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18.07.2010
Le diagnostic d’un échec
L’analyse qui suit vaut aussi bien pour la ville de Douala que pour tout le Cameroun, le déclin du Football a commence à Douala avant d’atteindre Yaoundé et de s’étaler sur tout le territoire camerounais.
Dans la situation actuelle où se trouve le football camerounais tirer à boulets rouges sur n’importe quel sélectionneur relève soit de la mesquinerie soit de l’ignorance.
Le sélectionneur (dans les dernières rencontres Paul Leguen) n’est pas le sorcier du village. Le manque de préparation à long ou à moyen terme doit faire dire que les responsables camerounais du sport soit ne sont pas conscients de la situation ou alors ils le sont mais espèrent que le miracle se produira. Une compétition ne peut se préparer sans infrastructure et sans management. Ces deux aspects qui sont deux facettes de la même médaille vont être analysés.
Si nous considérons l’infrastructure: elle n’a jamais existée. Mais le site plat naturel de la ville de Douala offrait des possibilités aux jeunes des quartiers Bali, Akwa, Nkonmondo, Bamoun, Banganté etc. En plus des routes non-goudronnées de l’époque la ville disposait d’espaces non-aménagés que nous appelions “Santiago”, Tata fusée”, “Yoro”, “Golgota”, etc.
Nul Camerounais de la génération de Roger Milla ne peut prétendre ne pas avoir vu Ndoumbé Lea, Lea Eyoum, Tokoto Jean-Pierre, Thomas Nkono, Bell Antoine etc. pendant les «inter-quartiers» organisés durant les vacances scolaires.
Si les barons du régime se sont emparés de certaines de ces places non-aménagés à l’instar du «jardin des fleurs» et de «Santiago» qui vu l’éclosion de Roger Milla, et les rues ont été goudronnées alors on est en droit d’interroger les responsables administratifs et municipaux de la ville. Quel plan d’urbanisme peut faire fi des espaces sportifs (il faut considérer toutes les disciplines sportives)? Existe-t-il un plan d’urbanisme? Si un enfant
naît et grandit dans certains quartiers de Douala, il ne ferra jamais de sport!
Dans un tel environnement il ne reste plus à nos dirigeants qu’à chercher des raccourcis c’est-à-dire se tourner vers l’Europe pour approvisionner les Lions indomptables. Et les approvisionner en choix de seconde classe (en allemand Handelsklasse II und III). C’est évident qu’un choix de deuxième ou de troisième classe ne fait pas le poids face au premier. Si ces “mercenaires”, qui dans la plupart des cas ont une nationalité européenne au départ étaient valables, ils auraient eu leur place dans les sélections européennes. Certes certains jouent dans les grands clubs européens force est de constater qu’ils ont une réputation en dessous de la moyenne. Il est inutile de faire la comparaison, joueur par joueur, d’une époque à une autre. Ce qui du reste va à l’encontre de la personnalité des joueurs encore actifs. Ceux qui connaissent le football allemand peuvent se souvenir de la phrase de Monsieur Trapatoni: «S. dumm, Flasche leer» En Français: «S. idiot, gourde vide». Ce dérapage mena à la fin de carrière de ce joueur.
Que nos dirigeants aillent faire un tour en Amérique latine pour voir ce que ces pays réalisent avec entre autre l’argent de la FIFA. Donc il nous faut des infrastructures.
Les dribles ne s’apprennent pas à l’âge de 15 ou 16 ans dans un centre de formation pour citer un Argentin. Quand on entend certains journalistes camerounais parler de talents, on se demande si c’est de l’ironie. Faites une comparaison avec les talents latino-américains ou européens et lisez leur valeur en Euro sur le marché (Ganso du Brésil à 20 ans vaut 8.000.000 Euro).
En ce qui concerne le management sans avoir la dent dure comme Achille Mbembe ou Bell Antoine on peut dire que nos dirigeants sont aveugles et ignorants. Beaucoup refusent de voir la disparition des espaces non-aménagés comme étant à l’origine du déclin du football camerounais. Un ancien ministre de la jeunesse et des sports a même fait son Baccalauréat à Douala. Comment peut-il ne pas avoir observé le rapport entre la fin de ces pépinières et le déclin du football camerounais?!
