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08.02.2007
Christian Essawe Eyobo: Les Camerounais ont 230 milliards Fcfa à gagner
Le directeur de la promotion de la Ccima parle de l’implication des entreprises camerounaises dans le projet d’extension de l’usine d’Alucam. Propos recueillis par Brice R. Mbodiam ---------------------
La Chambre de Commerce est l’interface entre le groupe [canadien] Alcan [chargé de la réalisation de ses travaux] et les entreprises camerounaises dans le projet d’extension de l’usine d’Alucam. Quel est l’objectif visé par la rencontre que vous venez d’organiser avec les entrepreneurs camerounais de Yaoundé?
L’objectif de la rencontre est de sensibiliser les entreprises de la province du Centre. Nous avions invité 228 entreprises. Malheureusement, nous n’avons pas obtenu le nombre souhaité. Mais néanmoins, nous allons commencer à les sensibiliser maintenant quant aux grands enjeux du projet. Le gouvernement réserve un minimum de 30%, c’est-à-dire environ 230 milliards de Fcfa dans les différents travaux qui vont être développés à Edea et à Natchigal, aux entreprises camerounaises. A condition que ces entreprises soient compétitives. Car, très peu d’entreprises sont compétitives en l’état actuel. Mais, il est utile que d’ici à neuf mois, le maximum des Pme camerounaises soient ajustées sur les plans technique, organisationnel, managérial et financier. Voilà pourquoi nous sommes là. Nous allons continuer à déployer ce que nous avons déjà fait dans le Littoral.
De manière globale, on parle d’un programme d’action spécifique pour la remise à niveau des entreprises camerounaises. Concrètement, en quoi consistera ce programme?
Ce programme est un programme du gouvernement et d’Alcan. Et dans laquelle la chambre de Commerce a la maîtrise d’œuvre. C’est-à-dire que c’est elle qui va mettre en œuvre ce programme de renforcement des capacités, donc de mise à niveau. Sur le plan du management, nos entreprises doivent être mieux gérées. Sur le plan des capacités techniques installées, l’outil industriel est aujourd’hui assez vétuste. Il y a lieu de le moderniser. Au plan de l’organisation, les entreprises camerounaises doivent être compétitives. Voilà les trois axes de la mise à niveau des entreprises que la Chambre va mettre en œuvre.
Vous semblez reconnaître la faiblesse des entreprises camerounaises par rapport au niveau de compétitivité requis pour faire partie de ce projet, et vous avez semblé leur conseiller de se regrouper pour avoir plus de chance d’être retenu dans la short list…
Oui ! Ceci, parce que la faiblesse qui est la leur de nos jours est due d’abord à 25 ans de crise économique pendant lesquelles les entrepreneurs n’ont pas investi. La faiblesse est due également au fait que notre culture fait que nous avons tendance à nous replier sur nous-mêmes. Aujourd’hui, il faut changer de mentalité, et le regroupement est le processus proposé pour que les entreprises aient une taille physique minimum pour pouvoir être ajustées. J’ai fait la différence entre l’entrepreneur qui a deux ou trois brouettes et celui dont la taille de l’entreprise est ajustable. Donc, il y a lieu aujourd’hui de reconnaître et de faire un diagnostic clair, certes sévère, mais clair, que les Pme camerounaises demandent à être ajustées parce qu’elles sont structurellement faibles.
D’après les responsables d’Alcan, le projet va démarrer de façon effective dès le 1er trimestre de 2008. Pensez-vous que les entreprises camerounaises ont assez de temps par rapport à ce chronogramme pour se réajuster ? Il y a 6 mois pour la mise à niveau. Sur les trois plans : technique, managérial et organisationnel. Je pense que nous avons le temps. Nous manquons seulement de candidats à ce programme de mise à niveau. C’est pourquoi nous allons faire le tour de nos villes. On a commencé par Douala, nous sommes à Yaoundé aujourd’hui, et en fin de semaine nous serons dans le Sud-Ouest. Je pense que le message est bien compris ici, et il n’est pas question que les entreprises ne viennent pas. Nous avons confiance. 6 mois sont nécessaires pour déclencher cet ajustement et 4 ans seront nécessaires pour que même pendant que les entreprises sont impliquées dans les chantiers, elles se modernisent et elles s’ajustent.
Vous avez dit que la Chambre de commerce recevait déjà les dossiers des entreprises intéressées. Combien sont-elles actuellement, et dans quels secteurs œuvrent-elles ?
En septembre, nous avons reçu 357 dossiers, et aujourd’hui, il y a 156 entreprises réellement mobilisées. Dans le Centre nous avons reçu 28 dossiers, ce qui est largement insuffisant par rapport au potentiel. Donc, nous attendons certainement dans les prochains jours beaucoup d’entreprises qui vont venir s’inscrire. Parmi les candidats, on retrouve beaucoup d’entreprises du secteur de bâtiment et des travaux publics, du génie mécanique, c’est-à-dire la construction métallique et la fabrication mécanique, du secteur de l’électricité, etc
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