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19.10.2007

Ebénezer Njoh Mouellé, le philosophe et la vie quotidienne 

Ebénezer Njoh Mouellé, le philosophe et la vie quotidienne

Le Messager
Par Christian LANG
Le 02-08-2007

Le dernier ouvrage d’Ebénezer Njoh Mouellé, Discours sur la vie quotidienne, est une réflexion du philosophe sur la vie de tous les jours.

“ Discours sur la vie quotidienne. ” Dans cet essai, le philosophe camerounais Ebénezer Njoh Mouellé apporte une réponse aux préoccupations des lecteurs d’un autre essai dont il est l’auteur : De la médiocrité à l’excellence. L’auteur affirme avoir été interpellé par des jeunes lecteurs de cet ouvrage publié en 1970 et réédité trois fois. Ils ont voulu savoir si De la médiocrité à l’excellence, cet essai sur la signification humaine du développement, “ pouvait être crédité d’un impact sur les changements qui étaient attendus en Afrique ”.

C’est en quelque sorte un éclairage sur la vie collective. La question est abordée par un philosophe. On se serait attendu à ce que le sujet soit traité dans un langage abstrait et inaccessible pour les néophytes. Mais Ebénezer Njoh Mouellé rend son message compréhensible. Son style est dépouillé de concepts creux et est dénué de langue de bois. Le philosophe ne s’enferme pas dans une démarche doctrinaire. Il aborde le vif du sujet : les différentes facettes de la vie quotidienne sous l’angle de la réflexion philosophique.
La société est dorénavant régie par ce que le philosophe appelle le “ tout commerce ”. Dans les différentes postures de la vie quotidienne, on est soit vendeur, soit acheteur. Car, “ sans être des commerçants par profession, il nous arrive de vendre des choses, mais surtout, plus fréquemment, d’acheter des choses ”, écrit-il. Dans ces transactions permanentes entre vendeurs et acheteurs, chacun y va de sa logique en se servant parfois de l’argent comme intermédiaire.

Lorsque la “ nature commerciale ” de l’Homme s’exprime, il est forcément à la recherche de “ son intérêt ”. Ce qui amène le philosophe à se pencher sur le “ comportement intéressé ” qui conditionne les relations des hommes entre eux, entre les institutions et les hommes, entre les États… Ainsi, la vie devient une lutte ou le combat et la violence meublent le quotidien. Cette lutte peut être contre soi-même, contre son entourage, contre le système étatique… En fin de compte, “ vivre c’est lutter, indéniablement ”, même si “ les diverses formes de luttes ne sont pas toutes réglementées ”, comme l’écrit Ebénezer Njoh Mouellé.

L’auteur du Discours sur la vie quotidienne s’attarde aussi sur les sujets tels que : le plaisir et la douleur au quotidien ; la sécurité et l’insécurité ; la technoscience dans le quotidien. Comme l’affirme l’auteur, cet essai “ se borne à proposer des analyses conçues pour maintenir en éveil l’attention sur ce qui pourrait sembler justifié, à force d’être considéré comme banal et allant de soi ”. Si la philosophie “ a du mal à se laisser convertir en marchandise à l’instar des produits de la science et des technologies ”, l’essayiste pense que cette discipline est indissociable de la vie quotidienne. Mais elle est tout simplement “ réflexive ”. Selon l’auteur, la philosophie réflexive “ ne propose pas de solutions toutes faites aux problèmes quotidiens de chacun mais se soucie plutôt d’apprendre à chacun à penser correctement par soi-même ”. Car “ le salut réside dans l’encouragement et le développement de l’esprit critique que prône en tout temps la philosophie ”, conclut Ebénezer Njoh Mouellé.

Ebénezer Njoh Mouellé.
Discours sur la vie quotidienne. Afrédit. Mars 2007. 169 pages. 6000 Fcfa


Livre : Propos philosophiques sur la vie

Quotidienmutation
Eugène Dipanda

Ebénézer Njoh Mouelle est de retour dans les librairies, avec un "Discours sur la vie quotidienne".

