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24.10.2006
LE “KABA NGONDO” - exposition "Lambo la tiki" Douala
Des applaudissements à tout rompre et autres gestes de satisfaction et d’encouragement du nombreux public venu prendre part à la deuxième édition de “ Lambo La Tiki ”, ont accompagné le dernier passage d’honneur des mannequins autour de la piscine. Au rythme de quelques musiques folkloriques, ils continuaient avec leur élégant spectacle, le pas convenant à la tenue arborée. Diverses coupes de “ kaba ngondo ” pour les femmes et le “ sandja ” (pagne) marié à la chemise pour les hommes. Du beau et rien que du beau, dirait-on, si l’on s’en tient à quelques modèles accrocheurs, comme le “ kaba ” hot line sans manches, très sexy et sensuel, le “ kaba ” de la mariée traînant au sol, le “ kaba ” tenue de soirée, le “ kaba ” modèle “ army ” coupé à mi cuisses ou long, le “ kaba ” de sortie pouvant se mettre pour aller au travail, etc. Des tenues somptueuses, sorties de l’ordinaire, pourtant faites avec des matières courantes bien connues comme du lin, du bazin, du coton, de la soie, du tafta, de la toile de juste ou une association de quelques unes et de ces matières. Que dire du “sandja”, associé à l’événement pour intéresser la gent masculine ? Aucune surprise particulière, si ce n’est sa splendeur de toujours. D’autant plus qu’il s’est mis avec des chemises pour la plupart en lin, aux couleurs éclatantes et gaies. Le “ kaba ” faisait son effet. Chaque modèle, avec ou sans couvre chef bien fourni en ornements, étant assorti de quelques types d’accessoires tirés du patrimoine local. Notamment, des cauris, des coquillages, des perles, des noyaux de raphia, des morceaux de calebasse, des morceaux de toiles de raphia, visibles sur les encolures, les manches, aux alentours des boutonnières.
Promotion Chaque tenue présentée avait son zeste de fantaisie et vendait un rêve. “ Un travail de professionnel ”, reconnaissaient les amoureux de l’innovation. Une option par laquelle Rodrigue Tchatcho, le promoteur de l’événement, compte donner une autre dimension à ce vêtement du terroir. Même si, de tout temps, le “kaba” passe pour être un vêtement d’apparat du peuple sawa le jour du “Ngondo”, fête culturelle de ce peuple de l’eau. Dans cet élan, il sait que l’apport d’autres jeunes créateurs qui ont tôt fait d’épouser ce courant artistique est indispensable. Dénis Sako, Delaur, Ali, Ebene Massaï, Dardana, Angui Aïf, Andréa, Jules Wokam, et bien d’autres, tous sortis des écoles de mode, sont de ceux-là. Chacun est allé de son intelligence, son génie, de sa main.
“ Lambo La Tikï ” a convaincu de ce que le “ kaba ngondo ” n’est pas ce “ vêtement de misère ” qui ne cadre qu’avec les cérémonies funéraires et autres travaux de ménage et champêtres. Les créateurs le veulent “ tendance ” pour que la femme suscite l’admiration et inspire respect sans heurter les consciences. L’évènement qui s’inscrit dans la durée se veut simple dans sa déclinaison. L’initiateur du projet indique qu’il est juste question de mettre en exergue le “ kaba ngondo ”, qui, pour le moment, est “ le seul vêtement au Cameroun qui fédère encore tout le monde ”. Un vêtement qui devrait conférer “ une identité vestimentaire à notre pays comme cela est de tradition ailleurs ”. Notamment au Nigeria, au Mali, au Maroc, en Inde, avec respectivement l’anago, le boubou malien, le djélaba, la tunique indienne, pour ne citer que ces cas-là. “ Lambo La Tikï ” s’inscrit dans une dynamique de promotion de l’art, de la culture et du talent.
Louis Blaise Ongolo Publié le 09-11-2006 ==============================
A Douala, l’exposition " Lambo la tikii " revisite la robe traditionnelle et donne une occasion à un jeune plasticien de se faire connaître.
Le kaba ngondo, on ne le voit pas souvent comme ça. C’est une robe traditionnelle dont les femmes se servent finalement pour toutes les occasions. S’il a été souvent touché par la mode -kaba cellulaire- il n’a jamais semblé prétendre à autre chose qu’à habiller la femme de manière décente et digne. Même utilisé comme habit de fête, le kaba est resté comme prisonnier d’une longue tradition qui ne l’imagine pas autrement. Heureusement, il y a la jeunesse, avec sa créativité et sa fougue. Faites donc un tour à l’hôtel Ibis à Douala. Dans un salon feutré, une exposition sur le kaba a démarré samedi dernier. Un jeune styliste, Rodrigue Tchatcho, revisite justement cette robe en faisant un vêtement somptueux, un objet de luxe même. " Lambo la tikii ", quelque chose de précieux, en langue douala, c’est le nom de l’expo.
Ce n’est pas un défilé. Il y a là d’avenants mannequins au port de reine qui arborent une douzaine de kaba pour lesquels les tissus ont été soigneusement choisis. Le pagne trône mais fait un peu de place à la soie. Majestueuses, les robes sont relevées, et c’est ce qui change tout, de perles, de strass, de plumes de paon, de brandebourg, de broderies, de perles de fils argentés ou dorés et de bien d’autres affiquets. De grands foulards de tulle surplombent certaines pièces pour en rehausser le faste. Venue honorer de sa présence le vernissage, Me Alice Nkom, qui a fait du kaba sa tenue de prédilection, dit sa satisfaction et sa fierté de voir " ces jeunes talents qui osent, qui ont de la chance de voir leurs œuvres montrées au public ".
C’est que Rodrigue Tchatcho n’est pas seul à exposer ici jusqu’au 21 mars. Il a fait profiter de l’espace qui lui a été accordé à Dipoko’s, un plasticien, jeune comme lui. Agé de 24 ans, ce garçon originaire de Kribi propose quelques reliefs qui sont le résultat de ses escapades sur les plages de sa ville natale. Chez lui, les couleurs de terre prédominent toujours, avec en sus, les débris naturels de la plage, lien entre terre et mer, une union éternelle qui rappelle peut-être que les deux sont imbriquées, avec ou sans tsunami. Directeur général de l’hôtel Ibis qui soutient la manifestation, Dominique Delahousse explique que le groupe Accor, qui fait du mécénat depuis de longues années, " voudrait maintenant mettre en avant les artistes locaux à travers le projet " Talents d’Afrique ". L’objectif est simplement de leur donner un coup de pouce en relayant les échos faits autour de leur travail dans le monde entier ". L’expérience sera renouvelée une fois par mois ou quelques fois dans l’année
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