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01.06.2007

ECRANS NOIRS 2007 - Bienvenue au CamerWood 

Renaissance : Bienvenue au CamerWood !
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Le cinéma camerounais semble renaître de ses cendres avec une production de plus en régulière et une professionnalisation du secteur.
Venant Mboua
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Dans les années 70, le Cameroun n´avait produit que quelques courts métrages mais beaucoup de documentaires étaient réalisés, notamment ceux sur la vie des institutions publiques, dénommés Cameroun actualités. Les premiers longs métrages arrivent vers 1975, avec Pousse Pousse de Daniel Kamwa et Muna Moto de Jean Pierre Dikongue Pipa. En 1978, le gouvernement crée le Fonds de développement de l´industrie cinématographique (Fodic) qui ouvre la voie aux subventions. C´est ce qu´on peut appeler l´âge d´or du cinéma camerounais, qui connaît la production régulière des films, parfois plus d´un long métrage par an. La faillite du Fodic, qui a coïncidé (?) avec l´avènement des politiques de récession de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international a aussi provoqué la chute de notre cinéma.

Mais à partir de 1991, quelques jeunes cinéastes tentent de secouer le cocotier. Bassek ba Kobhio réalise Sango Malo, très bien accueilli par le public si longtemps sevré de productions locales. S´en suit alors, quelques années plus tard, Quartier Mozart de Jean-Pierre Bekolo. Même réussite avec en prime quelques prix glanés en France et en Amérique du nord. Le public commence à rêver. Plongé dans la mise en place de ses nouveaux projets (Les Films Terre africaines et le festival Ecrans noirs), Bassek ba Kobhio fait des infidélités à la création. Un peu comme Bekolo aussi, navigant entre l´Europe et les Etats-Unis, qui produit d´ailleurs, là-bas, un film " le complot d´Aristote ", qui n´a jamais été diffusé au Cameroun. Bassek revient en 1995, avec Le grand blanc de Lambaréné, un film sur la vie et l´action d´Albert Schweitzer au Gabon. Avant de réapparaître en 2003 comme producteur et coréalisateur du Silence de la forêt (avec Didier Ouanangaré), le tout premier long métrage réalisé en Centrafrique. Ce film a été présenté dans plusieurs festivals et il a notamment obtenu le Prix du Jury du Festival de Namur.
Outre l´absence de financements à l´époque, les hommes de cinéma font face à l´absence du matériel. La caméra est encore rare à voir ainsi que les autres moyens techniques rentrant dans le métier. Mais le travail des pionniers et l´engagement de Bassek puis plus tard Bekolo, Vincent Ndoumbè (réalisateur à la Crtv) ou encore la création de quelques écoles et centres formation dont le Cfpa (centre de formation professionnelle de l´audiovisuel de la Crtv) aiguisent et encadrent l´appétit de nombreux jeunes.

Nouveau départ
Aujourd´hui, on ne compte plus les jeunes qui s´intéressent au cinéma et qui…produisent au fil des mois. Entre 2005 et 2006, Jude Tsimenkou, par exemple, a tourné deux films : Urban jungle et Une vie brisée. Jude Tsimenkou vit en France, comme Bekolo qui a produit entre 2005, Les Saignantes aujourd´hui Etalon d´argent du dernier Fespaco, tandis que l´an dernier Gérard Essomba est venu tourner au Cameroun. Son film est encore attendu. Aux yeux de la nouvelle génération, Jean Marie Téno fait office de doyen chez les spécialistes du documentaire. Il en collectionne et plusieurs fois, il a été programmé aux Ecrans noirs, pour le bonheur du public accroc du reportage. Cyrille Masso, Oswalde Lewat ont jeté également leur dévolu sur le documentaire : Au prix du verre (primé à Cannes) pour Masso, Un amour pendant la guerre pour Lewat, pour ne citer que ces deux là.

Dans cet élan de dynamisme, un groupe de jeune a créé un festival de film court, Yaoundé tout court, dont la première édition a connu une réussite extraordinaire, avec des salles combles pendant que longues files d´autres spectateurs attendaient dehors. Mérimée Pandja et ses amis avaient de quoi être fiers. Aujourd´hui, environ une dizaine de films camerounais sont annoncés à la 11è édition des Ecrans noirs, alors qu´il y a quelques années, on souffrait de n´en voir aucun. Dans cette réussite cependant, il faut relever la qualité qui, à certains moments, laisse à désirer. Ainsi, la critique a très mal reçu La déchirure de Alphonse Béni et Emeraude de Carel Modjo. Tout comme beaucoup de productions Tv, à la Crtv (Ntaphil, réalisé par Yolande Ekoumou) ou à Canal 2 International (Edoudoua et bien d´autres) ne trouvent pas de faveur aux yeux de la critique qui y déplore une esthétique médiocre à la limite du banal. Alors on évoque la question de la formation qui fait défaut à ces créateurs qui apparaissent alors comme des snipers dans une communauté organisée. En effet, la plupart des autres créateurs ont subi une formation, auprès des nombreuses initiatives de Bassek depuis la naissance des Ecrans noirs ou aux côtés des professionnels comme Vincent Ndoumbè, Jean-Pierre Bekolo, etc.


