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27.01.2007

Réponse à l’article POUR EN FINIR AVEC NOS ETHNIES, du kamite Hougan Akounaatona 












































Réponse à l’article POUR EN FINIR AVEC NOS ETHNIES, du kamite Hougan Akounaatona

Le SAWA, une Union Communautaire des ethnies de la Côte Africaine (Golfe de Guinée).

Sommaire

- Introduction
- Eléments culturels communs
- Fédéralisme, Régionalisme, Etat unitaire
- Rompre le statu quo de l’immobilisme
- Du style dans les revendications identitaires
- Grand Sawa, plus rassembleur que sectaire
- Le mythe des multitudes Langues Africaines
- Absence d’Autorité
- Agenda Panafricain
- Conclusion
- Références

Introduction

Cher frère kamite Akounaatona, Hotep !

Une de nos membres nous a fait parvenir ton article intitulé «POUR EN FINIR AVEC NOS ETHNIES» dans lequel tu appelles à la dissolution des ethnies africaines, tout Noir/Kamite devrait désormais faire partie de la Grande Famille Mondiale Noire. Sans vouloir être le défenseur des ethnies, j’aimerais apporter quelques éclaircissements, qui en même temps étayent la raison d’être de notre projet : peuplesawa.com.

D’emblée, il paraît contradictoire, que nous qui sommes des Panafricanistes invétérés, nous prenions ici une position qui va plutôt à l’opposé, faisant l’apologie d’un régionalisme dépassé. Il n’y a pas de paradoxe à être Panafricain et promouvoir une culture d’une communauté particulière. La globalisation aujourd’hui proclamée n’empêche pas des regroupements sectaires, l’UE étant une preuve entre autres.
Nous sommes des Panafricanistes purs et durs et nous vivons à fond le slogan de Marcus Garvey «Race first = la race d’abord».
Tout comme nous avons apprécié, à sa juste valeur, le travail d’Africamaat en participant à ses conférences sur les Humanités Classiques Africaines, fier en plus d’ajouter à notre bibliothèque une collection de livres qu’ils ont édités, nous apprécions ton engagement kamite avec ton livre : MOÏSE L’AFRICAIN.

Inutile de rappeler que depuis des années 80, nous sommes baignés dans les milieux des mouvements de la Conscience Noire, de l’Outre-Atlantique des USA aux Caraïbes, passionnées que nous sommes de l’histoire des luttes pour l’émancipation des Africains.

Ce que nous faisons ici entre dans la stratégie de faire passer ce message, ce que nous allons tenter d‘expliquer ci-après.

Eléments culturels communs

Comment se sont crée les ethnies en Afrique? Le nationaliste Bwemba Bong nous rappelle que c’est aussi une des conséquences des razzias négrières, mais reconnaissons qu’il ya des nuances entre une ethnie représentant une entité culturelle propre et une tribu ou clan, qui n’a aucune identité propre, étant simplement une variation d’un groupe plus grand (l’ethnie).

Nous partageons bien ton analyse sur la fabrication artificielle des multitudes tribus par les impérialistes, dans les buts que nous connaissons déjà. Dans notre cas, c’est juste de dire que SAWA n’est pas une ethnie, mais un regroupement des peuples habitants la Cote du Golfe de Guinée. Et cette Cote même, d’ou commence t-elle et ou s’arrête t-elle ? Qui fait partie de cette Communauté Sawa ? S’agit-il du Petit ou Grand Sawa? Des questions qui restent san réponses, mais cela n’empêche que des éléments culturels communs existent indubitablement.

Toujours est-il que la région, peuplée de divers peuples, a pu développer depuis des centenaires un sentiment de communion. Le phénomène très répandu de la «Sawanisation» des noms trahit ce souci de vouloir appartenir à une Communauté para-ethnique :
EBONGUE = BONG
EBEN = BEN
DIBANGO = DIHANG/DIBANG
ESSOME = SOM
NGOME = NGOM
NDJOCKE = NDJOCK
DIKOUME = DIKOUM/LIKOUM (KOUM)
Etc..

