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EVOCATION - LE 6 NOVEMBRE 1982 DANS NOTRE HISTOIRE
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La suite de la contribution de Abel Eyinga.
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Pour l’essentiel, le plan Giscard d’Estaing visait à renforcer le statu quo dans les trois bastions néocolonialistes français par l’institution d’un Premier ministre dauphin, approuvé et reconnu comme tel à Paris avant l’ouverture d’une éventuelle succession. Cela revenait à dire, pour les pays comme le Cameroun où la succession du chef de l’Etat obéissait à d’autres normes, une révision de la constitution dans le sens de ce qui venait d’être décidé à Paris. Cet ajustement constitutionnel est intervenu chez nous le 9 juin 1979. L’Ocld avait publié, dans son organe bimestriel d’information Kunde du mois d’août 1979, un dossier détaillé sur le plan Giscard d’Estaing de relève néocoloniale en Afrique noire française. J’attire l’attention du lecteur sur l’article de ce dossier consacré à l’amendement constitutionnel du 9 juin 1979 qui constitue, à mes yeux, par sa pertinence presque prophétique, un modèle d’analyse politique. Nous le reproduisons ici dans son intégralité. Ne pas perdre de vue, en le lisant, que ce texte date de 1979, trois ans avant le 6 novembre 1982.
L’amendement constitutionnel du 9 juin 1979 Le 9 juin dernier, Ahmadou Ahidjo a procédé à une nouvelle manipulation de la constitution en modifiant, à la surprise générale, les dispositions relatives à la succession du chef de l’Etat. Annonçant la confirmation de Biya dans les fonctions de Premier ministre, l’organe officiel, Cameroon Tribune, publie dans son numéro du 1/7/79 l’extrait suivant du texte de loi de l’amendement qui touche les articles 5 et 6 : ”En cas de vacance de la présidence de la République pour cause de décès, démission ou empêchement définitif constaté par la Cour Suprême, le Premier ministre est immédiatement investi des fonctions de président de la République pour la période qui reste du mandat présidentiel en cours”. Le Cameroun néocolonisé ne possède pas d’institutions nationales au sens moderne de ce terme. Ce qui en tient lieu relève, en fait, du patrimoine personnel de M. Ahmadou Ahidjo : aussi s’estime-t-il fondé à les manipuler au gré de ses humeurs, de ses intérêts propres, et surtout des ordres reçus de ses patrons français. L’amendement constitutionnel du 9 juin 1979 confirme, à tous égards, cette donnée immédiate de la réalité néocoloniale. Aucune urgence nationale, aucune opportunité locale, aucun besoin immédiat des Camerounais n’appelaient une modification de la constitution dans un sens antidémocratique, comme le fait l’amendement du 9 juin.
1- Un amendement antidémocratique : Dans un système démocratique, la succession à un poste électif ne se fait pas n’importe comment : elle obéit notamment à deux règles fondamentales, universellement admises aujourd’hui. La première de ces règles vise à faire en sorte que de nouvelles élections se déroulent, dans les délais les plus courts, pour permettre au suffrage universel de désigner le nouveau titulaire de la fonction. Quant à la seconde règle, son objet est de s’assurer que, en attendant l’élection en vue de la désignation du nouveau titulaire de la fonction, le poste vacant soit provisoirement occupé par un élu du peuple. L’amendement du 9 juin viole délibérément ces deux principes démocratiques en vigueur dans le pays des patrons d’Ahmadou Ahidjo. En effet, le régime de la succession présidentielle en France se conforme, point par point, aux deux règles évoquées plus haut. L’article 7 de l’actuelle constitution française charge le président du Sénat, un élu du peuple, d’assurer en cas de besoin, l’intérim de la présidence de la République pendant une période ne pouvant dépasser 35 jours à partir de l’ouverture de la succession ; et c’est au cours de cette période, impérativement fixée par les textes, que doivent avoir lieu de nouvelles élections présidentielles pour la désignation d’un nouveau chef de l’Etat. Cette procédure a scrupuleusement été appliquée en France lors de la démission du général de Gaulle en 1969, et après la mort du président Pompidou en 1974. La constitution camerounaise de 1972 aussi prévoyait une procédure en parfaite conformité avec les deux règles évoquées. Son article 7 disposait à cet égard : En cas de vacance de la présidence… Les pouvoirs du président de la République sont exercés de plein droit par le président de l’Assemblée nationale (un élu du suffrage universel) jusqu’à l’élection du nouveau président… Le scrutin pour l’élection du nouveau président a lieu vingt jours au moins et cinquante jours au plus après l’ouverture de la vacance. Le nouveau système successoral de l’amendement du 9 juin contrevient à l’une et à l’autre règle démocratique contenues dans la constitution de 1972. Il désigne, comme successeur de plein droit du chef de l’Etat, le Premier ministre. Or, dans le Cameroun néocolonisé d’Ahidjo, le Premier ministre n’est pas un produit du suffrage populaire, mais un vulgaire courtisan d’Ahidjo, que celui-ci nommes ans avoir à justifier ou à motiver sa décision. C’est ainsi qu’en 1975, il nomme à ce poste Paul Biya, un fonctionnaire sans aucune assise populaire dans le pays. Mais l’amendement d’Ahidjo est allé encore beaucoup plus loin dans l’antidémocratisme car il n’oblige pas le ”Premier ministre président” à organiser de nouvelles élections présidentielles dans un délai fixé. Il l’installe au fauteuil présidentiel, par la seule volonté d’Ahidjo, non pas pour assurer un intérim, mais à titre définitif ”pour la période qui reste du mandat présidentiel en cours”. Autrement dit si, six mois après son élection au suffrage universel, Ahidjo démissionne ou meurt, le Premier ministre de son choix s’installe au fauteuil présidentiel, sans élection, pour une période de 4 ans et six mois (période qui reste du mandat présidentiel en cours, ou interrompu). Pourquoi cette violation insolente et injustifiée des pratiques et des principes démocratiques établis ?