Communauté artistique
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La nouvelle génération d´hommes et femmes du cinéma camerounais évolue comme dans une communauté bien organisée.
V.M.
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Ici, les interprètes, les cadreurs, les designers, les maquilleuses, les éclairagistes, les machinistes, ont déjà leurs stars. La cérémonie d´ouverture de cette 11è édition nous l´a démontré. Le public a déjà remarqué des visages récurrents, de Blanche Bilongo, Eshu, Ali Mvondo, Deneuve Djobong, Thierry Ntamack, etc. Chez les technico-artistiques, Parfait Zambo, Honoré Noumabeu, Paul Kobhio, Dominique Bihina, Michel Kuate, Narcisse Mbarga, Jean-Jacques Ondoua, Zenabou Pomboura, Barry Amayen, Edimo Dikobo, Jeanne Ngo Ndap, Véronique Mendouga, etc. sont sinon de tous les plateaux de tournage du moins régulièrement sollicités. Leur professionnalisme ne fait plus l´ombre d´aucun doute grâce notamment à la formation mais aussi à la pratique récurrente, les productions étant devenues presque quotidiennes. Ce nouveau cinéma bénéficie aujourd´hui de la pluralité dans le domaine de l´audiovisuel.

Les chaînes de télévision ont soif du cinéma, ce qui, malgré leur faible pouvoir (et volonté) d´achat, ont ouvert un marché pour les créateurs. Il y a aussi la révolution digitale qui a banalisé les outils de travail comme les bancs de montage, les caméras, les lampes, etc. Les films réalisés par la plupart des jeunes le sont avec très peu de moyens. Hélène Ebah qui a produit son propre film, Les blessures inguérissables, l´année dernière n´a reçu que 4 millions de francs du ministère de la Culture. Et c´est là que unanimement, les acteurs du secteur du cinéma saluent l´existence du Compte d´affectation pour le soutien de la politique culturelle du gouvernement. "A défaut de donner des budgets colossaux, ce compte permet au moins aux acteurs d´espérer, car la pitance qu´on leur accorde est un encouragement à faire ; il reste qu´on leur en donne assez pour bien faire", commente un critique, dont le secteur aussi s´est développé avec le renouveau chez les artistes. Des associations de critiques existent et un magazine, Ciné presse, a vu le jour depuis quelques années. A voir l´évolution actuelle, on peut dire qu´il ne manque plus que de mécènes et de sponsors pour la naissance d´un "CamerWood ".


Caméra cachée : Au village !
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Hier, j´ai à nouveau sentir le cœur du village battre. Chose promise, chose due : Bassek ba Kobhio a animé sa première conférence de presse.
Le Mutant
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Et comme il fallait s´y attendre, elle fut longue et pas forcément enrichissante. Mais bon, c´est pas la faute des cinéastes si les journalistes ne savent pas poser les bonnes questions. Passons. Juste pour dire que tout cela participe de l´ambiance du festival. Hier, franchement, j´ai senti que le festival avait vraiment commencé. Avec une affluence appréciable des spectateurs et un attrait particulier du public autour de la bière qui aime le cinéma. Mais que voulez-vous ? Lorsque finalement c´est la seule attraction véritable du festival, pourquoi les gens ne vont étancher leur soif. Ah j´allais oublier, il y avait aussi du poisson braisé, des brochettes, des sandwiches et le menu fretin des restaurants qui vous proposent des plats chauds. C´est donc ça l´ambiance du village. Mais ce n´est pas tout… Puisque, je vous dis que le village a véritablement commencé à vibrer hier.

Il y avait sur le podium une bande de jeunes filles frétillant du postérieur, donnant à voir leur poitrine généreuse, leur corps gracieux et leurs coups de reins lascifs, comme pour donner écho à un refrain devenu célèbre : " le ventre et le bas ventre… " Mais on n´était loin de là. Il s´agissait de danse traditionnelle, dans la pure tradition béti. Avec chants et tam-tam. Il n´en fallait pas plus pour que Venant Mboua commence à dodeliner de la tête, tout seul, devant un liquide mousseux dont on dirait qu´il ne sépare plus depuis le début de ce festival. Je me suis même demandé s´il lui était arrivé quelque chose. J´en étais encore à me poser mille question sur ce type d´ordinaire sans histoire quand un de ses amis m´a soufflé : " C´est comme ça qu´il est ". Et cet ami n´est autre que Philippe Bikaï. Le gars s´est emparé de toute une table au village du festival. Il y avait là quelques bouteilles à moitié pleines, et Philippe disait maîtriser la situation. Je ne me suis pas empêché de douter de sa sincérité en voyant comment il était entouré... Mais je n´en ferais pas un plat ici. Puisque après tout, j´en ai vu pire…

Brice Mbodiam, vous connaissez ? Ce garçon mérite qu´on le décore. Mais avant, il faudra qu´il explique pourquoi il abandonne son travail pendant toute une journée pour s´installer au village là où coule certaine bière qui aime le cinéma. Pour me calmer, le gars m´a juste dit qu´il tient ses dossiers. J´y ai cru. Mais j´ai dû douter en voyant toute la bande de journalistes qui l´accompagnaient. Sincalir Mezing, Félix C. Ebolé Bola, Gaëlle Moudio… On dirait même que tous les journalistes de la place s´étaient donnés rendez-vous la-bas : Elvis Bimba, Alliance Nyobia, Souley Onohiolo, J.F. Channon… Tous ces gars là n´ont cessé de tourner autour des tablettes du village. Que cherchaient-ils ? Tout sauf le cinéma, bien sûr. En tout cas, hier, jusque tard dans la nuit, l´équipe de Patricia Moune se battait encore pour mettre en place les fameux écrans de projections nocturnes tant promis au public du village. On attend vivement quand la bière épousera réellement le cinéma.
 

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