Les noms sont les mêmes de part et d’autre du Wouri ; les principales langues sont les mêmes, Le Duala et ses variations, le Bassa et ses variations; le plus important est surtout que depuis plus de cent ans, un désir mutuel d’aligner les symbolismes culturels, en conséquence bâtir une communauté a été concrétise par des échanges intensifs, dont le Ngondo fût la concrétisation matérielle.

C’est d’ailleurs cet esprit qui a motivé l’administration (post)coloniale, dans sa stratégie de « diviser pour mieux régner », d’opérer un re-découpage cartographique, donc les conséquences ont été d’éparpiller/re-distribuer certains Sawa dans d’autres provinces administratives.

Il est aussi évident que les regroupements sur bases ethniques ont toujours existé, même au temps des Pharaons. L’histoire de la Stèle de Sésostris III ou Sen-Ouasrit III, dit improprement Osorta-Sen III, qui fait une distinction de classe entre les Kamites autochtones et les Nubiens, est bien connue. Cette civilisation égyptienne, donc nous nous réclamons aujourd’hui être les descendants, avait aussi ses affinités et discriminations. Même si la quête pour l’Unité de la Haute et la Basse Egypte a été toujours poursuivie, des différences existaient néanmoins. Aujourd’hui, pour des raisons tactique, de méthodes de guérilla, nous comprenons qu’une suspension de ces distinctions, comme le clamaient Nkrumah, George Padmore, Du Bois, surtout Marcus Garvey, soit faite, afin réunir toutes nos forces.

L’histoire nous montre que les réactions contre l’asservissement Blanc n’ont pas été le même partout. Pendant que certains luttaient, d’autres collaboraient. Tout est dans la «bouture», les gènes. Il y a des courageux et des poltrons. Ce n’est pas du hasard que dans les Antilles, le Haïti et dans l’Afrique Francophone, le Cameroun, soient les deux pays «puni» de ne pas connaître un décollage économique, leur seul défaut ayant été leur soulèvement virulent contre l’impérialisme. On dit au Cameroun que certaines ethnies n’assumeront jamais la magistrature suprême, tellement elles sont cataloguées, comme rebelles. S’il en est ainsi, il faut donc que ces derniers puissent s’organiser autrement que sous la forme actuelle.

En attendant, nous avons des problèmes concrets à résoudre et l’un d’eux est de refaire une communauté qui peut servir de lobby pour nos intérêts immédiats, là où l’Etat est absent. Une absence et connivence qui nous mettent en péril et contre lesquels nous n’avons pas d’autres moyens de riposte. Cette région, qui a une grande expérience dans la création des mouvements de RENAISSANCE, n’attendra pas que toutes les autres se réveillent pour agir.


Fédéralisme, Régionalisme, Etat unitaire

On le sait, les Etats africains, découpes arbitrairement par les Européens, des rapaces, insensibles, anciens bagnards aventuriers, n’ont pas tenu compte des appartenances ethniques. Il en découle des républiques sans dénominateur commun, un melting pot, qui n’a survécu que grâce a la passivité des Africains. Doit-on supporter ce leg colonial? Forcer un Etat unitaire, dans un système d’injustice et d’incompétence ne marche pas. Tout expert prédit que le Pays est une poudrière, qui peut exploser a tout moment; pourquoi ne pas re-structurer le pays, pour mettre ensemble des peuples qui ont une histoire commune?

Le système actuel n’a fait que frustrer doublement des gens, surtout ceux qui ont une attitude courageuse par rapports aux événements.

Quelle est la réalité ? les impérialistes continuent a utiliser la même recette de la promotion des multitudes de tribus a travers le continent. Un projet tel que SIL (
www.sil.org), insidieusement sème la division en prétendant ressusciter les langues mourantes. Le concept de Sawa travaille contre cette diversion. Nous n’avons pas besoin des dictionnaires sur le Malimba ou le Mbang, au plus deux suffiront, le Duala et le Bassa standardisé.

