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09.11.2005

Léopold Moum’Etia: Un cheminot passionné d’histoire 

Christophe Bobiokono

Syndicaliste, patriote, écrivain, politicien et patriarche : l’homme avait une dimension plurielle.

Y’a-t-il un lien entre la disparition, le 26 octobre 2004 à 17h30min, de Abel Moum’Etia, à l’âge de 85 ans, et la mort, six jours plus tard, de son aîné Léopold Moum’Etia, qui lui a emboîté le pas " exactement " à la même heure ? La réponse n’est pas évidente, même si certains de leurs enfants s’efforcent à voir dans le décès quasi-simultané des deux frères uniques, l’expression de la " bonne complicité " qu’ils auraient entretenue durant toute leur existence sur terre. Comme pour consacrer cette complicité, le canton Déido de Douala, qui les a vu naître, s’apprête à offrir en fin de semaine aux deux patriarches leur dernière fête – dans le sens africain du terme. Mais l’on peut déjà parier que les deux disparus ne bénéficieront pas des mêmes " dernières " éloges, tant l’œuvre du plus âgés d’entre eux a dépassé les frontières de leur canton natal, pour se répandre dans l’ensemble du Cameroun et au-delà du triangle national.

Né le 22 décembre 1913, Léopold Moum’Etia était en effet une vedette avant son heure. Fils aîné d’un père, Issac Moum’Etia, qui était à la fois " grand fonctionnaire de l’administration coloniale " en qualité d’écrivain interprète et collecteur d’impôt, il aura connu " une enfance choyée ", selon les mots de son fils Richard. C’est à vélo que le jeune privilégié – c’est le cas de la dire – se rendait de son village Bonateki à Déido, à l’Ecole primaire de Bonamouti à Akwa, bien chaussé et portant de " longues chaussettes de couleur blanche ". Il était à cette époque admiré par ses camarades et les villageois qui le voyaient passé. Ce qui en faisait déjà un enfant pratiquement à part dans sa génération…

Syndicaliste
La dizaine entamée (à 13 ans selon certaines sources…), le jeune homme va bénéficier de la position sociale de son père pour se rendre en France dans le but d’y poursuivre ses études. Il opte pour l’enseignement technique, même si, selon le témoignage de son fils, " personne ne sait avec exactitude son cursus scolaire en France ". On souligne cependant qu’il effectua de nombreux stages académiques et professionnels au sein de la société Renault, le constructeur automobile. Il regagnera le Cameroun à l’âge de 27 ans et ne tarda pas à convoler en justes noces avec sa première épouse, Aurore Soppo Manga, de son nom de jeune fille, une Camerounaise rencontrée en France. De ce mariage naquissent cinq enfants, dont les quatre survivants Henri, Monique, Richard et Eliane Moume’Etia (listés par ordre d’arrivée), assurent, chacun à sa façon, la pérennité de la descendance de leur père. Raison pour laquelle du haut de ses presque 91 ans, au moment de sa disparition, Léopold Moum’Etia était déjà devenu arrière-grand-père de deux enfants.

Durant son séjour en France, Léopold Moum’Etia va rencontrer, en marge de ses études, de nombreuses figures de proue de la jeunesse africaine et nègre. Et certains jeunes leaders du parti communiste français. C’est à cette période que démarre le mouvement de la Négritude. Aimé Césaire, Pierre Mendès France, Léopold Sédar Senghor, Modibo Kéita, Sékou Touré, Houphouët Boigny, France Fanong et autres célèbres figures font partie de ses fréquentations. Rentré au Cameroun, il fera partie des disciples de Gaston Donat, instituteur communiste français ayant formé de nombreux étudiants à la lutte clandestine. Cette espèce d’incubation idéologique va marquer à jamais le jeune Camerounais. Ce qui n’est pas forcément une bonne chose pour l’ordre établi au Cameroun.

C’est à la société des chemins de fer du Cameroun que Léopold Moum’Etia va faire admirer (en premier) ses convictions politiques et sociales. C’est encore l’époque de l’indigénat, caractérisée par la domination totale du colon blanc sur son sujet noir. C’est-à-dire une batterie de mesures discriminatoires au détriment des locaux. Recruté sur concours au sein de cette entreprise, le Camerounais ne va pas tarder à se rendre compte des différences de traitement entre le travailleur noir et son collègue expatrié. L’accès aux fonctions de commandement (postes supérieurs) est interdit aux Camerounais, même s’ils justifient d’une formation et d’une compétence supérieures à leurs collègues blancs. L’homme est d’autant sensible à cette discrimination qu’en France, pays qu’il vient de quitter, il constate que les hommes de couleur bénéficient de plus de considération que dans son propre pays. C’est, à ses yeux, une " situation scandaleuse "
qu’il entend combattre. Il va alors s’investir dans le syndicalisme.

