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27.11.2007

MANGA BEKOMBO Priso: Conflits d´autorité au sein de la société familiale chez les Dwala du Sud-Camer 

MANGA BEKOMBO

Conflits d´autorité au sein de la société familiale chez les Dwala du Sud-Cameroun

Les Dwala1 constituent une des populations bantu du Sud-Cameroun, installés sur les rives du Wuri2, au début du xvme siècle, croit-on3. L´histoire de leur migration reste confuse, pour ne pas dire qu´elle est encore totalement inconnue ; I. Dugast, commentant les données d´Avelot et de Poutrin4, note en effet que :

« Les Duala appartiennent aux groupes de populations qui, venant du Nord, constituent l´invasion ´ Amubu ´. Dans le nombre de populations que cette invasion amena jusque dans le Centre Afrique furent les Bakota ; or, toutes les traditions orales des Duala s´accordent à affirmer qu´ils sortent de chez les Bakota. Si le groupe Duala vint réellement de la région équatoriale, il ne peut pas dire quelles furent ses lointaines étapes, et il ne reconnaît la trace de sa migration que dans la vallée de la Sanaga, en actuel pays basa. Là commencent les quelques récits historiques de la tradition orale »5.

En effet, il n´existe, à notre connaissance, rien qui permette de repérer le groupe dwala avant les années 1700, c´est-à-dire avant son

1. Nom de l´ancêtre commun retenu par l´ensemble du groupe ; le nom original est Ewale, il fut d´abord transformé en Diwale, puis Dwala. Ewale vient du verbe wala qui signifie partir ; ewale-wale désigne l´éternel voyageur, l´aventurier.

2. Nom actuel du fleuve qui traverse la ville de Douala ; il s´agit de l´ancienne « Rivière Cameroun » (le Rio dos Camarones portugais) où se pratiquaient les échanges commerciaux pendant la période de la traite.

3. R. Asmis situe cette installation aux environs de 1706. Voir : « Der Handel der Duala», Mitt. Deutsch. Schulzgeb., 20, 1907, pp. 85-90 (C.R. in Togo-Cameroun, 1931).

4. Avelot, « Recherches sur l´histoire des migrations dans le bassin de l´Ogoué et la région littorale adjacente », Bull. Géogr. Hist. Descr., 1905, pp. 337-412 ; Poutrin, « Esquisse ethnologique pour servir à l´étude des principales tribus des territoires du Cameroun sous mandat français », Bull. Soc Et. Cam., 1945, n° 3, pp. 11-59.

5. I. Dugast, Inventaire ethnique du Sud-Cameroun, Cameroun, IFAN, 1948, série Population, n° 1, p. 11.

Nom de ancêtre commun retenu par ensemble du groupe le nom original est Ewale il fut abord transformé en Diivale puis Dwala Ewale vient du verbe wala qui signifie partir ewale-wale désigne éternel voyageur aventurier Nom actuel du fleuve qui traverse la ville de Douala il agit de ancienne Rivière Cameroun le Rio dos Camarones portugais où se pratiquaient les échanges commerciaux pendant la période de la traite Asmis situe cette installation aux environs de 1706 Voir Der Handel der Duala Mitt Deutsch Schulzgeb. 20 1907 pp 85-90 C.R in Togo-Came- roun 1931) Av elot Recherches sur histoire des migrations dans le bassin de Ogoué et la région littorale adjacente Bull Géogr Hist Deser. 1905 pp 337- 412 Poutrin Esquisse ethnologique pour servir étude des principales tribus des territoires du Cameroun sous mandat fran ais Bull Soè Et Cam. 1945 no pp 11-59 Dugast Inventaire ethnique du Sud-Cameroun Cameroun IFAN 1948 série Population no séjour à Piti, sur la Dibamba. La tradition orale subsistant actuellement est si incomplète et si contradictoire en matière d´histoire que les Dwala n´ont, encore de nos jours, fait l´objet d´aucune étude monographique, à l´instar des populations du sud-ouest du Cameroun. Cette carence s´explique par ailleurs du fait que les Dwala ont été très tôt en relation avec l´Europe, dès leur installation sur l´embouchure du Wuri : ils ont en effet joué un rôle très actif dans l´établissement des échanges commerciaux qui se pratiquèrent sur le fleuve durant toute la période de la traite ; sans doute ne présentaient-ils plus aux yeux des Africanistes la physionomie archaïque d´un peuple primitif qui pouvait alors intéresser l´ethnographie.

Cependant, des données éparses, tirées d´une part de l´abondante littérature des missionnaires allemands, des recoupements et des combinaisons que l´on peut opérer à partir des traditions recueillies d´autre part de la connaissance directe que l´on peut avoir de ce peuple permettent, dans une certaine mesure, de reconstituer la formation de la société dwala et d´exposer certains traits caractéristiques du fonctionnement de cette société. Ceci fait l´objet de recherches actuellement en cours.