2- Une réforme dictée par l’étranger : Une fois de plus, la France coloniale a ordonné à Ahidjo une ”réforme constitutionnelle qu’elle n’entreprendrait pas pour elle-même, et Ahidjo s’est exécuté comme à l’accoutumée. Qu’est-ce qu’une créature peut faire d’autre, lorsque son créateur a ordonné, sinon obéir ? Ou alors se rebeller à ses risques et périls, ce qui n’est pas dans la nature d’Ahidjo, surtout lorsqu’il se trouve face à la France qui l’a créé politiquement. Mais certains compatriotes pourraient se demander où se trouve l’intérêt de la France de Giscard d’Estaing dans le fait que ce n’est plus le président de l’Assemblée nationale qui succède de droit au chef de l’Etat, mais plutôt le Premier ministre.
L’intérêt permanent de la France colonialiste chez nous est que rien ne change : que notre pays demeure, pour les hommes d’affaires occidentaux (et notamment français), le paradis rêvé où ils viennent réaliser des affaires d’or, ainsi qu’ils le reconnaissent eux-mêmes dans le numéro de mars 1979 du mensuel français ”Croissance des Jeunes Nations”, en conclusion d’un article d’Agnès Thivent intitulé ”Le Cameroun est bien parti” : Le Cameroun constitue un important débouché pour l’industrie française, puisque 43 % des importations camerounaises viennent de France. Quant aux intérêts privés français, ils demeurent importants, d’autant que certaines firmes ne font en fait que consolider ce qu’elles possédaient déjà au temps de la colonisation. Ils sont présents dans presque tous les secteurs de base de l’économie camerounaise… L’usine d’aluminium d’Edéa, qui fait la gloire du Cameroun parce qu’elle est la deuxième du continent africain, appartient à la société française Péchiney Ugine Kulhmann, et c’est Elf qui exploite les trois gisements pétroliers découverts au large des côtes camerounaises. Le gouvernement camerounais favorise d’ailleurs largement l’installation d’entreprises privées (françaises) sur son territoire par une politique de développement fiscal et parce qu’il a décidé de s’engager dans la voie du ”libéralisme planifié”. Les industriels français ne cachent pas que le Cameroun représente actuellement l’investissement le plus sûr en Afrique et le plus rentable.
