Commémoration : Une fondation pour le père Engelbert Mveng
12 ans après sa mort, les anciens élèves du collège le Sillon, fondé par le prêtre jésuite, veulent pérenniser son œuvre.
G-Laurentine Assiga
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Le 23 avril 2007 a marqué le douzième anniversaire de la mort tragique du père Engelbert Mveng. Pour la circonstance, l’Association des anciens élèves du collège le Sillon (2Acs) a organisé deux jours de manifestations en l’honneur de l’illustre théologien baptisés : " Les journées Engelbert Mveng ". Elles se sont achevées samedi 5 mai dernier par une conférence animée par l’un de ses étudiants et collaborateur, Pr. Jean Paul Messina, (vice-doyen de la faculté de théologie de l’université catholique d’Afrique centrale), à l’espace Petit tam-tam à Yaoundé.
En prélude à la conférence, le président de 2Acs, Stéphane Owono Eyenga, a annoncé la création d’une fondation en l’honneur du père Engelbert Mveng pour " pérenniser l’œuvre et le garder vivant ". Les bases de ce projet ont été lancées et " les âmes de bonne volonté sont invitées à s’associer à l’association et au ministère de la Culture qui approuve l’initiative ".
De la communication du Pr. Jean Paul Messina, l’on a appris que le père Engelbert Mveng était un homme " multidimensionnel ". Il était à la fois, prêtre, théologien, historien, archéologue, philosophe, écrivain, artiste, éducateur et homme de culture. La cérémonie commémorative de samedi a permis à la famille, aux amis, aux élèves, aux étudiants et aux admirateurs de revisiter l’homme et son œuvre.
En revenant sur le parcours de l’historien jésuite, le Pr. Jean Paul Messina a révélé que le fondateur de l’association religieuse " Les béatitudes " était un pionnier amoureux du culte de l’excellence dans l’enseignement. " Le père Engelbert Mveng est l’inventeur des cours de vacances au Cameroun. Il disait que si le Cameroun a besoin de jeunes pour la construction nationale, parce que c’était l’enjeu, il avait aussi besoin de jeunes filles. Il était celui-là qui enseignait aux étudiants camerounais de France à retourner au pays après les études ", a confié l’enseignant dans son propos.
L’oeuvre
Il garde du créateur du logo de l’université de Yaoundé, le souvenir d’un homme rigoureux. La rectitude morale, l’honnêteté et l’amour du travail bien fait étaient des valeurs incontournables dans l’éducation, pour le regretté défunt. Lorsqu’il créé le Mouvement des intellectuels chrétiens d’Afrique (Mica), ce souci l’anime d’après les témoignages. " L’association avait pour but de permettre aux intellectuels africains de garder des valeurs dans un monde pollué par la corruption. L’honnêteté intellectuelle était la valeur supérieure qu’il inculquait aux jeunes camerounais. Il a lancé une croisade contre le trafic d’influence, le commerce des notes et les abus sexuels contre les étudiantes à l’université de Yaoundé où il était enseignant ", indique le Pr. Jean Paul Messina.
Le père Engelbert Mveng entretenait le culte de l’effort et l’acceptation de soi en tant qu’unité à part. C’est dans cet esprit qu’il prend du recul par rapport à l’idéologie occidentale de l’histoire et milite pour une Afrique indépendante aussi bien politiquement, économiquement que culturellement. Il n’hésite pas à critiquer la colonisation et la main mise des Occidentaux sur le " moi " des Africains. L’auteur de "Théologie de la libération et cultures africaines", déclare, lors d’une conférence à Lagos en 1977, que "Il ne faut pas oublier que la marche de l’histoire ne va pas toute seule, et que d’autre part, la libération de l’Afrique, la promotion de notre civilisation, le progrès de l’Afrique ne sont pas pour réjouir le monde entier".
Au sein de l’Eglise catholique, le père Engelbert Mveng est reconnu pour être l’un des premiers à parler de l’inculturation. Avant sa mort, il organise le colloque sur "Moïse l’Africain" en 1995. Il laisse un important patrimoine artistique et littéraire. Il est l’auteur de 20 ouvrages dont le recueil de poème " Balafon " inscrit au programme scolaire pour les classes de première. Il a également réalisé plusieurs fresques dont celles du monument de la Réunification. Des peintures de sa main reposent encore à l’église Holly Angels de Chicago, entre autres. Son crime reste à ce jour non élucidé.
Mutations
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Vers une fondation Engelbert Mveng Face à l’abandon de l’héritage du regretté père jésuite assassiné en 1995, ses fils spirituels s’organisent pour la mise en place d’une fondation qui portera son nom.
