Les combats sont avant tout l´occasion d´une fête. Lors de véritables tournois, où s´affrontent les champions, l´ambiance qui règne dans les tribunes n´empêche pas les rencontres de garder une vraie dimension sportive et traditionnelle.. Le mysticisme n´est pas absent de ces corps à corps que se livrent les athlètes. Les lutteurs, tous issus des villes ou des campagnes (…), ont de fermes croyances dans les esprits, ceux qui font gagner ou perdre.
L´arène de lutte traditionnelle est gardée jour et nuit. (…).Il s´agit avant tout d´empêcher que les athlètes ne s´introduisent secrètement dans l´enceinte et ne procèdent sur place à des rituels recommandés par leur marabout. Malgré cette surveillance, il est de notoriété publique que le sable de l´aire de combat regorge déjà d´ossements d´animaux, d´amulettes et de fétiches enterrés là à toutes fins utiles. L´anecdote prête à sourire, mais la lutte traditionnelle ne peut se comprendre sans cette dimension mystique. Les hommes qui s´affrontent débordent de muscles et de talismans, les uns et les autres sont nécessaires pour assurer la victoire. Ces colosses peuvent se retrouver anéantis par un mauvais présage ou la crainte d´un sortilège.(…)
Dans des tribunes chaque jour pleines à craquer, les combats se succèdent au son des tam-tams. Le plus griot de circonstance, accompagne le spectacle de sa lancinante mélopée, prodigue des conseils et improvise les louanges des lutteurs (…). A la fin du combat, des femmes se précipitent vers le vainqueur et l´essuient démonstrativement avec leur mouchoir. Mais qu´un lutteur démérite et aussitôt des clowns le miment pour faire rire à ses dépens sans que l´intéressé s´en offusque. Les terrassements sont accueillis par des débordements d´enthousiasme du public, L´exultation du vainqueur et la détresse du vaincu sont pareillement exubérantes(…).