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20.03.2007

MUSIQUE - Revue de Presse 

Sa dernière galette musicale comporte une dizaine de titres, le chef de Bonebanda (Bonaberi) démontre qu’il demeure un musicien inoxydable.

On ne l’avait plus vu sur les feux de la rampe. L’homme aux lunettes noires, auteur d’une magnifique carrière musicale et d’une quinzaine d’albums discographiques, avait fini par se faire oublier par de nombreux mélomanes. Depuis quelque temps, Bell’A Njoh, qualifié dans son milieu naturel à Bonaberi de chanteur inoxydable, a refait surface. Avec dans les bacs, un album musical qui marche bien. “ Ma musique est traversée par une thématique générale qui tourne autour du train-train quotidien ; la vie telle qu’on la vit tous les jours. Je parle de nous tous et je donne des conseils. En plus d’être le fruit d’un dur labeur, le nouvel album qui est en ce moment sur le marché, se démarque par des chansons endiablées”. Le chef de Bonebanda fait partie de la race des artistes dont le talent excelle dans le Makossa pur de vieille souche. Bell’A Njoh a un pas de danse alerte, cadencé et séduisant. En plus de son talent vif et naturel, l’artiste place les sentiments en bonne place dans ses compositions ; il se montre percutant dans tous les rythmes. “ En dehors du Makossa, je vois clair dans les slows… Je suis assez sentimental ”, se félicite-t-il.
Bell’A Njoh écrit ses textes en fonction des doléances, des attentes et du désir des amoureux de sa musique. Les mélomanes, mêmes les plus exigeants, trouvent leur compte dans son nouvel album. Envoûtantes et chargées d’émotion, les neuf chansons, convergent vers des rythmes ensoleillés, graves et intimes. Il chante “ Bobe ” pour dénoncer le mal qui est fait à quelqu’un, au frère ou à un ami. “ Tu es belle ” célèbre la beauté
d’une dame, malgré “ son sale caractère ”. Elle reste à jamais une belle fleur à cueillir. On prend également assez de plaisir en écoutant “ Ton amour me tue ”, la chanson fétiche de son disque, en souvenir d’une âme sœur. “ La femme dont il est question n’est autre que mon ex-épouse. Malgré tout le degré d’amour que je lui portais, elle est partie. Chaque fois, lorsqu’au levé du jour, je regarde sa photo qui est restée collée dans la chambre, je pense que son amour me tue ”. Le chevauchement des sons, des paroles et des instruments, permet une écoute agréable à l’oreille. L’album est complet dans les harmonies, la mélodie et les musiques.

Contrefaçon et piraterie

Rehaussé au niveau de la réalisation et de la production par Moussa Haïssam, l’opus a été enregistré dans le studio “ Africa-Tone- Bali ”. Il est d’un niveau technique très élevé, pour avoir bénéficié de l’expertise d’une ressource humaine pertinente. La qualité du travail est rayonnante, grâce au doigté de Nkono Teles, le responsable de la prise de son, la programmation Batterie et les arrangements. A l’instar de tous les produits discographiques prisés dans les bacs à musique, celui de Bell’A Njoh n’échappe pas à la contrefaçon et à la piraterie. “ De nombreux stocks de mes supports, se baladent sur le marché, à ciel ouvert. Les spécialistes de l’art des compilations se font du beurre sur notre travail. Dans tous les coins et recoins du pays, on retrouve dans le même disque, un foisonnement de chansons phares des artistes différents, à qui on n’a même pas demandé leur avis. Si le gouvernement ne fait rien pour anéantir cette épidémie qui est aussi grave que le Vih/Sida, nous allons tous crever comme des mouches en sursis ”.

Par S.O.


