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13.09.2006
UM NYOBE NOUS A APPRIS A REFUSER D’ETRE ESCLAVES
ANICET EKANE “UM NYOBE NOUS A APPRIS A REFUSER D’ETRE ESCLAVES”
Le président du Manidem (Mouvement africain pour la nouvelle Indépendance et la démocratie) fait une lecture de l’anniversaire de la mort de Ruben Um Nyobé, le 13 septembre 1958.
Que représente, à vos yeux, la date du 13 septembre ?
Le 13 septembre 1958, j’avais à peine 7 ans. Donc, je n’ai pas pu mesurer, en tant que jeune garçon, l’importance de cette nouvelle qui est tombée dans le pays. Mais, puisque je me suis engagé à l’Upc assez jeune, à 22-23 ans, chaque fois qu’on évoque Um Nyobe, on évoque la ténacité, le courage, l’esprit d’initiative, le don de soi et le patriotisme. Et tous ceux qui aiment ce pays, qui se battent pour qu’il change, pour que les richesses reviennent en priorité à ses populations, pour que le pays soit plus juste sur le plan social, pour qu’il soit libre, indépendant véritablement, cette date représente en fait la consécration de la mauvaise politique de la France vis-à-vis de notre peuple. D’une façon systématique, la France a adopté une ligne de conduite qui consiste à décapiter le mouvement révolutionnaire par le sommet. Ça a été le cas avec Um Nyobe, Ouandié, Moumié, etc. avec bien sûr l’aval des dirigeants camerounais. Cette date consacre en fait la démarche de la France qui, au contraire d’autres puissances colonisatrices comme l’Angleterre, n’a jamais voulu que vivent les chefs révolutionnaires. Même quand le rapport de force était en faveur de la France, elle les a éliminés. Ils sont allés tuer Moumié à l’étranger ; ils ont arrêté Ouandié en 1970, le maquis était pratiquement fini, mais ils l’ont quand même fait fusiller.
Où en est le combat de Um Nyobé 48 ans après sa mort ?
Je dis souvent qu’un peuple ou une jeunesse ne peut pas vivre sans repères. Nous avons la chance que les Um Nyobé et les Ouandié sont des repères pour nous. C’est-à-dire des lumières qui nous éclairent par rapport à ce que nous faisons aujourd’hui. Et Um Nyobé est l’un de ces repères fondamentaux de toute la lutte des patriotes camerounais. Jusqu’à aujourd’hui, l’on se réfère à lui, Ouandié et consorts pour voir l’immensité du don de soi que ces dirigeants révolutionnaires ont donné par rapport à notre pays. Donc, le combat de Um Nyobe continue, puisque nous sommes là. Nous sommes de dignes successeurs de cet illustre héros ; et nous disons dans le dernier journal du parti que les hommes et les femmes qui ne revendiquent pas leurs droits n’ont que des devoirs. Et celui qui n’a que des devoirs est un esclave. Et les Um Nyobe nous ont appris à refuser d’être esclaves et nous invitons les Camerounais à se soulever face à ce régime pour arrêter d’être des esclaves. Pendant la campagne électorale de 2004, nous disions et nous continuons à dire que tout dépend d’eux. S’ils veulent être comme des moutons qu’on mène à l’abattoir et qui présentent leur tête, tant pis. Par contre, s’ils veulent en sortir, voyez le prix de notre libération et de notre développement, il faut qu’ils se soulèvent contre ce régime de mafieux et de braqueurs des caisses de l’Etat.
Propos recueillis par Publié le 12-09-2006 La Nouvelle Expression
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IL Y A 48 ANS, RUBEN UM NYOBE
Le 13 septembre est le jour où le Cameroun a perdu en 1958, la plus grande figure de son histoire de l’après-guerre. Et s’il y a un jour qui mérite d’être porté sur le calendrier républicain comme Journée nationale, c’est bien le 13 septembre. Mais, cela ne se fera pas sous le régime néocolonial en place, allergique à la véritable histoire nationale de notre pays. Les patriotes et les citoyens avertis de ce pays peuvent envisager d’ores et déjà les choses dans ce sens.
Nous nous sommes organisé ce jour à Ebolowa, sur invitation de La Nationale, pour nous retrouver dans le cadre d’un dîner souvenir, à la mémoire du grand disparu. Nous serons avec Um puisque les invités auront le privilège d’entendre sa voix, je veux dire un extrait de son discours du 17 décembre 1952 à l’Onu. La première fois qu’un Camerounais s’adressait au monde entier pour exposer nos principales revendications nationales, à savoir la Réunification et l’Indépendance du Cameroun. Pendant ce temps, la plupart de ceux qui dirigent ce pays depuis l’indépendance s’alignaient lâchement derrière le colonisateur pour chanter sa chanson hostile à notre autodétermination.
Notre pays marche sur la tête depuis l’indépendance puisque sa gestion a été confiée à des individus qui n’y ont jamais réfléchi, après qu’aient été écartés de la scène, par la violence, des personnes comme Um Nyobé qui non seulement ont posé le problème, mais se sont battues pour notre autodétermination. Ces patriotes ont été assassinés les uns après les autres comme Um Nyobé en 1958, comme Félix Moumié en 1960, comme Ernest Ouandié en 1971. Elles ont bien mérité de la patrie et c’est la raison pour laquelle nous devons notre reconnaissance et notre respect.
Abel Eyinga Publié le 12-09-2006 La Nouvelle Expression
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