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09.11.2007
Festival : Douala accueille le SUD (Salon Urbain de Douala)
Photo: Marilyn Douala Bell Schaub © Samy Nja Kwa
Nous voulons donner une nouvelle identité à Douala L´organisatrice du Sud explique les raisons et les axes de travail de ce festival d´arts. Propos recueillis par Marion Obam Le Salon urbain de Douala (Sud) après deux années de préparation a commencé dimanche 9 décembre 2007. A quoi doit s´attendre le public de Douala, la ville qui accueille cet évènement ? Le Sud a complètement démarré. Il a été ouvert officiellement par le Délégué du Gouvernement de Douala à Bonanjo, à la résidence Maka. Le public de Douala doit s´attendre principalement à voir des œuvres d´arts et des évènements artistiques qui vont être réalisés et s´inscrire dans la ville. Le programme propose une quinzaine d´opérations et d´œuvres artistiques qui vont s´inscrire dans différents quartiers périphériques, Madagascar, Dernier poteau, Bonendalé et des quartiers qui sont plus centraux comme Akwa et Bonanjo. Plusieurs artistes du monde entier participent au Sud, mais majoritairement les Camerounais vont travailler et proposer leurs œuvres. Il va avoir des projets durables et éphémères parce qu´ils ne vont durer que le temps du festival. Notamment, les 9 notables de Francis Sumégne, Bend Skins de Lionel Manga et Philippe Mouillon, Black Bodies Swinging de Michèle Magema, le Zébu de Douala de Lucas Gradin, les néons d´amour de Hervé Yamguem et Fantasia urbaine de Pascale Martine Tayou.
Pourquoi avoir crée le Sud ? En réalité le travail que Doual´art mène depuis 1991, date de sa création est celui d´inscrire de l´aspect artistique dans le quotidien des habitants. C´est pour cela que nous avons décidé de crée un évènement qui contribue à l´amélioration du cadre de vie de façon matérielle. Mais ça se joue aussi sur des questions immatérielles. Comment créer des liens entre les gens ? Comment faire en sorte que on puisse sortir de cet individualisme ou ce communautarisme qui caractérise notre pays et cette ville de Douala. D´autre part, nous voulons à long terme créer une identité urbaine de Douala qui soit cohérente avec le 21 siècle. Je me suis rendu compte que la tradition n´est plus à même d´apporter des réponses aux temps contemporains. Le Sud aussi pour créer une culture, partager une identité urbaine et faire en sorte qu´au travers un évènement artistique, d´une œuvre d´art qu´il puisse y avoir des discussions convergentes sur le développement de la ville. La Fondation iStrike nous a permis d´organiser cet évènement.
Quel est le but recherché lorsque qu´on met ensemble des artistes issus de cultures et d´environnements différents sur certains projets présentés pendant le festival? En 16 ans d´exercice au Cameroun, nous nous sommes rendus compte qu´il n´y avait pas d´Ecoles d´arts et très peu de lieux de documentation sur les questions artistiques. C´est pourquoi les artistes ont besoin d´être en fécondation avec des personnes qui viennent d´ailleurs pour donner une impulsion. Ils sont dans des échanges et des réflexions communes pour trouver quelle est la meilleure manière de capter des émotions et de les restituer. Ces échanges sont très importants. Je suis très impressionnée quand je les vois travailler. Ils tournent sur ce site plusieurs fois en observant. C´est comme s´ils avaient un rituel. Ils sont en train de donner une sensibilité, ils partagent leur âme. Ils se dédoublent pour laisser, le 16 décembre 2007 date de la clôture du Sud, quelque chose à la ville de Douala, en dehors de l´œuvre.
