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Le lac Nyos est devenu tristement célèbre le 21 août 1986 à la suite de l´éruption massive et brutale de gaz toxiques ayant provoqué la mort par asphyxie d´au moins 1746 personnes. Deux ans ( 15 aout 1984) auparavant, des émissions comparables, en provenance des profondeurs du lac Monoun, avaient causé la mort de 37 personnes. cette catastrophe est l´une des plus grandes jamais connues dans le monde par asphyxie d´etres humains.
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LE MONSTRE DU LAC NYOS West Africa, 14 septembre 1987, pp. 1772-1773.
A peu près à cette époque l´an dernier, les Camerounais pleuraient encore la mort de près de 2 000 victimes du gaz toxique du lac Nyos; les scientifiques restent encore perplexes au sujet du désastre et les témoignages disponibles suggèrent que n´importe lesquels des soixante lacs dans la « ligne volcanique camerounaise » pourraient être potentiellement dangereux pour les Nigérians et les Camerounais habitant la région. Un correspondant le dit.
Les scientifiques à la recherche d´indices sont maintenant disposés à écouter les fables, légendes ou autres récits concernant les lacs diaboliques qui entourent le Mont Cameroun – « zone linéaire à croûtes faibles ». Selon le docteur Sam Freeth, membre de l´équipe de scientifiques britanniques venus enquêter au lac Nyos, « les vieilles gens pourraient connaître des histoires d´esprits malins qui seraient en fait l´histoire orale des gaz dégagés depuis des décades ou des siècles ». Freeth pense que l´histoire orale du peuple kanuri du sud de Borno au Nigeria pourrait contenir des preuves sur l´activité volcanique catastrophique du passé.
En ce qui concerne le présent, l´incident du lac Nyos risque de finir en légende du Cameroun. Au terme de la conférence de mars dernier, plus de cent savants complétèrent les détails de ce qui était arrivé au lac Nyos sans pour autant se mettre d´accord sur la cause de l´événement. Voici le récit du désastre à ce jour : Dans la nuit du 21 août de l´an dernier trois millions de mètres cubes de carbone bioxyde mêlés à 200 000 tonnes d´eau se sont dégagés du lac Nyos et ont asphyxié au moins 1700 personnes. La conférence a conclu que « la raison de base » de cette catastrophe « est en définitive liée au fait que le Cameroun est coupé par une zone linéaire à croûtes faibles ». Mais, poursuit le compte rendu de la conférence, « malgré les informations détaillées dont nous disposons maintenant sur l´état actuel du lac, on sait très peu de choses au sujet de son état avant l´éruption du gaz... Tout modèle construit afin d´expliquer l´éruption du gaz du lac Nyos devra s´appuyer sur certaines assertions soutenues uniquement par des preuves indirectes. Ces genres d´arguments auraient des degrés variables d´importance dans les esprits des différents savants qui s´en occupent ».
Les personnes ordinaires qui ne peuvent pas comprendre pourquoi la nature les a choisies pour en faire des victimes utilisent leur imagination pour combler les trous laissés par les savants. Dans une sorte de superstition moderne, plusieurs personnes sont maintenant prêtes à croire que le désastre du lac Nyos a été humainement créé. Selon la publication américaine, le National Enquirer, parmi toutes les théories qui sous-tendent la « superstition » en question, la plus forte en celle d´essais secrets américains d´une arme meurtrière – la bombe à neutrons. Il y a ceux qui soutiennent leur théorie de complot en la comparant au comportement du gouvernement durant un incident semblable au lac Monoum il y a de cela deux ans.
Le docteur Freeth a été surpris de n´avoir appris qu´« accidentellement » l´incident du lac Monoum. Bien que le nombre de morts ne s´élevât qu´à trente-sept, chiffre mineur, les ressemblances scientifiques furent telles que certaines précautions contre les méfaits du lac Nyos auraient pu être possibles. Reste maintenant un fait scientifique probable : le mois d´août (14 août en 1984, 21 août en 1986) est le mois pendant lequel des « monstres » criminels surgissent des lacs dans la région montagneuse. Cependant, le résultat des enquêtes au lac Monoum ne fut publié qu´au début de cette année. Pourquoi ?
