW YORK 10/03/2007 - D’après le document du Département d’État américain intitulé
« 2007 Investment Climate Statement – Cameroon »,
l’entreprise américaine Hydromine a signé le 13 janvier 2006 un accord du type BOT « Build Operate and Transfer » [Construire, Exploiter et Céder] avec le ministre de l’économie et des finances pour la construction d’un chemin de fer entre Edéa et Kribi, ainsi que la construction d’un port en eaux profondes à Kribi. Hydromine poursuit également le développement des réserves de bauxite dans la province de l’Adamaoua à Ngaoundal et Mini-Martap, ainsi que d’autres projets d’investissement importants. Hydromine pourrait investir entre 4 et 5 milliards de dollars dans le secteur des mines et du raffinage…, peut on lire entre autres.
On peut également lire dans African Economic Outlook, un rapport de l’OCDE, que deux permis d’exploitation de la bauxite ont été accordés à l’entreprise Hydromine dans les régions de Minim Martap et Ngaoundal. Les matières premières pourraient alimenter l’usine de transformation Alucam, notamment après que celle-ci aura augmenté sa capacité de production, et pourraient aussi être exportées si un port en eaux profondes était construit à Kribi ainsi qu’un chemin de fer local approprié pour les transporter.
Des sources du gouvernement camerounais, dans son document CTSE DSRP- Rapport d’étape de mise en œuvre du document de stratégie de réduction de la pauvreté au 31 Décembre 2005, on peut lire que :
« Le Cameroun dispose d’une importante réserve de bauxite dans les provinces de l’Adamaoua et de l’Ouest et d’une longue expérience d’industrie d’aluminium. Malgré ces atouts, confronté par ailleurs à une évolution positive de la consommation mondiale d’aluminium, le développement de la filière camerounaise est aujourd’hui fragilisée par la crise de la fourniture d’électricité, ce qui freine le projet d’extension d’ALUCAM. Pour remédier à cette situation, les autorités ont signé avec le groupe ALCAN, une lettre d’intention qui a pour objectif d’augmenter la capacité de production d’Alucam à 260.000 tonnes par an à l’horizon 2010-2011 contre 100.000 actuellement, pour un investissement global de 900 millions de dollars américains.
168. …Par ailleurs des permis de recherche ont été attribués pour l’or (CAMINCO), pour la bauxite de l’Adamaoua (HYDROMINE INC), pour le fer de Kribi (STEEL CAM), et pour le fer de Mbalam (CAM IRON). »
Dès lors Hydromine est célébrée depuis ces dernières années comme le plus grand investisseur étranger que le Cameroun ait jamais connu, autant par les dirigeants du régime de Paul Biya que par les Camerounais de tout bord, et surtout par les représentations diplomatiques, notamment celle des Etats-Unis.
La presse et les représentations diplomatiques éblouies par le tapage orchestré autour de Hydromine
Lors de l’inauguration le 21 janvier 2007 de la statue de J F Kennedy à Yaoundé, voici les mots de l’ancien ambassadeur R. Niels Marquardt dans son introduction de Hydromine et de son président Peter Brigger :
« Je voudrais maintenant inviter au podium Mr. Peter Briger [noter l’erreur d’orthographe de son nom, plutôt épelé Brigger dans les documents de son entreprise], président de Hydromine Inc. Hydromine était l’une parmi plusieurs entreprises qui ont fait une contribution importante dans ce projet, avec AES-SONEL, COTCO et d’autres qui seront dûment remerciées lors de la fête du 4 Juillet. Encore une fois, nous sommes plus que reconnaissants envers tous les donateurs pour leur générosité collective. Mais la raison particulière pour laquelle nous invitons Monsieur Peter Briger à parler est qu’il avait commencé sa longue carrière comme membre de l’administration de Kennedy. Je vous prie de vous joindre à moi pour souhaiter la bienvenue à Monsieur Peter Briger… »
Dès lors, la presse nationale et internationale, si longtemps sevrée d’informations sur les investissements du Cameroun, se régale, souvent sans pouvoir les examiner, des morceaux qui lui sont jetés. Sous la plume de Jeanine Fankam de la Rédaction GriooWorld, on peut lire le16 avril 2007 dans une « Exclusivité à Hydromine Inc Qui Va Investir 1000 Milliards dans le Projet » que « Charles Salé, ministre de l’Industrie, des Mines et du Développement technologique avait de bonnes nouvelles de retour d’un récent voyage à Dubaï ayant pour but d’échanger avec les experts de Dubaï Aluminium Company Limited (DUBAL), un partenaire stratégique d’Hydromine Inc, l’entreprise qui conduit au Cameroun le projet Bauxite/Alumine. »
Contrairement aux sources officielles américaines faisant allusion à la seule augmentation des capacités de production de l’usine existante Alucam, la rédactrice révèle que : « Comme l’exploitation de la bauxite brute n’est pas rentable, Hydromine Inc se propose donc de construire une usine de raffinage à Ngaoundal capable de traiter 7 millions de tonnes de bauxite par an pour obtenir 2,8 millions de tonnes annuelles d’alumine. L’investissement à réaliser à Ngaoundal va coûter environ 1000 milliards de F CFA.