Nous nous proposons, dans le présent article, de décrire une série de conflits repérables au sein de la société familiale, le mboa. Ces conflits opposent, d´une part, les membres de la communauté entre eux ; d´autre part, le chef de mboa et le devin qui lui est associé, deux individus qui détiennent l´un et l´autre des types d´autorité dont la nature et le mode d´expression s´affrontent en de fréquentes occasions.

I. — Le mboa

Le mboa est un terme dwala dont il est difficile de trouver un équivalent français ; il exprime, à l´origine, une unité sociale, dont le contenu et la dimension sont bien définis. Par extension, ce terme désigne aussi, la patrie, le lieu d´origine. Le mboa désigne une communauté d´hommes localisée à la fois socialement et territorialement ; c´est un groupe dont les membres sont unis par des liens de parenté réelle ou fictive, qui occupe une certaine étendue de terrain. En pays dwala, le mboa est l´unité sociale de base, à partir de laquelle l´individu affirme son appartenance soit à un clan, soit à la tribu dwala, par opposition aux tribus voisines. Cette unité sociale est, ici, la « famille », selon une des interprétations que les Dwala ont fait de ce terme : « la famille normale »* par opposition aux groupes plus ou moins larges dont est faite la société dwala. Comme nous allons nous en apercevoir

i. Same Lotin, Traditions Dwala, Yaoundé, IRCAM, Doc. n° 86, p. 3.

rne Lotin Traditions Dwala Yaoundé IRCAM Doc no 86

plus loin, le mboa est l´entité charnière qui se situe entre les petites unités ne comportant aucun intérêt du point de vue politique et administratif (miebe, sing. nimbe) et masoso (sing. soso) et les unités de plus grande importance (miyo, sing. diyo : le sous-lignage, tumba, le lignage ou le clan).

Le muebe est une fraction du mboa, qui regroupe une ou plusieurs épouses du mari-chef du mboa ; un mboa peut ainsi contenir dix miebe ; à la tête de ceux-ci se trouvent des épouses principales qui en sont des responsables et dont les miebe portent les noms. Le masoso se repère à l´intérieur d´un muebe, il réunit une épouse et ses enfants. La formation d´un masoso au sein d´un muebe marque une relative autonomie qu´acquiert une épouse secondaire par rapport à l´épouse principale responsable dudit muebe et à laquelle la première restera néanmoins subordonnée jusqu´à ce qu´elle constitue son propre muebe. Muebe et masoso sont des éléments constitutifs du mboa ; ce dernier est géré, en toutes choses, par le mari-chef de mboa. Par ailleurs, le mboa se distingue du diyo; au niveau de celui-ci s´exprime l´amorce d´une centralisation politique qui se traduit par le fait qu´un seul homme est considéré comme chef du diyo, c´est-à-dire de l´ensemble des mboa constituant le sous-lignage. Cependant, cette centralisation politique ne détruit nullement l´autonomie du mboa par rapport au diyo : l´un et l´autre expriment des niveaux différents où certaines décisions sont prises d´une manière indépendante ; si, par exemple, les chefs des miyo constituent 1´ « assemblée clanique », il n´en va pas moins que le chef du mboa est directement responsable devant le chef du clan. De même, si l´attribution des terres à un fils d´un mboa est du ressort du chef du diyo (la décision étant prise lors d´un conseil des chefs des mboa réunis dans le diyo) ; et s´il est dit que la fille est donnée en mariage, non pas par son propre mboa, mais par le diyo, il faut noter que la terre donnée est soumise au contrôle du chef de mboa, que ce dernier a été le seul à décider effectivement du mariage de ladite fille. Retenons encore que la célébration de l´ancêtre s´accomplit au niveau du mboa ou de la tribu tout entière et non à celui du diyo : on évoquera ainsi Ewale, l´ancêtre commun du groupe tout entier pour distinguer ce dernier des groupes voisins. En ce qui concerne le mboa, il n´est nul besoin de remonter loin dans le temps pour repérer l´ancêtre évoqué : d´une manière générale, ce dernier est l´arrière-grand-père, quelquefois simplement le grand-père d´un Ego ; le Dwala retient dans ce cas l´ascendant qui a su doté son mboa de la structure de base qu´il présente actuellement et des possibilités d´une plus grande extension, d´une prospérité croissante et d´un prestige solide. L´ancêtre du mboa est donc généralement très proche, et cela explique, en partie, que le génie qu´on lui reconnaît demeure aussi vivant dans les esprits.

