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10.07.2005
Masosomanambè” : Le calendrier qui déterre l’histoire des Sawa
Mbu, Tukuru et Dikéti, les trois descendants de Ngoso naufragés à la fin du XVè siècle avaient pour ancêtre Bwélé. C’est ce que révèlent, pour la mémoire, Jean-Pascal Ngando Ebonguè Akwa et Ernest Lottin Elimbi, deux Camerounais.
Le support est étonnant. La couverture laisse vaguement deviner en arrière plan, une course de pirogues sur le fleuve Wouri. Au premier regard en revanche, l’arbre généalogique de Bwélé, ancêtre des descendants de Ngoso, s’impose telle une mémoire écrite : “ L’histoire des peuples de la côte littorale camerounaise est tellement riche et passionnante, que nous avons voulu la faire partager avec les autres, qu’ils soient Camerounais, Africains ou d’ailleurs. ” Jean-Pascal Ngando Ebonguè Akwa et Ernest Lottin Elimbi, deux Camerounais de 42 et 41 ans, ont choisi de sortir un calendrier pour “ déterrer et mieux restituer l’histoire des peuples de la côte du Littoral camerounais ”. Pourquoi ce support ? “ Parce que c’est celui qui se prête davantage à la période des fêtes de fin d’année et du nouvel an ”, expliquent les concepteurs et réalisateurs du projet. Le premier des peuples de la côte dont l’histoire est revisitée à travers ce calendrier ce sont les Bwélé. Le récit de leur aventure, relaté par Ernest Lottin Elimbi et Jean-Pascal Ngando Ebonguè est tout simplement étonnant : “ Rescapés d’une tourmente suite au déchaînement des éléments dans l’océan, trois descendants d’un certain Ngoso, rejetés au fond du Delta de Guinée sont recueillis par les habitants de Piti, aux confluents de la Dibamba, entre Douala et Edéa. C’est là qu’ils vont fonder leur foyer. Leurs souvenirs généalogiques remontent à un ancêtre nommé Bwélé. ”
Compléter le trépier La suite de cette histoire ô combien passionnante de l’ancêtre des trois descendants de Ngoso, est à consulter sur “ Masosomanambé ”, le premier calendrier de l’histoire des peuples de la côte littorale du Cameroun. Au fait d’où leur est venue l’idée de consigner des pans entiers de l’histoire des Sawa sur un calendrier ? “ Depuis une quinzaine d’années, nous faisons des recherches sur l’histoire et la civilisation sawa. Pour sortir ce premier calendrier, nous avons consulté à la fois des sources écrites et orales. Car la langue douala, par exemple, est très complexe parce que beaucoup trop riche. Il en faut donc une maîtrise quasi parfaite pour éviter des contresens ”, notent-ils encore. Parmi les sources écrites de première main, le dictionnaire de Hemlinger en langue douala, la Bible en douala de Alfred Saker corrigée par Karl Meinof, mais aussi les écrits et textes des Moumé Etia, Dicka Akwa de Bonambela. Quant aux témoignages oraux, M. Epée Valère à qui l’on doit la traduction des proverbes qui illustrent chaque mois du calendrier, l’architecte Mangas ou encore Ntonè Martin, ont eu de nombreuses heures de travail avec les deux initiateurs et producteurs du calendrier : “ Ces anciens, véritables dictionnaires vivants de notre patrimoine culturel et historique, ont été d’un apport inestimable ”, confient Ernest et Jean-Pascal. Un tel travail, dont la réflexion a été engagée à la fin des années 80, ne peut que marquer fortement ceux qui en ont eu l’idée : “ Après ce coup d’essai, nous avons appris qu’avant l’arrivée des colons au Cameroun, la communauté Sawa était déjà très organisée. Les Sawa connaissaient un Dieu Tout puissant, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Et pour nous, ça a été une vraie révélation ”. Pour décembre 2005, Ernest Lottin Elimbi et Jean-Pascal Ngando Ebonguè Akwa pensent compléter le trépied de la grande famille qui forme le peuple sawa : “ Nous sommes bien avancés pour que dès la fin de l’année, le calendrier en langue Bassa soit disponible et pour 2006, celui en langue Bakoko ”, concluent-ils.
* Le calendier “ Masosomanambè ”, les trois pierres du foyer de Dieu, est en vente pour la somme de 1.000 Fcfa (mille francs).
Par Jean-Célestin EDJANGUE
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