Le débat, vieux comme le monde, est remis au goût du jour : que peut concrètement apporter la philosophie au commun des mortels ? A plusieurs égards, on peut penser que le nouveau livre du professeur Ebénézer Njoh Mouelle a été suscité par l’envie de répondre à cette question. Publié aux Editions Afrédit en février 2007, "Discours sur la vie quotidienne" embrasse en effet une diversité de problématiques, tout en mettant en exergue, à chaque fois, la pensée profonde de l’auteur. Une précision toutefois : contrairement à ce que pourraient penser certains, le "Discours sur la vie quotidienne" s’appuie sur "une conception non doctrinaire de la philosophie". C’est, en tout cas, ce qu’a expliqué Ebénézer Njoh Mouelle hier, mardi 31 juillet, au cours de la rencontre qu’il a eue avec la presse au siège de son éditeur à Yaoundé.

Dans ce livre dont la cérémonie de dédicace est prévue demain, jeudi 02 août, à l’hôtel Hilton de Yaoundé, il s’agit davantage, a poursuivi l’auteur, d’un "examen critique des réalités que nous vivons au quotidien". D’où la variété de "valeurs" qui y sont développées tout au long des sept chapitres, étalés sur un total de169 pages ; des thèmes tels qui vont de l’intérêt à la sécurité, en passant par la force, le rapport de force, le combat, le plaisir, l’argent, etc., et qui meublent le quotidien des Hommes où qu’ils soient. En page 162 de l’ouvrage, Ebénézer Njoh Mouelle constate, par exemple, que la relation commerciale prédomine dans nos échanges interpersonnels. "Le monde est un marché virtuel et réel à la fois. Une sorte de grand bazar ouvert à tous et à tous les produits, à toutes les marchandises pour tous les goûts et toutes les préférences", écrit-il.

D’une manière générale, la dimension philosophique du livre intervient donc ici comme un simple éclairage pour une meilleure compréhension du destin de l’Homme. Une "philosophie réflexive et analytique", comme la définit l’auteur lui-même. Surtout que, selon Ebénézer Njoh Mouelle, "les idées véhiculées sont comme une boussole pour la vie, un guide pour les Hommes". Dans cet essai, l’auteur met par ailleurs un accent sur des phénomènes sociaux d’actualité, à l’instar que la multiplication des sectes religieuses, ainsi que les réseaux de pédophile et de prostitution, qui connaissent ces derniers temps une ascension graduelle dans le cadre des rapports difficilement définissables que les pays riches entretiennent avec ceux du Sud.

Raisonnement

Tenons-nous-en à quelques extraits. "La vente de la drogue a beau être interdite par une loi, les intérêts de certains trouveront toujours des agents d’exécution de leurs projets "hors-la-loi" ! Il existe ainsi de nombreux projets "hors-la-loi" dans notre environnement social et mondial, qui reçoivent l’appellation de "gros intérêts" contre lesquels il devient risqué à tout moment d’engager la lutte" (page 57). Plus loin, Ebénézer Njoh Mouelle énonce que "L’observation attentive de nombreuses sociétés conduit à dire que la précarité est la condition la plus répandue et que le bien-être et la sécurité constituent des sortes d’îlots émergeant de ces océans de "mal-être", de précarité et d’insécurité. Dans un tel contexte il apparaît à l’évidence qu’aucune sécurité dans le bien-être ne saurait s’estimer définitivement acquise tant qu’elle émerge de cet océan d’insécurité et de "mal-être" qui menace en permanence de l’engloutir" (pages 114-115).

En définitive, un constat se dégage de la lecture du livre. Comme l’affirme l’éditeur, Ebénézer Njoh Mouelle a souhaité y poursuivre sa réflexion sur la signification humaine du développement. Le "Discours sur la vie quotidienne" se veut ainsi une sorte de réplique "aux nombreuses sollicitations exprimées par les lecteurs de son essai intitulé De la médiocrité à l’excellence, qui lui demandaient un éclairage sur la vie collective". Un ouvrage élitiste? Une certaine opinion est de cet avis-là, hélas. Comment faire donc pour partager son contenu avec le plus grand nombre ? Là est l’énigme. Et l’idée d’une insertion future du "Discours sur la vie quotidienne" au programme scolaire camerounais, de par la pertinence des écrits, commence à fleurir dans les esprits…

Ebénezer Njoh Mouelle (Enseignant d’université)

Malgré des contraintes que confèrent ses fonctions gouvernementales en sa qualité de ministre de la Communication, Ebénézer Njoh Mouelle est demeuré un pédagogue. En témoigne, la publication de son dernier ouvrage : “ Discours sur la vie quotidienne”. Cet ouvrage, qui a fait l’objet d’une présentation au public, la semaine dernière, serait de bonne qualité sans oublier sa pertinence, s’accordent des critiques littéraires. Auteur prolixe, entre autres, de “ Jalons ”, “ De la médiocrité à l’excellence ”, “ Le député de la nation ”, cet universitaire est connu pour sa grande contribution au développement de la philosophie contemporaine, ce qui fait de lui l’un des meilleurs philosophes africains de son temps. Vivement que cette activité intellectuelle puisse susciter des vocations et, surtout, faire des émules parmi l’intelligentsia camerounaise pour qu’elle comprenne qu’au-delà du prestige que peut conférer la fonction ministérielle, l’on doit continuer de se nourrir de la réflexion.