L´importance du mboa est telle que ce dernier est conçu, par le Dwala, comme « un petit État dans le peuple » ; dans un essai d´interprétation, un Dwala explique :

« L´État, pour l´indigène, c´est la famille ; il ne voit dans l´activité administrative que l´exécution du rôle naturel du chef de famille [...]. Nos villages — quartiers —- et toute la ville de Douala sont, comme jadis, des groupes de familles réunies (chacun formant une communauté indépendante l´une de l´autre dans leur existence privée). L´esprit de parentage, très vif dans les familles, se transforme dans les grandes communautés, en l´esprit national ; mais l´ordre naturel des choses reste le même dans les familles que dans les villages — quartiers — et la ville de Douala tout entière m1.

La « famille » dont il est question dans ce texte de Samé Lotin n´est autre chose que le mboa. Il n´existe pas dans la coutume dwala de critères nettement définis dont l´apparition dans une communauté donnée transforme celle-ci en un mboa ; la formation d´un nouveau mboa est implicitement commandée par les conditions démographiques et économiques ; à partir du moment où la population d´un mboa donné atteint un chiffre tel que ses ressources ne suffisent plus pour l´entretenir ou que le mode de concentration et de redistribution des produits, de même que celui de la circulation des personnes, se trouvent entravés par la complexité que présente la répartition des individus de ce mboa surpeuplé, ce dernier se fragmente et une nouvelle unité se crée parallèlement à la première. Le mboa est la création d´un homme qui, soustrait de la tutelle d´un aîné, fait montre de certaines qualités très valorisées, chez les Dwala d´autrefois (l´esprit d´entreprise, le sens des affaires, la résistance au combat) et a réussi à réaliser une richesse appréciable en biens et en personnes.

Un mboa réunit, en dehors des personnes liées par la parenté, d´autres gens dont les rapports avec les premiers sont ceux d´hommes libres et d´hommes sujets. Ces sujets, que les Dwala nomment bakom (esclaves), sont, à l´origine, des captifs de guerre, des personnes données en gage ou adoptées, ou des personnes achetées2. En tant que tels, ils comptent néanmoins comme membres du mboa, et ce dernier groupe ainsi une population globale qui peut atteindre 50 à 80 individus. Ceux-ci occupent Yeboko (la concession) dont la gestion revient au chef du mboa. Toutefois, le groupe dit esclave, pour être distingué du groupe libre, occupe l´extrémité sud de l´habitat, koto (la clôture). Un fait important à noter est que les esclaves mâles, bien que dépendant du chef de mboa, peuvent se procurer des biens qui restent leur propriété propre ; leurs descendants, d´une génération à l´autre, acquièrent un statut social de plus en plus élevé et peuvent ainsi, à la

1. Same Lotin, op. cit., pp. 3, 4 et 6.

2. Il est rapporté qu´en 1880 les Dwala achetaient des esclaves à raison de « 20 marks allemands la pièce ». Voir « Der Duala Neger in Kamerun Fluss », Globus, XLVI, 1884, pp. 207-208.

Same Lotin op cii. pp et Il est rapporté en 1880 les Dwala achetaient des esclaves raison de 20 marks allemands la pièce Voir Der Duala Neger in Kamerun Fluss Globus XLVI 1884 pp 207-208

longue, devenir des hommes libres, totalement affranchis qui sont alors intégrés dans le groupe de base, la souche même du mboa. Celui-ci présente, en définitive, l´aspect d´une « famille-étendue », comportant une réserve d´hommes qui en constituent une part de prestige et en garantit, dans une certaine mesure, la perpétuation et l´extension.

Le mboa de base, que nous envisageons plus spécialement ici, se compose, d´une part, d´un chef, leader de la communauté qui, avec ses frères, représente la fraction masculine ; à côté d´eux et, d´autre part, on trouve le sous-groupe des femmes : les épouses et les sœurs du chef et de ses frères. L´on est ainsi en présence de trois sous-groupes caractérisés chacun par leurs rapports au chef : le sous-groupe des frères cadets et des enfants mâles, des sœurs, des jeunes filles et des épouses qui constituent le sous-groupe des femmes reçues. Ces sous-groupes, loin d´être pour nous des catégories d´analyse, existent réellement et remplissent, les uns et les autres, une même fonction qui consiste à assurer la continuité et l´extension du mboa et à accroître son prestige : ils représentent une source de revenus et des possibilités d´alliances. La physionomie globale du mboa peut être schématisée de la manière suivante :

le chef ou l´aîné des frères
— Frères cadets et enfants mâles
Les sœurs et les jeunes filles
les épouses koto (clôture)
Groupe dit esclave

II. — Le chef du mboa et l´autorité qu´il détient

Le chef est, en principe, l´aîné des fils de l´épouse principale (la première épousée) du père ; son autorité repose sur les trois assises suivantes.