« D’après Jean Pierre Ndongo Zanga, vice-président de Hydromine Inc, le projet Bauxite-Alumine est très avancé. La convention d’établissement entre le gouvernement et son entreprise est en élaboration. Les résultats de certaines études préalables ont été déjà produites. D’autres sont en cours.
« Un forum international sur la question est programmé le mois prochain à Yaoundé. Le projet, d’après Jean Pierre Ndongo Zanga, va générer environ 60. 000 emplois directs et indirects. Hydromine Inc pose cependant des conditions pour une bonne exécution du projet : meilleure coût de transport et d’énergie, mesures fiscales avantageuses, bonne négociation de l’aspect foncier, etc. Le projet est qualifié d’intérêt national. Les partenaires de Hydromine Inc seraient les meilleurs au monde. Ce sont entre autres : USTDA, Opic, US Eximbank, Dubal, Forster Wleeler, Itochu, etc. »
Tansa Musa de Reuters, dans son article du 24 mai 2007, « Cameroon negotiating 2.8 mln T alumina unit project », a recours aux sources du ministère des industries, des mines et du développement technologique et confirme ces projets en ajoutant plus de détails.
Celestin Ndonga, un conseiller technique dudit ministère lui a notamment confié que « Le projet bauxite-aluminium est déja bien avancé, une convention d’établissement à signer entre l’entreprise [Hydromine Inc] et l’État du Cameroun est en cours de préparation », avant d’ajouter que le Cameroun a des réserves de bauxite totalisant 1,2 milliards de tonnes, « le projet serait un véritable déclencheur… pour le démarrage de l’économie du Cameroun et l’aluminium va certainement remplacer le pétrole comme notre source première de recettes d’exportation ».
Il faut noter que pour donner l’exclusivité de l’exploitation de la bauxite du Cameroun à Hydromine, le gouvernement camerounais a d’abord dissolu les organismes initialement chargés de mener le projet bauxite à bon terme, notamment la Société d´études de la bauxite du Cameroun (Sebacam), dont le Pca était M. Sadou Daoudou. Ensuite il a écarté des exploitants de la bauxite mondialement connus, comme la canadienne Alcan, dernier acquéreur de la française Pechiney.
Hydromine n’a pourtant aucune expérience connue dans le secteur des mines
L’on se dirait immédiatement que, si le projet de la bauxite pourra ainsi changer fondamentalement l’économie du Cameroun en remplaçant le pétrole comme source première des devises étrangères dont dépend le pays, l’étude de faisabilité en est nécessairement solide. La première solidité dans une telle étude devrait être l’expérience et la performance sans faille de l’entreprise bénéficiaire des marchés d’exécution du projet.
Nous avons mené une enquête sur l’entreprise Hydromine Inc en consultant presque toutes les banques de données disponibles aux Etats-Unis. Il se trouve que le nom de l’entreprise existe effectivement sur les livres du Département d’État des États de New York et du Delaware.
Dans les livres de l’État du Delaware, Hydromine Inc était enregistrée [incorporated] sous le numéro 3846747 comme entreprise le 25 Août 2004, avec pour objet social « général ». Par la suite Hydromine enregistrait, le 2 Novembre 2005 dans les livres de l’État de New York, son siège social à l’adresse : 230 Park Avenue Suite 912, New York, NY 10169.
Quelle est l’expertise de Hydromine Inc en matière d’exploitation de la bauxite ? Nous n’avons trouvé, dans les différentes banques de données, aucun lien quelconque entre la jeune entreprise Hydromine et l’exploitation minière, et encore moins avec celle de la bauxite. Aucun article de presse ou tout autre rapport quelconque ne se trouve ni dans les librairies, ni dans l’Internet, associant Hydromine avec l’exploitation minière.