Discours de Njoh Mouelle à la jeunesse

L’auteur du Discours sur la vie quotidienne s’est fait le conseiller de la jeunesse lors de la dédicace de cet essai vendredi dernier à Yaoundé.

Le philosophe avait quelque peu peur. Peur de ne pouvoir se faire comprendre par son auditoire composé essentiellement de jeunes. “ Quand je vois ces visages, ils sont si jeunes ; je me demande si je dois leur parler de philosophie rigoureuse ”. Paroles de Njoh Mouellé dans les locaux de la Maison des savoirs où il a dédicacé son essai à l’intention des jeunes. Malgré cela, l’auteur du Discours sur la vie quotidienne a finalement trouvé un angle à son discours à la jeunesse : prodiguer des conseils aux jeunes.

En encourageant les jeunes à s’intéresser à la philosophie, il leur demande de s’assumer dans la vie, au besoin en s’affranchissant de la tutelle familiale et sociale. Car chacun doit “ tracer son destin ”, leur suggère-t-il.
Le philosophe adhère à l’idée selon laquelle la vie est un combat. Il faut se battre, non pas toujours contre les autres, mais parfois contre soi même. Il demande aux jeunes de ne pas être les adeptes de la facilité. Ebénézer Njoh Mouellé leur prodigue plutôt le culte de l’effort. Et comme le précise Jean Emmanuel Pondi, présent à cette dédicace, “ le culte de la facilité est un suicide collectif ”. Ebénézer Njoh Mouellé invite les jeunes à faire un saut qualitatif, pour passer de la médiocrité à l’excellence, un sujet abordé dans un essai portant justement ce titre.

Les jeunes doivent exploiter leurs capacités, éviter le défaitisme, s’inspirer de certains exemples de réussite dans la société. Mais “ il ne s’agit pas d’imiter ce qui est négatif, ce qui atrophie vos capacités. Chacun a des capacités qu’il peut développer ”, précise-t-il. C’est une invite à se servir de la réussite des autres comme d’une boussole. Il poursuit son propos par cette prescription : il faut “ savoir où vous allez, ce que vous voulez, ce que vous voulez devenir ”.

En clair, Ebénezer Njoh Mouellé demande aux jeunes d’avoir d’abord une vision de la vie. Ensuite, il faut avoir un projet personnel. Pour cela, il faut savoir “ valider ” les idées des autres pour qu’ “ elles deviennent nos projets ”. En plus, chacun doit “ analyser ses propres difficultés, ses propres erreurs ”.

Quant au contenu du livre proprement dit, Ebénezer Njoh Mouellé a parlé de l’intérêt de la relation commerciale permanente qui conditionne les rapports humains. Il n’a pas manqué d’aborder les déviances qu’il a décriées dans cet essai. Parlant de l’homosexualité et de la pédérastie, “ il y a problème ”, croit-il. “ Jeunes gens, jeunes filles, vous m’avez compris ? Soyez prudents !”. A propos de la poussée migratoire, Ebénezer Njoh Mouellé s’est fait le porte-voix de Joséphine Ndagnou, la réalisatrice du film Paris à tout prix. Il leur demande de voir ce film qui met à nu “ les difficultés réelles qu’on éprouve une fois à Paris ”.