i° II est le gestionnaire légitime, en accord avec la coutume, des personnes et des biens matériels du mboa, le tout constituant l´héritage laissé par le père. La coutume veut, en effet, que seul un enfant mâle puisse bénéficier des biens laissés par le père : « La mère fait partie de la succession (de l´héritage) mais seulement dans le cas où elle contracte un nouveau mariage en dehors de la famille ; la dot versée pour elle la remplace (alors) dans la masse de la succession. Mariée à un membre de la famille du mari défunt1, elle garde sa qualité de membre de la famille »2. Ceci appelle une précision : en effet, il arrive qu´une fille bénéficie d´une partie de l´héritage ; selon un auteur dwala :

« Lorsqu´il arrive qu´un homme meure, laissant deux filles et un garçon, l´ensemble des biens revient à ce dernier, sauf si lesdites filles sont encore en bas âge, auquel cas elles reçoivent une petite part de l´héritage destinée à compenser éventuellement les efforts de celui qui les prendra en charge »3.

La plupart du temps, cette prise en charge est assurée par le frère aîné, chef actuel du mboa, l´héritier principal ; mais il arrive que la jeune fille réussisse à conserver comme sa propriété la part de biens qui lui a été léguée ; ceci a des conséquences que nous évoquerons plus loin.

2° Gestionnaire des personnes autant que des biens, le chef du mboa est seul habilité à donner et à recevoir les femmes ; lui seul décide du mariage d´un fils ou d´une fille de la communauté en même temps qu´il est seul dépositaire de tous les biens constituant la dot. Le chef est le point de départ et le point d´arrivée du réseau de circulation des femmes.

3° La troisième assise de l´autorité du chef apparaît comme une conséquence des deux premières : le chef est seul représentatif du mboa à l´extérieur de celui-ci ; un membre du groupe ne se présentera jamais en tant que sujet individuel — car cela ne surfit pas pour qu´il soit identifié — il évoquera toujours, afin qu´il soit agréé, le nom de mboa (nom du chef) auquel il appartient. L´on comprendra ainsi que l´objectif de première importance, pratiquement le seul objectif visé par toute épouse chez les Dwala est son intégration totale dans le mboa du mari, où elle conserve longtemps l´étiquette d´étrangère qu´elle porte alors lors de son arrivée.

Gestionnaire des biens, donneur de femmes, responsable du mboa à l´extérieur, telles sont les fonctions et qualités qui confèrent au chef, d´une manière théorique, l´autorité qu´il est appelé à exercer sur les

1. Same Lotin, op. cit., p. io.

2. Au 9e jour après l´enterrement du mari décédé, chacune de ses épouses est appelée à choisir, parmi les fils du mboa, celui dont elle redeviendra la femme ; une femme ne peut choisir son propre fils ; le nouvel époux de l´épouse principale du mari mort succède automatiquement à ce dernier et occupe les fonctions de chef de mboa ; il est nécessairement l´enfant d´une épouse secondaire. Dans ce cas, ce n´est plus l´aîné des fils de la première épouse qui hérite du père ; de nouveaux conflits apparaissent alors.

3. Peter Makembe, « Duala-texte », Zeitschrift fur Eingeborenen-Sprachen, XI, 1920-1921, pp. 161-181.

Same Lotin op cit. io Au 9e jour après enterrement du mari décédé chacune de ses épouses est appelée choisir parmi les fils du mboa celui dont elle redeviendra la femme une femme ne peut choisir son propre fils le nouvel époux de épouse principale du mari mort succède automatiquement ce dernier et occupe les fonctions de chef de mboa il est nécessairement enfant une épouse secondaire Dans ce cas ce est plus aîné des fils de la première épouse qui hérite du père de nouveaux conflits apparaissent alors Peter Makembe Duala-texte Zeitschrift für Eingeborenen-Sprachen XI 1920-1921 pp 161-181 membres de la communauté, et les sous-groupes du mboa, pris isolément ou par série, semblent plus particulièrement concernés par l´une quelconque de ces assises de l´autorité retenues plus haut. L´on peut ainsi déterminer certains rapports du chef et des sous-groupes :

a) Le chef détient la gestion de tous les biens et contrôle la circulation des femmes.

Le chef ■<■-------------------------------------------------------------Frères cadets

-------------------------■----------------------------->- et enfants mâles

a´) II procure la sécurité matérielle aux membres du mboa.

Il a le perpétuel souci de la survie du groupe.

b) II accumule des biens pour les dots et les services reçus et dispose de la descendance que lui procurent les épouses.

Le chef -<----------------------------------------------------- Épouses

—■----------------------------------------------------------> et sœurs

b´) II doit accélérer l´intégration des épouses et des sœurs, ce qui comporte des dangers de scission au sein des mboa.

III. — Les conflits

Chaque élément de l´autorité du chef comporte une contrepartie : aux rapports a et b, s´opposent les rapports a´ et b´ ; si les premiers apparaissent comme des privilèges, les seconds sont conçus comme des obligations. Mais selon l´interprétation des Dwala, il n´y a pas d´équilibre entre les termes de ces rapports a a´ et b b´ ; pour les membres du mboa, les services qu´ils reçoivent du chef ne compensent guère les droits dont ils sont démunis. Aussi, des conflits éclatent à tous les niveaux du mboa, opposant le chef tantôt à un individu, tantôt à un sous-groupe entier.

