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31.10.2007
Athlétisme : Françoise Mbango rompt le silence
La championne olympique a décidé d´évoquer son avenir professionnel.
Bertille Missi Bikoun
Elle a préféré un entretien à bâtons rompus, plutôt qu´une interview formelle. Là-bas, dans la grande cours du lycée Leclerc de Yaoundé où nous l´avons rencontrée ce 29 octobre 2007, en fin de journée, Françoise Mbango, accompagnée de son fils, s´est confiée, en toute liberté. Honnête et spontanée, la médaillée d´or olympique du triple saut à Athènes s´est voulue peu diserte sur certains sujets, comme sa suspension par la Fédération camerounaise d´athlétisme. Préférant s´attarder sur ses relations avec l´Etat et ses bienfaiteurs, son avenir professionnel et son regard sur l´athlétisme camerounais et africain. L´absence de Françoise Mbango Etone aux derniers Jeux africains d´Alger de juillet 2007 n´avait pas été du goût des autorités sportives nationales, qui ne l´avaient pas caché. : "Je n´étais pas à Alger pour des raison indépendantes de ma volonté. Qui de droit sait pourquoi je n´y étais pas", affirme-t-elle.
Après avoir gardé longtemps le silence sur les raisons de son forfait, l´athlète a tout juste donné cette explication, pour ses fans, a t-elle précisé. Elle a également affirmé qu´après des explications, les "incompréhensions" ont été aplanies avec les autorités sportives nationales, aussi bien celles du ministère des Sports et de l´Education physique que celles du Comité national olympique et sportif du Cameroun (Cnosc), qui lui ont réaffirmé leur soutien.
D´ailleurs, les engagements pris par les autorités sont en train d´être honorés. Il en est de même pour ses bienfaiteurs, Camship et Aes Sonel, qui, après son sacre d´Athènes, s´étaient engagés à la soutenir jusqu´à la prochaine olympiade en lui accordant un soutien financier mensuel. C´est pourquoi, "Camship a décidé de me verser toute la dotation promise afin que je me prépare mieux pour les prochain Jeux olympiques au lieu d´un forfait mensuel". Autant de chose qui la galvanise. "Toute cette sollicitude, ces sollicitations et attentes m´encouragent à revenir, à défendre mon titre en 2008, surtout que je sais que j´en suis capable", dit-elle avec détermination, celle-là que l´on a vu dans son regard lors du concours du triple saut des JO d’Athènes qui l´a vu sacrer championne olympique.
Humanitaire
En effet, Françoise insiste là-dessus : "Je veux rassurer les Camerounais que je continue de m´entraîner. S´il plait à Dieu, je vais défendre mon titre aux JO 2008. Je suis consciente de ce que quand je compétis, je représente le Cameroun en particulier, et l´Afrique en général. Tout ce monde souhaite me voir et il est de mon devoir d´honorer ces attentes". Au-delà d´un défi personnel, l´athlète déclare avoir envie de donner de nouvelles sensations fortes aux Africains, et une grande impulsion à l´athlétisme camerounais qui, d´après elle, est en train de péricliter. "ça me fait mal de voir qu´on ne parle de l´athlétisme camerounais qu´à travers des personnes et non les performances des athlètes. Sur le plan international, l´athlétisme camerounais n´a besoin que d´images fortes, positives et constructives ; et non pas de faits divers. Les occasions de parler de lui sont tellement rares que l´on a pas besoin de les gâcher". Autant de raisons pour lesquelles l´athlète veut revenir au plus haut niveau. Cela, après trois ans d´absence de compétitions officielles, marqués par une maternité en 2006 : "Je n´aimerais pas que l´image et la valeur que l´athlétisme a pris après mon sacre soient ternies".
Ce d´autant plus, qu´après trois années de trêve, les règlements de la fédération internationale, lui donnent la possibilité, aujourd´hui, de courir sous les couleurs d´un autre pays de son choix. C´est pourquoi, sa suspension, prononcée il y a quelques semaines par la fédération camerounaise est, pour Françoise Mbango, "un non événement […] Je préfère m´attarder sur les choses utiles…", dit-elle. A ce propos, l´athlète a décidé de faire dans l´humanitaire. Lorsqu´elle a reçu les différentes dotations sus évoquées, elle s´est empressée, selon elle de les partager avec les jeunes, "qui veulent devenir champions comme moi, mais qui s´entraînement dans le dénuement complet". Vendredi dernier, en lieu et place de sa traditionnelle séance d´entraînement, Françoise Mbango Etone leur a apporté un "soutien financier symbolique". Par ailleurs, elle a recruté "un kinésithérapeute qui va leur faire des massages de récupération et j´ai financé l´achat du matériel pour favoriser la pratique des sauts". D´où son invitation aux structures à ne pas hésiter à soutenir l´athlétisme qui, "grâce à Hamad Kalkaba, Emmanuel Bitanga…, est l´un des sports qui a fait parler du Cameroun à l´extérieur de façon positive".
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