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16.10.2009
François Missé Ngoh : L´homme tranquille du Makossa
A 56 ans, l´artiste l´auteur de plusieurs titres mélancoliques sort sont 39ème album et se dit loin de penser à prendre sa retraite.
Après toutes ces années (39 ans de carrière musicale), qu´est-ce qui a bien pu changer? On a du mal à le dire alors que c´est à peine que l´on remarque la silhouette qui s´est légèrement épaissie au fil des ans et que, à part un ou deux écarts recensés dans les 10 titres qui composent son dernier opus "Opération épervier" dont la sortie officielle est prévue demain au cabaret le Bois d´ébène à Yaoundé, on perçoit nettement cette touche qui a toujours caractérisé les chansons de François Missé Ngoh. L´artiste dont le dernier album : " On ne vit qu´une fois " sorti en 2004 et qui n´a pas affolé les platines, espère bien après cinq d´absence sur la scène musicale locale signer son retour. Il dit à propos de son dernier bébé : " en chantant l´opération Epervier, c´est une façon de coller à l´actualité des derniers mois, dominée par des arrestations de personnalités, auteurs présumés de détournements de deniers publics".
C´est d´ailleurs l´un des socles sur lequel est bâti cet album dont l´artiste dit vouloir se servir pour sensibiliser la jeunesse sur les dangers des détournements des fonds publics, de l´argent facile, la fuite des capitaux qui plongent le pays dans la pauvreté…
Seulement, après 39 ans de carrière et autant d´albums, François Missé Ngoh se veut modeste quoiqu´il estime avoir le plus riche répertoire musical au Cameroun. "J´estime que je n´ai pas atteint le niveau que je comptais atteindre. Nous avons évolué à une époque où les Blancs n´ont pas tellement cru en notre musique. […] je pense qu´avec ce que j´ai accompli, je devais avoir une carrière internationale assise". Et même si ce guitariste à la base qui a marqué les mélomanes par ses mélodies mélancoliques aux textes profonds a réussi à imposer son nom dans l´univers musical camerounais (il reçut en 2000 le titre d´artiste du siècle dans le cadre de la célébration au Cameroun des festivités de l´entrée au 21ème siècle), il était loin de penser que son destin le conduirait vers la musique.
Los calvinos
Tout bascule en effet lors du décès de son père. Le jeune François n´est âgé que de neuf mois. Sa mère essaie tant bien que mal de subvenir à sers besoins et à ceux de ses frères et sœurs. Seulement, la vie n´est pas toujours rose dans ce petit village, Mbonjo, situé sur les rives du Mungo où la famille est installée. Après des études primaires aux cours desquelles il ramène des résultats plutôt satisfaisants à la maison, il se rend à Yaoundé. Le jeune écolier déposera son cartable cette année-là au Cetic de Yaoundé [Ngoa-Ellé actuellement] où il est inscrit en comptabilité et sténodactylographie. C´est en 1967 que le jeune François Missè Ngoh (qui entre temps apprit à gratter sur les cordes d´une guitare aux côtés de son frère aîné) décroche son diplôme de sténo qui signe aussi la fin de sa fréquentation des salles de classe. " Ma maman était vraiment à bout, elle ne pouvait plus assumer les charges du ménage et nous envoyer à l´école. C´est ainsi que j´ai cessé d´aller à l´école et j´étais vraiment dépité car, j´aspirais vraiment à être quelqu´un", lance-t-il en laissant transparaître dans sa voix une pointe de regret.
C´est donc pour " perdre " du temps que François se met à l´apprentissage approfondi de la guitare auprès de son frère. Il est loin de se douter qu´il est sur le chemin de ce qui ferra de lui ce " quelqu´un " qu´il a tant rêvé être. En 1970, il se lie aux membres du groupe "Los calvinos". Au sein de cette structure musicale mise sur pied un an plus tôt (1969) en mémoire de l´instrumentaliste Calvin Nséké par un autre artiste ayant le vent en poupe à l´époque : Nelle Eyoum, on retrouve quelques anciens musiciens du défunt "Uvoco Jazz", un autre groupe qui a marqué son temps. Dans le groupe, François Missé Ngoh alors âgé de 17 ans fait office de novice et, aux côtés de ses aînés, il va distiller aux noctambules du Makossa pur, et interpréter des airs chauds latino-américains et congolais, lesquels, à cette époque, faisaient fureur.
C´est le sourire en coin qu´il se souvient de cette période de sa vie : "Il n´y avait pas beaucoup de groupe et pour être membre à part entière d´une de ces structures, il fallait montrer que l´on avait vraiment les moyens de prétendre à une telle place". La chance lui sourira deux ans plus tard et lui permettra de s´imposer. En 1972, il sort son tout premier 45 T sous la houlette de Jico, un producteur Nigérian basé à Douala et qui a cru en lui. "Le titre a si bien marché que, en un laps de temps, je suis presque devenu le leader du groupe alors que les autres étaient mes aînés !" lance-t-il une once de fierté dans la voix. Le petit François s´est fait un nom et se fait désormais accompagner par les autres. Le groupe est rebaptisé : François Missé Ngoh et Los calvinos.
Dès ce moment, elles sont rares les soirées au cours desquelles on ne retrouvait pas sur le podium François Missé Ngoh et le " Los Calvinos ". C´est au Mont Cameroun, un bar situé au quartier Bali et point focal des noceurs de la ville de Douala dans les années 70 qu´on les retrouvera souvent. "Jusqu´à cette date, je jouais tous les soirs à Davum bar, non loin de Mobil Bonakouamouang, quand j´ai été sollicité pour remonter Mont Cameroun bar. Pour le jeune artiste que j´étais, c´était une merveilleuse occasion de me faire connaître", reconnaît l´artiste qui redonnera d´ailleurs vie à ce lieu que l´on donnait pour mort. Entouré de Manfred Nyamsi (bass), Esso Job (solo), Edouard Ebongué (batterie), Frédéric Komé Ngosso (chant), Gustave Ebelle (accompagnateur), il entretiendra les clients jusqu´aux premières lueurs du jour.