A. — Au niveau des rapports aîné-cadet, qui lient le chef du mboa à ses jeunes frères, ces derniers arrivent à contester au premier le droit de gérer, seul, l´héritage laissé par le père commun. Cette contestation ne se limite pas à une expression verbale ; dans la mesure où elle vise, non pas le simple partage des biens, mais plutôt le siège du chef, c´est-à-dire des avantages et des privilèges, elle prend l´aspect d´une véritable guerre civile. Pour éliminer le chef régnant, le frère cadet a recours à l´appui, d´une part, des autres chefs de mboa du même diyo que le sien, d´autre part, d´un personnage nouveau, le devin, que nous ferons apparaître plus loin au sein du mboa. Le frère cadet, promu au rang de chef, ne modifiera point la généalogie afin de justifier la position acquise : avec lui, au contraire, on assiste à la formation d´une nouvelle lignée de chefs1.

La forte contrainte exercée sur les frères cadets par l´aîné, chef du ´mboa, a pour but de reculer de plus en plus la période à laquelle les jeunes devront acquérir leur autonomie ; or, ce recul voulu par le chef s´oppose au principe de développement et d´extension de la communauté. Cette contradiction entre les principes et l´exercice de l´autorité par les aînés provoque des réactions déterminées chez les jeunes : la jeune fille partira tôt en mariage, espérant trouver dans le mboa de son mari la place qu´elle ne peut occuper dans son propre mboa. Quant au jeune homme, il emprunte une démarche beaucoup plus complexe, faisant intervenir outre le diyo paternel et le devin, dont nous avons fait mention, les membres du mboa de sa mère, en particulier l´oncle maternel ; c´est grâce à ce dernier, en effet, et à la propre mère du jeune garçon que celui-ci brisera la barrière sociale que lui oppose son aîné, le chef actuel du mboa. En vue de lui faire acquérir le statut « d´homme accompli », ce qui se traduit essentiellement par l´autonomie sociale et économique du sujet, l´oncle maternel procurera une épouse au neveu, en même temps que la mère, par d´autres menus faits, cherchera à bâtir un certain prestige autour du fils2. La bienveillance de l´oncle maternel n´a pas pour seul but de faciliter la promotion du neveu ; ce dernier doit manifester, en échange, un attachement plus étroit au groupe maternel auprès duquel il jouit d´une position particulièrement privilégiée (il n´est pas membre de ce mboa, donc n´est pas un adversaire potentiel du chef dudit mboa), et où il joue un certain nombre de rôles, notamment celui d´arbitre, de pacificateur. Le neveu est un mulalo par rapport au groupe maternel. En d´autres termes, le mboa de la mère est un allié du jeune homme et cette alliance a pour objet de s´opposer à la contrainte exercée par l´aîné, le chef actuel du mboa auquel appartient le cadet.

B. — Les éléments de conflit esquissés plus haut sont confirmés dans les rapports du mari-chef de mboa avec ses épouses ; celles-ci cherchent, non seulement à appartenir intégralement au mboa du mari, mais encore, à partager la descendance avec ce dernier, ce qui est en

1. Kuo n´ayant pas réussi à éliminer du trône son frère aîné Njo, alla s´installer avec un groupe de gens, en dehors des limites de la chefferie ; il fonda ainsi un nouveau village dont il était le chef et qui, par la suite, devint le « royaume d´Akwa », entièrement autonome et qui rivalisa avec celui de Njo devant les traitants européens.

2. J. Ittmann, « Bemerkungen zu den Alterklassen der Duala und ihrer Nachbarn », Afrika und Vbersee, 39, n° 2, mars 1955, pp. 83-88. « La mère, si elle en est capable, offre un grand festin aux membres de l´association de la classe d´âge à laquelle appartient son fils ; ce geste est un élément de prestige dont jouira le garçon qui reçoit. »