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Musique : Un Apolo sur la planète Fusion

Le bassiste camerounais place son deuxième album sur les latitudes du jazz fusion.
Roger A. Taakam

Il y a, chez cet artiste au talent naissant, quelque chose de Rido Bayonne, ce jazzman d´origine congolaise qui fait aujourd´hui office de grande figure du jazz fusion. Pourtant, Apolo Bass, lui, se réclame de la lignée des Charly Parker, Manu Dibango, Stanley Clarke, Wes Mongomery, Vicky Edimo, George Benson et autre Michel Alibo, qu´il qualifie comme ses véritables inspirateurs. De ce cocktail de diversité multiculturelle est née une musique transversale aux confins du classique et du contemporain. Un mélange étonnant de rythmes afro-caribéeens qui a donné naissance à ce qu´il appelle lui-même " Afro jazz fusion ".
Le principe : batterie et cymbales sonnantes, percussions cadencées et guitares chaloupées pour soutenir une armature musicale puissante et souple, au dessus de laquelle plane la basse agressive d´Apolo et, quelques fois, des échappées survoltées de saxo sur des airs de Manu Dibango. Le reste est une question de feeling et d´époque. Car le style est au confluent du blues lointain et du groove, lui-même contemporain à l´émergence de nouveaux styles dont est porteur justement le mouvement de la fusion.

Ici, la musique apparaît brodée de cette diversité où le beat du makossa, le tempo du funk et des accents reggæ rejoignent l´artiste dans un cocktail mélodieux d´une étonnante sagacité. Comparativement au premier album sorti en 2004, ce dernier opus confirme la montée en puissance de Apolo Bass dans le cercle très sélect des bassistes camerounais de jazz, où il a le malheur ou la chance, c´est selon, d´être entouré essentiellement de virtuoses.
C´est vrai que si l´on dépouillait ce second album de tous ses accents jazzy, il resterait simplement un album de Makossa, et un arrière goût de be-bop si caractéristique de l´époque de Charly Parker. Vu ainsi, cet opus serait alors largement redevable à Manu Dibango autant dans la forme que le fond. D´ailleurs l´auteur ne s´en cacherait pas, qui a rendu un hommage appuyé au saxophoniste par une reprise du titre " Oh Koh ". Ici, la célèbre chanson de Manu Dibango est revisitée guitare hurlante avec, ce saxo alto qu´on lui connaît et, cerise sur le gâteau, des relances plus douces où des nappes de piano redonnent au vieux tube des allures d´une savoureuse sérénade.
Dans cet album, le chant est rare. En dehors d´une chanson que Maïte Almagro anime de sa voix catalane, l´oeuvre d´Apolo Bass est toute dédiée aux orchestrations symphoniques (d´ailleurs si caractéristique du jazz), sauf qu´il reste difficile d´apprécier les talents de compositeur de l´artiste qui gagnerait à mieux canaliser la fureur de son instrument pour donner force au rythme. Au jazz. Et que prenne corps la fusion.
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Musique : A quel studio d´enregistrement se vouer?
Les structures sont rares à Yaoundé et prolifèrent à Douala, la qualité en moins.
Dippah Kayessé

Question à mille sous : combien de studios d´enregistrement compte la ville de Douala? Bien malin qui donnerait une réponse à cette énigme, au regard de la très forte prolifération de ces maisons dans la capitale économique. Au jour d´aujourd´hui, hormis les maisons connues comme le studio Makassi en plein cœur d´Akwa, ou le très équipé Africatone logé au quartier Bali et appartenant à David Mengue Ela, c´est sensiblement chaque quartier qui abrite un studio d´enregistrement musical. Pour la qualité, revenez plus tard !. "Ceci s´explique par la déferlante de l´outil informatique et de ses accessoires dans notre société. Pour certains, il suffirait d´avoir un ordinateur et deux hauts parleurs pour prétendre enregistrer des albums", regrette Sam Fan Thomas, artiste musicien de renom et propriétaire du célèbre studio Makassi.