D’abord, la recrue ne laisse passer aucune observation qui lui paraît raciste. Aux remarques de ses chefs hiérarchiques du genre " sale Nègre ", il rétorque sans réfléchir " sale Blanc ". Ce qui commence à décomplexer ses collègues noirs. Méthodiquement, il entreprend de sensibiliser ses collègues sur la nécessité de se battre pour faire disparaître, au sein de leur société, le système discriminatoire qui est alors en vigueur. Les revendications en ce sens ne vont pas tarder. Elles vont aboutir à la première grande grève des cheminots au Cameroun en 1945. Laquelle aboutit à la disparition de certaines mesures ségrégationnistes. Les Noirs peuvent désormais accéder aux "emplois supérieurs". C’est une victoire qui permet au leader de ce mouvement de grève de faire logiquement partie du petit groupe des Camerounais qui jettent les bases du syndicalisme camerounais.

Historien

Parallèlement, et comme la majorité des leaders syndicalistes de son époque, Léopold Moum’Etia s’intéresse aussi à la vie politique de son pays. Il sympathise un temps avec la Jeucafra, la Jeunesse camerounaise française qui regroupe les jeunes «évolués», avec à sa tête Paul Soppo Priso. Du fait de ses activités politiques, il est souvent traqué, parfois arrêté. Plusieurs fois sa tête est recherchée. Mais, grâce au concours de ses amis politiques restés en France et disposant des relais au Cameroun, il réussit souvent à échapper au pire. Il est un moment contraint à l’exil, au Congo Brazzaville, pour échapper à une éventuelle pendaison. C’est naturellement qu’il fera partie du groupe des personnes qui jettent les bases de l’Upc (l’Union des populations du Cameroun), avec notamment Ruben Um Nyobè à la Salle des fêtes d’Akwa. Avec l’accession du Cameroun à l’indépendance et l’arrivée de Ahmadou Ahidjo au pouvoir, la démocratie est mise en veilleuse. L’Union nationale camerounaise domine le jeu politique. L’opposant doit alors se rallier au nouveau pourvoir à défaut de prendre le chemin de l’exil.

Militant de l’Unc, il réussit à se hisser à la vice-présidence de la section pilote du Wouri, qui avait pour leader à l’époque le redouté Tanko Hassan. Cette position lui vaut, de temps en temps, d’avoir l’oreille du président Ahidjo. Mais, dans le cercle familial, l’homme fait savoir aux siens que son engagement politique du moment est aux antipodes de ses convictions. Il est par exemple sceptique devant la proposition de son dernier fils, alors étudiant en France, qui souhaite venir passer des vacances au Cameroun. Il le lui déconseille d’ailleurs compte tenu de " la délation qui bat son plein au Cameroun et des arrestations qui sont monnaie courante ", se souvient ce dernier. Ce dernier peut cependant venir à condition, prévient-il, qu’il sache " tenir sa langue et applaudir comme les autres ".

En plus, l’homme ne va pas taire tout ce qu’il a vécu pendant la période des luttes pour l’indépendance et ce qu’il sait de la tradition chez les Sawa. Comme son père qu’il présente dans une notice biographique publiée en 1940 comme le " premier écrivain camerounais ", Léopold Moum’Etia embrasse la passion de l’écriture. Au total, 28 œuvres portent son estampille et en font un historien respecté. Pour certains " puristes " cependant, l’écrivain n’est qu’un " témoin de l’histoire ", puisque son œuvre raconte son vécu. Elle n’est pas le fruit d’une quelconque recherche méthodique d’information suivie d’une analyse. Qu’importe ! Grâce à son activité d’écrivain, il devient une personne ressource très consulté, autant par les politologues, les étudiants que par les amoureux des traditions africaines.

Averti sur le côté " éventuellement mesquin " de certains de ceux qui le consultent souvent, Moum’Etia met en place une parade pour leur interdire de s’approprier ses idées. Ainsi, tous ceux qui demandent à discuter avec lui sont soumis à un exercice incontournable. Ils sont priés de rédiger de leur propre main, dans un vaste registre, les centres d’intérêt de la discussion sollicitée. Puis, ils doivent chacun recopier les réponses de l’historien avant de prendre congé. C’est cet important document qui renseignera encore davantage sur l’œuvre de cet ancien mécanicien devenu historien. D’autant que sa descendance a décidé de valoriser son œuvre pour éviter de donner raison à Amadou Hampâté Bâ. Ils ne veulent pas que la mort de leur père, Léopold Moum’Etia, ce vieillard africain, ne soit assimilée à une bibliothèque qui brûle. Un immense défi.
 

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