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10.04.2006
SAWANITE : LES RAISONS D´ESPERER
Dans toute vie, il est un temps pour semer et un autre pour moissonner. Dans tout projet il est un temps pour l´enthousiasme et un autre pour la déception. Dans tout parcours l´on peut chuter mais on ne doit pas exclure de se relever. La tyrannie du bonheur, et entre autre les impératifs du matérialisme face à la chevauchée de la trotteuse du cadran horaire ont complètement effacer la considération cyclique de nos existences. De nouvelles échelles de valeurs ont émergé dans certains esprits avec en prime des besoins et des désirs immédiats.
Cela est-il un bien ou un mal à toute entreprise ou initiative intemporelle comme notre Sawanité ?
L´important n´est pas à mon avis d´y répondre de manière tranchée sur le bien fondé ou non des péripéties de notre formidable aventure. Cela serait infiniment réducteur et navrant d´enfermer létat actuel de notre Sawanité dans la bipolarité de l´échec / succès. La problématique du verre à moitié plein et à moitié vide pourrait renaître ici et cela équivaudrait tout simplement à chercher le sexe lange. Est ce vraiment utile ?
A mon âme et conscience, il existe des raisons objectives de voir autrement la Sawanité.
De ce point de vue la Sawanité serait donc plurielle et on pourrait en toute logique se demander s´il n´eût pas été plus juste de parler des « Sawanitudes ». Une telle vision des choses reconnaîtrait simplement les faisceaux de regards divergents que nous pourrions porter sur le prisme de notre espace culturel côtier. Il s´agit donc moins de modéliser un nouveau concept que d´enrichir le précédent. Comme toute aventure humaine la Sawanité, loin d´être parfaite reste néanmoins perfectible. Fort heureusement d´ailleurs. Il serait fastidieux que tout fût accompli au point qu´il ne nous reste que nos pouces à tourner.
Pour autant, je ne revendique pas ici l´idée étonnante mais originale de certains dun Livre Blanc sur la Sawanité.
Revenons à l´essentiel :
Pourquoi est il si important de ratisser large sur les proposions des uns et des autres ?.
Pourquoi est-il si important de mettre à notre crédit les mésalliances de notre espace culturel ?
La raison en est toute simple: Nous aspirons à vivre ensemble.
Vivre ensemble! Non pas « en même temps » ou « parfaitement » mai ensemble. C´est-à-dire ne pas former un groupe hétéroclite de côtiers et de côtières. Mais faire une communauté cohérente qui, un jour peut-être, sera à meure de préfigurer l´unité tant voulue.
Je comprendrais les doutes de mes frères et soeurs qui y verraient un simple voeux pieux. Ils ont pleinement le droit de penser comme ils le veulent. Mais nous devons aussi accepter ceux qui se permettent ces espoirs. L´une des clefs de l´équation humaine, jallais dire humaniste réside, dans le rapprochement savant des contraires.
Dans cette perspective, la difficulté majeure reste dans l´équilibre de l´harmonie.
Cet équilibre fragile et tenu mes frères et soeurs nest, pour moi, rien d´autre que le fruit de la constante, vigilante et délibéré de la tolérance. La tolérance considérée comme l´acceptation entière et sans équivoque de l´autre dans son droit à être différent. Différence entre autre de langue, d´opinion. Mais aussi acceptation de la main tendu sincère plutôt que le parjure de la « chaise vide ». Chaque dissension entre Sawa est donc un banc d´essai sur lequel nous devons , travailler, peaufiner sans fin notre aptitude à la fraternité, notre capacité à vivre ensemble. Ce n´est pas loin s´en faut un exercice facile. Et si chacun devra mettre un d´eau dans son vin, est-ce vraiment se faire violence.
La tentation est forte de penser que ces dernières semaines un anathème a été jeté sur le parvis de notre chantier Sawa. Certains, plus fatalistes, y on même vu des pesanteurs chroniques et des obstacles rédhibitoires. Pour ma part nous devons positiver. C´est à nous chèrs frères et soeurs Sawa qu´il revient de faire de la Sawanité une expérience de l´intelligence. Et plu tard, au Cameroun, une intelligence en mouvement. Ce qui caractérise un grand projet c´est que lorsque les personnes trébuchent par leurs échecs, l´institution reste pérenne.
Il y a peu de temps il sest exprimé sur notre portail un constat sombre sur l´état de nos rapports fraternels. La Sawanité en panne résumait ou mieux encore tirait la sonnette d´alarme. Autant par le lyrisme que par le fond et l´esprit bienveillant de son auteur, j´en ai été touché. Et ce dautant plus que je n´avais pas été étranger me semble t-il à cet appel pathétique de ma soeur Laure Ndedi Priso et par Paul Menessier . La rectitude et l´exigence morale que j´essaie de mimposer laisse une grande part à mon droit inaliénable de me clarifier certes, mais aussi mon devoir de bâtir avec ceux qui voudraient bien quon le fasse ensemble .
Voila pourquoi bâtir une Sawanité meilleure, plus enchantée mais toujours résistante est même devenue pour moi une boussole. Seul ce devoir me guide vers vous, et rien d´autre. Bien évidement cette volonté d´être utile n´est féconde que dans un terrain de débat où l´adjuvant serait l´échange et le partage. A chacun sa « Sawanitude ».
J´ai la naïveté de croire que le message social qu´exprime globalement et indépendamment chaque enfant Sawa du XXème siècle c´est au fond cette constante ultime qu´est l´unité et qui est avant tout un but fixé par nos bonnes volontés. Cependant l´originalité que jespère de chacun de nous est d´avoir toujours à l´esprit que toute cette quête d´unité doit invariablement demeurer pratique et militante sans jamais verser dans la démagogie ni même céder à la tentation de haïr l´autre.
A Douala, à Kribi, à Bomono à Nkongsamba ou ailleurs il n´est pas rare d´entendre joyeusement nos jeunes frères et soeurs dans la force de l´âge, dire que la Sawanité est une grâce, donc un privilège. Pour eux, le piédestal de cette humanité nous est du. Au soir de leur vie, ces mêmes frères et soeurs troquent souvent cette belle vanité contre la désolation d´un paradis perdu. Ils constatent souvent impuissant que la République et ses usages ont eu raison de nos ors, nos encens, nos apparats, nos envoûtements du sublime et nos rêves.
Pourtant mes frères et soeurs tous ces rêves nous les partageons souvent jusqu´au dernier souffle ; peut-être encore, même lorsque nous les refoulons à cause la dureté du présent.
Nous les partageons car, quand bien même nous nous n´aurons plus rien dans cette côte, il restera par-dessus tout notre forteresse intérieure qui restera inviolée. Cest dire un ultime morceau de la Sawanité. La Sawanitude de base de chacun. S´il y a un dernier patrimoine éthique que nous voulons absolument léguer à la postérité sawa c´est bien dans le registre des convictions fortes qu´il faut le ranger.
Si la mécanique de la Sawanité est pour ainsi dire grippée, cest sans doute dans notre boîte à outils quil faut chercher les bonnes clefs.
Le printemps porte toujours ses promesses. Cette pâque permettra j´en suis sûre à notre optimisme de ressusciter de son trépas.
Mon espoir à moi mes frères et soeurs est la manière la plus juste de fustiger les renoncements des uns et des autres face à notre projet. C´est aussi pour moi la manière la plus sûre de flétrir nos hésitations à aimer et de conjurer de sombres apparitions dans nos esprits.
A très bientôt
No Ndolo Nihonè Nabam
Mandjomb a Bossambo
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