Ngon´a Suza
Et même si ce guitariste au doigté, qui oriente vers le gaucher mythique de la basse camerounaise, selon Léo Nseké est fort sollicité et convoité, le succès n´est pas encore au rendez-vous. C´est en 1975 que François Missé Ngoh décide de prendre contact avec les studios Sonafric en France pour l´enregistrement de son premier album. La réponse ne se fait pas attendre et deux mois plus tard, il est invité à se rendre à Paris. Seulement, le jeune artiste devra lui-même payer son billet d´avion pour se rendre dans la capitale française. "A l´époque, c´était 120.000Fcfa mais ce n´était pas non plus donné. C´est ainsi que je compose un 33T que je propose au producteur Mathias Njocka qui accepte de me produire et me donne l´argent dont j´ai besoin". Le risque ne sera pas vain vu que, à son retour au Cameroun, le succès sera à la clé. "Ngon´a Suza" (la fille de Suza), le premier album de l´artiste est un vrai succès.
C´est en riant qu´il raconte le contexte de composition de cette chanson "mon cousin avait été marié avec une fille de Suza et ça a mal tourné. Un jour il est venu me voir et m´a demandé si je ne pouvais pas dans une de mes chansons parler de cette fille qu´il a prise au village et qui lui montre de toutes les couleurs à Douala. C´est comme ça que j´ai composé la chanson ".
En 1979, pour son deuxième album, ce sera une autre femme qui inspirera François Missé Ngoh et c´est ainsi que " Charlotte Amélie " envahit les bacs. C´est avec la même chaleur que ce nouvel opus est accueilli par la critique et les mélomanes. François Missè Ngoh a inscrit son nom dans le livre d´or du makossa et de la musique camerounaise. C´est d´ailleurs cette année-là qu´il se défait du groupe " Los calvinos " pour voler de ses propres ailes.
Hommage
Seulement, le succès qu´il connaît dans la vie professionnelle ne connaîtra pas le même retentissement dans le privé. Marié en 1975, il divorce deux ans plus tard avant de convoler de nouveau. C´était en 1978 mais cette seconde union ne connaîtra pas plus de succès. En 1981, il divorce et ce n´est qu´en 1982 qu´il trouve (enfin) la femme de sa vie : Bernadette Assene Aliguen avec laquelle il est encore unit par les liens du mariage. De cette union, naîtront six enfants dont le couple perdra un dans la foulée. Des enfants qui chantent tout juste car, François Missé Ngoh ne souhaite guère qu´ils suivent ses traces. " Je préfère que chacun vive sa vie. Mes deux premières filles sont mariées, l´une fait action commerciale et l´autre faisait ses études à l´Esstic avant de s´envoler pour la France où elle vit à Poitiers". Pour arriver à élever décemment ses enfants, il développe plusieurs autres activités car, confie-t-il : "Si je me bornais dans la musique, je n´élèverais pas mes enfants. Et Dieu seul sait que j´en ai. J´ai mes plantations. Je suis producteur (Grand Missé Production ndlr) parce qu´à une époque, j´ai confié la gestion des mes œuvres à des personnes qui ne voulaient que leur bien et pas le mien".
Et même si depuis quelques années, François Missé Ngoh n´a pas été particulièrement présent sur la scène musicale, ce n´est pas pour autant, estime-t-il, qu´on puisse penser qu´il a fait son temps. Du coup, l´hommage que lui a rendu hier au Bois d´Ebène la jeune Kareyce Fotso médaillée d´argent aux derniers jeux de la francophonie à Beyrouth en musique et candidate au prix Rfi musique en dit long sur son parcours. La voix émue, elle révélait en effet "François Missé Ngoh est un artistes qui nous a fait rêver, il m´a appris la chanson et à force de le côtoyer, j´ai beaucoup appris. C´est d´ailleurs grâce à lui que j´ai pu avoir la médaille que j´ai eue aux derniers jeux de la francophonie à Beyrouth." Et comme pour l´accompagner dans son témoignage, plusieurs fans ont fait les louanges de l´artiste ému et lui redisaient les chansons de son répertoire qu´ils préfèrent. Des mimes que l´ancien directeur artistique du "Why Not ", une boîte de nuit à Deido, où il a connu beaucoup de succès avec la diffusion d´anciens makossa, écoute avec un ravissement certain et avec cette réserve qui le caractérise, heureux d´avoir apporté autant de plaisir à ces mélomanes qui en redemandent.
Repères
Nom : François Missé Ngoh
Né le 17 juillet 1953 à Mbonjo (département du Mungo)
1970 : Intègre le groupe Los Calvinos
1972 : Compose son premier 45 Tours
Janvier 1978 : S´envole pour la France où il sort son premier album; Ngon´a a Suza
1979 : Charlotte Amelie
1980 : Na si ma sunga
1982 : Mariage avec Assène Aliguen Bernadette
1985 : Mousango
1990 : Feu rouge
1992 : Est fait chevalier national de l´ordre du mérite
2000 : artiste du siècle dans le cadre de la célébration au Cameroun des festivités de l´an 2000
2004 : On ne vit qu´une fois
2009 : Opération Epervier
Dorine Ekwè
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