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10.06.2006
Elizabeth EWOMBE-MOUNDO
Biographie
Elizabeth Ewombé Moundo est née à Douala au Cameroun. Après des études primaires au Cameroun, secondaires à l´île de la Réunion et supérieures à la Sorbonne, elle est devenue Docteur d´Etat en Psychopathologie /Anthropologie culturelle et religieuse. Elle a par ailleurs un Diplôme d´Etudes Approfondies en Psychologie clinique et en Sciences de l´Education. Elle entre en service à l´UNESCO en 1990 d´abord au Tchad, puis au Rwanda comme Représentante de l´UNESCO, et ensuite en Guinée où elle résidait en 2002. Dans la postface de son roman "Analua" (2005), on peut lire : « Elizabeth Ewombe Moundo, Camerounaise d´origine et Citoyenne du Monde de cœur et d´engagement, entretient une relation charnelle avec le Cap-Vert. Son premier roman témoigne de cette attirance organique et néanmoins lucide pour cet archipel aussi économiquement déshérité qu´il est humainement généreux. ».
Ouvrages publiés
Little toe, le petit orteil et Pebble, le petit caillou
Dans un pays non loin d´ici, vivait un petit orteil nommé Little Toe. Il vivait dans une famille simple et harmonieuse avec un papa, une maman nommés gros orteils et sept frères et sœurs de tailles différentes. Ils appartenaient tous à la très grande tribu des TOES. Durant des siècles, les Toes avaient vécu à l´air libre, au bout des pieds des hommes et des animaux. Ils étaient heureux, les Toes ; jusqu´au jour où l´homme eut l´idée d´inventer la chaussure. Depuis lors, les Toes des humains ont dû s´habituer à vivre enfermés dans les chaussures. Pebble le petit caillou venait d´une famille beaucoup plus grande. Les Pebbles vivaient dans les montagnes, dans les jardins, au bord de la mer et même au fond de l´océan. Ils ne se comptaient plus, tant ils étaient nombreux. En fait, personne n´a jamais su combien il y a de Pebbles dans le monde Rien ne présageait que Little Toe et Pebble se rencontrent un jour et deviennent les meilleurs amis du monde. Rien, sauf le destin.
Les coups ont sonné
Les coups ont sonné à l´horloge de l´absurde des coups inexorables ont martelé le silence cette nuit encore des âmes innocentes se teindront d´immortalité dans les mémoires à jamais seront gravés les maux les maux de la guerre fratricide les mères perdront leurs enfants les femmes perdront leurs époux
Femme, devant ta porte se feront les adieux alors que l´odeur de la poudre se répandra sur les vies seule tu resteras les yeux hagards à demander pourquoi ?
Titres des nouvelles
L´attente La figure analogue Le châtiment des mots Exit Zénula L´emmurement La révélation Le chat Persona Le café Bellini La lettre 9, rue du Repos
Analua. Paris: L´Harmattan, 2005. (156p.). ISBN: 2 7475 8329 5. Roman. [Dessins d´Hélène Cuny].
L´homme, assis sur la varangue, regardait l´achada1 s´endormir doucement au rythme de la pluie. Il aimait cette terre et l´embrassait du regard, avec un vif sentiment d´accomplissement. C´était dit. Ce serait une fille. Il ne pouvait en être autrement. Elle s´appellerait Analua. Ana car sa signification aurait une bonne influence sur l´enfant. Ana rendait grâce à Dieu dans Hosannah et composait le prénom Anatolio. Lua parce qu´elle avait été conçue une nuit de pleine lune. Les femmes avaient été conviées à préparer la fête de cette naissance unique. Il n´aurait que cet enfant-là. La jeteuse de cauris l´avait prédit. Elle ne se trompait jamais. Tout le monde le sait, aimait-elle à dire : « Les cauris ne mentent pas. Ce sont ceux qui ne savent pas "lire" leur agencement qui racontent n´importe quoi ». Dans l´achada San Felipe, chacun avait vu naître, grandir, vieillir les autres. Ensemble, ils avaient affronté tous les heurs et les malheurs. Ils étaient si soudés que tout événement individuel devenait collectif. Toute la communauté aimait Anatolio et priait depuis des années pour qu´un enfant naisse dans son humble demeure. Maintenant que l´enfant tant espéré allait venir au monde, on entourait d´attentions Jandira, son épouse.
L´attente
Une grande bâtisse grise. La nuit. Les couloirs vides. Nus, les murs. Des bouts de textes découpés dans un vieux journal. Un train siffle. Un homme marche d´un pas lourd vers le quai. L´unique quai de l´unique gare d´Itonda. Sa veste tient sur un ventre tendu. Un képi maladroitement posé sur une touffe de cheveux cotonneux. Nus, les pieds. Il porte un sifflet à sa bouche. Les joues gonflent. Son nez s´ouvre comme pour mieux humer les odeurs du monde. Le train ne s´est pas arrêté. Les mains agrippent le sifflet. Il prend l´air satisfait de l´homme ayant rempli sa mission. — À quelle heure passe le train pour Pemba ? Un doigt boudiné indique une horloge. Akupendi, machinalement, lève les yeux sur les aiguilles figées dans le temps. Ses oreilles ont capté le bruit d´un train. Une ombre apparaît dans le brouillard. La gare embaume la fatigue et l´oubli. Akupendi range son parachute. Il faut attendre. L´attente, toujours la même, vague, vide et monotone.
arts.uwa.edu.au/aflit/EwombeMoundo.html
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