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11.10.2008
Ubuntu : Je suis ce que je suis parce que vous êtes ce que vous êtes
Ubuntu : Je suis ce que je suis parce que vous êtes ce que vous êtes, philosophie Bantoue 19/09/2005 Il n’est que trop rare de lire ou relire les proverbes, dictons, philosophies d’Afrique sous le prisme de leur contribution au questionnement sur les fins ultimes de l’homme, ses attentes fondamentales, ses certitudes, son infinitude. Avec le concept zulu d’Ubuntu, les Africains proposent une vision radicalement novatrice de la conscience de soi et simultanément de l’Altérité, disposant à une éthique collective où respect, dialogue, compassion, consensus sont des conséquences évidentes. Le concept philosophico-religieux d’Ubuntu provient d’Afrique du Sud, de la culture zulu précisément et a acquit progressivement, avec la fin de l’Apartheid, une notoriété internationale. La transition relativement pacifique [après la longue et sanglante lutte d’indépendance] du régime d’Apartheid à la démocratie One man One vote n’avait pas suscité dans les années 90 l’explosion de violence anti-blancs et de revanche incontrôlée que beaucoup d’observateurs avaient prédit. Au contraire l’Afrique du Sud s’était engagée dans une difficile et émouvante thérapie collective, mise en œuvre par la commission Vérité et Réconciliation, chargée de panser les plaies ouvertes des milliers de familles noires victimes des massacres et horreurs du régime afrikaner. Le concept d’Ubuntu par sa force et sa singularité, particulièrement moderne, a exercé une séduction sans précédents dans les milieux solidaires planétaires au point d’offrir involontairement son nom à un programme gratuit sur internet, un logiciel Ubuntu distribué par Linux. Umuntu ngumuntu ngabantu : une personne est ce qu’elle est à travers les autres, par les autres, c’est ainsi que cette philosophie s’énonce, explicitée à l’échelle de la pratique individuelle par Desmond Tutu, prix Nobel de la Paix sud-africain : « Quelqu´un d´ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, dévoué aux autres, ne se sent pas menacé parce que les autres sont capables et bons car il ou elle possède sa propre estime de soi -qui vient de la connaissance qu´il ou elle a d´appartenir à quelque chose de plus grand- et qu´il ou elle est diminué quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou oppressés. » Si dans un monde pluriel où les références identitaires se croisent en permanence ce concept d’Ubuntu peut servir de modèle de respect mutuel, de compassion, d’empathie, etc.…, il peut se hisser au-delà d’un ethos communautaire pour proposer une philosophie politique de l’altérité. Je ne suis ce que je suis que parce que vous êtes ce que vous êtes. Cette phrase articule deux niveaux donnés généralement comme inconciliables, le niveau individuel, qui mène à toutes les formes d’individualisme [philosophique, méthodologique, …] et le niveau collectif [holisme, collectivisme, …]. La surprise ne provient pas de l‘identification de ces moments, mais de leur conciliation. L’habitude et le réflexe philosophique depuis Descartes veulent que l’individu se révèle à lui-même par le seul fait de son existence, de sa conscience, de son acte de penser, le canonique cogito ergo sum, je pense donc je suis. La perspective offerte par la philosophie Ubuntu est toute autre. Dire que je suis ce que je suis parce que vous êtes ce que vous êtes change totalement le modèle d’identification et de prise en charge de sa conscience. Le solipsisme qui reconnaît l’individu seul et qui fonde un individualisme philosophique est substitué par une reconnaissance simultanée de l’être par l’autre, l’altérité. Nul n’existe de façon exclusive en tant que tel, l’individu a besoin de la reconnaissance de l’autre pour exister et vice versa. Une conception presque d’école de l’individu social, de l’individu politique qui vient au monde, pour lui et par les autres, par les autres et pour lui. L’altérité, sa reconnaissance sont autant fondées que le sont l’existence de l’être au monde. Il n’y a plus une ontologie détachée du groupe, mais il n’y a pas d’indifférenciation par rapport au groupe non plus. Cette vision du monde pourrait concourir à produire des institutions inclusives, solidaires, en recherche de consensus, de réconciliation, de dialogue. Elle se prête à une extension de son champ premier d’interprétation, en étendant la relation entre le moi et les autres à celle du moi avec les ascendants, les ancêtres. L’altérité peut se concevoir comme intergénérationnelle, décalée dans le temps, affirmant aussi l’irréductibilité des ascendants, et la solidarité entre classes d’âges, mânes et vivants, histoire et présent, présent et futur. L’Ubuntu se propose de protéger l’individualité, ses particularités, son historicité, sans nier celles des Autres, des individus et collectifs autres. C’est la double reconnaissance, c’est le lien double entre l’individu et son environnement, son altérité. En réintroduisant de telles approches de la vie et de tels concepts philosophiques, il est possible que l’Afrique, se dote d’instruments philosophiques appropriés à ses problématiques de résorption des conflits, de représentations des minorités, de modernité de son vivre-ensemble.
Z. B.
Afrikara
REACTIONS :
Ubuntu or not Ubuntu ?
C´est étonnant de constater combien les commentaires précédents sont empreints d´un esprit raciste et revanchard qui paraît bien loin de la belle philosophie d´Ubuntu... On dirait que ce n´est pas demain que vous serez ce que vous êtes tout en acceptant ce que les autres sont... Alors à tous, bon courage sur la voie de la sagesse !
Musengeshi Katata: Pensées de règles sociales et philosophie
Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu (Kiswahili language) Motho ke motho ka batho (Sotho language)
Surtout ne pas mêler les carottes et les oignons, ZB. Ne pas confondre maximes sociales et philosophie. Mais je vous en propose une autre: "Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu". Quand à Desmond Tutu, il n´est pas ce qu´on a essayé de faire paraître à tout prix. Dans l´affaire d´Apartheid de l´Afrique du Sud, il a trop longtemps laissé faire pour mériter le prix nobel des blancs. Je lui préfère de loin le Camerounais et père jésuite Engelbert Mveng assassiné le 22 avril 1995 qui avait eu le courage, au cours d´un synode au Vatican, d´interpeller: "De quel Evangile parle-t-on? Celui des blancs qui tuent et oppriment? Ou celui des noirs qui sont exploités?" Ce qui fait retarder la race noire, c´est qu´elle emmêle toujours tout: ses beaux enfants fidèles des traîtres et des renégats. Même si les blancs, pour nous désorienter et fêter leurs meilleurs agents les couvrent d´or et de prix, s´ils ont failli à leurs devoirs, quels qu´ils soient, ils restent des salauds qui ont assassiné ou laisser assassiner nos femmes et nos enfants en leur refusant protection et assistance. Qu´il soit bien clair que sur ce point nous ne nous laissons pas abuser. MK
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