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24.01.2007
LIMBE: NAUFRAGE, Près de 60 (soixante) disparus
“ The Lord is my shepherd n°2 ” (Le Seigneur est mon berger n°2) parti du lieu dit Tiko customs beach ce samedi 2 février à 8 heures n’arrivera jamais à destination, à Atabong au Nigeria. Avec à son bord une soixantaine de passagers (dont vingt officiellement enregistrés), un équipage de neuf personnes et de nombreuses marchandises (noix de kola, petites crevettes sèches, tapioca…), l’embarcation a chaviré aux larges de Mbimbia, près de Limbe en allant vers Bakassi. Après quinze heures (il était 23 heures, selon des témoignages) de navigation. Jusqu’en début d’après-midi d’hier, seules sept personnes – des membres de l’équipage (Sunny, Eyobio, Eteyenebis, Ekpe, Arttlasy, Tomy et Popular) – avaient été retrouvées vivantes. Vingt-et-une dépouilles mortelles avaient déjà, selon des sources officielles, été repêchées. Le navire avait reçu (vendredi 2 février) le quitus de la surveillance du territoire (police des frontières), de la marine marchande, du capitaine et propriétaire de la pirogue Franck Udoh (il n’était pas du voyage), et du bureau des douanes de Tiko. “ Les trois manifestes du voyage – passagers, équipage et bagages – étaient conformes aux exigences du trafic maritime ”, déclare le chef du bureau des douanes. “ La charge s’est augmentée au fur et à mesure que cette pirogue s’arrêtait dans les villages de pêcheurs. Près d’une quarantaine de passagers et de nombreuses marchandises auraient ainsi embarqué dans des pêcheries. L’équipage a carrément fait le ramassage de passagers clandestins et marchandises non déclarées ”, a révélé un membre rescapé de l’équipage.
Surcharge excessive La surcharge excessive des passagers et marchandises serait à l’origine de ce naufrage. Une thèse soutenue par des éléments de la surveillance du territoire et des douaniers. “ Selon des rescapés avec qui nous nous sommes entretenus, il y a eu plusieurs vagues de près de trois mètres de hauteur en pleine nuit. En haute mer. Elles ont soulevé l’avant de la pirogue ; l’arrière était dans l’eau. Les matelots ont manœuvré au point de stabiliser le petit navire. Mais, après cette stabilisation, les moteurs se sont arrêtés. La pirogue a coulé, l’eau les a ensevelis ”, explique un douanier. Un marin en service à la base militaire de Tiko, près du lieu d’embarcation, pense que le pire ne serait pas arrivé si l’équipage avait prévu des gilets de sauvetage pour les passagers. “ En cas de naufrage, si les passagers ont des gilets de sauvetage, ils peuvent flotter sur l’eau, même pendant quarante-huit heures ”, explique-t-il. Les corps des victimes ont été inhumés à Mabetha près Limbe. Selon la tradition qui veut que les victimes d’un naufrage soient enterrées à proximité du lieu de naufrage, moins de douze heures après les repêchages des corps. Au moment où nous allions sous presses, la commission de crise (présidée par le préfet du Fako) créée après ce sinistre, était en conclave à Limbe.
Personnes enregistrées sur les manifestes du voyage I – Manifeste de passagers Rosa Nison, Mathew Udoh, Mado Mukete, Esther Edet, Tom Edet, Anna Bensamwe, Paul Arrey, Bassey Paul, Ekite Odiong, Victor Ibrahim, Inna Bassey, Essut David, Grâce Udoh, Issae Ikong, Rose Anthony, Marie Owona, Comfort Edem, Ephraim Okon, Elizabeth Ngandeh, Awountou Moussa.
II – Manifeste de l’équipage Eyobio, Eteyenebis, Etete, Sunny, Etinwa, Ekpe, Arttlasy, Tomy, Popular N.B. : Sur les manifestes, il est précisé que toutes les personnes ci-dessus sont de nationalité nigériane.
Par Honoré FOIMOUKOM Le 06-02-2007 Le Messager
Témoignage “ Je crois que ce naufrage est mystérieux ” Rescapé du sinistre, ce membre de l’équipage dit revenir de très loin.
Que s’est-il réellement passé ? J’avoue que je ne peux pas logiquement expliquer ce naufrage. Il est survenu à la suite d’une attaque des vagues. Et, je peux vous dire, nous ne sommes pas en période où les vagues sont nombreuses. Je voyage depuis plusieurs années entre le Cameroun et le Nigeria, par voie maritime. En février, et surtout dans la nuit, les eaux sont calmes. Nous ne comprenons pas comment nous avons subitement fait face à de grandes vagues de plus de trois mètres de hauteur. Je crois sincèrement que ce naufrage est mystique. Il ne s’explique pas. Notre navire était en très bon état. Nous avions procédé à toutes les vérifications avant d’entamer le voyage. Je suis confus. Les autres membres de l’équipage rescapés comme moi n’en reviennent pas aussi. Nous ne comprenons vraiment rien.