Du 9 au 16 décembre 2007, la ville sera l’hôte d’une vingtaine d’interventions artistiques. Marion Obam, Mutations
Imaginez quinze quartiers de Douala et les principaux axes comme les Boulevards de la Liberté et de la République, la place des Portiques en ébullition au même moment pendant sept jours ! Cela relève-t-il de l’impossible ? Apparemment non, puisque c’est le défi que l’Espace Doual’art et la Fondation iStrike ont décide de relever à travers le Salon urbain de Douala (Sud), qui est un festival d’art public et d’interventions artistiques en sites urbains. Le projet qui se prépare depuis quelques années a vu la participation des artistes du Cameroun et d’ailleurs qui présentent leurs créations, pérennes ou évènementielles, dans différents quartiers de la ville de Douala. Ceci, après de courtes résidences permettant une imprégnation et une connaissance du milieu.
Lors de la conférence de presse annonçant l’évènement, Marilyn Douala Bell Schaub a précisé que "Le Sud est un moment où la culture apporte des solutions concrètes au développement de la ville. C’est d’ailleurs pourquoi, à côté des expositions, il y aura des rencontres sous le vocable Ars et Urbis, qui vont rassembler un panel d’artistes, de curateurs, de sociologues urbains et d’architectes, pour évaluer l’impact des actions artistiques dans la ville". C’est un choix qui a également guidé la sélection des œuvres qui seront découvertes du 9 au 16 décembre 2007. Ces créations diverses, happenings, installations, performances, sculptures, installations urbaines, mobilier de ville…, traitent de la mobilité urbaine, du commerce ambulant, des pratiques de récupération et de recyclage de mémoire historique et traditionnelle d’architecture et d’urbanisme.
Il y aura certes, des artistes camerounais connus comme Joseph Francis Summegné, Goddy Leye, Pascale Marthine Tayou, Hervé Youmbi, Hervé Yamguen et le critique Lionel Manga. Mais, ces personnes au registre connu vont offrir une facette inconnue. Les projets qu’ils ont réalisés n’ont pas de lien commun avec leur discipline de départ. Hervé Yamguem, plasticien et poète propose par exemple au Sud, "Les néons d’amour". Une série de dix néons en couleur aux formes de l’amour ou de l’accouplement, qui seront accrochés sur les façades d’immeubles du quartier New-bell.
Le plasticien Hervé Youmbi, lui, apporte la "Fontaine publique". C’est, en fait, un bloc de trois lavabos surmontés de miroirs, qui dressent les portraits de Dakar, de Douala et de Paris sur un trottoir d’une avenue à Akwa. Lionnel Manga s’est associé à Philippe Mouillon. Pas pour écrire, mais pour condenser en une phrase la vie de 250 conducteurs de "Bend skins" rencontrés. Ces tee-shirts personnalisés seront portés par ceux-ci. Du coup, on a hâte de voir tous ces projets en réel. Car Sandrine Dole a, par exemple, réfléchi sur la création d’un "Resto-rue". Sorte de cuisine de rue réalisée en terre cuite pour la dégustation des beignets au quartier Bonanjo.
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" Nous voulons faire de Douala la capitale des arts plastiques "
Entretien de Robert Essombe Mouangue avec Marilyn Douala-Bell et Didier Schaub, gérants de Doual´Art
publié le 09/09/2004 Marilyn Douala-Bell et Didier Schaub animent le centre d´art contemporain le plus en vue de la capitale économique, donc du pays. Leur engagement dans la promotion et le développement des arts plastiques les place en tête ou en partenaire privilégié de toutes les initiatives novatrices dans le domaine. | | | |
Comment procède t-on pour exposer à Doual´Art ? Quels sont les critères de choix ? Notre choix se porte généralement sur des travaux contemporains présentant une réelle lucidité thématique. Des travaux réalisés en milieu urbain. Nous devons y voir aussi un sincère engagement de l´artiste par rapport à son œuvre. En tout et pour tout, nous sélectionnons des travaux d´avant-garde plutôt que ceux versant dans des aspects purement commerciaux. Il nous arrive aussi de procéder d´abord par un accrochage de groupe, puis d´en arriver à une exposition individuelle par rapport à un artiste donné. Il nous est arrivé aussi de