Que l´événement fût humainement créé ou pas, les faits suivants n´en demeurent pas moins vrais : le lac a été formé au courant du dernier millénaire par une éruption volcanique. Des analyses détaillées de spécimens aquatiques pris après le désastre montrent que le lac contient environ 20 % de carbone bioxyde dissout d´origine magmatique issu d´un réservoir qui nourrissait le volcan à l´origine de la formation du lac. Une preuve physique autour du lac suggère qu´un large volume d´eau et de gaz a été rejeté par le lac. Les calculs indiquent que la quantité de carbone bioxyde qui peut être relâchée par un lac saturé correspond à celle qui a formé le nuage mortel responsable du désastre. L´examen médical des victimes aussi bien que celui des survivants montre que la seule cause plausible des décès fut l´asphyxie dans une ambiance carbonisée.
La question principale que se posent les scientifiques est la suivante : Qu´est-ce qui a bien pu déclencher le dégagement du carbone bioxyde ? L´équipe des scientifiques britanniques rapporta que selon eux « le renversement convexionnel fut la cause du relâchement d´un nuage dense, frais et toxique provenant d´un lac intrinsèquement instable et hautement chargé de carbone bioxyde ». Néanmoins, le Dr Freeh dit que l´expression « renversement convexionnel » n´était qu´une expression scientifique passe-partout voulant dire que « quelque chose » d´externe avait perturbé les conditions normales des eaux du lac Nyos.
D´après le compte rendu de la conférence, la stabilité du lac peut-être troublée par plusieurs forces que l´on pourrait classer en deux catégories : « (a) des forces qui sont libérées à cause des propriétés physico-chimiques internes du lac comme système dynamique; et (b) des forces mécaniques externes qui perturbent l´équilibre physico-chimique... Les informations à notre disposition ne permettent pas de faire une distinction claire entre les alternatives à tirer ». Il ne sera possible d´être plus précis que lorsque les savants auront répondu à un nombre de questions telles que : Comment le gaz pénètre-t-il dans le lac ? Pourquoi les lacs Monoum et Nyos avaient-ils été nourris par une aussi grande quantité de gaz et non pas les autres ?
La conférence conclut qu´« il est impossible d´exclure la possibilité de la survenance d´autres événements potentiellement désastreux dans la région du lac dans l´avenir ». Des suggestions pour réduire cette probabilité [PAGE 43] comprennent « une désintoxication contrôlée » des eaux du lac en supprimant l´eau saturée du fond du lac en utilisant des trous de sonde qui atteindraient le système hydrothermal situé sous le lac de façon à diminuer l´écoulement du gaz au sommet du lac.
L´impression qu´on en tire est que les scientifiques sont d´accord que toute mesure préventive prise maintenant ne pourrait au mieux que souligner des symptômes puisqu´ils ignorent ce qui se passe dans la région. Pour la même raison ils ne sauraient dire quand le monstre du lac Nyos fera sa prochaine apparition : « Il a été établi qu´aucune méthode de prédiction sûre ne pourrait être envisagée ». La conférence dressa ensuite la liste des critères qui doivent être contrôlés pendant au moins une année au bout de laquelle on pourrait tenter de faire une prédiction.
Aux yeux du profane il semble que les scientifiques savent trop peu de choses sur le lac Nyos pour pouvoir fournir une aide quelconque susceptible d´apaiser les craintes de danger dans la région. La responsabilité incombe donc aux Camerounais qui feraient bien de recruter les Nigérians pour renforcer l´enquête. Des soixante lacs qui ont besoin d´être examinés, seuls quatre ont été l´objet d´un examen quelque peu détaillé. Le contrôle des conditions climatiques vient à peine d´être commencé avec l´établissement il y a moins d´un an d´une station météorologique à Bamenda.
Si l´anticipation d´un désastre est difficile, l´expérience acquise en y faisant face pourrait peut-être s´améliorer après Nyos. La mission catholique qui s´est occupée des opérations de sauvetage dès le début n´est pas d´accord là-dessus. Elle a constaté que la population a perdu sa dignité à cause de l´incident qui a « changé la mentalité des gens d´une façon dramatique les rendant apathiques et entièrement dépendants des provisions fournies par le monde entier ». Les missionnaires sont inquiets en raison du « petit nombre de personnes dans le pays encore intéressées au sort des victimes ».