Pendant que nous accusons les Blancs pour ces maux, il faudra aussi fustiger leurs agents de service, ceux qui utilisent entre autre le paradigme ethnique pour exploiter/brader l’Afrique.

L’Etat postcolonial (pour utiliser une expression d’Achille Mbembe) n’a pas de projet société en tant que tel, qui rendrait obsolète la recherche d’autres options. Au contraire, on frustre les ethnies qui, par leur engagement historique, sont indexes par les ethnologues patentés du colonialisme comme des rebelles, voire des nationalistes. Celles-ci sont donc privées de ressources et punis pour avoir osé combattre la «Suprématie Blanche», que la Francophonie progressiste appelle, faute de mieux, pour avoir mal compris ce système opérant sur toute la planète, «La FrancAfrique».

La tactique est simple. On choisit un ressortissant «faible» d’une ethnie «moins avancée»; on l’impose comme nouveau chef d’une région ou des ethnies plus «évoluées». Ce dernier, pour prouver sa «métamorphose» fait preuve d’excès de zèle, exerce sa dictature sur ses nouveaux subordonnes. Si l’ethnie «évoluée» réagit, on apporte des «barbouzes» pour mater la soit-disant «rébellion». Conséquences: des génocides perpétués dans les régions Bassa et Bamiléké. Si l’ethnie «évolue» reste calme pour éviter la violence, sa région reste sous-développée.
Vous réagissez, on vous accuse de rébellion. Cependant vos ressources sont exploitées.

Le Général Abacha, un ressortissant du Nord «aride» du Nigeria, soldat de formation, s’accapare de tout l’argent du pétrole, sous le couvert du Fédéralisme, les autochtones de la Cote, gratifiés par la nature, n’en profitent rien. Leurs leaders sont exterminés, l’argent du pétrole regagnant les comptes du dictateur (allogène à la région productrice en plus).

Pour la première fois en Afrique, les dynasties financières (nées exclusivement de l’administration) sont crées, puisant des Milliards des revenus provenant d’autres régions, sous la légitimité de «La République». L’Etat Unitaire n’est pas équitable.


Rompre le statu quo de l’immobilisme.

Quels moyens restent à la disposition des opprimés ?
Au Cameroun, des plaintes ont été déposées a l’ONU, entre autres celle des Bakweri (www.bakwerland.com) et celle des Mbo du Moungo (une pétition des Bassa s’ensuivit). Les gens cherchent un moyen plus ou moins légal pour se faire justice, pour avoir leur mot à dire dans la gestion de leur patrimoine. On s’organise donc comme on peut. Si le Fédéralisme Nigérian ne marche pas, les Ibos ou les Yoruba, ont tout le droit de se mobiliser sous la houlette ethnique pour galvaniser leurs forces.

Conscient du fait qu’il faut savoir transcender le niveau ethnique pour garder une légitimité républicaine, le combat pour la libération totale du Continent ne doit pas interdire des moyens tactiques réalistes. Les techniques commerciales et du marketing pour atteindre une population donnée doivent être utilisées. Ceci peut inclure l’appel aux émotions, de la mémoire collective, le sport, la gastronomie, les fêtes traditionnelles, etc.

Très souvent, l’Afrocentricité se noie dans un intellectualisme béat. C’est comme si on était dans un exercice érudition; les conférences prennent l’allure d’une concurrence en rhétorique. Or, il faut parfois être pragmatique ; il apprendre a faire passer le message, autrement que dans les tonne de livres. L’imaginaire de l’homme est complexe; pour l’atteindre, il faut user de toutes les méthodes connues dans le commerce. Les manifestations culturelles en sont une. Notre plateforme cadre bien avec ce schéma.

Pour finir, on dira donc qu’avant de devenir des «citoyens du monde, l’Homme universel » , jouissant de tous les droits où qu’il se trouve, nous vivons d’abord la réalité actuelle qui est que le monde est divise en régions, pratiquant chacune ses lois. C’est un fait. On peut idéaliser, sur papier, une planète sans frontière, mais la réalité nous rattrapera rapidement. Là où je vis, on me demande le Visa, chez moi, je n’en ai pas besoin.

