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11.07.2006
Le libérateur libéré
Après une sombre affaire de mœurs en France, Longuè Longuè est de retour avec un album où il laisse encore admirer sa verve.
On ne pouvait pas en attendre moins. Après un séjour en prison, Longuè Longuè vient de mettre sur le marché un album qui fait déjà couler beaucoup de salive. D’accord, pour le titre, il aurait pu trouver moins prévisible que " Le libérateur libéré ". N’empêche, c’est peut-être la formule qui correspond le mieux à la situation et surtout à l’état d’esprit du chanteur en ce moment.
Depuis le titre populaire " Demander à Dieu ", Longuè Longuè a trouvé un autre créneau, à côté de ses chansons engagées. Désormais, le chanteur est rentré dans le filon autobiographique, avec un certain bonheur. " Demander à Dieu " a été un gros carton. Cette fois, un titre comme " Examen de conscience ", qui ouvre la nouvelle production est susceptible de connaître le même succès. En tout cas, la chanson est bâtie sur le même schéma. Tout comme " Merci Seigneur ", la troisième plage de ce CD de makossa qui plaira encore aux fans. Le disque témoigne une fois de plus de la constante de l’artiste dans ce genre qui fait sa singularité dans le paysage musical camerounais. Et aussi son succès.
Installé depuis peu en France, où il a du reste connu des déboires de notoriété publique, Longuè Longuè, alias " Le Libérateur ", est sorti de prison il y a quelques mois après une histoire de mœurs à Bordeaux. Le chanteur avait été arrêté à Nantes et mis sous mandat de dépôt à Bordeaux en novembre 2005, suite à une plainte de son ex-compagne. Cette dernière accusait Simon Longkana Agno — de son vrai nom — d’avoir abusé de sa nièce. L’artiste avait séjourné en taule jusqu’au mois de février dernier, avant de bénéficier d’une mise en liberté sous contrôle judiciaire.
Au sortir de cette mésaventure, on découvre un homme révolté, gonflé à bloc. Et surtout intenable. Libéré, au propre comme au figuré, Longuè Longuè se déchaîne dans son nouvel album. Et tout le monde en prend pour son argent : hommes politiques africains, collecteurs d’impôts, magistrats, médecins, avocats, douaniers. Ce véritable cocktail Molotov lancé contre les mauvais gestionnaires et les responsables corrompus a de fortes chances de connaître les sommets des hit-parades comme les deux autres albums de Longuè Longuè.
Chanteur populaire à la réputation établie, le " Libérateur " semble poursuivi par le succès depuis son énorme " Ayo Africa ". Révélé par le Concours national de la chanson des Brasseries du Cameroun, puis par Preya Music de Prince Eyango, Longuè Longuè signe désormais chez JPS Production. Un label qui espère se relancer avec ce gros vendeur de disques. Pour cela, le producteur a mis les moyens et de gros requins de studio de la trempe de Toto Guillaume, Bobby Nguimé et Dally Kiomoko (guitares), Valery Lobe (arrangements et batterie) apportent leur science. Au final, un album façon Longuè Longuè, c’est-à-dire du rythme pour les pistes de danse. Et surtout des mots, pour l’écoute. Et la recette marche toujours.
Cameroun tribune
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