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Ruben Um Nyobé ou l’icône du nationalisme camerounais
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[Valencienne - France] - 18-09-2008 (Bouopda Pierre Kamé)
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Comme beaucoup de Camerounais de sa génération et de son profil social, l’éveil politique de Ruben Um Nyobé (1913-1958) se fait au sein de la Jeucafra. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, son initiation politique se poursuit et s’enrichit au sein du « Cercle des études sociales », un club de réflexion animé par Gaston Donnat, Directeur adjoint de l’école régionale de Yaoundé. En 1946, Ruben Um Nyobé est secrétaire général de l’Union des syndicats confédérés du Cameroun (USCC).
C’est une position syndicale de premier plan dans un contexte institutionnel dépouillé de partis politiques camerounais. En terme d’organisation, c’est l’USCC qui porte les premières revendications sociales et politiques des populations du Cameroun. Son secrétaire général incarne très tôt de ce fait le combat des Camerounais pour l’égalité des droits sociaux et politiques. C’est dans cette fonction syndicale que se construisent les thèmes qui dominent par la suite le discours politique de Ruben Um Nyobé notamment l’unité et l’affranchissement du peuple camerounais.
C’est donc tout naturellement que les promoteurs (1) de l’UPC s’en remettent à Um Nyobé pour présider aux destinées du parti quelques mois après sa légalisation. Ruben Um Nyobé devient ainsi le secrétaire général de l’UPC au mois de novembre 1948. Il occupe cette fonction jusqu’à son décès le 13 septembre 1958.
De novembre 1948 à septembre 1958, c’est-à-dire durant près de dix ans, Ruben Um Nyobé se consacre entièrement à sa fonction de secrétaire général de l’UPC. L’éthique de la démocratie et de la tolérance inspire ses idées et ses pratiques politiques. Il rêve d’un Cameroun uni et en démocratie. Il y travaille avec engagement, abnégation et passion. Ayant renoncé au fonctionnariat (2), il y travaille aussi libéré de l’emprise de l’administration coloniale. Sa démarche est conséquente, son discours est nationaliste, son argumentaire est convaincant. Le secrétaire général de l’UPC est cohérent et crédible aux yeux d’un nombre grandissant de Camerounais.
Il gagne en popularité au Cameroun et en notoriété à l’international. Cela conforte de façon récursive sa cohérence et sa crédibilité. Une dynamique autoentretenue de succès nationaliste est ainsi enclenchée. Son ampleur surprend et déstabilise l’administration coloniale française. Celle-ci entreprend de briser cette dynamique nationaliste qui échappe à son contrôle et contrarie ses objectifs au Cameroun. Aux scrutins de juin 1951 et mars 1952, l’administration coloniale française fait échec à l’élection de Um Nyobé respectivement à l’Assemblée nationale française et à l’Assemblée territoriale du Cameroun (Atcam). Ruben Um Nyobé prend la mesure concrète de l’hostilité de l’administration coloniale française aux exigences de réunification et d’indépendance du Cameroun. Les dévoiements électoraux de l’administration coloniale entretiennent malgré tout son ardeur militante. Il redouble de pédagogie auprès des Camerounais. Le parti qu’il anime est vivant et populaire malgré son exclusion des institutions parlementaires locales et métropolitaines. En fait, l’UPC est au début des années 50, le parti politique le mieux organisé et le plus enraciné du Cameroun. Cette performance revient pour une grande part au travail abattu en peu de temps par son secrétaire général Ruben Um Nyobé.
Dans son rapport au Congrès d’Eséka le 29 septembre 1952, Ruben Um Nyobé tire les enseignements de l’hostilité permanente de l’administration coloniale française à son endroit. Il énonce les exigences que l’UPC entend réclamer aux Nations unies pour contourner l’ostracisme des Autorités administrantes :
« […] Il n’est pas question de demander aux autorités chargées de l’administration de faire leur devoir, de tenir leurs engagements. Il est question de demander à l’Organisation des Nations unies de trouver de véritables solutions qui permettront aux Camerounais d’accéder à leur indépendance dans un avenir raisonnable c´est-à-dire le plus proche possible. Et nous sommes modérés dans notre action. Nous ne demandons pas d’indépendance immédiate. Nous demandons l’unification immédiate de notre pays et la fixation d’un délai pour l’indépendance […] »
« […] Enfin, il serait profitable pour notre mouvement et pour le pays tout entier qu’un représentant authentique des populations aille défendre nos revendications devant les Commissions compétentes de l’Onu […] »
C’est le secrétaire général qui expose personnellement ces revendications de l’UPC devant la 4e Commission de tutelle de l’Assemblée générale de l’Onu au mois de décembre 1952 :
1. révision des Accords de tutelle du 13 décembre 1946 pour qu’ils soient compatibles avec l’article 76 b chapitre XII de la Charte des Nations unies de juin 1945 ;
2. réunification immédiate du Cameroun ;
3. fixation d’une date limite pour la fin des Accords de tutelle et l’accès du Cameroun à l’indépendance politique.
Ruben Um Nyobé ne s’écartera plus de cette doctrine dont il est l’un des principaux inspirateurs.
Le samedi 13 septembre 1958, Ruben Um Nyobé , rentré en clandestinité depuis le mois d’avril 1955, meurt à 45 ans dans la forêt de Boumnyébel, assassiné par une patrouille militaire. C’est l’icône du nationalisme camerounais des années 50 qui disparaît ainsi dans des conditions indignes. Les populations du Cameroun, particulièrement en zones urbaines, bouillonnent de ressentiments. Et pour cause ! En 1958, Ruben Um Nyobé n’est pas seulement le secrétaire général de l’UPC. C’est une légende sublimée par des années de clandestinité ; c’est une espérance mythifiée de libération nationale. Ce rêve, éblouissant de patriotisme et de liberté, s’interrompt brutalement un après midi de septembre 1958 dans le fracas des détonations de quelques cartouches.
Pr BOUOPDA PIERRE KAMÉ
Notes: (1) Abel Eyinga recense douze membres fondateurs de l’UPC présents le 10 avril 1948 à Douala Bassa au café-bar dit « Chez Sierra » : Jacques Ngom , Charles Assalé , Guillaume Hondt , Joseph Raymond Etoundi , Léopold Moumé Etia , Georges Yemi, Théodore Ngosso , Guillaume Bagal, Léonard Bouli, Emmanuel Yap, Jacques-René Biboum, H-R Manga Mado . Cf. Abel Eyinga, L’UPC : une révolution manquée ?, Chaka, 1991, pp. 23-24. (2) Ruben Um Nyobé s’est mis en disponibilité à partir du 1er juin 1949. En 1954, l’administration coloniale a considéré qu’il était démissionnaire de son emploi dans la fonction publique.
Extrait Bouopda Pierre Kamé, « Cameroun, Du protectorat vers la démocratie : 1884 – 1992 », L’HARMATTAN, 2008.
Source:
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