Depuis les indépendances, un attentisme béat plonge nos peuples dans une inertie qui devient inquiétante, s’apparentant à une seconde nature. Manque d’initiative. On contemple les changements du Monde en spectateurs. On continue à croire à l’Etat providentiel, qui n’a fait que distribuer les postes administratifs après le départ des Blancs. Aujourd’hui, comme il n’y a plus de poste à pourvoir, les lacunes d’un Etat sans projet de société apparaissent. Il n’y a rien à attendre de ces Collabos de l’impérialisme Blanc. Les populations doivent reprendre leur destin en main. S’il faut utiliser l’ethnie pour cela, tant mieux….

L’apathie de l’Etat Postcolonial est responsable de la situation décadente qui a fait perdre Bakassi (drôle de coïncidence que ce nom qui signifie «on a accueillit»). Ce n’est pas tout, toute la région côtière est maintenant en passe de devenir des colonies de peuplement par des «allogènes». Les îles de Manoka, le Lac Ossa, des environs de Mouanko, sont majoritairement habités par des ressortissants de l’Afrique de l’Ouest. Qu’on n’avance pas l’argument de frontières qui doivent s’ouvrir à tout Africain. Nous avons déjà expliqué plus haut que cette Afrique sans frontière doit se faire partout et au même moment. Ici, on a parfois à faire à une hégémonie loin d’être réciproque, où les nouveaux venus manquant de respect à leur terre d’accueil, pratiquent par exemple une pêche criminelle: on empoisonne des rivières pour ramasser aisément du poisson. Tué de cette manière, le poisson ne peut pas être braisé, parce qu’il pourrit en quelques heures, privant ainsi cette région d’une recette gastronomique populaire. C’est in extremis que l’administration vient de nommer des chefs tels que Sa Majesté Jean-Paul Ngando pour des Iles de Manoka, pour freiner l’avancée des «allogènes», qui sont déjà majoritaires dans la région.

Du style dans des revendications identitaires.

Cependant, gardons-nous des excès.
La Sawanité qui est formulée ici fait preuve de grandeur. Elle n’est pas orientée contre un autre groupe. Ce n’est pas cette Ivoirité barbare, ni ces campagnes de chasse aux étrangers, qu’on a connu au Gabon, Nigéria, Congo, et de nos jours en Guinée Equatoriale.
Elle ne cadre pas non plus avec ce qui s’est passé au Rwanda, même si toutes les conditions, qui dans ces pays environnants (Tchad, RCA, Congo, Nigeria) sont depuis longtemps réunis pour une guerre civile. C’est ce particularisme camerounais, qui faut applaudir; les barbouzes de la France Gaulliste étant rentrés bredouilles après leur constat, dans les années 90, que le Cameroun ne se plongera pas dans la guerre. Il a fallu de moins grave, pour que les pays voisins se plongent dans la violence, ouvrant ainsi la voie aux apprentis-sorciers créateurs et attiseurs des génocides en Afrique. D’autres diront que c’est plutôt de la lâcheté, mais nous saluons la sagesse des leaders de l’opposition, qui ont refusé les tentatives des vendeurs d’armes, croyants malsains de l’eugénisme sur le sol Africain.

Il s’agit d’une prise de conscience des changements et mouvements des populations, dans le but de maitriser cette nouvelle-donne. Par exemple, la Guinée Equatoriale, nouvel Eldorado proclamé, doit pratiquer le principe de la solidarité Panafricaine, mais a le droit de contrôler les nouvelles migrations. Elle ne peut pas se laisser engloutir par les nouveaux venus, soit disant parce que ceux-là sont plus entreprenants, plus éduqués. On dénombre près de 3 millions de Nigérians sur le sol Camerounais, encore que ces chiffres restent dérisoires. Si c’est pour s’accaparer de nos régions, comme c’est le cas avec Bakassi, alors ….