Comment vous êtes-vous sauvé ? Quand les vagues ont soulevé le navire aux larges de Mbimbia, j’étais en train de manger. Les secousses finies, le navire s’est stabilisé et les trois moteurs ont cessé de fonctionner. Nous avons été engloutis par les eaux. J’ai nagé et, en même temps, d’autres vagues m’ont propulsé vers les berges. Il faut le dire, j’ai beaucoup nagé et j’ai été bien chanceux.
Combien de personnes y avait-il dans ce petit navire ? Consultez les manifestes de passagers et de l’équipage. Vous saurez combien de personnes étaient à bord. Il y a aussi un manifeste pour les marchandises et autres bagages… En fait, je ne suis pas la personne habileté à répondre à cette question. Allez voir le capitaine et propriétaire de notre navire (ndlr : informé de ce sinistre, le capitaine et propriétaire, Franck Udoh est entré dans le coma, et est interné dans un centre hospitalier de Tiko).
On parle de ramassage dans les pêcheries d’où le surcharge de l’embarcation… Je ne voudrais pas répondre pas à cette question. Maintenant, sachez que nous nous arrêtons dans diverses pêcheries pour le ravitaillement et le transport des marchandises et des passagers. Parler de surcharge, je ne pense pas. Parce que la charge du navire était même petite par rapport à ce que nous transportons souvent.
Par Entretien mené à Tiko par Honoré FOIMOUKOM Le 06-02-2007
======================== Le nombre des victimes, qui varie entre 21 et 60 morts selon les sources, reste un sujet de controverse.
Lazare Kolyang Mutations
Une embarcation de fortune partie de Tiko dans la province du Sud-Ouest à destination de la localité de Oron à l’Est du Nigeria a sombré dans les eaux au niveau de Mufetta non loin de la cité balnéaire de Limbé dans la nuit de samedi, 03 février dernier. Selon des informations recueillies auprès de certaines sources à Tiko et à Limbé, l’accident aurait causé la mort de 21 personnes. Certains corps repêchés, dont quelques-uns dans un état de décomposition avancée, ont déjà été enterrés. Individuellement, selon certaines sources, dans une fosse commune, déclarent d’autres. Mais d’après un confrère d’une radio privée basée à Douala dépêché à Tiko, qui cite le chargeur de l’embarcation (qui n’était pas du voyage), le manifeste du chargement fait mention de 21 passagers (des commerçants camerounais et nigérians) officiellement déclarés au départ, mais il y aurait plus de 50 personnes à bord de cette barque qui a quitté Tiko dans la nuit de samedi dernier.
"Les chiffres ne prennent pas en compte les enfants, car il y en avait aussi beaucoup ", témoigne Simone Atem, une rescapée de nationalité nigériane actuellement internée à Oben Clinic de Tiko, de même que sa sœur jumelle, Simone Grâce. L’une des rescapées présente par ailleurs des brûlures au niveau du ventre. Les deux survivantes n’ont eu la vie sauve, rapportent-elles, qu’après s’être accrochées à un bidon pour l’une, et à un sac de crevettes pour l’autre. En plus de ces deux survivantes, d’autres rescapés auraient aussi été recueillis à Limbé. Sur les causes du naufrage, les témoignages convergent sur certains faits. Les trois moteurs de cette embarcation, qui était apparemment en surcharge, se seraient brusquement arrêtés. Entraînant un certain déséquilibre de l’embarcation. Conséquence : les mouvements des vagues ont fait basculer l’engin qui a pris de l’eau.
L’accident de Limbé arrive après celui survenu à Kribi, il y a environ un an, dans la nuit du 21 au 22 mars 2006. Ce jour-là, une embarcation en provenance cette fois du port d´Oron au Nigeria, et qui se rendait à Port-Gentil au Gabon, a chaviré. Selon les 23 rescapés de ce naufrage, l´embarcation était une fois de plus surchargée. Elle avait à son bord près de 150 passagers de nationalités malienne, burkinabé, béninoise et nigériane. Le bilan fut assez lourd et faisait état de plus de 100 disparus. Ces dernières années, les naufrages se sont même multipliés aux larges des côtes camerounaises. En juin 2005 déjà, il y a eu le naufrage de " Cotonou ", une embarcation béninoise, du côté de Campo, à quelque 75 kilomètres de la ville de Kribi. Le naufrage avait alors fait 46 morts sur les 80 personnes que comptait l´embarcation. Quelques jours plus tard malheureusement, une autre embarcation, toujours en provenance d´Oron, avait fait naufrage. C´était le 12 juillet 2005. Heureusement, les 161 personnes, toutes originaires d´Afrique de l´Ouest, ont eu la vie sauve grâce aux éléments de la marine camerounaise en patrouille en haute mer ce jour-là.
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