Photo: Ntouba et Kotto (droite)
HOMMAGE A Raymond Baudelaire Kotto TOUAH
Auteur compositeur, directeur technique de la célèbre chorale d´Hommes de Deido et du chœur mixte dénommé MEY (Makom m´Essesse Yehova). Il était certainement le doyen des derniers chefs d´orchestre dans la direction des Chœurs d’ Ensemble musicaux religieux de forme dévotionnelle et grégorien.
Une véritable légende et le dernier témoin de la grande époque des sorciers des podiums, une époque où seules l´authenticité, la compétence, et la fidélité aux maîtres, avaient droit de cité. Tout le contraire de nos jours, où le patrimoine musical est tombé dans les mains d´une doxa d´opportunistes à tout crin.
C´était un artiste de haute valeur et orfèvre de la direction des chœurs à la gestuelle harmonieuse. Cette figure emblématique de la scène musicale et des podiums était aussi un grand rassembleur et fédérateur des talents.
‘Muledi’ Kotto était peu sensible aux feux de la rampe, il n´aimait pas les mondanités. L´image que l´on garde de lui, c´est celle d´un phare d´humanité irradiant au-delà des frontières de son art grâce à une bonhomie et une vérité de ton sans nulle autre pareille.
C´était un homme extraordinaire, jovial, d´un contact chaleureux, aimable et accueillant, doté d’un vaste talent musical inspirant le plus vif respect. Il ne manquait jamais de saluer tout le monde sur son passage. Il était très généreux pour la passion musicale au point de soutenir occasionnellement le groupe à l´aide de ses propres et modestes deniers !
Sur le plan musical, Muledi Kotto était un chef d´orchestre d´une haute compétence. Particulièrement exigeant, il était très scrupuleux, travaillant dans les moindres détails avec chacun des choristes et notamment les Ténors, son Pupitre vocal d´origine.
Il prêtait une intense attention aux moindres inflexions et montrait une totale maîtrise de son art. Une très forte personnalité qui en imposait grâce à ses connaissances fort étendues. Il exerçait son métier avec infiniment de classe et d´élégance, ce qui lui valut d’être très apprécié et respecté de l’ensemble des choristes et du clergé.
C´était un lecteur affiné de la partition, qui m´a donné le privilège de chanter sous sa direction sur les bancs des célèbres chorales d´Hommes et MEY de Deido Nazareth. Je garde de lui le souvenir d´un grand homme menant avec sagesse, bienveillance et fermeté toute sa troupe qu´il dirigeait avec talent. J´en ai éprouvé le plus grand plaisir. Il était fort exigeant avec lui-même et il exigeait toujours le meilleur de chacun de ses chanteurs. Il nous permettait, nous membres de la chorale, de nous sentir en confiance et rassurés, tout en donnant le meilleur de nous même.
En musicien raffiné, cet homme de coeur d´une suprême courtoisie, connaissant parfaitement chacun de ses choristes et savait admirablement réaliser d´harmonieuses distributions de rôle.
Sa voix et son émission vocale avaient beaucoup de mordant. Animé d´un certain sens de l´humour, il dirigeait ainsi nos répétitions dans une ambiance chaleureuse et d’un accueil amical aux retardataires. Une attitude qui recueillait toute la confiance et l´estime de tous. Cet état d´esprit se répercutait sur l´ensemble du groupe qui formait une véritable famille. Outre l´admiration, nous lui portions une respectueuse affection.
Cet homme charmant et très disponible aura consacré sa vie entière à sa passion. Et il est décédé sur la route de sa passion. Nous étions tous sous le choc et plongés dans la plus grande consternation à l’annonce de son décès, survenu le 15 septembre 2012 dans cet horrible accident de circulation.
Sa disparition a plongé le monde musical des chorales liturgiques dans une indicible et inconsolable tristesse, nous privant ainsi d’une personnalité de tout premier plan qui avait une réelle vision d’avenir. Son extrême amabilité et sa grande courtoisie faisant de lui ce qu’il convient d’appeler, Un grand Monsieur !
Mon hommage au maestro est peut-être tardif, mais il lui est indéniablement dû, en hommage à une existence toute entière consacrée à la musique et à sa foi chrétienne. Cette photo prise lors de son dernier voyage en France et retrouvée dans mes fichiers, vient ouvrir un tiroir plein de souvenirs, de si beaux et intenses souvenirs…
Je m´incline devant tes incommensurables qualités de coeur. Merci, Maître, mais tu nous a quittés trop tôt.
Gaston Ntouba Essomè
5 Janvier 2013
Video des Obseques
Galerie Photos des Obsèques
Source : José jean René Mambo Moussio
Compil et mise en page: Brother Metusala Dikobe