Le père Engelbert Mveng, prêtre de la Compagnie de Jésus (Jésuite), a été assassiné le 24 avril 1995. Pour marquer son souvenir, la jeune association des anciens du collège le Sillon Jeanne Amugu fondé par Engelbert Mveng en 1976, ont organisé les 4 et 5 mai derniers la première édition des journées Engelbert Mveng.
C’est dans l’enceinte du collège, basé au quartier Etam Bafia que tout a commencé. Fermé depuis presque 12 ans, après l’horrible assassinat du regretté prêtre jésuite, le collège a retrouvé vie. Sous les sons des tam-tams du groupe de danse Ekan Immortel, autrefois basé au collège le Sillon, les anciens de cet établissement, ont dansé et chanté. Stéphane Owono Eyenga, président de l’association des anciens du collège le Sillon, explique : “ Nous avons voulu faire du bruit. Un bruit positif. Ceci pour dire d’abord à notre cher père Engelbert Mveng que nous ne l’avons pas oublié. Ensuite nous avons voulu retrouver ces bâtiments du collège. C’était pour nous des moments de nostalgie ”.
Le lendemain, 5 mai 2007, c’est par le cimetière de Mvolyé où fut enterré le père Mveng que les activités se sont poursuivies. Les anciens du Sillon se sont recueillis sur la tombe, en compagnie des membres de la famille du père Engelbert Mveng dont ses nièces Philomène et Gertrude, et son frère Albert. L’abbé Apollinaire Tsoungui, le tout premier directeur du collège le Sillon, a conduit la méditation.
Mémoire vivante
Au centre culturel le petit Tam-tam où les activités se sont poursuivies, les anciens du collège le Sillon Jeanne Amugu ont écouté la conférence du Pr Jean Paul Messina, vice doyen de la faculté de théologie de l’Université catholique d’Afrique Centrale. Il est un pur produit intellectuel du père Engelbert Mveng. Son intervention a été centré sur “ l’œuvre d’éducation et formation du père Engelbert Mveng. ” Revisitant le parcours intellectuel du prêtre jésuite assassiné, le Pr Jean Paul Messina a affirmé que “ l’université camerounaise est en crise aujourd’hui avec tout ce qu’il y a comme marque d’éthique parce qu’il y a plus de repère. On triche, on vend les notes, on achète les places aux enfants dans les grandes écoles. Lorsque les Mveng, Jean Marc Ela, Fabien Eboussi Boulaga, Kange Ewane étaient là, l’université avait toute sa fierté parce que ces gens constituaient des repères. Ce sont des gens qui avaient une honnêteté qui ne supportaient pas le mensonge et le clientélisme politique tel qu’on le voit aujourd’hui. ”
Et c’est à ce niveau que la conscience de tous les participants à ces journées Engelbert Mveng s’est tourné vers la gestion de l’héritage de Mveng. On sait de manière officielle que c’est le père Damien Nkono actuel principal du collège Libermann de Douala qui a été désigné par la compagnie de Jésus pour assurer la gestion de cet héritage intellectuel et matériel. Mais en cette occasion c’est avec les larmes aux yeux que les anciens du collège le Sillon Jeanne Amugu ont constaté l’état de délabrement de l’ensemble des œuvres du regretté prêtre jésuite. Le collège le Sillon qui a formé un important nombre de cadre de ce pays reste fermé pour des raisons inexpliquées. Le musée Alioum Diop autrefois localisé à la Maison Saint François Xavier à Yaoundé a été démantelé, et sa riche bibliothèque d’histoire africaine jetée au vent. L’atelier Art Nègre spécialisé dans la confection des œuvres d’art religieux a disparu. Plus grave, le bâtiment construit par le père Mveng au village Nkol Afeme, dans la banlieue de Yaoundé et qui abrite la congrégation religieuse de la famille des Béatitudes dont il était le fondateur, est en ce moment en état de délabrement avancé. De plus, on ignore à ce jour qui recueille les droits d’auteurs des œuvres de l’esprit produit par Mveng.
Un projet de création d’une fondation Engelbert Mveng est né et sera formalisé dans les prochains mois. Son objectif consistera entre autres, “ à garder vivante les œuvres et la mémoire du RP Engelbert Mveng ”, précise Stéphane Owono Eyenga le président de l’association des anciens du collège le Sillon Jeanne Amugu.
Par Jean François CHANNON
Le 08-05-2007
Le Messager
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Qui a tué Le Père Engelbert Mveng?
