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17.04.2007
Jacqueline Ikollo Ndoumbè Ekambi. Une Sawa consacrée “Mafo” à l’Ouest
L’épouse du souverain des Bonendalè II, a été faite Reine-mère (Mafo) en avril dernier, à la chefferie Foto (Dschang) par nombre de chefs traditionnels de l’Ouest. Un titre honorifique qui vient rehausser le charisme de l’initiatrice du festival de Bonendalè.
Mafo est le titre de reine donné aux femmes de la communauté Bamiléké de l’Ouest Cameroun. Il est porté soit comme héritage -une fille, femme ou bru qui succède à sa (reine) mère ou belle-mère-, soit par reconnaissance à celles des femmes qui se sont distinguées positivement par leur bravoure dans un domaine donné. Dans ce dernier cas, le titre honorifique de Mafo ne se limite plus aux seules ressortissantes (naissance ou par alliance) de l’Ouest.
Depuis le 30 avril, Jacqueline Ikollo, fille d’un notable de la famille Bonakouamouang (Douala), mariée à un Bonendalè (village situé à quelques encablures de Douala, lieu d’implantation de l’abattoir, après la zone industrielle de Bonabéri) porte fièrement ce titre qui lui a été gracieusement donné par une chefferie de l’Ouest. Une reconnaissance aux actions qu’elle pose aussi bien dans sa communauté qu’à l’Ouest, particulièrement à Dschang. Mais surtout, grâce aux liens qu’elle a su tisser avec cette communauté dès sa tendre enfance. “Ma maman (Mme Marthe Ekambi) était l’une des premières femmes politiques de ce pays, raconte-t-elle. Dans les années 60, elle a été pendant 20 ans, présidente de l’Ofunc. Quand elle allait aux meetings, c’est papa Tino (Dschang) qui me berçait alors que je n’étais qu’un bébé”. Grâce donc à ce ressortissant de l’Ouest qui travaillait chez le couple Ekambi, les liens d’amitié se sont tissés entre les deux communautés, au point où la descendance Ekambi aura un deuxième village à Dschang. Et une fois dans la vie active, la reine de Bonendalè n’a pas oublié sa ‘seconde mère’, papa Tino. “J’ai parrainé la mise sur pied de la bibliothèque de Dschang… ”
Etudes primaires
Agée de 47 ans, la reine de Bonendalè est ingénieur géologue et conseiller financier. Après des études primaires au Cameroun, elle se rend en France où elle passe son baccalauréat et s’inscrit à l’université de Tours. Son mariage avec Moïse Ikollo (qu’elle connaît depuis le lycée) l’obligera à se rendre au Canada où elle s’inscrit à l’école polytechnique de Montréal. C’est d’ailleurs dans cette université qu’elle obtient son diplôme d’ingénieur. Elle va d’ailleurs faire deux années de marketing financier qui lui valent le titre de conseiller financier. “J’ai travaillé au Canada comme consultante chez Geomex international et comme conseiller financier dans l’une des plus grandes compagnies financières ‘London life and greatwest’ ”. En 1999, elle retourne au Cameroun “J’ai dû démissionner pour suivre mon mari qui venait occuper ses fonctions de chef traditionnel alors qu’il avait été intronisé depuis 1984, pendant qu’il était encore à l’école… ” De retour au pays, la reine de Bonendalè II pense qu’elle a un rôle important à jouer aux côtés de son époux. D’autant plus qu’elle a, à ses côtés, un mari qui la qualifie de “reine-mère éclairée, vaillante, généreuse au grand cœur… ” Pour elle, son époux est son premier fan. Elle crée un Gic (groupe d’initiative commune) qui s’occupe de la promotion de la femme et du développement rural notamment.
A travers ce Gic, elle s’attaque aux travaux de la route qui mène dans son village “ J’ai commencé par la route puisqu’elle n’existait pas. C’était juste une piste cabossée. A mon humble avis, les routes sont primordiales pour le développement d’un peuple, d’un village ou d’un pays… Nous espérons que nous aurons une route goudronnée un jour. En attendant, les successifs délégués à la Cud l’entretiennent ”. En outre, elle a réalisé un forage d’eau potable avec l’appui du fonds canadien d’initiatives locales. Sa plus récente œuvre est une bibliothèque de près de 600 ouvrages, offerte à la jeunesse du coin. Depuis 8 ans, elle organise le festival de Bonendalè ou fête des femmes au village “pour mobiliser la gent féminine et la conscientiser au développement communautaire”. En 2005, elle a reçu l’ambassadeur américain, dans le cadre de ce festival. Cette année, elle ouvre les portes aux hommes, car “le développement ne peut se faire sans les hommes”
Le cri des femmes
En marge de ses multiples occupations à la chefferie de Bonendalè II, la reine est l’une des membres actives du mouvement féministe le Cri des femmes qui veut la parité homme-femme au parlement. Le Cri revendique également le paiement d’un salaire par l’Etat aux femmes au foyer puisqu’elles participent au développement de ce pays. La reine de Bonendalè II est elle-même femme au foyer. “Avec mes multiples occupations, je n’ai pas le temps d’avoir un emploi. Je travaille dans le développement communautaire. J’organise mon travail, et j’ai le temps de m’occuper de mes enfants ”. Bien entendu, elle fait le tour du monde pour avoir des partenaires dans le seul but de sortir son village de la misère. “Au mois de mars, j’ai fait le Canada, les Etats-unis, puis la France où j’ai créé, avec les anciennes camarades, l’association ‘Bonendalè kiele’”. Jacqueline Ikollo est mère de deux enfants.
F. N. L. La Nouvelle Expression
Le Projet KALATI
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