Programme:
Ainsi s’en alla-t-il un lundi. Le 6 octobre 1997, autour de 17 heures. A l’hôpital Laquintinie. Sans que son “album religieux” ne fût sur le marché, pour pouvoir meubler ses obsèques. Mais sa dernière oeuvre sortira quelque temps plus tard, à titre posthume, intitulé “ Forever ”, qui veut dire “ A jamais ”. Dans cette oeuvre qui conclut une carrière de maestro, on retrouve sept chansons dont Ave Maria Cameroun qui ne put être interprétée par son auteur avant son décès. La voix qu’on croit pourtant être celle d’Eboa Lotin dans Ave Maria Cameroun est plutôt celle de l’un de ses fils spirituels: Henry Njoh.
Eboa Lotin était, lui, le fils de Adolphe Lotin’a Same, le pasteur révolutionnaire, fondateur de la Native Baptist Church. Il hérita vers 1946, alors qu’il n’avait que 3 ans, plus de 400 cantiques de son père. Il commença sa carrière artistique comme sculpteur. Mais fut plus porté vers la musique. Son premier album, Mulema mwam, sorti en 1962, fit de lui une star dont le succès traversa pendant 35 ans la scène discographique camerounaise et africaine. Aujourd’hui, huit ans après sa disparition, la musique d’Eboa Lotin continue de meubler des tranches radiophoniques au Cameroun. Elle passe encore sur le marché du disque, et meuble aussi des salons privés. Les textes de cette musique disent des vérités, toujours actuelles, chaque jour qui passe. L’artiste fut un observateur intelligent de la société. Sa philosophie traduisait une morale d’inspiration biblique et africaine. Il prêchait les bonnes moeurs et s’attaquait à des sujets de tous ordres. Parolier hors hiérarchie, il savait souvent provoquer, décrivant parfois “le noeud de la cravate comme une botte de chou”, ou encore l’un de ses personnages comme une pulpeuse aux “seins pointus comme des sagaies, avec des cuisses comme du saucisson à l’ail.”
Eboa Lotin était un phénomène de la chanson. Il servit d’exemple. Et inspira des auteurs-compositeurs comme Tom Yom’s et Annie Anzouer. Sa mémoire reste vivace. Puisse le Cameroun apprendre à mieux glorifier cet Eyum’a moto (patriarche) de la culture nationale! |