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14.11.2006
LA VEILLEE DU NGONDO
Tout au long de la journée, le tam-tam des officiants bat le rappel pour indiquer l´heure et le lieu d´un rassemblement particulier: la veillée solennelle à laquelle participent sans discrimination de sexe ni d´âge les dignitaires, les initiés et les profanes. La veillée a nécessairement lieu dans le territoire d´un des clans duala stricto-sensu.
Selon le scénario consacré, les manifestations marquants l´expression spectaculaire du Ngondo commencent par une veillée de méditation grave et soutenue, ponctuée de prières, chants danses, jeux divers. Elle se déroule en un lieu symbolique, à l´ombre symbole ou à proximité d´un sanctuaire sur la surveillance d´un service d´ordre traditionnel particulièrement vigilant. Après l´ouverture de la manifestation consistant essentiellement à la présentation des délégations présentes, les chefs traditionnels se retirent dans un sanctuaire pour délibérer à huis clos et renouveler leur serment d´allégeance perpétuelle - " MALE " - aux idéaux fondamentaux du Ngondo. Au cours de ce huis clos, sont arrêtées des décisions capitales sur l´organisation cérémonielle de la grande fête du lendemain, et sur la vie de la communauté toute entière.
Il ne faut cependant pas croire que le public, dans un tel contexte, se contente de jouer un rôle de figurant. De façon indirecte mais certaine, il participe aux décisions, les oriente et les influence par le " NGOSSO " art de la musique vocale qu´il utilise sur les différentes formes, notamment: L´ Essewe - rituel - chant d´évocation publique - qui interpelle l´ordre suprême, l´histoire, l´éthique...
L´Essewe - profane - chanson d´expression directe - avec laquelle on vitupère contre l´imposture, l´injustice et les abus sociaux de tous genres. Cette forme d´expression basée essentiellement sur des figures de rhétorique fait usage de l´allégorie et parfois de l´allusion transparente. Son audience auprès des masses populaires est telle que même les plus grands chefs le redoutent. Son impact influe nécessairement sur le cours des décisions en élaboration; surtout qu´elle s´exécute à portée d´écoute de la délibération des chefs.
De durée variable, la veillée solennelle annonce et préfigure la grande fête du lendemain. Une fête étrange et originale avec ses aspects carnavalesques, ses fondements culturels, ses colorations historiques, ses réminiscences mythiques. Une fête à la fois contente et éclaté où le sacré voisine allègrement le profane, où le passé et le présent se conjuguent sans altération du fondamental. Avec sa mise en scène séculaire, propre aux manifestations de grands spectacles et à sa dramaturgie originale très élaborée, le Ngondo, reflet de toute une culture dynamique impose par son faste et s´épanouit au grand jour dans toute sa signification et sa magnificence.
LE LANGAGE TAMBOURINE
Pour communiquer des messages à distance, les peuples de la communauté Sawa utilisent traditionnellement des tams-tams à trois ou quatre tons, instrument à percussion dont l´audition est particulièrement claire. La pensée à exprimer est traduite par les holophrases -une serie d´expression stéréotypées- connues et qui sont d´une grande richesse d´imagination. Chaque holophrase est composée et correspond à une mélodie rythmique qui lui est particulière. A titre d´exemple chez les Duala, le language tambouriné, très riche et élaboré, comporte près d´un millier d´holophrases recensées, à l´aide desquelles ils correspondent entre eux.
LE LANGAGE CHANTE OU " NGOSSO "
Le Ngosso, récitatif, chanté, cadencé ou psalmodié avec ses douze genres recensés, se manifeste soit par une mélodie uniquement vocale, une chanson de gestes ou associée à l´expression corporelle par la danse; soit par un champ rythmé par des instruments de musique. Le Ngosso est mélodique et harmonique.
La cérémonie du Ngosso utilise principalement deux genres: l´Essewe et le Mukukume dans leur forme sacré. L´Essewe rituel est essentiellement lyrique. Il comporte un certain nombre de séquences qui se rapportent à des faits mythiques et historiques connus des initiés. Les allusions usitées -voilées par le récit- sont claires pour quiconque a acquis la connaissance du mythe de la création indispensable à tout responsable d´une fraction, même minime de la société. L´Essewe est rythmé par le " Muken " - clochette en fer forgé sans battant et à manche droit- les " Mbaka " - claquette de bambous et de " Musai " - hochet en rotin.
Le Mukukume se définit en une simple psalmodiée en sourdine, dans sa forme culture, par groupe de chanteurs, initié aux langage du Jengu. Néanmoins, il peut être exécuté de manière incantatoire lorsqu´il s´agit d´ invocation dans des rites magiques.
LE TOTEMISME
Au sein du Ngondo, le totémisme est complexe et a une extrême importance sociologique et même démographique à cause des divisions internes de la communauté.
Les Totems tribaux ou claniques sont des attributs héréditaires et ethniques. Leur fondement réside dans la correspondance permanente, le lien perpétuel entre les hommes et leurs traditions orales et les légendes qui y font toujours allusion, par des rites très anciens, objets, dessins, gravures représentant des totems.
Le totémisme clanique suppose aussi l´ exogamie au niveau du clan. Le mariage entre ressortissants du même totem clanique n´est pas admis, puisqu´il existe un lien de parenté incontesté entre le totem et les individus du clan dont il est l´emblème. Le totémisme, dans les cérémonies du Ngondo, se manifeste essentiellement par des représentations figurées sur des proues de pirogues sculptées et aussi dans le langage tambouriné ou chanté.
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