Malgré ce florilège de conseils, certains jeunes se demandent comment faire face aux difficultés de la vie, comment concilier les études et la vie professionnelle, pourquoi le sous emploi est-il persistant au Cameroun…-Réponse du philosophe : il faut être “ conscient, consciencieux…Chacun a son chemin ”, et le chemin qui mène à la réussite n’est pas standard. Jean-Emmanuel Pondi renchérit : “ nous sommes tous fautifs. Il faut se poser la question : en quoi suis-je le problème ? ”

Discours sur la vie quotidienne est un essai de 169 pages édité en mars 2007 par la maison d’édition Afrédit.
Par Christian LANG
Le 31-08-2007


Point com : Ebénézer Njoh Mouelle

Contrairement à ce qui se passe sous d’autres cieux, où un projet de réaménagement du gouvernement, au lendemain d’une élection ou non, fait l’objet de discussions entre principaux responsables du parti (même si on laisse au chef une marge de manœuvre)

Par Alain B. Batongué
Quotidien Mutations

où les profils sont plus ou moins connus en fonction des parcours et des combats pour le triomphe des idées de la formation politique en question, il a été loisible de constater, peu après l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême, que l’exercice de réorganisation du gouvernement est de son ressort exclusif, même si, par moment, il lui est arrivé de consulter quelques personnes, sans toujours systématiquement tenir compte de leur avis. Ce qui peut sembler normal dans le cadre d’un régime présidentialiste fort, où le chef a été promu au rang de représentant de Dieu sur terre.

Le réaménagement ministériel de vendredi dernier a donné lieu de confirmer cette règle. Pas seulement par l’ampleur du nombre de ministres partants, mais surtout par le fait que la cohérence de la logique des départs était difficile à établir. Et comme le faisait remarquer un chroniqueur : sanctionnait-on des ministres qui avaient mal travaillé ? A ce moment, on aurait constaté qu’il y en avait à qui on pouvait difficilement reprocher quelque chose. C’est le cas, entre autres, de Ebénézer Njoh Mouelle.

Voilà donc un Monsieur qui a gravi pratiquement tous les échelons dans sa carrière d’enseignant de philosophie, qui a connu tous les paliers dans sa carrière politique sanctionnée par un poste de secrétaire général du comité central du Rdpc, qui a été député à l’Assemblée nationale, qui a consigné l’essentiel de son expérience aussi bien comme homme politique que comme enseignant ou citoyen tout court à travers divers livres dont le plus récent a été dédicacé il y a quelques semaines.

C’est ce monsieur qui, après une carrière administrative de haut fonctionnaire bien remplie, avait pris sa place dans le train paisible des retraités, que Paul Biya est allé chercher le 22 septembre de l’année dernière, pour en faire le ministre de la Communication. Son éclectisme, son humilité et sa soif d’apprendre malgré son âge y ont probablement été pour quelque chose.

Et ses dispositions d’esprit l’ont surtout aidé à avoir un passage apaisé à la tête du Mincom où on trouverait peu de gens à lui reprocher quoi que ce soit. Sans doute y a-t-il des dossiers dont la gestion échappe au commun des mortels dans ce ministère. Mais pour le peu qu’il a été loisible de suivre, il a toujours opposé sa bonne foi, le sens de la logique et sa volonté de conciliation dans le traitement des problèmes qui ont été soumis à sa diligence. L’affaire autour du conseil national de la publicité ? Il a dû expliquer, après plusieurs hypothèses émises dans la presse, qu’il fallait simplement attendre le nettoyage des textes sur le fonctionnement de l’institution, demandé par les acteurs. Et dès que le Pm a signé lesdits textes, il a procédé à la convocation des administrateurs.

L’histoire retiendra également que l’épineux dossier des licences des radios et télévisions privées, commencé par Jacques Fame Ndongo et poursuivi par Pierre Moukoko Mbonjo, a connu un premier épilogue pendant son passage, avec l’attribution de licences à deux radios et deux chaînes de télévision privées, sans qu’il y ait autour une odeur de scandale. Enfin, sans prêcher pour sa propre chapelle, c’est encore lui qui a ajouté une voix aussi décisive que de modération à la crise vécue par la South Media Corporation au sujet des titres Mutations et Situations, et qui a permis l’avancée décisive ayant conduit à la signature, il y a une semaine, d’un protocole de règlement définitif de la crise.

Il y a sans doute d’autres raisons discrétionnaires ayant entraîné son départ du gouvernement. Mais son passage au Mincom, si bref soit-il, n’a pas empêché de remarquer qu’il était un homme exceptionnel, qui mérite un hommage particulier. Que nous lui rendons de bonne grâce, en souhaitant la bienvenue au nouveau Mincom, dont l’impressionnant parcours et la formation de base feront davantage croître l’espoir des journalistes et tous les autres acteurs du monde de la Communication. L’hommage rendu spontanément au premier par le second, sitôt la cérémonie protocolaire d’installation achevée, n’est-elle pas un bon présage ?

 

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