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18.07.2007
EDEA: Menace sur le projet d’extension d’Alucam
Menace sur le projet d’extension d’Alucam
Longtemps présenté par le gouvernement comme l’un des plus importants chantiers industriels au Cameroun, le projet d’extension d’Alucam accuse un retard considérable dans sa réalisation. Entre les hésitations du gouvernement (qui tarde à prendre certaines décisions) et la mauvaise situation financière du promoteur, le projet attend.
1-L’offre publique d’achat de tous les soucis
Le groupe canadien Alcan – qui a absorbé la française Pechiney en 2001 – a décidé de porter la capacité de production d’Alucam (sa filiale camerounaise) de 87 000 à 360 000 tonnes d’aluminium par an. Ce projet d’extension d’Alucam est considéré comme l’un des plus grands projets structurants de ces dernières années au Cameroun. Le projet comporte plusieurs volets, notamment la construction à côté de l’usine d’Edéa de deux séries d’électrolyse. En attendant de lever les derniers préalables pour le démarrage effectif du projet, le groupe Alcan est confronté à des difficultés financières. Au mois d’avril 2007, l’Américain Alcoa, numéro 2 mondial de l’aluminium, annonce une Opa (offre publique d’achat) sur Alcan, et envisage de payer 27 milliards de dollars américains pour acquérir le Canadien. Alcoa propose l’équivalent de 73,25 dollars par action (58,60 dollars en cash plus 0,4108 action Alcoa pour 1 action Alcan). Le Canadien repousse l’offre. Il demande à ses actionnaires de ne pas revendre leurs actions. En outre, Alcan valorise ses actions au triple de leurs valeurs avant le lancement de l’offre public d’achat. Début juillet, Alcoa retire l’offre de rachat de son rival canadien Alcan, à la suite d’une contre offre nettement supérieure déposée par le groupe Rio Tinto. Ce groupe minier anglo-australien veut reprendre le groupe canadien pour 38,1 milliards de dollars Us. L’on attend encore la position définitive d’Alcan. Toutefois, un porte-parole du groupe précise que “ Le comité stratégique d´Alcan n´est pas lié au calendrier d´Alcoa. Nous sommes toujours en discussion avec des parties tiers ”
Des sources proches du dossier d’extension d’Alucam estiment que cette situation n’est pas pour rassurer la partie camerounaise quant à la poursuite de ce projet industriel. Si Alcan est absorbée par un autre groupe, il n’est pas évident qu’Alucam sera au centre des priorités du nouveau repreneur. Et le risque est grand que le projet soit purement et simplement annulé. Toutefois, selon les plus optimistes, en attendant le potentiel nouveau repreneur, le projet pourra tout au moins connaître un retard dans sa réalisation. Du côté du ministère en charge de l’Industrie et du développement technologique, l’on croise les doigts
2-Les raisons du retard dans le démarrage du projet
Selon les principaux acteurs du projet d’extension d’Alucam, le chantier accuse déjà un an et demi de retard. Trois principales raisons expliquent ce retard. Ainsi, l’on attend toujours les autorisations du président de la République pour le démarrage officiel des travaux de construction du barrage de Lom Pangar. Ce barrage est censé apporter un début de solution à la crise énergétique qui plombe les grands projets industriels au Cameroun. Sur ce point, les experts estiment que le fonctionnement optimum des trois barrages hydroélectriques du Cameroun pendant les douze mois de l’année nécessite de disposer d’un débit d’eau satisfaisant, surtout en saison sèche. Afin de prévenir cette situation, et pour ajuster le débit de la Sanaga du mois de novembre à juin, il est impératif de construire un quatrième barrage de retenue à Lom Pangar. Et l’on attend toujours la décision de Paul Biya pour lancer les travaux.
L’autre raison de la lenteur du projet est la non signature par Aes Sonel du volet énergie du projet d’extension d’Alucam. Une source proche du dossier soutient que les deux parties (Alcan et Aes Sonel) ne s’accordent pas sur plusieurs points. Arrivés au Cameroun la semaine dernière, les cadres du groupe canadien sont repartis sans parapher le document avec les responsables de Aes Sonel. Sur l’importance de ce volet énergétique, les acteurs du projet soutiennent que Alucam consomme 30 % d’énergie électrique produite par Aes Sonel avec sa production actuelle (87 000 tonnes) En portant cette capacité de production à 360 000 tonnes, Alucam va porter sa consommation à 50 %. D’où l’urgence de trouver une autre source d’énergie pour ravitailler le Cameroun. Le retard pris pour la mise à niveau des Pme camerounaises pré-qualifiées dans le cadre de ce projet explique aussi sa lente avancée. Le 4 août, le gouvernement charge la chambre de commerce des mines de l’industrie et de l’artisanat du Cameroun (Ccima) d’identifier, de sensibiliser, de mobiliser les Pme camerounaises en vue de leur implication dans le projet en tant que fournisseurs ou prestataires. Selon les responsables de la Ccima, environ 160 entreprises ont été choisies. Le problème qui se pose actuellement est celui de l’inexistence d’une structure pour le renforcement des capacités de ces entreprises. Un préalable exigé par Alcan.
3-Le projet et ses effets
Avec l’extension d’Alucam, cette entreprise va porter sa capacité de production de 87 000 tonnes à 360 000 tonnes d’aluminium par an. Il s’agira d’une part de construire à côté de l’usine d’Edea de deux séries supplémentaires d’électrolyse de technologie Ap 37. Elles permettront de réduire la consommation d’électricité tout en augmentant la production. D’autre part, il s’agit de construire et d’exploiter sur la Sanaga près des chutes de Natchigal une centrale hydroélectrique de 300Mw qui, via le poste de transformation installé à Nkolondom près de Yaoundé, injectera dans le réseau national la compensation énergétique de l’offre de l’électricité que l’usine consommera à partir de Song-Loulou
Trois facteurs auraient favorisé la décision de quadrupler sa production. La maîtrise par les camerounais des techniques d’électrolyse, la disponibilité du deuxième potentiel hydroélectrique d’Afrique après le Congo-Kinshasa, la disponibilité de plus de 900millions de tonnes de bauxite dans les gisements de Fongo Tongo (65 millions de tonnes) et de mini Martap (860 millions de tonnes). La production de 300 000 tonnes d’aluminium nécessitera l’importation de 765 000 tonnes d’alumine, du brai et de coke. Depuis des lustres, l’acheminement de ces intrants s’effectue par voie ferrée, il en est de même de plus de 80 % des lingots et plaques d’aluminium destinés à l’exportation. L’accroissement des flux qu’entraînera l’extension de l’usine va contraindre les pouvoirs publics à réaliser des travaux supplémentaires d’infrastructures notamment l’approfondissement du chenal du Wouri, le renforcement de la voie ferrée Douala-Edéa. Le coût de ce projet est estimé à 650 milliards Fcfa, il est prévu la création de plusieurs milliers d’emplois. 160 Pme ont été pré-qualifiées comme prestataires ou fournisseur dans le cadre de ce projet.
Par Léopold Chendjou Source : Ccima
Le 18-07-2007
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