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26.07.2005

Francis Bebey: Un génie intégral et immortel 

Serge Alain Godong, à Paris

Mort au sommet de nos indifférences et nos vanités, l’artiste vivra désormais dans nos remords et nos désenchantements, avec les 14 titres de son dernier album.


Le 28 mai 2001, Francis Bebey quittait la terre en laissant à la mémoire de ceux qui ne l’ont pas connu, l’image monumentale et hardie d’un talent hors du temps et hors de toute mesure. Icône qui aura parcouru avec passion les exaltations du monde, en donnant toujours l’air de marcher avec légèreté et délicatesse sur les œufs d’une poule sauvage. Fils d’un pasteur protestant élevé dans un corps-à-corps étroit avec la Bible, il aura appris à prendre corps avec le Fils de l’Homme, dans cette sorte de mystique lourde et ensorcelante qui demande que l’on mange du «Corps du Christ» pour avoir la promesse d’une vie éternelle. Le Salut des mortels, semble-t-il, repose dans le secret de cette anthropophagie indicible et il est courant que l’on s’en souvienne au moment de pousser son dernier soupir.

Celui de Francis Bebey, passé plus tard par le four de la crémation en se répandant ensuite dans l’obscurité de la cendre, eut don de plonger les Camerounais de son temps dans la plus totale des stupéfactions, terrorisés et incrédules à l’idée de voir un homme demander que soit ainsi méprisée la chaleur de sa terre natale au profit d’une pratique dénigrée et suspectée pour sa cruauté. En Afrique, vie et mort ne forment souvent qu’un et il est impensable de demander que l’on se sépare d’un corps comme ça, sans que fils et ancêtres n’aient eu le temps de lui rendre hommage. A ce jour, personne ne croit savoir où exactement se cachent les tourments enflammés de Francis, même si, en passant à Paris, il a été possible de le voir surgir quelque part. Dans les bacs à disques…

Fantôme de son époque, qui hante encore de son ombre opaque et chétive les souvenirs de ceux qui ont des aventures glorieuses et troublées au cœur des années 70 et 80. Ahmadou Ahidjo n’était pas un ange et Francis s’en fichait quelque peu. Paul Biya s’en fichait clairement et Francis se laissa sombrer dans ce chagrin de personne adulte qui regarde passer le train de ses jours, avec la mélancolie usée de ceux qui se disent qu’ils auraient pu faire quelque chose. L’écho de ses chansons à ce jour, porte encore cette langueur dans le cœur de ceux qu’habite à juste titre le regret de l’avoir vu partir comme ça, comme personne, sans le moindre signe d’amour et de considération de son pays, le Cameroun, auquel il avait pourtant donné tant de son intelligence. Souffle inusable dans ces titres que l’on réécoute encore aujourd’hui comme s’ils dataient d’hier, au gré de cet album de 14 titres que les éditions Wedoo Music ont eu la bonne idée de faire revenir dans les commerces. Dans le vocabulaire du milieu, on parle d’un «best of». Des titres originaux, exquis et irremplaçables, d’une aventure humaine et artistique qui l’aura conduit sur le sommet d’une dizaine de production, pendant quatre décennies pleines, entre les années 60 et la fin du courant 90.

Adolescence
Quatre décennies, loin de son jour de naissance, à Douala en 1929, année du déclenchement du premier crash boursier des temps modernes, à 14.000 km de là, à New-York. Sans souci pour le capitalisme et ses infamies, l’enfant grandit avec les pieds nus sur la terre sableuse de ces côtes où sévissent les humiliations des colons français. Au moins la contrition a-t-elle l’avantage de conduire à «l’école des Blancs» : il apprend le français, langue qu’il en vient à manier plus tard avec dextérité, au bénéfice de sa venue en France, en 1950. C’est d’ailleurs sur ce coup qu’il approfondit sa connaissance de la guitare moderne, commencée à être apprise durant son adolescence sur les bords du Wouri, en ces heures où son père jouait les personnages importants et sophistiqués, en se perchant régulièrement sur l’écoute de Bach et autres Haendel, éminents représentants parmi d’autres de la musique dite classique. Paris est une ville majestueuse et obsédante, à peine ruinée par la fin d’une guerre sauvage et inhumaine, qui l’aura, affirmera plus tard le général de Gaule, «violée, martyrisée, brisée». Le destin de tout Noir, dans un tel horizon, est d’abord celui d’un tirailleur sénégalais aux lèvres épaisses et il n’est pas évident de faire savoir que des personnages de son genre peuvent servir pour autre chose que de l’attirail de basses besognes.
C’est pourtant parfaitement à l’inverse de cette prévisibilité que vient s’inscrire le jeune Camerounais : fac de lettres à la Sorbonne, pour préparer une licence d’anglais. On le voit rapidement former une bande de copains avec Manu Dibango, qu’il initie à la France autant qu’il les forme à la musique. Les destins des uns et des autres sont des sources de fragilité relationnelle et voilà que Francis s’envole pour les Etats-Unis, question d’y apprendre le journalisme et la communication. C’est d’ailleurs de là que lui vient sa première inspiration: «L’été du lac Michigan», une pièce de théâtre. Il ne quittera plus l’écrit. Dans les années qui suivent, il travaille comme journaliste dans la Société de radiodiffusion de la France d’Outre-mer – ancêtre de Rfi – avant de se voir confier la responsabilité du département Musiques de l’Unesco.