Afin d’éviter des scenarios tels qu’au Zaïre-Congo, il serait plus approprié que tous les pays ensemble, assainissent leur situation. La Guinée n’aurait pas a absorber les Camerounais, Nigérians et autres, si leurs pays respectifs mettaient en valeur leurs ressources naturelles. Tant que ce consensus n’est pas atteint, il est légitime qu’à petite échelle, les gens prennent leurs destins en main.

Une fois de plus, ce pamphlet semble bizarre par le fait qu’il défend le régionalisme. Précisons donc que nous sommes pour un Fédéralisme, où les régions, autonomes, peuvent pratiquer des politiques adaptées à leurs niveaux, à leurs capacités. Le centralisme à tout-cassé n’a apporte que frustration.

Le Grand Sawa, plus rassembleur que sectaire.

Voyons un peu comment les gens s’organisent aujourd’hui. Dans une ville comme Paris, on ne compte plus les Associations de famille, des clans. Celles-ci vont en deçà de l’ethnie ou de la tribu, et font l’apologie du clan le plus réduit, c’est à dire la famille au sens large (un ensemble de villages/hameaux où tout le monde se connaît presque). Le repli identitaire s’aggrave donc dans les structures plus minuscules dans une diaspora qui pourtant, devrait comprendre les enjeux planétaires (Union Européenne, OTAN, USA). Hors c’est dans cette diaspora qu’on trouve tout genre de regroupement clanique. On est plus dans le paradigme de la période des pères de la Négritude et de Présence Africaine, on se replie non pas sur au niveau du pays, mais sur le plus petit dénominateur, le clan ou famille élargie.

Par rapport à ce paradigme, un projet comme le Grand Sawa, qui regroupe non seulement des grandes ethnies, véritables royaumes tels que les Douala, Bassa, Bakoko, Mbo, Bakweri, recouvrant des gigantesques territoires, des Anglophones et Francophones est donc très unificateur.

Le mythe des multitudes Langues Africaines.

On parle d’instituer une langue commune à tous les Africains, et Chekh Anta Diop va plus loin en affirmant que l’Afrique ne pourra pas se développer en parlant des langues étrangères. Mais ne serait-il pas plus réaliste de procéder aussi d’une manière concentrique, par étapes? Si le Sawa décide d’adopter le Duala comme langue de communication, comme cela a été le cas avant l’indépendance, ne serait-il pas déjà un grand succès? A cette époque, presque toute cette communauté était fluente en Duala (parlé et écrit). Quelle régression par rapport à aujourd’hui.

La standardisation du Bassa, pour tourner le dos définitivement aux différenciations telles que : le Nó Nlón (la tête du chemin, ou le Nord) et le Nwel Nlón ou Likôl (la queue du chemin, ou le Sud) serait aussi une victoire. Les distinctions superficiellement entretenues entre Le Nord et le Sud, qui ne se distinguent, entre autre, que par la manière dont ils intègrent dans la langue Bassa les emprunts faits aux langues des ethnies voisines, (Ewondo, Eton, Duala, etc.). Au comble de cette aberration s’ajoute les influences de la modernité, qui s’enregistre à partir du XVIe siècle : par le degré d’interaction avec des Européens, (vêtements, marchandises, christianisation, scolarisation, routes, etc.).

Au lieu d’entretenir des animosités latentes entre les Bassa et les Bakokos, forcés de vivre sous la même division administrative connue sous le terme générique de Sanaga-Maritime, on peut trouver des éléments culturels communs. Cette «entité» présente, la caractéristique de récouper un ensemble éthno-linguistique dominant, composé de Bassa-Bakoko, compte aussi d’autres sous-groupes en bordure des fleuves qui arrosent la région: par exemple les Malimba, Yakalag, Ndonga, dont les traits culturels les exposent aussi aux influences des Duala.

Le poids démographique des Bakoko en fait cependant une minorité dans laquelle le découpage colonial ne vit autrefois qu’un «appendice» des Bassa, dépourvu de consistance historique propre en dépit de quelques indices étudiés par les ethnologues.
La démographie minoritaire des Bakoko a renforcé chez eux la quête d’une différenciation par rapport aux Basaa. Mais ces groupuscules étant dépourvu de consistance historique propre, leurs revendications ou complexes restent non-fondées.
La création d’ Elog Mpoo est en grand partie motivé par le désir de palier au poids démographique des Bassa « proprement dits ». Pour ce faire, le Mpoo s’allie à d’autre tribus Bassa (Messondo, Badjob, Bidjoka, Log Mataa, etc sont des Bassa qui participent au Elog Mpoo).