Le 23 avril 1995, le petit village de Nkolfané (dans la banlieue ouest de Yaoundé) découvrait le corps du père jésuite Engelbert Mveng, étranglé, couché dans son lit face au plafond. Dans la nuit, des assassins, sans doute commandités, avaient fait leur triste besogne. Depuis lors, une épaisse nébuleuse entoure toujours cette affaire. Black-out total sur les auteurs, les commanditaires et les mobiles de ce "crime de professionnel". En fait, la disparition du père Mveng est aujourd´hui encore ressentie comme une perte monumentale pour l´Eglise catholique locale, le Cameroun et toute l´Afrique. Outre la prêtrise, le religieux était historien émérite, artiste distingué, théologien réputé et intellectuel intègre.
C´est à lui que l´on doit notamment la splendide mosaïque qui orne le cœur de la cathédrale Notre-Dame-des-Victoires à Yaoundé. Il est aussi auteur du recueil de poèmes Balafon où il réécrit l´histoire africaine, illustrant ainsi l´apport du continent noir à la civilisation universelle.
Comme historien et comme théologien, le père Mveng était un homme engagé, soucieux de restituer à sa manière la personnalité bafouée de l´Afrique. Il fut ainsi l´un des chantres les plus en vue de la théologie de la libération en Afrique. Internationalement reconnu pour son œuvre immense, on se demande qui pouvait avoir intérêt à le voir disparaître.
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Le matin du 23 avril 1995 le P. E. Mveng fut trouvé mort. Etranglé, couché dans son lit face au plafond, une profonde blessure à la tête. Un meurtre inexplicable, puisque rien n´avait été emporté de sa chambre.
Le P. Mveng éait né le 9 mai 1930 à Enam-Nkal, paroisse de Miniaba, de Jean Amougou et Barbe Ntolo. Études secondaires au Petit Séminaire de Yaoundé. Après une année au Grand Séminaire de Yaoundé, en 1951, il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus à Djuma (Rep. Dém. du Congo). Le 22.09.1953 il fit sa première profession. Études philosophiques à Eigenhoven (Belgique) et théologiques à Lyon (France). Ordonné prêtre en 1963. Poète, peintre, écrivain, enseignant d´histoire à l´Université de Yaoundé de 1965 à 1995.
«La riche personnalité du P. Mveng faisait de lui un jésuite aux qualités remar-quables dont la réputation avait depuis longtemps franchi les frontières du Cameroun et même celles du continent africain". Engagé dans le mouvement culturel de la Négritude, le P. Mveng fut un promoteur convaincu de la nécessité et de la possibilité d´un christianisme inculturé. «L´inculturation est probablement le problème-clé ainsi que le plus grand défi de la théologie africaine…".
«Le contexte socio-historique du processus de la conversion de l´Afrique à l´Eglise de Jésus Christ a connu maintes hypocrisies et soulève bien des questions qu´il est inutile d´éluder».
L´atelier d´art religieux fondé par le P. Mveng à Yaoundé se proposait de concrétiser l´inculturation et de reproduire des modèles d´ornements liturgiques puisant leur inspiration dans l´art africain. Parmi les œuvres artistiques du P. Mveng: les mosaïques de Notre Dame d´Afrique (basilique de Nazareth, Israël) et de N. D. des Victoires (cathédrale de Yaoundé; les tableaux de la chapelle du Collège Hekima (Nairobi).
Pendant plusieurs années il fut le secrétaire de l´Association œcuménique des Théologiens Africains (EATWOT). En présentant le livre des Actes de la Rencontre Panafricaine du Caire, il écrivait: «L´œcuménisme en Afrique doit aller au-delà de l´inventaire de nos traditions respectives, de la simple affirmation de nos vieilles identités. Nous sommes invités aujourd´hui à nous engager pour refaire l´unité visible de l´Eglise du Christ. Les Eglises d´Afrique, très dynamiques et efficientes dans les premiers siècles de la chrétienté, peuvent fournir encore une contribution irremplaçable dans l´édification de l´unité visible du Corps du Christ". A propos du rôle libérateur de la théologie, il souligna la force libératrice des Béatitudes. "La libération latino-américaine veut se libérer de l´impérialisme, du capitalisme du Nord… en Afrique la théologie de la libération pose la question de Dieu". En 1977 il fonda une association religieuse, la «Famille des Béatitudes», qui se heurta à plusieurs difficultés. Elle devait vivre le Message des Béatitudes, qui "proclament que les puissances et les agents de la mort qui nous assaillent tous les jours, la pauvreté, la faim, la soif, l´injustice, l´humiliation, le péché, la haine, la violence seront surmontés, vaincus et dépassés par l´amour". "Une des choses qui me font pleurer, je le dis tout haut, c´est que l´Afrique sacrifie chaque jour les meilleurs de ses enfants sous prétexte qu´un tel a dit qu´il n´est pas d´accord avec tel chef d´État. Je ne peux pas comprendre qu´on condamne un homme à mort pour ses opinions".
