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04.12.2006
Le message du NGONDO 2006 - L’UNITE ENTRE TOUS LES CHEFS
Amour et Unité au Ngondo
La fête traditionnelle du peuple sawa s’est achevée hier sur les berges du Wouri à Douala.
"Les chefs devraient être unis. Ils devraient transmettre des messages d’amour, d’unité dans les cantons. Il n’y a pas plus grand message que celui-là. Cette parole ne restera pas neutre… " Le message du vase sacré a été délivré hier en mi-journée sur les berges du Wouri, à Douala, à l’occasion de la fête du ngondo. Cette fois encore, des hordes d’habitants de la ville ont pris d’assaut la place des cérémonies. En grande tenue comme il se doit. Kaba ngondo et sandja rutilants. Malgré les obligations qui l’attendaient dans la capitale politique dans l’après-midi notamment, le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République a fait le déplacement. Présent dans l’une des tribunes, Laurent Esso a tenu à rehausser de sa présence la fête traditionnelle avant de reprendre la route pour Yaoundé.
Tous les fils et filles Sawa tenaient en effet à apporter du leur. Le thème du ngondo 2006, " paï o madiba " signifie " tous à l’action ". Une philosophie matérialisée par la pagaie dont on a pu apprendre pendant la cérémonie qu’elle est porteuse de bien des symboles. Instrument de navigation, elle est synonyme d’efforts, a une valeur pédagogique et peut être également une arme de guerre lorsqu’on la transforme en sagaie. La pagaie était partout hier. Peu après 11 heures, la pirogue sacrée, celle qui transporte le vase sacré, a subitement surgi sur les eaux, au beau milieu du fleuve. Une clameur a alors accueilli le plongeon du messager des Sawa vers les profondeurs ondines. Au bout de dix minutes passées sous l’eau, le messager a émergé. De nouveau salué par les populations, maintenant curieuses du contenu du vase sacré qui leur sera révélé après un passage par la case sacrée, faite de feuilles de palmiers et de fougères et édifiée au bord du fleuve.
C’est également de là que sortira le nouveau président du ngondo, celui qui interprétera le message du vase. Chef du canton Bakoko, il s’appelle Salomon Madiba Songue et exercera pendant les deux prochaines années. Comme avant lui, Mylor Mbappe Bwanga, chef des Bélé Bélé, qui lui a fraternellement passé le témoin. Tous les autres chefs traditionnels sawa, dans une tribune bien à eux, avec tous les attributs de leurs pouvoirs, sont venus témoigner de cet autre moment d’importance dans la vie de la communauté. Vieille de 300 ans, la fête du ngondo vise à réguler la vie de la cité, une dynamique qui vaudrait bien pour le pays tout entier. D’ailleurs, des chefs traditionnels et des dignitaires d’autres régions du pays se tenaient aux côtés de leurs homologues sawa. Tous ont assisté au succès de la pirogue Nkam Nkam qui s’impose décidément chaque année. Un ingrédient de la fête de l’eau qui a tourné au carnaval avec ces parades colorées des différents cantons, entre chants et danses.
Cameroun Tribune
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Il est environ 11h22 lorsque le messager émerge de l’eau. Dans l’attente, sur les berges du Wouri, le site grouille de monde. Des hommes habillés comme des gens d’une autre époque sillonnent. Feuilles secs, herbes et écorces d’arbres constituent leurs vêtements. Des bananiers, des papayers naturels poussent par endroit. Ce site de la capitale économique est devenu culturel et touristique. Des tentes sont érigés un peu partout sur le lieu dit de la base Elf. L’apothéose de ce dimanche 2 décembre marque l’harmonie d’une communauté avec elle-même, avec ses origines pour le bien-être des Sawa et du Cameroun tout entier.
Dans l’attente de l’immersion du messager envoyé dans l’eau à la rencontre des ancêtres qui délivreront un message à ce peuple de pêcheurs, les piroguiers gagnent le large. Comme tous les ans, à l’occasion de la célébration de la fête du Ngongo, les pirogues entrent en lice, ovationnées par de nombreux supporters. Ils sont quatre au total ; Nkam Nkam, Djébalé, Déïdo et Moungo.
Bien avant, une cérémonie a été organisée sur les lieux pour consacrer la passation de service entre le chef du Ngondo sortant, Mbappé Mbouanga Milord, du canton Bélébélè et le chef entrant, Michel Madiba Nsongué, du canton Bakoko. Ce dernier présidera durant deux ans aux destinérs de cette organisation culturelle qui, pendant douze mois, sera placé sous le thème : “ Paï ô Madiba ” (les pagaies dans l’eau). “ Dans un double jeu cosmique et rituel, le choix des éléments tels que l’eau, la pirogue, la pagaie traduit à souhait la trajectoire dans laquelle le Ngondo s’inscrit : celle du dynamisme, de l’action ”, disent ses organisateurs.
Le Wouri comme le Nil
Deuxième temps fort, l’immersion du messager de l’eau porteur cette fois-ci du message, une dizaine de minutes après. Ce message est placé dans une corbeille et acheminé dans la case sacrée construite pied dans l’eau. De cette case sacrée, le message est décrypté en présence des initiés et du président du Ngondo. L’actuel président sortira de la case habillé d’un pagne noué autour des hanches et fera le tour du propriétaire des lieux. Puis, vient le tour de la corbeille de sortir de ladite case. Elle est conduite devant la tribune des chefs traditionnels où le chef sortant la remet publiquement au chef entrant. Le message est alors porté à la connaissance de la foule. Les ancêtres recommandent : “ L’union des chefs traditionnels et la collaboration entre les chefs de second degré ”, traduit-on. C’est la joie dans l’assistance.
Cette joie devient une euphorie lorsque l’arrivée des piroguiers est annoncée. La foule se fait nombreuse une fois de plus sur la plage. Les applaudissements fusent de partout pour Nkam Nkam en tête de liste. Les motions de soutien symbolisés par les bras levés, les cris, les chants s’élèvent pour Djébalé en deuxième position. Le challenge est tout aussi grand entre Déïdo et Moungo. Le premier arrachera la troisième place au détriment de Moungo. “ Il y a donc une relation particulière entre le Ngondo et l’eau. L’eau élément rituel, élément purificateur, elle est inscrite dans le quotidien du Sawa. On ne peut imaginer le peuple sawa sans eau. Elle est le vivier dans lequel le sawa va chercher sa pitance. ”, disent les organisateurs. Le Wouri serait donc pour les Sawa ce qu’est le Nil pour les Egyptiens ; une histoire et une civilisation.
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