Kuo ayant pas réussi éliminer du trône son frère aîné Njo alla installer avec un groupe de gens en dehors des limites de la chefferie il fonda ainsi un nouveau village dont il était le chef et qui par la suite devint le royaume Akwa entièrement autonome et qui rivalisa avec celui de Njo devant les traitants européens Ittmann Bemerkungen zu den Alterklassen der Duala und ihrer Nachbarn Afrika und bersee 39 no mars 1955 pp 83-88 La mère si elle en est capable offre un grand festin aux membres de association de la classe âge laquelle appartient son ni ce geste est un élément de prestige dont jouira le gar on qui recoit contradiction avec les institutions selon lesquelles la filiation est strictement paternelle. Si la coutume dwala ignore le divorce et si, théoriquement, la femme est appelée à gagner la demeure de l´époux pour y passer toute sa vie, l´épouse n´est pas pour autant, d´une manière automatique et immédiate, totalement intégrée dans le mboa du mari ; elle le sera dans un délai indéterminé, mais sous deux conditions bien précisées : il faudra qu´elle sache mettre à profit la fertilité de la terre et, qu´à l´image de cette terre, elle manifeste, pour sa part, sa propre fécondité. Le mboa du mari ne devient également mboa de l´épouse qu´à partir du moment où celle-ci sera mère, mère, autant que possible, de plusieurs enfants, avec une majorité mâle. Le plus « intelligent » de ses fils — et non forcément l´aîné :— jouira du titre de mulalo1.

Par ailleurs, si le mari-chef du mboa est « propriétaire » de la descendance, l´épouse-mère cherche de son côté à acquérir le titre de « fondatrice » de la communauté ; c´est ce qui se réalise d´ailleurs avec l´existence des miebe, puisqu´ils sont identifiés grâce aux noms des femmes qui les organisent et les dirigent. Tandis que, dans la théorie, la descendance est patrilinéaire, il en va tout autrement dans les faits : la filiation maternelle rivalise avec la filiation paternelle ; les enfants (objets de prestige et source de revenus)2 restent attachés aux masoso et miebe de leur mère, alors que ces unités sont fixées à l´intérieur du mboa paternel. Dans cette rivalité qui oppose épouses et mari, les femmes ne perdent pas toujours : nombreux, en effet, sont les sous-lignages qui portent des noms de femmes, en particulier, dans les deux clans Akwa et Deido3.

Il ressort de ce qui précède que le chef, bien que muni d´un pouvoir institutionnel, ne peut aisément user de son autorité ; des résistances apparaissent à tous les niveaux du mboa et la société familiale dwala aurait sans doute cessé d´exister si un nouveau facteur d´équilibre ne devait intervenir. Il convient alors de mentionner, ici, un phénomène dont l´importance et l´efficacité sont considérables en milieu

1. Jn fils est un mulalo par rapport au mboa d´origine de sa mère, en particulier, par rapport à l´oncle maternel, chef de ce mboa ; il s´établit entre eux des rapports amicaux tout à fait particuliers et ceux d´alliés contre le mari de la mère ; trois buts sont à atteindre : a) éviter que le neveu ne réclame de l´oncle une partie des biens qui devraient revenir à sa mère ; b) favoriser et accélérer la promotion du neveu au sein du mboa de son père, ce qui entraîne c) l´intégration complète de la mère du neveu dans le mboa de son mari.

2. En milieu dwala, l´enfant compte parmi les « objets de valeur » ; dans la prière qu´il adressait autrefois à son Dieu, le chef de mboa demandait en substance : « Des femmes, des enfants et des esclaves. »

3. Bona-Elèkè ; Bona-Lembè ; Bona-Téki ; Bona-Tènè, etc. sont des sous-lignages portant des noms de femmes, Elèkè, Lembè, Téki, Tènè, dont les miebe ont connu un grand développement (bona désigne le groupe, les gens, les descendants). Quelle que soit la situation sociale apparente de la femme en milieu traditionnel, l´examen de l´organisation sociale et politique de la société montre qu´elle y joue un rôle réellement actif.

VTL fils est un mu alo par rapport au mboa origine de sa mère en parti culier par rapport oncle maternel chef de ce mboa il établit entre eux des rapports amicaux tout fait particuliers et ceux alliés contre le mari de la mère trois buts sont atteindre éviter que le neveu ne réclame de oncle une partie des biens qui devraient revenir sa mère favoriser et accélérer la promotion du neveu au sein du mboa de son père ce qui entraîne intégration complète de la mère du neveu dans le mboa de son mari En milieu dwala enfant compte parmi les objets de valeur dans la prière il adressait autrefois son Dieu le chef de mboa demandait en sub stance Des femmes des enfants et des esclaves Bona-Elèkè Bona-Lembè Bona-Téki Bona-Tènè etc sont des sous- lignages portant des noms de femmes Elèkè Lembe Teki Tene dont les miebe ont connu un grand développement bona désigne le groupe les gens les descen dants Quelle que soit la situation sociale apparente de la femme en milieu tra ditionnel examen de organisation sociale et politique de la société montre elle joue un rôle réellement actif dwala : il s´agit des rapports du mboa et de l´ancêtre fondateur. Il est admis, en effet, chez les Dwala, que l´ancêtre, même mort, participe néanmoins à la vie du mboa ; il est considéré comme le conseiller suprême du chef actuel qui ne doit faire autre chose qu´exécuter ses ordres. Le chef jouit d´autant plus de considération qu´il est censé incarner la personnalité de l´ancêtre. Et l´on est conduit à admettre que si l´affrontement continuel des tendances au sein du mboa n´aboutit pas à l´effritement de ce dernier, c´est bien parce que, de part et d´autre, chez le chef comme chez les membres des sous-groupes décrits plus haut, on observe un profond attachement à l´ancêtre commun, à qui l´on attribue la responsabilité de tous les événements de tous les faits engageant le destin de la communauté. L´ancêtre est responsable de l´ordre comme du désordre à l´intérieur du mboa. L´intervention des morts dans le monde des vivants révèle, ici, un autre aspect de la vie du mboa : le secteur de la magie, qui fait apparaître un nouveau personnage, le devin, étranger au mboa, mais associé à celui-ci en tant qu´intermédiaire entre l´ancêtre et les membres de la communauté.