Ces deux groupes présentent à une parenté anthropologique, linguistique et culturelle indéniables, que les mythologies locales ratifient et font remonter à la sortie de Ngok-Lituba.


Dispensé maintenant des manigances coloniales, une ré-définition des ces groupuscules sous le grand ensemble Bassa, le Mbog Liaa, qui lui-même négociera ses liens avec le Grand Sawa, est l’effort culturel à réaliser.

En re-inventant l’univers Grand Bassa, on se rendra facilement compte que l’intersection avec le Sawa est incontournable. Fondre toutes ces ethnies dans le Grand Sawa devient ainsi une évolution naturelle. Un pas sur le chemin du Panafricanisme est alors franchi, déclenchant un effet domino chez les autres ethnies, afin de recomposer avant tout la sphère Bantoue.

De cette grande alliance socio-culturelle, germeront au plus deux langues standardisées : Le Duala et le Bassa.

Il est fréquent d’entendre les gens (certains experts aussi) dire qu’il ya plus de 250 langues parlées au Cameroun. Ceci est, à mon avis, faux. Dans le Bassa, on ne peut quand même pas compter les multitudes de variations, qui ne forment pas des entités linguistiques autonomes. Nous savons que la Colonisation et les «razzias négrières», pour emprunter une expression de Bwemba Bong sont catalyseurs de cette situation. Les gens fuyaient, s’éparpillant dans la forêt pour se cacher des négriers. Ils ne se regroupaient donc pas sous une quelconque organisation tribale. Les parlées par ces «fuyards» deviennent des variations légères de la langue initiale. Voilà pourquoi toutes ces soi-disant patois se comprennent sans difficulté. Dans les réunions de tribales, chacun parle sa variante et tout le monde se comprend. Avec un peu d’autorité, on imposerait aux petits patois de se désister, au profit du plus grand ensemble. On parlerait ainsi du Yoruba, Ibo, Bassa, unifiés, devenant des langues nationale de ces régions respectives, de véritables empires.

Dans la région Sawa proprement dite, cet effort n’est pas nécessaire; presque tout le monde étant déjà prolifique dans langue Duala. Sinon l’enseigner à la nouvelle génération est très facile, grâce à une culture d’apprentissage du Duala existant depuis plus d’un siècle et les nombreux ouvrages, dictionnaires, cultes religieux facilitant ce travail.

Nous voulons montrer ici que, quitter des patois sans fondement ou identité culturelle propres, pour rejoindre des ensembles ethniques plus substantiels est possible aujourd’hui même. Les résistances pour ne pas le faire n’ayant pas d’argument valables. D’un patois né du «fuyard» à la langue formant une unité linguistique propre, il n’y a qu’un pas; mais de la situation actuelle au Swahili Panafricain, c’est un triple-saut, qu’il faudra d’ailleurs, soit imposer, soit expliquer ardemment aux usagers.

Sur le long et périlleux chemin de la création d’un Etat Fédéral Africain, avec une seule langue (le Swahili ayant un grand potentiel de le devenir), les étapes jalonnant ce parcours passent par des concepts comme le Grand Sawa. Il n’est pas nouveau. L’histoire du Ngondo nous rappelle qu’une concertation entre les rois Duala et le Bassa voisins, a eu lieu afin de créer l’ensemble des pratiques magiques et cérémoniales de cette Assemblée Sawa. On a pu dialoguer dans le passé, on peut toujours le refaire aujourd’hui.

