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21.08.2006
Hommage: Un film sur la vie de Samuel Eboua
Un jour, l’histoire du Cameroun sera faite de ces petites histoires en images de personnes, grandes ou petites, qui ont laissé une trace dans l’esprit de leurs contemporains. Une trace qui peut être positive ou négative. Samuel Eboua est de ceux dont beaucoup de Camerounais se souviennent. Un grand homme pour Philippe Ngamou, qui lui a consacré un documentaire de 35 minutes dont la réalisation vient d’être achevée. Le film s’intitule " Samuel Eboua : l’empreinte d’un grand homme d’Etat ". Un titre qui dit combien son réalisateur a gardé d’estime pour le personnage principal. Et il n’est pas le seul.
Le document est en fait un ensemble de témoignages de personnes qui ont connu Samuel Eboua : des amis, des membres de la famille, des adversaires politiques, des journalistes… On peut ainsi entendre Garga Haman Adji, Pius Njawé, Njoh Mouelle, Phillippe Gaillard, Emile Zinsou, Germaine Ahidjo s’exprimer sur le Samuel Eboua qu’ils ont connu. Sur l’homme qui a fait partie, pendant de nombreuses années, de l’appareil étatique sous le président Ahmadou Ahidjo et même après (ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République, ministre de l’Agriculture).
Certains loueront la rigueur qui a caractérisé le natif d’Ekanang tout au long de sa carrière. Mais les témoignages porteront aussi le père, le grand père, et l’homme politique des années de braise (90) où, avec le retour du multipartisme, on a vu Samuel Eboua à la tête de l’Union nationale pour la Démocratie et le progrès (Undp) et plus tard du Mouvement pour la démocratie et le progrès (Mdp) qu’il a créé.
Ahmadou Ahidjo
Le film a déjà le mérite de revenir sur un acteur de deux périodes importantes de l’histoire du Cameroun. Il revient sur la démission d’Ahmadou Ahidjo en 1982 et le fait qu’il ait porté son choix sur Paul Biya, plutôt que sur Eboua. Sur la question, des avis divers sont donnés. Germaine Ahidjo évoque notamment le "côté sectaire" de Samuel Eboua qui aurait joué en sa défaveur.
D’autres propos moins élogieux seront aussi tenus sur Samuel Eboua, dans une partie que le réalisateur a réservée à la critique de l’homme et qui fait quand même montre d’un souci d’équilibre dans ce documentaire, malgré son titre. La qualité technique, la réalisation, les accompagnements musicaux soient d’une qualité appréciable. Les images sont belles, même si l’on peut regretter qu’elles sont plutôt rares sur les périodes passées. En effet, en dehors des témoignages, on ne voit pas beaucoup d’images en mouvement de Samuel Eboua. Tout juste une interview avant sa mort, quelques images à domicile, et des photos pour le reste. Une faiblesse due certainement au fait que les archives n’ont pas toujours été conservées.
En 35 minutes, c’est sûr, il n’était pas possible de refaire la vie et l’œuvre de Samuel Eboua, mais l’on peut regretter qu’il ait manqué des avis de certaines personnes, à l’instar d’Abel Eyinga, qui a bien connu l’homme et qui aurait pu, lui aussi, dire des choses, certainement bien plus édifiantes que certains des témoignages qui y sont et qui semblent même complètement déplacés.
Samuel Eboua a été conduit à sa dernière demeure le 25 novembre 2000 dans son village Ekanang dans le département du Moungo, province du Littoral. Dans sa communauté, l’on présente certaines œuvres actuelles (routes, bâtiments…), comme l’œuvre de ce fils. D’autres actes qu’il a posés sont moins visibles, mais c’est sûr que Samuel Eboua ne disparaîtra pas des mémoires du jour au lendemain. Le film de Philippe Ngamou lui a assuré une autre vie.
Jules Romuald Nkonlak
21 Aug 2006
Mutations
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