C´est à travers le devin que l´ancêtre manifeste sa présence au mboa. Chez les Dwala, chaque mboa a son devin, de la même manière qu´en Europe on parle du médecin de famille. Le devin est l´homme doué d´un pouvoir surnaturel qui lui permet d´entrer en communication avec le mort ; quelquefois, il est sollicité par ce dernier pour travailler dans le mboa ; plus généralement, le devin appelle la sollicitation du chef de mboa, qui se laisse séduire par les aptitudes fantastiques de l´homme en question. Il est à remarquer qu´un individu n´est jamais devin dans son propre mboa ; la possibilité de communiquer avec les morts n´est donnée qu´à un étranger, c´est-à-dire à une personne qui n´est nullement concernée par le pouvoir civil du chef de mboa. Le devin peut appartenir à un diyo différent de celui auquel est rattaché le mboa où il travaille ; souvent, il est d´un autre clan, d´une tribu voisine ou (si l´on envisage le cadre politique et géographique actuel) originaire d´un autre pays que le Cameroun. Lorsqu´il est membre d´un diyo différent ou d´un autre clan, autrement dit : lorsqu´il peut être repéré à l´intérieur de la tribu dwala, le devin appartient généralement à la classe des vieillards : il n´est plus en activité au sein de son propre mboa, réduit, en raison de son âge, au rang de sujet par rapport à son successeur. Plus rarement, rencontre-t-on, avec la qualité de devin, un homme jeune, futur chef de mboa ou esclave en voie d´émancipation. Vieillard ou jeune homme, le devin est celui dont la position est incertaine à l´intérieur de son propre mboa ; dans un cas comme dans l´autre, il est soumis à une dure épreuve que lui inflige la communauté qui l´entoure. Ainsi, le vieillard cherche à substituer à l´autorité réelle qu´il détenait au sein de son mboa une autorité de nature différente qu´il asseoit dans un mboa étranger, grâce à des pratiques magiques ; le jeune adulte, pour sa part, cherche à acquérir du prestige au-dehors, par les mêmes procédés, afin de s´imposer avec plus d´efficacité aux membres de sa propre société familiale.

Intermédiaire entre l´ancêtre fondateur du mboa (dont nul ne saurait contester la vigilante bienveillance à l´égard de la communauté) et le chef actuel, le devin acquiert en définitive une autorité de fait qui rivalise continuellement avec l´autorité légitime, officielle. Cependant, le chef de mboa ne peut se passer des services du devin : c´est un collaborateur indispensable dont le rôle principal — celui du contre-sorcier — est de protéger, de prévenir le mboa de toute action maléfique. Ce rôle correspond parfaitement à l´un des devoirs du chef à l´égard des membres de son mboa. D´autre part, le devin ne peut se démettre de ses fonctions, soit parce qu´il en tire à bon prix ses moyens de subsistance, soit parce qu´il craint lui-même la sanction des morts qui l´auraient investi de son pouvoir magique1. La plupart du temps le devin est l´instigateur des conflits qui opposent le chef et les sous-groupes du mboa et c´est toujours lui qui, en définitive, fournit la solution à ces conflits, dès lors qu´il a acquis le bénéfice qu´il visait ou, plus exactement, dès lors qu´il aura tiré conseil de l´ancêtre.

Quoique le devin et le chef poursuivent théoriquement le même but (ce dernier consistant à assurer la sécurité et la cohésion du mboa), tous deux agissent néanmoins sur des terrains différents : l´un procure essentiellement la sécurité matérielle par une action qui porte sur le concret ; l´autre assure la protection par voie magique. Or les Dwala accordent la priorité au rôle du devin, si bien qu´il n´y a pas deux actions parallèles et simultanées sur le même objet (les membres du mboa) mais plutôt deux actions qui se succèdent et souvent s´opposent l´une à l´autre. En principe, le devin énonce des conseils ou des ordres, alors que le chef les exécute ou les fait exécuter ; mais, généralement, les ordres énoncés ne sont pas compatibles avec les actions possibles et les désirs du devin ne correspondent pas à ceux du chef. L´exemple le plus fréquent et le plus conséquent qui illustre le conflit opposant devin et chef du mboa est celui du mariage : le chef est souvent invité à accueillir favorablement telle demande en mariage alors que, personnellement et compte tenu de certains faits, il ne souhaite pas l´union envisagée, ou, inversement, à renvoyer un homme de famille riche dont il aurait voulu faire son allié : acceptation et refus se fondent ainsi sur le désir ou la crainte d´introduire, dans le mboa de la fille, de nou-