Jadis encouragé par les colons, en mal de diversion, multitudes de fêtes Mayi, Mpoo, Koupé, Katé et d’autres qui sont annoncées, comme celle du Nkam, des Bakweri etc…) peuvent s’aligner sur un Grand Ngondo, commun à tous les Sawa.
En plus de ce Carnaval, il ya des manifestations socio-sportives a réactiver : ascension du Mont Cameroun, le sport nautique, les festivals Makossa. Tous ces événements servant de limon culturel pour ce vaste espace communautaire.

Nous appartenons tous à la grande famille Bantoue, il n’y a donc pas de honte à aligner nos manifestations, symbolismes, bref, notre cosmogonie, comme le vaste mouvement du Voodoo Benino-Haitien, ou la célébration des déesses Ilé Ife entre le Yorouba et le Brésil Noir.

Absence d’Autorité

Depuis que les rois et ethnies ont perdu leurs pourvoirs sur leurs communautés au profit de l’administration républicaine, les initiatives régionales pour l’essor des populations sont étouffées. Ceux qui jadis étaient garants d’un pouvoir presque divin, ne peuvent pas mettre leurs génies au profit de leurs peuples.

Une fois, je disais à Spartacus R, un autre guerrier de la libération Noire que l’Afrocentricité, ce mouvement de la Conscience Noire, doit devenir LOI dans des régions contrôlées par elle. Au Congo-Zaïre, l’Authenticité n’a pu être respecté que par la loi. Voyons les effets aujourd’hui après le démantèlement de la loi, les Congolais retournent sous le paradigme du Christianisme en reprenant des prénoms chrétiens.

Le manque de pouvoir sur le plan familial ferait l’objet d’une étude particulière. Soulignons seulement que de nos jours, il devient presqu’impossible de maintenir une vie de famille saine entre un Homme et une Femme noires. Les conditions de fonctionnement d’une famille étant en grande parte influencés, voire dictées de l’extérieur par le Système de la «Suprématie Blanche», qu’on appelle couramment le Racisme. Le père de la plus petite organisation sociale, la famille, a perdu son rôle Chef, dans un environnement qui longtemps efféminât l’homme noir. La plus part de temps chômeur, il ne peut plus se faire respecter par sa femme ou ses enfants.

On voit donc qu’à tout degré nous avons perdu l’autorité, élément indispensable pour mettre en place un autre paradigme culturel. De penser sur les vrai problèmes de société. Conséquence : on vit comme s’il n’avait pas un problème à résoudre, alors qu’on subit toutes les pressions de l’impérialisme Occidental.

Le mouvement progressiste Panafricain doit se rendre a l’évidence que la civilisation dominante (aujourd’hui les Indo-Européens), impose toujours sa culture au reste de la planète. C’est ainsi que, même si cela nous gêne, 99 pour 100 des Noirs imiteront les Blancs et continueront a épouser leur culture, tant qu’une autorité Afrocentrque ne viendra pas imposer le contraire. L’adhésion volontaire sur le seul principe du «good will» restera difficile, sinon impossible. Ceci explique le fait que une assemblée pour commémorer un grand savant comme Cheick Anta Diop ne fait pas le plein, les gens étant distraits par les média occidentaux.

Le mouvement progressiste Panafricain a besoin des terrains d’expérimentation. Certaines régions propices à ce paradigme peuvent aider à l’appliquer. Pour l’heure, aucun pays n’y adhère. C’est lointain les temps où les progressistes Africains pouvaient trouver refuge au Ghana de Nkwame Nkrumah, ou la Tanzanie de Nyeréré.

Par contre, des îlots de zones des «esclaves» affranchis pourraient servir de tel refuges, de terrains d’expérimentation de la Maat. Et si c’est des régions comme le Sawa ?

Agenda Panafricain

Cela fait plus d’un demi-siècle que Cheikh Anta Diop a réveillé la conscience Noire en déterrant la véritable Historiographie Africaine. Le plus grand impact est que dorénavant l’Africain comprend que la domination (esclavage, colonisation) exercée par les Blancs n’a aucun fondement moral. Non seulement ceux-ci ne nous apportent rien, mais ils ont détruits notre civilisation et continuent à empêcher toute nouvelle éclosion. Il devient donc clair, qu’avec l’intrusion des Hyksos et leurs descendants, l’Africain ne vit plus sa civilisation, étant soumis, depuis des siècles sous la domination d’un pourvoir cabaliste, des gens qui eux même se représentent sous des formes lugubres et diaboliques: Illuminati, Satanisme, Skin Heads, Skull & Bones, KKK.