Des observateurs pensent que le manque d´intérêt du gouvernement camerounais a été évident dès la première semaine du désastre alors que le Premier Ministre israélien, qui faisait sa première tournée en Afrique, recevait un accueil de premier ordre pendant qu´on enterrait encore les victimes. Pour certaines personnes, la date de cette visite étoffe la suspicion à l´égard des Israéliens qui en accord avec les États-Unis auraient été responsables du désastre. Chose étrange la grande équipe de dix-huit savants israéliens qui accompagnaient le Premier Ministre, et furent le premier contingent d´experts à arriver sur la scène du désastre, a gardé un silence remarquable au sujet de ses découvertes.
La politique de désastres illustrée par le lac Nyos a trois groupes d´acteurs. Il y a d´abord le groupe de sympathisants internationaux qui voudraient venir en aide à la nation camerounaise et à son peuple. La véritable responsabilité d´agir incombe aux autorités camerounaises elles-mêmes handicapée par le manque d´argent et de savoir-faire technique. Les habitants de la région qui ont fait l´expérience de la colère de la nature souhaiteraient croire qu´ils ont le droit d´être protégés par l´État. Au lieu de cela ils reçoivent des messages du genre « la commission de sauvetage a épuisé les provisions fournies par la communauté internationale », message servis à la sauce rhétorique épaisse des crises. Si ces habitants traduisaient leur angoisse et leur confusion en superstition, le monstre du lac Nyos serait un meurtrier invisible et silencieux capable d´engendrer une excitation internationale sans pour autant donner des indications sur ce qui l´a provoqué ou bien sur la manière dont il pourrait être apaisé. Qu´il soit de fabrication humaine ou naturelle, ce monstre est maléfique.
Texte traduit par Josette Ackad.
Sydney, novembre 1987
BOMBE A NEUTRONS AU CAMEROUN ??? The Analyst, vol. 2, no 4, 1987, pp. 18-19.
Le 21 août 1986 un mystérieux désastre a eu lieu au lac Nyos dans la région montagneuse du Cameroun, à quelque centaine de kilomètres de la frontière du Nigeria. Selon les compte rendus officiels, plus de 1 200 fermiers et éleveurs de bétail de même que toutes leurs bêtes – en fait presque toute vie (humaine et animale) dans la région – furent silencieusement et instantanément tués. Les chiffres non-officiels estiment cependant que le désastre a fait à peu près 5 000 morts. Qu´est-ce qui a tué ces gens ?
Au moment du désastre, ces décès furent rapportés comme étant le résultat d´une explosion du lac volcanique qui déclencha les gaz et des vapeurs empoisonnés asphyxiant les personnes qui les respirèrent. La revue West Africa rendit compte que les survivants dans la région rapportèrent avoir entendu une explosion bruyante vers vingt et une heures alors que la plupart des gens dormaient. Cette explosion fut suivie par une odeur fétide dans l´air semblable à l´odeur du gaz de cuisine.
Néanmoins, les médecins qui se rendirent dans la région à la suite de la tragédie remarquèrent que les survivants souffraient de brûlures dans les poumons et sur la peau; des indications claires de brûlures et de blessures étaient évidentes sur les cadavres. Ces découvertes n´étaient pas compatibles avec l´affirmation que les victimes étaient mortes seulement de suffocation due à la respiration de gaz empoisonnés.