Investissement le plus rentable pour qui ? Pour les hommes d’affaires français naturellement, puisque pour un franc investi, ils en retirent trois. C’est cette situation qu’Ahidjo est chargé de maintenir en la renforçant : c’est cela le ”libéralisme planifié”. Notre pays est ainsi assigné à jouer, pour les étrangers, le rôle de multiplicateur de leur fortune par le travail des Camerounais et grâce à nos richesses naturelles. C’est parce qu’Ahidjo s’est engagé à ne jamais remettre en question le système et les structures économiques qui organisent et accélèrent notre exploitation, que Paris l’a préféré à tous les autres politiciens camerounais, et qu’il lui apporte une protection et un soutien sans réserve depuis 1958. Salomon Tandeng Muna, président de l’Assemblée nationale et successeur légal du chef de l’Etat aux termes de la constitution de 1972, n’a jamais pris un tel engagement vis-à-vis de la France. De plus, il a contre lui d’être originaire de l’ex-Cameroun britannique. On sait que Paris entretient contre nos compatriotes du Cameroun occidental, une méfiance et une hostilité constantes : les stratèges parisiens de néocolonialisme ne s’en cachent d’ailleurs pas. Cette attitude fait que les postes ministériels considérés à Paris comme essentiels, sont pratiquement interdits aux Camerounais de cette partie du pays. Il en est ainsi, par exemple, des Finances, de l’Education nationale, de l’Economie, des Forces armées, des Affaires étrangères, etc. Paris ne veut pas que ces portefeuilles essentiels reviennent à des Camerounais originaires de l’ex-Cameroun anglais ; et de fait Ahidjo qui exécute servilement la volonté de ses maîtres et protecteurs français, n’a jusqu’ici jamais enfreint la loi non écrite édictée dans la capitale française. Réticents à la présence d’un Camerounais occidental dans les ministères évoqués, les patrons français d’Ahidjo sont encore plus farouchement hostiles à l’idée d’un Camerounais occidental à la présidence de la République, pas même pour le temps d’un intérim de 50 jours. Telle est la véritable raison de la réforme constitutionnelle surprise du 9 juin dernier, réforme qui constitue tout simplement une nouvelle immixtion de la France colonialiste dans nos affaires, par le truchement de son docile représentant à Yaoundé, Ahmadou Ahidjo.
3- Le nouvel Ahidjo Quel que soit celui de ses courtisans dont Ahidjo fera son successeur en le nommant -ou en le maintenant- au poste de Premier ministre, on peut être certain qu’il répondra au profil suivant, agréé à Paris : - être originaire du Cameroun français ; - n’avoir aucune audience, aucune assise politique personnelle dans le pays afin de tout devoir à Ahidjo qui l’aura politiquement créé et promu, tout comme Ahidjo lui-même demeure une créature politique de la France à cent pour cent ; - être un de ces universitaires serviles et intellectuellement stériles, sans personnalité, demeuré à l’écoute des bureaux et de son bienfaiteur Ahidjo. Quant à la manière dont le nouvel Ahidjo, le nouvel agent de la France colonialiste accèdera effectivement à la présidence dans le cadre du complot que l’on est en train de monter contre notre pays, plusieurs hypothèses peuvent être envisagées, faute de connaître, pour le moment, la décision des autorités françaises à ce sujet. Les deux scénarios suivants peuvent être retenus comme probables.
Premier scénario : Ahidjo démissionne avant l’expiration de son mandat l’an prochain, pour céder la place à Paul Biya. Cette hypothèse n’est pas absurde, surtout si Paris donne l’ordre de l’exécuter ; mais on ne voit pas très bien ce que la France colonialiste y gagnerait. Second scénario : Ahidjo s’octroie, l’an prochain, à l’occasion de la parodie d’élections présidentielles, un nouveau mandat de 5 années jusqu’en 1985 et, peu de temps après, il démissionne, laissant la place à Paul Biya, ou à quelque autre courtisan qu’il aura promu avant son départ. Cette hypothèse est plus vraisemblable car elle présente l’avantage de donner suffisamment de temps (3 ou 4 ans) au nouvel agent de l’étranger pour consolider son pouvoir avant la farce électorale suivante, celle de 1985. Ainsi s’analyse, aujourd’hui, la nouvelle impasse que le néocolonialisme prépare pour le Cameroun, dans le cadre de la ”stabilité” néocoloniale dont plus de 90 % de nos compatriotes font quotidiennement les frais.
Devant cette situation, intolérable et injustifiée, quelques questions viennent naturellement à l’esprit : 1) De quel droit Ahidjo disposerait-il du Cameroun comme s’il en avait été fait roi ? 2) Les immixtions de l’étranger dans nos affaires peuvent-elles encore rester sans riposte, sans une vigoureuse réaction de la part de ceux qui en sont les victimes ? 3) Les Camerounais d’aujourd’hui sont-ils disposés à renoncer à nos traditions d’honneur et de résistance à l’oppression pour vivre l’échine courbée devant des médiocrités et des traîtres que rien ne qualifie pour jouer les monarques ? En ce qui concerne l’Ocld, aucune équivoque ne doit être entretenue. Travaillant pour et avec la masse de nos compatriotes frustrés des bénéfices et des responsabilités de l’indépendance, nous nous opposerons, par tous les moyens appropriés, à tout projet visant à reconduire ou à consolider l’état de choses actuel qui a conduit à la domination et à l’exploitation de la majorité par une minorité de voleurs, de tribalistes impénitents et de profiteurs cupides sans foi ni loi. (à suivre). Publié le 17-11-2006
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