Ces derniers ne définissent pas l’Afrique comme une Terre appartenant aux Africains, et ne nous laisserons pas tranquilles, leur obsession de dominer le Monde entier empêchant tout dialogue civilisé avec eux.

50 années d’une indépendance dupe, le Noir Africain et toute sa descendance de la Diaspora, doit se battre pour reprendre son destin. L’Etat Postcolonial a prouvé sa faillite. Non seulement il est un frein pour la Renaissance Africaine, il n’entreprendra rien pour la mise en oeuvre de ce projet de société.

C’est le mouvement Afrocentrique (très actif dans la Diaspora Noire, surtout aux USA) qui favorisera le réveil du Panafricanisme.

Théophile Obenga, l’un des pionniers de l’Historiographie Africaine a développé un agenda pour la Renaissance Africaine, que nous résumons comme suit :
2005-2015 : Renaissance et intense conscientisation des Africains.
2015-2030 : Grands projets et financements.
2030-2050 : Penser un Etat Fédéral d’Afrique.
2100 L’Exploration spatiale africaine.

Dans cette phase de conscientisation, que fait l’Etat Postcolonial? Si l’Africain peut s’organiser sous quelque forme que ce soit, pour aider à conscientiser les populations, et si l’ethnie est la meilleure plateforme pour véhiculer le message …..


Conclusion

Tout ce que nous disons plus haut n’est pas nouveau. Le Grand Sawa existe depuis le lancement du Ngondo, qui était d’ailleurs une manifestation de la création de cette grande communauté. Les responsables de cette institution le savent; il n’ya donc pas lieu de se battre pour ce projet, il faut tout simplement le réactiver. Et c’est ici que le phénomène du «manque d’Autorité» intervient. On sait ce qu’il y a à faire, mais on ne peut pas l’implémenter. Les ennemis de l ‘Afrique étant aux aguets, noient tout effort dans l’œuf; la paresse, l’inertie, font le reste. C’est le statu quo.

Devons-nous attendre «La République», la grande muette, Collabo de l’Impérialisme Blanc, pour allumer la flamme qui nous mènera à l’Etat Fédéral Panafricain? Qu’est ce qui garde la flamme de la Culture Noire, réminiscence de l’Egypte antique? Le Voodoo, la danse, la langue, la cosmogonie, la religiosité (Nyambeisme) tous des éléments de la Civilisation Kamite, dont la flamme n’est maintenue que par les ethnies, telles que le Yoruba, les Ibos, le Sawa.

Cette plateforme, à laquelle nous avons donné un nom générique «pleuplesawa», pour promouvoir la culture du Grand Sawa, est tout aussi engagée pour la Renaissance du Monde Noir.

Nous faisons notre, le but énoncé par le doyen Obenga dans cette phase de grande conscientisation :
Cette phase clé est celle de la conscientisation africaine visant à construire une nouvelle élite habitée par l’idéal de la Renaissance. Répandre cette idée, mobiliser les ressources humaines du continent et des diasporas, susciter un éveil, un électro-choc collectif, favoriser l’émergence d’une nouvelle culture panafricaine de l’espoir, construire des réseaux relationnels pour aboutir à un Congrès Mondial Panafricain. Cette phase est celle de l’ancrage profond dans les mentalités de l’idéal, du paradigme de la Renaissance africaine
.

Références

POUR EN FINIR AVEC NOS ETHNIES (Hougan Akounaatona)

La Sawanité (rubrique de peuplesawa.com)
Le Ngondo (rubrique de peuplesawa.com)
Le Paradis Tabou - Autopsie d´une culture assassinée - Ebele Wei ( Valère EPEE)


Metusala Dikobe
peuplesawa.com
27.01.2007
 

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