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04.04.2006
Le déclenchement de hostilités
Les MALIMBA étaient loin de s´imaginer que VON MORGEN reviendrait par l´amont de la SANAGA. De toute évidence, homme de guerre de son état, en le faisant, il avait pris connaissance du terrain.
De MUHENJE , il informa le Gouverneur de son retour à MALIMBA, de sa meilleure maitrise, géographique de la zone et de sa diponibilité à mettre dès lors ses troupes à la disposition des commercants européens pour obtenir le passage de gré ou de force vers l´arrière pays.
Le «NACHTIGAL» et le « ZEHDENICK » qui mouillaient à Douala, appareillèrent vers MALIMBA avec tout l´arsenal de guerre.WEILER, JURGENSEN et GEBAUER qui avaient fuit MALIMBA, y remontèrent.
Informé de l´arivée de ses « trois amis et d´un autre blanc » le Chef Bongo du nom de EBUE ETONGO, comme à l´accoutumé, entrepris d´aller à leur rencontre à bord d´une pirogue de 50 personnes, accompagné de son fils MBEKE EBUE.
A l´aide du tam-tam, l´ autre Chef, celui de Bonabwaba du nom de MUKOKO A MANYANYE fut informé de la descente du Chef EBUE ETONGO à MUHENJE où ils devaient se retrouver.
Dans leur trajet, EBUE et son équipage rencontrèrent MASAKO, un de leur membre habituel qui, revenant de MUHENJE et sachant tout ce qui s´y tramait les déconseilla de s´y rendre. Il aurait prévenu auparavant MOUKOKO, qui l´aurait ecouté et rebroussé chemin.
EBUE, au contraire de MUKOKO, passa outre ce conseil et arriva à MUHENJE avec son équipage. Les quatre européens observaient cette arrivée à partir de l´étage du comptoir; sur la plage, à quelques mètres de là, des soldats étaient à l´entraînement.
Cette arrivée massive pourtant habituelle, noblesse oblige, servit de pretexte au commercant Jurgensen pour désigner EBUE, qui se prenait encore pour son ami, comme celui qui empêchait la remontée du fleuve et surtout qui venait mettre à execution son plan macabre à l´ encontre des européens et de leurs employés.
Le lieutenant CURT VON MORGEN ordonna qu´ on fasse monter EBUE ETONGO et son fils MBEKE EBUE. Plutôt qu´à la grande reception à laquelle ils s´attendaient à « l´ étage », le père et le fils furent accompagnés dans des pieces séparées. Le père fut sommis à un rude interrogatoire; il lui fut demandé d´accepter le passage des marchandises pour favoriser le commerce chez les BAKOKO et à Edéa.
EBUE opposa un refus catégorique malgré la menace de la présence de soldats à l´ exterieur puis celle de mort proférée par VON MORGEN. Pour faire plier le père, le fils MBEKE , fut assassiné sous ses yeux. Face à cet acte odieux et sacrilège, EBUE avait déclaré qu´il eût été concevable qu´on tuât le père pour faire peur au fils. Et que pire qu´ avant, même au prix du sacriflce suprême, il n´accepterait le passage des européens.
Une dernière tentative de VON MORGEN se heurta à un refus revolté de EBUE. Il ordonna alors l´ exécution de EBUE puis par la suite, celle des MALIMBA qui l´accompagnaient.
Voyant EBUE descendre les marches de l´escalier ligoté, et le corps sans vie de MBEKE jeté par-dessus la fenêtre, ses sujets les plus jeunes et les plus vigoureux voulurent réagir. Démunis qu´ils étaient, ils furent rapidement dissuadés par les armes des soldats qui étaient pour la plupart Togolais et Nigerians.
Ils assistèrent, impuissants à l´acheminement de leur Chef vers le peloton d´ exécution.
La situation leur étant apparue irréversible, ils foncèrent vers les soldats avec l´énergie du desespoir; les premiers coup de feu retentirent, EBUE s´ écroula, Les armes se retournèrent vers les courageux MALIMBA qui tombèrent à leur tour.
Pour les MALIMBA qui étaient restés sur la rive près de leur embarcation et qui voyaient cette scène de loin, ce fut la débandade. Certains tombèrent à l´eau pour essayer de se sauver à la nage, d´ autres montèrent dans la pirogue pour s´enfuir plus rapidement.
Le résultat fut le meme pour tous, pris qu´ ils étaient entre le feu nourri des soldats au sol et ceux qui étaient à bord du « NACHTIGAL » et du « ZEHDENICK ».
Seules deux personnes survecurent à cette tuerie. Elles reussirent à traverser l´ embouchure de la SANAGA à la nage (1500 m environ).
Par la suite Curt Von MORGEN dirigea ses soldats vers les villages qu´ils se mirent à piller à brûler.
Ce triste jour était le 18 Janvier 1890.
Source: [MALIMBA: Le Peuple et son Histoire]
Auteurs:Marcelin NDOUMBE & Christophe BEKOE
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