Il se trouve donc que l’État du Cameroun a confié toute la responsabilité et l’exclusivité de l’exploitation des vastes réserves de bauxite du pays à une entreprise classée d’origine américaine, qui vient à peine d’être créée et qui n’a aucune expérience connue en matière des mines et de la bauxite.
Nous avons utilisé l’adresse et le numéro de téléphone trouvés sur les documents d’enregistrement, à savoir 230 Park Ave Rm 912, New York, NY 10169+0912 et (212) 661-0070.
L’on est de prime abord surpris par l’absence d’un service de standard, propre à toute entreprise américaine digne de ce nom. Un individu nous répond la veille que « l’office » est fermé et qu’il faut rappeler le lendemain. Le jour suivant, une femme nous répond, après nous avoir mis en attente, que Monsieur Peter Brigger vient de sortir et se trouve entrain de voyager. Elle exige que nous lui laissions le message ainsi que notre adresse.
Quelques heures plus tard, Peter Brigger nous rappele, intéressé par les propositions que nous avions annoncées pour lui. Pendant notre conversation, nous nous trouvons justement à Manhattan, dans Park Avenue. L’autre grande surprise est de constater que, pour une entreprise de l’envergure vantée, Hydromine Inc occupe une chambre - ce qui est bien reflété par le terme « Room » qui se trouve sur son adresse.
L’entreprise dont le Cameroun attend son développement économique a pour siège social la chambre d’un immeuble de New York ! Et cette entreprise est supposée investir 5 milliards de dollars à partir de l’an prochain au Cameroun !
Peter Brigger, président de Hydromine est le gérant occulte de la fortune de Paul Biya
Quant à Peter Brigger, nos recherches on retrouvé l’individu beaucoup plus en Suisse qu’aux Etats-Unis, en dehors des contributions politiques qu’il verse aux candidats présidentiels et aux partis politiques américains.
Il en est ainsi, entre autres, des 14.190 dollars qu’il a donnés au parti Libéral en 2004/2005 - ce qui est une énorme contribution politique aux Etats-Unis -, ou encore les 2.300 dollars qu’il amenait Hydromine à contribuer pour John Edwards en juillet 2007.
Il faut noter que les contributions politiques aux Etats-Unis sont des tickets d’accès, achetés par les corrupteurs lors des campagnes électorales, pour l’entrée à la Maison Blanche si jamais le candidat financé venait à être élu. Ce que font des individus comme Paul Biya, c’est de financer tous les candidats sérieux, afin d’augmenter ses chances de tomber sur le bon. Les dictateurs africains sont habitués à faire de tels investissements sur la scène politique française ; certains comme Biya et Bongo le font activement aujourd’hui sur la scène politique américaine.
En Suisse, Peter Brigger est connu comme un agent immobilier spécialisé dans la location de luxueux appartements de vacance aux riches. Son adresse est : Haus Birke, 3925 Grächen. Téléphones : 0041 (0)27 956 25 64 et 0041 (0)27 946 23 86. Son web site: www.birke.ch.vu
Quand on sait que le président camerounais est l’un des plus grands consommateurs mondiaux des appartements de luxe de Suisse, il en découle que Paul Biya serait un client de longue date de Peter Brigger.
Et quand on recoupe cette information avec une autre qui, dans les bottins new-yorkais, classe Hydromine dans le secteur des « Financial Planning Consultants » [Consultants financiers], l’on déduirait également que Peter Brigger gère et/ou représente les intérêts financiers de Paul Biya.
Quand on sait que Delaware est l’État idéal pour créer une entreprise aux activités flous, notamment les entreprises off-shore et de blanchissement d’argent, la manière cavalière dont l’entreprise Hydromine Inc a été créée en Août 2004 - sans objet social précis – démontre d’avantage que Peter Brigger est utilisé comme un individu écran.
Il apparaît que Brigger aurait pour mission de blanchir, le plus proprement qu’il soit, la fortune de Paul Biya, amassée depuis deux décennies à partir des détournements dans les caisses de l’État et celles de la Société Nationale des Hydrocarbures.
L’entreprise Hydromine Inc n’est rien d’autre qu’une boîte à lettres, dont le gouvernement camerounais se sert pour attribuer l’exploitation exclusive de la bauxite camerounaise à Paul Biya et sa descendance, pour les siècles à venir.
