Le sobriquet MBOKOKI, utilisé par les allogènes pour désigner tous les autochtones de la région, du fait que le KOKI est le principal met des MBO, témoigne de l´unicité ethnique du rameau.
I- IntroductionToute ethnie soucieuse de sauvegarder son unité et sa personnalité s´investit résolument en permanence, dans le raffermissement de sa culture. La langue, objet du présent exposé s´inscrit en bonne place dans ce contexte intégratif, du fait qu´elle est l´instrument par excellence de communication entre les personnes appartenant à la même communauté ethnique.
C´est dans ce cadre du règne de la culture, et de la pérennisation de celle-ci. que le dialecte BANEKA a été retenu pour servir de langue standard à tout le peuple MBO, d´où l´appellation de MBO-STANDARD. Plusieurs étapes ont conduit à ce choix ; à savoir :
La délimitation géographique et l´identitication des sous-groupes dialectaux Le choix du dialecte BANEKA comme la langue des MB0 en général
Et, le développement pratique de la langue MBO unique.
II- Délimitation géographique et identification des sous-groupes dialectauxLes MBO, repartis dans trois provinces du pays (Sud-Ouest, Littoral et Ouest), relève d´un ensemble ethnique généralement connu sous le nom de LUNDU-MBO, et englobant deux rameaux :OROKO et MBO. Selon RICHARSON(1957) et les chercheurs de I´ORSTOM , le rameau MBO compte dix-huit dialectes plus identifiés comme : Balong, Babong. Bafaw. Bakossi, Bakaka, Baneka, Bassossi, Bafun, Balondo. Elung. Manehas, Manengouba, Miengge, Muamenam, Mwambo, Ninong, Nkongho et Sambo.
Fort de toutes ces données, la première carte du rameau MBO incluant le groupe OROKO a été mise au point et publiée en 1980. Cette carte a résulté d´un travail conjoint des professeurs ETAME EWANE et NGOULA Vincent (historien et géographe), avec le concours conceptuel et logistique de l´Honorable ZO EKA NGAKI. La deuxième édition a eu lieu en 1986 par les mêmes auteurs. En 1995, cette deuxième a été reprise par ABANGES, une association très dynamique des étudiants et élèves des facultés et grandes écoles du pays, ressortissants de I´ensemble des sous-groupes du rameau MBO. L´apparition de l´édition de 1980 constitue, jusqu´à nos jours, un important évènement qui continue à jouer un rôle de premier plan dans la prise de conscience de l´ethnie MBO tout entière, aujourd´hui communément appelee l´Ethnie NGONSONGO.
Pour se fixer sur l´appellation MBO, la reflexion a été objective et réaliste. Les trois chercheurs ci-dessus sont partis du constat que dans chacun des sous-groupes, comme le montre le tableau ci-dessous. les ressortissants utilisent la même racine du mot qui designe le PAYS où l´HABITAT.
DIALECTE PAYS HABITATBABONG MBO
BALONG MBOH
BAFAW MBOE
BAKOSSI MBWOG
BAKAKA MBO
BANEKA MBO
BASSOSSI MBVO
BAFUN MBO
BALONDO MBO
ELUNG MBWOG
MANEHAS MBO
MANENGOUBA MBO
MIENGGE MBVO
MUAMENAM MBWOG
MWAMBONG MBWOG
NINONG MBWOG
NSONGHO MBO
SAMBO MBO
Si lon considère ici les trois premières lettres de la structure syllabique. Le mot MBO vient en tête avec 61 %, suivi de MBWOG (27%) et de MBVO
(11%). Le regroupement par ces trois classes de prononciation se présente de lu manière suivante :
MBOBABONG, BALONG,BAKAKA, BAFAW, BANEKA, BAFUN, BALONDO, MANEHAS, MANENGOUBA, NSONGHO, SAMBO
MBWOGBAKOSSI, ELUNG, MUAMENAM, MWAMBONG, NINONG
MBVOMIENGGE, BASSOSSI
III - Le chois du dialecte BANEKA comme langue des MBO en généralUne fois la phase de délimitation et d´identification terminée, l´étape suivante a consisté à étudier la nature linguistique des différents sous-groupes. Après un examen judicieux, le dialecte BANEKA a été finalement retenu pour deux raisons, sans qu´un seul BANEKA ait participé au choix.
Premièrement, le BANEKA offre une richesse lexicale incomparable. On y retrouve un nombre plus important de mots qui font la différence dans I´expression dialectale des dix-huit sous-groupes. Cependant, cette différence lexicale, qui relève plutôt de la dispersion géographique des populations, ne présente sur Ie plan pratique aucune difficulté de communication de fond entre les locuteurs de ces sous-groupes.
Deuxièmement, le rayonnement de l´ensemble du rameau a eu lieu autour du massif manengouba, au flanc duquel se situe NKONGSAMBA la capitale et le symbole de I´unité des NGOSONGO. Le sobriquet
MBOKOKI, utilisé par les allogènes pour désigner tous les autochtones de la région, du fait que le KOKI est le principal met des MBO, témoigne de l´unicité ethnique du rameau.
IV- Le développement de la langue MBOCette phase a été caractérisée par la mise au point de deux ouvrages et d´un journal qui sont :
LISEZ ET ECRIVEZ LA LANGUE MBO
PETITE GRAMMAIRE DE LA LANGUE MBO
ELIMTIL MBO (le journal)
Tout comme pour la carte géographique en 1980, c´était pour la première fois en 1981 que les MBO se dotaient d´une langue écrite, et pouvaient s´exprimer dans cette langue à travers un organe spécifique de presse écrite. Ces réalisations très favorablement accueillies par l´ensemble du peuple MBO, ont pu avoir lieu grâce à un apport soutenu de la SIL(Société Internationale Linguistique) basée à Yaoundé.
C´est l´occasion de rendre hommage aux dirigeants de cette société au Cameroun, et plus particulièrement au couple Robert et Sylvia HEDINGER (paix à l´âme de cette dernière) grâce au développement duquel le syllabaire et la grammaire omt pu voir le jour. Ceci, avec líndéfectible soutien de l´Honorable ZO EKA NGAKI. Celui-ci, par souci de l´intégration linguistique des MBO avait préféré faire abandonner la poursuite de l´écriture MIENGGE (le MBO spécifique de NGOUTI) qui était pourtant très développé à l´époque.
Dans cette évolution, la nécessité d´avoir dans l´équipe au moins un originaire de BANEKA s´est par la suite fait sentir, pour la mise en forme pratique des deux ouvrages et du journal. C´est dans ce cadre que l´appel a été fait à Mr. Ekandjoum Joseph qui, transporté à Yaoundé, a travaillé étroitement avec le couple HEDINGER.
Après un moment de somnolence circonstancielle, les activités linguistiques MBO viennent de reprendre.
Le syllabaire et la grammaire sont en cours de révision, et l´idée de traduire la bible en MBO refait de plus en plus surface. Mais il revient avant tout aux dignitaires du rameau , que sont les chefs traditionnels, de souteni concrètement ces initiatives fructueuses, dans un élan d´intégration culturelle de tout le peuple NGONSONGO.
KOUPE 98