Beaucoup ne savent pas que Eugene Njoh Lea (un promotionnaire de Paul Biya et Diallo Telli) est à l’origine de la création du syndicat des footballeurs professionnels français s’est penché sur l’aspect économique du Football au Cameroun. Mais Beaucoup ignorent aussi que le Brésil par l’intermédiaire de ses Professionnels en Europe disposait des revenus qui égalaient les recettes de cacao et café. Donc une épargne qui a pu être injecté dans les circuits économiques brésiliens. On n’a pas besoin d’être sorcier pour donner raison à ce visionnaire qu’était Njoh Lea: il faut professionnaliser le football camerounais. Et on peut déjà imaginer la chaîne économique qui en découlerait.
Comme solution au problème le réalisme me fait écarter l’hypothèse d’un départ des dirigeants (encore que ce serait très souhaitable de tirer les conséquences comme dans les démocraties où l’obligation des résultats est la règle). L’urbanisation est inéluctable. Alors nos dirigeants ont besoin d’un plan d’urbanisme pensé pour que les jeunes Camerounais aient dès le bas-âge l’occasion de faire du sport en général et de jouer au football en particulier. Il ne doit plus être question qu’un Délégué du Gouvernement comme lors de ma jeunesse ait du plaisir à jouer au basketball au lycée Joss à Douala, parce qu’il n’a rien construit lui-même. Ca n’est pas normal de louer les gymnases et autres installations de l’Eglise catholique pour faire un peu de basketball le dimanche.
Il est peut-être très tôt pour juger la solution des centres de formation. Mais on peut déjà constater que le modèle camerounais est différent des modèles latino-américains et européens. Pendant que les centres de formations sont les propriétés des clubs chez ces derniers au Cameroun ils ne sont pas gérés par des clubs. L’histoire nous dira si notre modèle peut bien fonctionner.
La conséquence de la médiocrité de la gestion du football local est l’absence d’une ossature livrée par un de nos clubs. Cette absence engendrera celle des automatismes. Une grande équipe se construit en pensant et en observant aussi bien les adversaires que sa propre évolution. L’ossature d’un club permet rapidement de trouver un système qu’on peut développer. Le constat suivant peut être fait: les joueurs camerounais sont sollicités à l’étranger comme défenseurs (battants) mais pas comme des constructeurs de jeux. Le génie de la création footballistique se forme dans un environnement proche de celui des rues, c’est-à-dire des petits espaces de jeu.
Tels le Bayern de Munich (avec 5 joueurs), le FC Barcelone (avec 6 Joueurs) ou même l’Ajax d’Amsterdam lors la coupe du monde 2010 les clubs de Yaoundé et Douala formaient l’ossature de l‘équipe nationale et Bamenda Nkongsamba et autre complétaient. Aujourd’hui il n’en est plus rien, car les clubs locaux ne disposent plus de joueurs compétents. Le Canon de Yaoundé constituait l’ossature de cette équipe qui a fait la célébrité de Roger Milla et la fierté des Camerounais.
En résumé les autorités doivent mettre en place des infrastructures appropriés pour développer les sport et les équipes ou les particuliers doivent développer des centres de formations afin d’exploiter les talents découverts pendant les compétitions des jeunes et éventuellement livrer une ossature pour l’équipe nationale.
Pour réhabiliter le football camerounais tous les acteurs feraient mieux d’observer les améliorations qui ont eu lieu en Amérique Latine, en Espagne et en Allemagne au lieu de perdre du temps sur les polémiques du genre «Roger Milla contre Samuel Eto’o». À mon avis le compte à rebours a commencé pour les prochaines échéances qui auront lieu respectivement dans deux et quatre ans. Il est temps de mettre des pressions sur les responsables afin qu’ils se mettent enfin au travail.
Paul Eboumbou
Sawanaute
© www.peuplesawa.com
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Source: Dikalo la Mboa Sawa | Hits: 31016 | | | Réagir(0) | |
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