"Il ne faut point confondre Room studio avec studio d´enregistrement dont les investissements remontent parfois à des centaines de millions de nos francs", renchérit Télesphore Nkono, alias Nkono Téles, propriétaire du studio d´enregistrement Nkono digital qu´il a créé en 1997. Pour l´un comme pour l´autre, un studio d´enregistrement, c´est avant tout les techniciens et le matériel, pour une production optimale du son.
Avant 1990, année au cours de laquelle Sam Fan Thomas ouvre le studio d´enregistrement, Makassi, à Douala, seul un studio faisait tant bien que mal dans l´enregistrement des disques, le studio Doo Bell situé au quartier Bonakouamouang. Depuis lors, les studios poussent tels des champignons. Joly Priso, artiste musicien, vient ainsi d´emboîter le pas à son aîné Sam Fan Thomas en ouvrant tout récemment le sien, Pryz´oj studio, au quartier Bessengué- Deido. Toutefois, un petit tour fait dans ces studios laisse apparaître de grandes différences sur leurs installations et équipements.

Si Aubain Sandio et Paul Banlog, co-propriétaire du studio Méga-X digital créé en 2002, occupent un grand espace, beaucoup d´autres sont logés dans de sortes de trous de souris. "C´est autant de choses qui, parfois, n´inspirent pas confiance ; et nous sommes obligés d´aller enregistrer nos œuvres en Europe", explique Belka Tobis, artiste musicien. "Nous ne visons uniquement pas le marché camerounais ce qui nous oblige à aller à la rencontre des ingénieurs européens pour d´autres rythmes", poursuit-il.
Quant à Nadia Ewandè, auteur de deux albums à succès sur le marché de la discographie, elle avoue commencer son travail sur place pour l´achever en Europe. "Le problème ce n´est pas tellement les locaux ou les appareils, mais les techniciens ne sont toujours pas qualifiés", déclare l´artiste rencontrée hier au studio Méga-X digital dont l´un des propriétaires, Paul Balong, est un des rares ingénieurs de son locaux diplômé d´une école en France.

Expatriation
Il n´est d´ailleurs pas rare de voir les artistes musiciens camerounais basés en Europe solliciter le concours de son studio pour l´enregistrement des disques. "Actuellement, nous avons sous la main les travaux de Ange Bagnia et Isaac Decca. Récemment, nous avons été sollicités par l´Antillais Mozes venu de Paris", poursuit Aubain Sandio. Aujourd´hui, disent-ils, de nombreux propriétaires de studios d´enregistrement à Douala profitent de leur carte de visite d´instrumentalistes pour investir le milieu et se faire appeler ingénieurs de sons.
Si la spécificité des studios d´enregistrement reste difficilement perceptible, il faut reconnaître que ceux-ci offrent néanmoins de nombreux services. "Outre l´enregistrement, nous faisons de la production visuelle dont les clips, des spots radio et Tv, des publi-reportage…", explique Guy Thierry Alima, promoteur du studio d´enregistrement Jowice à Akwa. Pour ces promoteurs de studios, la grille des prix d´enregistrement dépend du type de musique, du nombre de morceaux, de musiciens sollicités… "Toujours est-il que c´est largement moins coûteux qu´en France", indique, par exemple, l´artiste musicien Joe Etondey.

Et, c´est toujours avec une certaine fiert que chaque promoteur de studio dévoile la liste d´artistes reçus dans ses locaux. Sam Fan Thomas se vante ainsi avoir vu passer "tous les artistes camerounais à l´exception de Manu Dibango et de Richard Bona". Nkono Téles, lui, revendique à son tour, Samy Diko, Petit Pays, Papillon, Longué Longué, Joe Masso… comme des trophées de guerre. Pour les promoteurs de studio d´enregistrement, il s´agit en effet d´une activité qui compte ; même si, prétextent-ils, elle ne nourrit pas son homme. La preuve, soutiennent les promoteurs, l´activité ploie sous le poids de nombreuses difficultés, à l´instar de l´absence de personnel qualifié, de la piraterie des œuvres et du coût de plus en plus élevé du matériel.
Ce qui justifierait d´ailleurs, contrairement à la ville de Douala, que les studios d´enregistrement soient de moins en moins visibles dans une ville comme Yaoundé, qui concentre pourtant une bonne partie de la communauté artistique camerounaise. "Pour le moment, reconnaît l´artiste Ama Pierrot, "seul le studio Malaboka situé au quartier Biyem-Assi et appartenant à Dieudonné Noubissi, offre des garanties de qualité. Tout les autres sont sous-équipés ou ont simplement fermé les portes. Raison pour laquelle, à défaut de se rendre en Europe, la ville de Douala est devenue la capitale de l´industrie musicale"