La cause réelle de l´explosion et des décès demeure jusqu´à ce jour un sujet de controverse scientifique. La revue New African de juillet 1987 rapporte qu´un groupe de 120 experts et scientifiques ont assisté récemment à une conférence sur le désastre du lac Nyos tenue à Yaoundé. Après une semaine de délibérations, et après avoir examiné des documents totalisant 5 000 pages, les savants ne purent se mettre d´accord sur les raisons de l´explosion bien qu´ils semblèrent convenir que c´était un gaz contenant du carbone bioxyde qui avait tué la population. Mais le processus par lequel ceci eut lieu demeure inconnu. Des savants camerounais, britanniques et américains discutèrent de la question que le gaz s´était dégagé du fond du lac en raison d´un brusque changement de température ou bien d´un glissement de terrain. Les experts italiens, suisses et français quant à eux estimèrent que l´explosion du lac fut provoquée par une intensification de la pression qui entraîna le relâchement du gaz. Cependant aucune des théories n´a pu répondre aux questions posées par les événements du lac Nyos. Comme le note le New African, s´il y avait eu une explosion, il aurait dû y avoir des débris, mais il n´y en eut aucun. D´autre part, les médecins n´ont pu expliquer les brûlures et blessures trouvées sur les victimes, [PAGE 46] et qui n´avaient pas pu être causées par le dégagement du carbone bioxyde.
Toutefois, une nouvelle lumière qui est venue récemment éclairer le désastre, soulève certaines questions alarmantes pour les Nigérians et pour les Africains. Selon un article paru dans un journal américain, le
San Francisco Examiner [3], et qui a pour auteur la commentatrice politique Mae Brussel, l´explosion du lac Nyos a été causée par une bombe à neutrons secrètement mise à l´essai dans la région par les États-Unis et Israël. Brussel constate que les interprétations actuelles données à la tragédie ne sauraient expliquer les blessures et brûlures trouvées sur les victimes. Elle relève aussi le fait que les États-Unis et Israël ont tous deux été partisans du développement de la bombe à neutrons capable de tuer toute vie humaine et animale dans une région sans endommager la propriété. Le fait qu´Israël ait agi dans plusieurs parties du monde comme représentant ou substitut des États-Unis dans des affaires délicates auxquelles les États-Unis n´auraient pas voulu être directement associés, est aussi noté par le reporter. En fait, comme une source de Washington l´a récemment indiqué, « Israël est devenu une sorte d´agence fédérale (du gouvernement des États-Unis)... agence qu´il est commode d´utiliser quand on a besoin de faire quelque chose en sourdine ».
Le développement de la bombe à neutrons par les États-Unis a été profondément enveloppé de mystère pendant plusieurs années. Il n´y a jamais eu d´essai officiel de cette arme chère au cœur des stratèges du monde capitaliste pour sa capacité de tuer les vies humaine et animale, tout en préservant les bâtiments et autres propriétés. Israël et l´Afrique du Sud vouent au développement de la bombe à neutrons, de même qu´aux armes qu´on appelle nucléaires, un intérêt particulier, à cause de leurs adversaires immédiats (les Palestiniens dans le cas d´Israël, et la population sud-africaine noire, de même que les États africains voisins dans celui de l´Afrique du Sud) situés dans un territoire adjacent. Ils veulent développer des armes qu´ils pourraient utiliser contre ces « ennemis », et qui en même temps n´affecteraient pas leurs propres populations.
Cependant, avant qu´une arme comme la bombe à neutrons puisse être rendue utilisable, elle doit être testée. Une zone telle la région montagneuse du Cameroun, dans la proximité de lacs volcaniques connus où des éruptions de gaz ont tué des gens dans le passé, pourrait offrir un site idéal à la bombe à neutrons étant donné que les décès pourraient être attribués au gaz et que leur cause véritable pourrait être aisément dissimulée. Est-ce bien cela qui est arrivé au lac Nyos ?
Entre-temps la pénétration croissante d´Israéliens en Afrique noire de même que leur rôle de substitut des États-Unis sont la cause d´une inquiétude grandissante parmi les forces progressistes. Comme le savent les lecteurs de The Analyst, Israël fournit des armes et de l´argent aux cruels dictateurs de l´Amérique Centrale et du Sud; il a été la source [PAGE 47] majeure d´armes du régime fasciste d´Afrique du Sud et a coopéré avec ce pays pour le développement d´armes nucléaires à son usage. Ces armes sont utilisées par l´Afrique du Sud contre la population noire des pays de même que contre ses voisins africains; et Israël a bien entendu joué un rôle principal dans le marché d´armes iranien qui fait actuellement l´objet d´une investigation aux États-Unis. En Afrique noire, Israël s´est assuré les faveurs des régimes pro-impérialistes et a renouvelé ses relations diplomatiques avec le Zaïre, la Côte-d