Dans le même coup, il abonde dans toutes sortes de publications : essais, articles de presse, nouvelles, poèmes, romans. Un vrai génie, récompensé en 1968 par le grand prix littéraire de l’Afrique noire, pour ce qui restera longtemps encore comme l’un des chefs-d’œuvreles plus aboutis de la littérature camerounaise – si tant est qu’il y en ait une: Le fils d’Agatha Moudio. Roman à la légèreté insolente, pur, apaisant, narrant avec humour tendre et tendresse malicieuse les péripéties d’un pêcheur de la côte camerounaise qui, ivre d’une beauté qu’il ne se soupçonne pas, prend communauté de vie avec une épouse qui viendra lui procurer honte et désarroi en lui donnant à naître un enfant de couleur… blanche.
Fruit d’amours infidèles et de tentations raisonnables que procure l’éloignement d’un mari toujours absent. La réplique, en chanson, est un succès tout aussi monstrueux. Ceux qui ne l’avaient pas écouté plus tôt découvrent alors presque brutalement, dès 1972, un chanteur qui invente comme un jeu les limites d’une musique qui n’existe nulle part que dans son talent. Son art se donne à écouter comme le fruit de vibrants syncrétismes qui l’auront amené à découvrir un savoir-faire, en partant de bouts de ficelles rafistolées de part en part, entre les sources de son âme africaine et les exigences que lui imposent les références d’un Occident devenu incontournable.

Dans l’esprit de Francis Bebey, il est hors de question de trahir l’Afrique, de la renier. Tout au contraire, est-il question de lui rendre un hommage d’autant plus appuyé que le credo de l’«universalisme» qu’impose le monde «civilisé» des Blancs a bien tendance à faire croire que tout ce qui tient de l’Afrique ne peut être que réduit à une sorte d’«art nègre», baroque, tribal, presque toujours fétichiste. Alors, le garçon d’Akwa choisit de s’imposer en se fiant d’abord de manière prioritaire à des sortilèges comme la flûte pygmée ou la sanza. De ce point de vue subjectif, pointilliste et radical, il trouve la force pour les aventures qui lui conviennent, à l’image de ce fameux «Kasilane», qu’il compose pour le Kronos Quartet.
Ce n’est toutefois que dans les années 80 que le succès lui viendra. Dans les capitales d’Afrique, on commence en effet à parler de ce Camerounais qui fait tant rire le monde avec des chansons insolites du genre, "Si les Gaulois avaient su", "La condition masculine" ou encore, «Mon amour pour toi». Thématiques à chaque fois complètement échevelées, qui prennent à contre-pied les idées simples et les conventions rassurantes. En 1977, il obtient le prix Sacem de la chanson française et s’engage dans une carrière de concertiste qui ne s’arrêtera pas, écumant avec une énergie inépuisée les salles parmi les plus prestigieuses du monde : Maison de Radio-France à Paris, Carnegie Hall à New York, Radio Deutschland à Berlin, musée Edvard Munch à Oslo, Masonic Auditorium à San Francisco.
Avec Manu Dibango, il devient incontestablement l’un des plus immenses ambassadeurs du drapeau camerounais à travers le monde. Oublié et méprisé par son pays d’origine, il est fait membre, par François Mitterrand, du Haut conseil de la Francophonie. En 1989, il signe avec la musique de Yaaba, film du Burkinabé Idrissa Ouedraogo, l’un de ses derniers triomphes internationaux: la réalisation obtient en effet une récompense majeure au Festival de Cannes.

Miroir
Les quatorze titres de Francis Bebey qui sont donc à nouveau en vente à ce jour, redonnent, dans toute leur nudité, force à revivre tout l’invraisemblable paradoxe qui lie, dans la mémoire contemporaine, le particulier et l’universel, l’homme noir et l’homme blanc, la vérité et le mensonge, l’oubli et le désir de gloire. Francis Bebey a vécu au-dessus de ces contradictions en hissant sa voix par-delà l’horizon infini de tous les tintamarres. Parler de lui, de sa musique, de sa littérature, est toujours, aujourd’hui comme hier, se risquer à aller en territoire inconnu. Presque personne ne sait vraiment s’il est allé aussi loin qu’il s’en sentait la mesure où si, dans la quête inassouvie du savoir qui était la sienne, il s’est arrêté à la frontière qui convenait à la nature des mortels. Ses chansons, avec la force dialectique qu’elle transportent, demeurent au millénaire qui s’écoule, comme des lieux de mémoire dans lesquels on va se ressourcer pour mieux mesurer l’abîme de médiocrité dans lequel les prétentions de notre époque nous ont progressivement fait tomber. On chante en effet «nioxxer» comme on danse «ekargator»… Aussi bas que notre refus de justice, de liberté, d’égalité et de bien-être nous a conduits. Aussi loin de nous-mêmes, dans le miroir des apparences, le vertige des satisfactions rapides, des réussites qui s’inventent à l’aune de quelques rêves brisés.

Francis Bebey donc, comme une mauvaise conscience, l’inventeur de quelques unes de ces utopies qui nous pourchassent : l’utopie du talent, du désintéressement, de la grâce, de la vérité. «O bia», chantait-il de sa voix vaguement rauque et fuyante, affirmant quelques pas plus loin que tout ce qui nous entoure n’est qu’un «fond d’ivresse» ignoble. Il y a dans la dégénérescence actuelle des pays africains comme une négation de la vie qui effraie autant qu’elle fascine à la fois. Comme une œuvre de d’art contemporain, un tableau d’Emile Youmbi, qui inspire le dépassement et voyage à l’intérieur de sa propre personne. Le Cameroun a ainsi perdu dans cet homme la matrice d’une époque, la sagesse inédite qu’il a refusé d’écouter, comme il refuse d’écouter, toujours, le sens du message que lui apporte un monde où l’idéal humaniste est aussi celui où le talent est respecté, où la compétence est honorée, où le savoir est sacralisé. Francic Bebey sera parti trop tôt, dans un monde qui n’apprendra à le connaître que beaucoup trop tard.
 

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