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Queen Etémé : Dame de chœur et de coeur

L’ancienne choriste de Manu Dibango présente son premier album solo au Cameroun.
Jules Romuald Nkonlak
Dans sa voix, on sent de l’enthousiasme. Pourtant, ce soir, Queen Etémé ne chante pas. Elle parle de ce séjour au Cameroun qu’elle semble tant apprécier, de cette séance de travail qu’elle a eu quelque temps plus tôt avec une chorale de la ville de Yaoundé, et qui l’a convaincue qu’elle était issue d’un pays de musique. Je viens d’une master class de voix avec les membres de la chorale de Mvolyé. J’ai eu un coup de cœur pour cette chorale et c’est la preuve que le Cameroun c’est vivier. Ça a vraiment été une séance de travail intéressante, il y a eu un réel échange."

Et si on se rappelle que pour Queen Etémé, reconnue aujourd’hui comme l’une des meilleures voix de la musique camerounaise sur la scène parisienne, le gospel a été une école, l’on comprend encore mieux son émotion à la suite de sa rencontre avec les choristes de Mvolyé, mais aussi son espoir quant à la relève. La chanteuse poursuit d’ailleurs : "Il y a beaucoup de jeunes musiciens qui n’ont pas la chance d’aller se perfectionner en Europe. Il faut que les autres puissent bénéficier de notre expérience. J’envisage donc d’autres projets de master class de voix au Cameroun".
La première expérience, celle de cette semaine à Yaoundé, est sans doute pour l’artiste l’un des moments forts de son actuel séjour au Cameroun. Elle en profite aussi d’ailleurs pour évoquer, entre deux autres occupations, l’album Soki, son premier produit en solo, sorti en 2003 en France, mais non encore véritablement connu sur la terre de ses ancêtres. La raison cette carrière internationale sans répit que lui vaut le talent acquis dans les groupes de gospel et dans les studios, auprès d’aînés comme Ismael Lô, Gino Sitson, Jay Lou Ava, Donny Elwood, etc.

Pour eux, elle a usé de ses cordes vocales, tout en glanant, au fil des jours, cette expérience qui lui a permis de grandir. L’un de ces aînés, surtout, Manu Dibango, reste un arrêt décisif dans sa carrière. Queen Etémé a en effet été, pendant des années choriste du célèbre saxophoniste camerounais dans le Soul Makossa Gang. Elle reconnaît aujourd’hui y a voir appris des valeurs d’exigence et acquis une reconnaissance internationale. Et comme de bien entendu, le grand Manu a bien voulu lui donner un coup de pouce pour son album Soki, tout comme d’autres Camerounais à l’instar d’Hervé Lebongo, d’Obam Obianga Zoé, pianiste, chef de chœur et professeur de musique, qui s’est occupé des arrangements ; de Valérie Belinga, également.
Soki, qui signifie "Et si… ", est un album qui transmet un message d’amour, de paix, d’amitié. "La vie est un cadeau pour tous. L’amour est une valeur pour l’Afrique.

Tant qu’on ne l’aura pas compris, on ne pourra pas l’exiger des autres. Je parle de l’esclavage, des guerres tribales, de l’unité de l’Afrique, de la vie au quotidien", indique-t-elle. L’essentiel des chansons est exécuté en lingala, langue du Congo, et Queen Etémé, polyglotte et panafricaniste, indique n’avoir suivi que l’inspiration du moment, que la voix qui lui venait de Dieu.
Cet album que les auditeurs camerounais ont déjà pu écouter à travers divers programmes radiophoniques ces derniers jours, ils le pourront le vivre de façon plus directe lors du concert programmé au Centre culturel français de Yaoundé le 12 octobre 2007. Avant de passer à autre chose, un nouvel album que la diva annonce pour l’année en cours et qu’elle espère "aussi bien, sinon mieux que Soki". Pour le plus grand bonheur de ce public, de cette Afrique qu’elle tien tant à cœur.
 

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