La méthode du fourre-tout, utilisée par le régime Biya et les acolytes de Peter Brigger, notamment quand ils font écrire à la presse que « Les partenaires de Hydromine Inc seraient les meilleurs au monde. Ce sont entre autres : USTDA, Opic, US Eximbank, Dubal, Forster Wleeler, Itochu, etc. », démontre bien que Paul Biya use de tous les moyens pour convaincre les Camerounais que son montage d’investissements n’est pas fondé sur le mensonge et le faux, comme il l’est pourtant réellement.
En effet, personne de sérieux ne peut réclamer, comme ses partenaires propres, des organismes d’État américains qui sont au service de tout le monde. L’USTDA (United States Trade and Development Agency) est une agence fédérale publique. L’OPIC (Overseas Private Investment Corporation) est un programme gouvernemental au service des petites entreprises américaines. Le US Eximbank (Export-Import Bank of the United States), un organisme soutenu par le gouvernement fédéral, est également au service de tous les exportateurs américains.
L’on notera enfin que Paul Biya a tiré Peter Brigger de son chapeau magique exactement après la brouille avec son premier homme de main étranger, qu’il avait raté de faire assassiner, à savoir l´ingénieur conseil italien Massimo Campailla. La plainte de ce dernier, réclamant des dédommagements de 1.050 milliards de FCFA à l’État du Cameroun, était déposée en 2004 au tribunal de Luxembourg. Massimo se plaint alors que Paul Biya lui a abusivement retiré le marché de l’exploitation exclusive de la bauxite de Ngaoundal et Minim Martap. La création, la même année, de Hydromine aux Etats-Unis en dit long.
|
CONGO: L´HORREUR, L´HORREUR, DIX MILLIONS DE MORTS?
« Nous courrions le risque de voir un jour fondre et disparaître la population noire au point de nous trouver dans une sorte de désert ».
(The Native Problem in Africa cité par Adam Hochschild, p. 273-274).......
|
|
OBSTACLES AU DIALOGUE NORD-SUD par Chinua ACHEBE
Il ne faut pas s`y tromper. Face à l`homme noir, l`homme blanc se trouve placé devant un choix simple : ou bien accepter l`humanité et l`égalité de l`homme noir ou les rejeter et le transformer en bête de somme. Depuis des siècles l`Europe a opté pou...
|
|
LE NGONDO : UN HERITAGE CULTUREL ET TRADITIONNEL
Le Ngondo était, à l’origine, une fédération de lignages partageant des destins voisins, des croyances identiques, les mêmes mythes, les mêmes attitudes face aux problèmes des origines et de la destinée des hommes, de leur présence sur terre et du rô...
|
|
LE BOURBIER IVOIRIEN (par Sam Ekoka Ewande)
’Nous sommes vraisemblablement partis pour une guerre longue, difficile ; un bourbier pour la France. Le Vietnam ne sera rien par rapport à ce que nous allons faire’’. Proférés au lendemain des évènements du 6 novembre 2004, les propos de Mamadou Kou...
|
|
LA FRANÇAFRIQUE CHIRAQUIENNE : LE CHANT DU CYGNE
Créés en 1973 sous la présidence Pompidou, les sommets France/Afrique avaient pour vocation la satellisation, autour de la France, des débris des empires coloniaux, français et belge dont le vote était important dans les forums internationaux,...
|
|
MUSIQUE - Une rétrospective de Suzanne Kala-Lobè
Les JCM (Journées camerounaises de la musique) du 12 au 16 décembre. 5 cadences pour les musiques camerounaises. Des évènements en toile de fond, qui ne seront pas sans incidence sur les rythmes et la mélodie ; les années 50, années de luttes,...
|
|
Magloire Kede Onana interview
si j’avais un souhait à émettre, c’est celui de créer dans nos grandes agglomérations des « Maisons de jeunes et d’éducation à la citoyenneté ». C’est pour moi, le seul gage pour favoriser l’épanouissement de la jeunesse. Les jeunes ont besoin de lie...
|
|
Une négrophobie académique ? Par Odile Tobner
Depuis le Code noir (1685), rares sont les intellectuels français qui ont remis en question le socle raciste sur lequel repose notre regard sur « les noirs », africains ou antillais. Les récentes saillies négrophobes d’Hélène Carrère d’Encausse, Alai...
|
|
|
|
| |
|
|
|
|
|
|