prendre des artistes dans notre catalogue, par le biais de recommandations. La maison Doual´Art est-elle ouverte à tous les plasticiens toutes tendances confondues ou existe-il un pré-carré ? Nous sommes un centre d´art contemporain. Nous sommes donc ouverts à tous les plasticiens à partir du moment où le jugement que nous avons de leurs travaux correspond à notre cahier de charges. Il est vrai que certains noms apparaissent plus souvent dans nos expositions que d´autres, mais ils ne le sont que par la qualité de leurs travaux et non parce que faisant partie d´une liste d´artistes prédéterminés. Combien d´expositions organisez-vous en moyenne par an ? Une quinzaine. Quelquefois plus. Dans ce domaine, nous sommes sans concurrent. Les galeries professionnelles de la place, que ce soit à Yaoundé où à Douala, ont à peu près une moyenne de quatre à six expos par an. Vous arrive-t-il de beaucoup vendre ? Et quelles sont vos ventes record ? Il est difficile de parler de vente tout court pour certaines de nos expositions qui sont avant tout d´énormes prises de risque. C´est la possibilité donnée au public d´approcher des œuvres d´avant-garde à la valeur marchande assez difficile à établir. Notre rôle à nous est de prendre des risques, de présenter des travaux qu´on ne peut voir nulle part ailleurs, là où d´autres maisons, à cause d´impératifs commerciaux, mettent la bannière basse. N´empêche que certaines de nos expositions se sont pas mal vendues, comme le sculpteur Sumégné, Goddy Leye, Louise Epée etc. Existe-il un réseau d´amateurs d´arts sur la place ou Doual´Art compte-t-il sur ses contacts à l´extérieur du pays ? Il y a un petit cercle de fidèles et de collectionneurs d´art ici. Mais ça reste très limité. Vraiment pas de quoi (pour l´heure) révolutionner le marché de l´art au Cameroun. Mais nous avons aussi des acheteurs potentiels à l´extérieur, ce qui rentre aussi dans notre rôle de populariser l´art camerounais. Quelles sont, d´après vous, les grandes faiblesses des plasticiens camerounais ? Ils font généralement preuve d´un énorme déficit en culture visuelle. Ceci s´explique par le fait qu´ils ne font pas un grand effort de documentation. Doual´Art dispose par exemple du plus grand centre de documentation en matière d´arts plastiques mais vous n´y verrez pratiquement pas d´artistes venant s´y ressourcer. Il y a aussi un peu trop de mimétisme dans le travail des uns et des autres, malgré le grand nombre de créations produites. Il n´y a pas assez d´effort de recherche, de mise en place d´une écriture personnelle. On peut le comprendre dans un pays où il n´y a pas pratiquement pas d´école d´arts plastiques, ni de formation dans le domaine. L´absence d´une véritable critique de leurs travaux leur est aussi préjudiciable. Quels rapports entretenez-vous avec le ministère de tutelle ? Etes-vous satisfaits de leur action ? Ils restent assez cordiaux. Il y a un nouveau délégué provincial de la culture qui semble vouloir venir en aide à la filière. Nous attendons de voir. De toute façon, Doual´Art est disponible pour tout travail de fond. Que faut-il faire selon vous, pour dynamiser les arts plastiques au Cameroun ? Beaucoup de choses ! Il faut continuer à sensibiliser les habitants à l´expression plastique. Créer un public qui consomme les œuvres d´arts contemporains. Investir aussi les établissements scolaires, les ateliers pour enfants dans les quartiers populaires. Il faut trouver un budget au niveau communal, le mettre à la disposition des artistes pour stimuler tout ça. Il faut créer un musée d´art contemporain et professionnaliser les journalistes dans la critique d´art. Notre objectif est de faire de Douala la capitale sous-régionale des arts plastiques !
Essombe Mouangué Robert
Robert Essombe Mouangue est poète et journaliste. Il réside à Douala et y est correspondant d´Africultures. Il a publié "Du Ngondo" (2000, poésie) et "N´a qu´un nom" (1998, nouvelles). Collaborateur de Camaroes Hebdo, journal culturel de Douala, il réalise aussi des documentaires sur la culture au Cameroun pour l´Agence Universal Média and Vidéo Press. |
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