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18.10.2009
Malimba : ...En passant par le village des pêcheurs
Que seront les malimba aujourd’hui si la palourde n’avait existé ? Ce mollusque comestible à double coquilles qui fournit des perles fines est à ce peuple des eaux ce qu’est le cacao ou le café aux peuples de l’Ouest, du Sud et du Littoral.
Produit de mer, l’Ehona (en malimba), palourde en français, peut s’appeler, selon sa grosseur, mangwesse pour dire petite palourde, mudoma (grosse palourde) et ndondoma pour indiquer qu’il s’agit d’une palourde moyenne. Depuis des lustres, la pêche de la palourde chez les Malimba aura été une activité essentiellement féminine. Jusqu’à ce que les hommes commencent à s’y intéresser il y a quelques années. Don des divinités aquatiques qu’on appelle les sirènes, « la palourde représente tout ce que nous avons de sacré et de merveilleux », nous apprend Rose Bekombe. La palourde est dans l’alimentation du Malimba ce que le poulet est pour les occidentaux.
Malimba ? Mulimba moto mô, Bwambo bô, Bwemba bô, ainsi se décline le cri de ralliement de ce peuple : « un seul homme, une seule langue, un seul combat ». Mais territorialement, Malimba n’est pas un. Les terroirs, il faut se rendre à l’évidence, il y en a 5 qui ne sont pas géographiquement homogènes : Les MALIMBA sont basés dans cinq arrondissements dont quatre dans le département de la Sanaga Maritime et l’autre dans le Wouri : Mouanko ; Dizangue ; Edea urbain ; Edea rural ; Manoka (Mulende) dans le Wouri. Ils disposent de deux cantons dans le département de la Sanaga Maritime administrés chacun par un chef de 2ème degré.
Comme le dit le chef Ndoumbe Marcelin de Malimba Océan, ce peuple se retrouve au sein de l’association Ilimbe-Ilimbe « qui pour moi, peut être l’âme du peuple Malimba ».
Peuple ultra minoritaire éparpillé aux quatre vents de l’histoire et de la géographie, noyé au sein des bakoko et des bassa de la Sanaga maritime, les malimba sont aujourd’hui à la recherche de leurs repères. « Nous nous devons de rechercher les éléments de notre histoire, de l’écrire et de la divulguer. Personne ne le fera à notre place mieux que nous-mêmes. Les complexes ont énormément reculé avec la création de Ilimbe-Ilimbe, la sortie du tissu-pagne et la construction de la pirogue. Les Malimba s’affichent de plus en plus et affirment leur « malimbanité », explique sa majesté Ndoumbe Marcellin. « Il faut maintenant aller au-delà du décomplexé et de manière résolue ».
L’histoire des malimba remonte en Nubie, aux sources même du Nil. Issue d’une société matriarcale où régnait Nzingankuwu vers 1339, ce peuple aura comme ancêtres Lukeni, né vers 1430 qui enfanta Kongo qui engendra Kota. Celui-ci aura un fils, Mbwe qui donnera naissance vers 1557 à Mbongo, l’ancêtre commun aux Malimba et aux Duala et apparenté. C’est Mbedi, l’héritier de Mbongo qui conduisit le grand peuple Sawa du Congo aux abords du fleuve Pitti-Dibamba. Après 1641, Mooh, l’un des fils de Mbedi, s’éloigna de la souche pour créer son propre clan. Il eut deux fils, Bongwe et Illimbe, né vers 1676 qui s’installa à l’estuaire de la Sanaga.
Installation des Allemands en pays Malimba
Mais l’histoire contemporaine est plus précise. Le Consul Nachtigal signe un traité avec le Roi Malimba King Eboue appelé Njambe, le 22 juillet 1884. Ce traité plaçait sous protectorat allemand le bras gauche de la Sanaga qui était sous sa domination.
Un mois plus tard, le 13 août 1884, le Roi Pass all Moukok´a Manyanye, qui avait attendu en vain une réaction de la France à propos du traité du 19 avril 1883, signe un autre traité avec l´Allemagne, se plaçant sous l´obédience du Kaiser. Finalement le 18 janvier 1885, le drapeau allemand est hissé sur le bras droit du delta de la Sanaga. Après la signature de ces traités, les Allemands entreprennent une installation effective sur le territoire Malimba. Les premiers qui y arrivent sont des commerçants de la compagnie Woermann.
Ils construisent une factorerie sur la rive gauche du bras droit de la Sanaga. Cette dernière est gérée par M. Jiergensen. Ces commerçants de la factorerie Woermann sont secondés par ceux de la firme Jantzen et Thormalhlen située à environ 1300 mètres de la factorerie Woermann à Bongo sur le bras droit de la Sanaga. Ces magasins étaient de véritables boutiques où les Malimba pouvaient acheter des étoffes, de l´outillage et de la quincaillerie, du sel, du tabac, des armes, des lampes, du pétrole et des liqueurs. Ils y vendaient en retour des noix et de l´huile de palme, du caoutchouc sauvage, des pointes d´ivoire, du strophantus et du bois d´ébène. Plus tard, le cacao et le café s´y ajoutèrent.
Révolte des Malimba
Le monopole commercial que détenaient les Malimba depuis que les navires européens fréquentaient leur territoire a été remis en cause par le colonisateur allemand en 1889. Les commerçants allemands tenaient à briser ce monopole pour remonter et commencer plus haut dans la Sanaga, ce à quoi les Malimba s´opposaient sévèrement. Cette fermeté perdra les malimbas et eut comme conséquence leur dispersion, le démantèlement des comptoirs allemands au profit de Douala.
Vendredi, 08 Octobre 2010 07:33 Edouard Kingue
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