1. Dinkelacker, « Die Losango oder geheimbùnde der Duala », Evangelische Mission Magazine, 2, 1904, pp. 67-71. « Dans toutes les circonstances de la vie, de la naissance jusqu´à la mort, le Duala païen n´a qu´un seul souci : échapper aux effets des mauvais esprits et à la sorcellerie par toutes sortes de dons et sacrifices à d´autres esprits et en recourant à la contre-sorcellerie. »

Dinkelacker Die Losango oder geheimbünde der Duala Evangelische Mission Magazine 1904 pp 67-71 Dans toutes les circonstances de la vie de la naissance la mort le Duala païen un seul souci échapper aux effets des mauvais esprits et la sorcellerie par toutes sortes de dons et sacrifices autres esprits et en recourant la contre-sorcellerie
velles forces protectrices ou dangereuses qui sont censées être commandées par le mboa du prétendant.

Les transformations sociales récentes, liées au type d´économie moderne, qui s´opèrent actuellement au sein de la société traditionnelle se traduisent tout particulièrement par l´émiettement de cet ensemble : progressivement, le mboa éclate, et la notion du chef de rnboa perd de son contenu ; de plus en plus, on observe la formation d´unités conjugales restreintes, et de nouveaux problèmes se posent.

a) Les conditions présentes de l´économie de type moderne, si prometteuses qu´elles soient, se montrent plus difficiles : elles requièrent, pour qu´elles soient toutes réunies, un délai beaucoup plus long ; d´une manière générale, elles offrent moins de chances de réussite aux nouvelles unités conjugales en cours de formation ; en outre, elles ne promettent pas à un cadet la promotion sociale attendue et que lui garantissait le système traditionnel. Conscients de ces difficultés, les individus jeunes, bien que jouissant de leur totale liberté d´action, continuent néanmoins à se réclamer du chef de mboa qu´ils viennent d´abandonner, et à le rendre responsable de tout acte.

b) Le chef de mboa conserve toujours le contrôle des biens communs les plus importants (les terres et les personnes dépendantes qui continuent à lui apporter le produit de leur travail) : il apparaît, dans les circonstances actuelles, comme l´homme riche et se refuse à répondre des cadets qui se sont volontairement soustraits à son autorité.

e) La situation créée n´a pas conduit à la négation pure et simple de l´ancêtre, mais celui-ci ne semble plus jouer son principal rôle qui est d´assurer la cohésion du mboa. Mais cette conjoncture nouvelle ne fait qu´accroître l´importance du rôle du devin ; en effet, ce dernier peut agir, à sa guise, soit en accentuant la distance entre frères issus du même mboa, soit au contraire en les rapprochant : dans un cas comme dans l´autre, il se réfère à des forces peu contrôlables et dont Faction s´avère irréductible, puisqu´il s´agit, d´une part, du pouvoir des morts qui incite à l´unité des individus et, d´autre part, de la forme actuelle du progrès social qui entraîne vers l´autonomie individuelle des sujets. Dans cette dernière perspective, le champ d´action réel du devin n´est pas atteint par les mouvements qui secouent la société « traditionnelle » car l´individualisation des hommes se traduit essentiellement par une multiplication des mboa, et la physionomie d´ensemble de ces derniers reste identique à elle-même. Intermédiaire entre l´ancêtre et le mboa original, le devin devient aussi l´intermédiaire entre les différents mboa de type moderne (les unités conjugales) caractérisés par leur petite dimension. A l´intérieur de ces nouvelles unités, le devin est appelé à assurer les mêmes fonctions, mais son autorité l´emporte sur celle du chef de famille, ce dernier n´étant plus porté par la masse d´hommes qui en faisaient le poids.

A partir du moment où ils se rencontrent, devin et chef de mboa sont en quelque sorte condamnés à collaborer, à se confronter continuellement, durant une période indéterminée. Le mboa est le lieu où s´affrontent deux types d´autorité : l´une théorique, fondée sur l´ensemble des institutions sociales, l´autre, de fait, fondée sur un pouvoir magique. Deux types d´autorité qui s´opposent en ce sens qu´ils ne se réfèrent pas à la même réalité ; cependant, ils se complètent car ils permettent de cerner, dans leur totalité, différents aspects du fonctionnement de la société familiale, le mboa des Dwala.

 

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