"Des voix coururent que l´assassinat du P. Mveng a été l´œuvre de "groupes mystiques´, pratiquant des cultes exotériques et se disputant le contrôle de l´apparat de l´Etat. Ils procèdent à l´élimination des intellectuels, des gens qui dérangent".
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WHO IS ENGELBERT MVENG ?
Jonathan Derrick reveals the following about him:
A native of Cameroon, the now-deceased (according to my source) Doctor Engelbert Mveng was a historian, author, artist and Catholic priest.
- Reverend Father Mveng was an accomplished and world-reknown scholar.
- Was born on May 9, 1930 in Enam-Ngal, in the Ntem Division of Cameroon.
- Attended mission and diocesan schools in Ebolowa and Yaounde between 1936 and 1948. Later on, he respectively attended attended and taught the seminary in Akono and Otele.
- Completed his training as a Jesuit novitiate in Congo-Kinshasa (formerly known as Congo-Belge, and Zaire. Now referred to as Republic Democratic of Congo) between 1951 and 1953. He then left for Europe in 1954 for studies in three (3) Licenses in Theology, Letters, Philosophy as well as a doctorate in philology from the University of Paris in 1964. Once he returned to Cameroon in 1965, he lectured in the Department of History at the University of Yaounde and rose to the Head of Department level on several occasions. He served as the country´s Director of Cultural Affairs and won several prizes for his scholarly and artistic works. His various manuals and texts, such as "L´histoire du Cameroun" have been revised several times since 1963. The latest edition in the series on Cameroon history was published in 1984
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Publications d´Engelbert MVENG
Livres :
Mveng, Engelbert : Les Sources grecques de l´histoire négroafricaine, Paris, Présence Africaine.
Mveng, Engelbert & B.L. Lipawing. Théologie, libération et cultures africaines : dialogue sur l´anthropologie négro-africaine. C.L.E. ; Présence africaine, 1996.
Mveng, Engelbert & B.L. Lipawing. Théologie, libération et cultures africaines : dialogue sur l´anthropologie négro-africaine. C.L.E. ; Présence africaine, c1996.
Mveng, Engelbert. 1963. Histoire du Cameroun. Paris, France: Présence Africaine.
Livre biographique sur Engelbert MVENG
Engelbert Mveng - La plume et le pinceau un message pour l´Afrique du III ième millénaire (1930 - 1995) Jean-Paul Messina (Préface de Fabien Eboussi Boulaga postface de Jean - Roger Ndombi
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Article relayé de www.kametrenaissance.com
Le Rapport Afrique noire/Egypte Ancienne chez Engelbert MVENG
Analyse de SIM Mi NSONKON Rémy
Dans son ouvrage - L´Afrique dans l´Eglise : parole d´un croyant (1985, Harmattan, Paris), Mveng propose la création d´un Concile Négro-africain enraciné dans les religions d´Isis et d´Osiris de l´Egypte pharaonique. Dans le même document, il analyse la spiritualité négro-africaine :
La vie Consacrée Africaine
« La tradition africaine possède des formes de vie consacrée institutionnalisées: Elle sont mal connues, peu étudiées. Elles plongent leurs racines dans la plus haute antiquité. Leur modèle le plus ancien est le culte d´Isis et d´Osiris pratiqué depuis des temps immémoriaux dans l´Egypte pharaonique, et dont l´origine est authentiquement négro- africaine. Le mythe raconte qu´au commencement le Principe-Père, Geb (la Terre), et le Principe-Mère, Nut (le Ciel) s´unirent et mirent au monde quatre fils : deux garçons et deux filles. Les deux garçons étaient Osiris et Seth et les deux filles, Isis et Nephtys. Ces enfants formèrent deux couples, d´un coté Isis et Osiris, de l´autre Seth et Nephtys. Les premiers forment le couple du bien, de la lumière, de la vie, de l´amour ; les seconds forment le couple du mal, des ténèbres, de la mort, de la haine. Ces deux couples sont en perpétuel conflit.
Le mythe ajoute qu´Osiris, l´aîné, était noir, grand de taille et beau. Il connaissait la danse, la musique, tous les arts et le secret de guérir les maladies. Il parcourait le monde pour civiliser et soulager les hommes en les libérant de tous les maux. Devenu successeur de son père comme roi, il attira la jalousie de Seth et de Nephtys qui le mirent à mort, coupant son corps en petits morceaux et le jetant à la mer. Isis, soeur d´Osiris, décide alors de récupérer tous les morceaux du corps de son frère. Elle parcourt le monde, ramasse les morceaux un à un, reconstitue le corps de son frère, et grâce à des prières et à des incantations magiques, son amour ramène Osiris.
Pour offrir la même chance à d´autres hommes, elle fonde alors le culte initiatique d´Isis et d´Osiris. Dans ce culte, l´initié doit reproduire la vie, les souffrances, la passion, la mort et la résurrection d´Osiris. Il doit s´identifier à Osiris, devenir Osiris.
Le plus ancien culte initiatique connu comporte ainsi un plan simple en trois étapes :
1. La révélation et l´apprentissage des mystères d´Osiris, c´est l´étape de la gnose.
2. La reproduction de la passion et de la mort d´Osiris
3. Le retour à une vie nouvelle et l´accès à l´immortalité par identification à Osiris.
Ce plan , faut-il le dire, se retrouve dans tous les cultes initiatiques africains.
La signification profonde des rites d´initiation, en Afrique, n´apparaît pas clairement dans l´abondance littérature que l´ethnologie occidentale a consacré à ce sujet. Presque la totalité des auteurs n´y voient que des rites de passage et des écoles d´entraînement militaire et d´intégration sociale pour les classes d´âge (L´Afrique dans l´Église, paroles d´un croyant, L´Harmattan, 1985, Paris, pp.45-46). »
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Un entretien avec Engelbert Mveng - Extrait de Théologie, Libération et Cultures Africaines - Dialogue sur l´anthropologie négro-africaine, Engelbert Mveng/B. L. Lipawing, Éditions CLÉ/Présence Africaine, 1996, p. 90-91
Question de B. L. Lipawing :
Il n´en demeure pas moins que certains chercheurs isolés, dans cette quête d´épistémologie africaine, s´insèrent encore dans des modèles marxistes ou capitalistes au lieu de chercher une vie africain...ce qui, de toute évidence, favorise la dispersion des énergies absorbées par ces différentes écoles occidentales.
Réponse d´Engelbert Mveng :
Cela vous explique la position des savants africains qui préconisent une approche épistémologie africaine authentique et originale. C´est le cas de Cheikh Anta Diop ; c´est ce qui a fait le succès du livre du prince Dika Akwa Nya Bonambela sur le « Nyambéisme ». Voila pourquoi, dans le cadre de la réflexion philosophique et théologique africaine, nous posons comme point de départ l´anthropologie, c´est-à-dire l´homme comme sujet et objet de la pensée créatrice. Nous posons également que, pour l´étude de notre contexte africain, des catégories autres que celles du capitalisme et du marxisme doivent être élaborées par nous-mêmes. Ainsi le concept d vie, de mort ou de paupérisation anthropologique rend beaucoup mieux compte de nos réalités.
Nous savons que c´est un travail ardu et qui se heurte aux barrages des préjugés, à l´intérieur comme à l´extérieur de l´Afrique. Mais la recherche de la vérité est la condition nécessaire et la première démarche pour notre libération.
Question de B. L. Lipawing
L´Anthropologie négro-africaine figure en bonne place dans votre ouvrage L´Afrique dans l´Église : parole d´un croyant (1986, L´Harmattan, Paris). A coté des mythes et légendes africaines, vous situez la présence des civilisations égyptiennes.
Réponse d´Engelbert Mveng :
Votre remarque concerne notre référence à l´Egypte pharaonique. Les oeuvres de Cheikh Anta Diop et de Théophile Obenga ont déjà répondu à cette question. Les spécialistes des religions égyptiennes, depuis le siècle dernier (XVIIIe siècle), avaient déjà répondu à cette question ; je vous renvoie aux ouvrages de l´Anglais Wallis Budge sur le culte d´Isis et d´Osiris. Tous avaient découvert la parenté foncière entre les religions de l´Egypte pharaonique et celles de l´Afrique noire. La conception de l´au-delà, les rites initiatiques, l´affrontement vie/mort et le triomphe de la vie sur la mort se retrouvent systématiquement dans les deux civilisations.
Quand nous parlons de référence à l´Egypte pharaonique, il ne s´agit pas d´une opinion arbitraire ; il s´agit d´une analyse rigoureuse de notre contexte culturel et historique.