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CAMEROUN: Les quatre vérités de Manu Dibango

 
Le monument de la musique a effectué un séjour artistique le week-end dernier à Douala. Peu avant sa prestation, notre reporter lui a arraché cet entretien exclusif.


17.03.2003

Le monument de la musique a effectué un séjour artistique le week-end dernier à Douala. Peu avant sa prestation, notre reporter lui a arraché cet entretien exclusif.

Grand Manu, vous débarquez avec seulement quelques membres de votre orchestre. Et pourtant, ce concert a été annoncé comme un concert-événement, qui devait vous permettre de renouer avec votre terroir qu´est Douala...

Bien sûr que c´est un événement ! L´événement, c´est que je joue avec une partie de mon orchestre et une partie d´un orchestre camerounais.

Est-ce exact que la dernière fois que vous vous êtes produit à Douala remonte à trente ans ?

Quand on aime, on ne compte pas. Je ne sais pas combien d´années. Il faut demander...Voilà mes enfants. [NDLR : il désigne les concernés qui sont autour de nous, dont l´humoriste Massa Batré, qui fut directeur artistique du club Manu, à Yaoundé]. Voilà quelqu´un qu´il faut interviewer : Fosso, que j´ai connu petit. C´est eux qui peuvent raconter mon histoire. Vous savez, vous m´interviewez tout le temps. Il y a Massa Batré ici. Voilà les gens qui m´ont connu. Sincèrement, les gens qui peuvent parler de cet univers-là, il n´y en a pas beaucoup. Les gens qui m´ont suivi dans ce pays, vraiment, et que moi j´ai suivis. De temps en temps, donnez-leur la parole pour qu´ils vous éclairent sur le travail qu´on a pu faire ensemble. Et comment eux, ils sont encore là, comment moi je suis encore là ! On a dû manger la même sauce. Je ne sais pas. Ou je leur ai fait manger quelque chose [Rire].

Aux yeux des observateurs, l´album le plus abouti dans votre carrière est celui qui a connu la participation des musiciens de Bob Marley, les Wailers : vous êtes allé les rencontrere sur place en Jamaïque pour enregistrer une partie et l´autre partie du disque s´est faite à Paris. Cette année, vous avez 70 ans, êtes-vous encore capable de faire un tel chef-d´oeuvre ?

[Rire]. Voilà, c´est un événement aussi. Par rapport à votre question, ça n´a pas d´importance. L´essentiel, c´est que je l´ai fait. Vous savez, il ne faut pas dormir sur son passé. Je susi content d´avoir fait cela, mais moi, ce qui m´intéresse, c´est que ce que j´ai déjà fait, c´est fait. Et je suis content que, jusque-là, il y a quand même des générations qui suivent. Déjà entre toi et moi, il y a beaucoup de générations. [Rire] Hein ? Voilà ! Tu vois, maintenant je joue avec d´autres jeunes. C´est ça qu´il faut voir. Quand on parle d´événement, c´est facile pour moi de venir avec tout mon orchestre. Qu´est-ce que ça prouve ? Je n´ai plus rien à prouver dans ce sens-là. Je m´en vais bientôt en Hollande, du 20 au 24 mai. Il y a un grand orchestre symphonique qui a pris tout mon répertoire. Il va l´arranger en musique symphonique. Donc, je peux jouer avec eux, comme je peux jouer avec des petits. Je peux faire, moi, que quand je viens au Cameroun, les vrais musiciens soient autour de moi. Parce que c´est où moi je peux laisser quelque chose. Ce n´est pas les gens qui bavardent là et tout ça, qui bavardent trop. Moi, les chanteurs, ça m´intéresse comme tout un chacun. Mais, pas plus. Ce qui m´intéresse, moi, c´est les gens qui jouent. Et si moi, je peux laisser quelque chose dans ce pays, c´est aux gens qui jouent.

C´est la philosophie qui sous-tend par exemple le projet Kamer All Stars, que vous avez lancé l´année dernière, en association, non seulement avec Sallé John, mais également des artistes plus jeunes que vous, tels que Penda Dallè, Henri Njoh, Guy Nsanguè et Yves Ndjock ?

Voilà. Voilà, ce sont des projets. Moi, je procède par projet, quoi. Vous voyez, j´avais fait en 1994, Wakafrica. Là, c´était tous les Africains de la diaspora : Youssou Ndour, Salif Keïta, Angelique Kidjo, Rey Lema, je ne sais même plus. et puis, j´ai fait venir Peter Gabriel. Parce que d´habitude, c´est eux qui nous invitent. Moi, je l´ai fait venir, et par la suite, lui, il a fait venir Seanned O´conors. Donc, ce sont des événements. Chaque disque, c´est un projet. Quand j´ai fait "Mbo´asu", je voulais faire un clin d´oeil au Cameroun, pour lui dire que ce truc-là, il n´y a pas de problème, on fait ça quand on se lève.

Au cours de l´entretien que vous nous avez accordé il y a trois, au lendemain de votre concert au Palais des congrès de Yaoundé, à l´occasion de la 2e édition des Rencontres musicales de Yaoundé, vous nous demandiez si ce disque est bon. Aujourd´hui, avez-vous le sentiment que "Mbo´asu" vous rapproché du public national qui, pour la majorité, trouvait votre musique élitiste et même élitaire ?

Ah, je ne sais pas ! C´est au

public qu´il faut demander. Moi, je propose. Beaucoup de gens demandent si je vais jouer ce morceau-là. ça veut dire que beaucoup de gens ont écouté ça. C´est ça l´histoire. il y a des dames qui me demandent : est-ce que tu ne peux pas jouer le truc-là, "me yamba kassamba". Il y a très peu de gens qui connaissent ce morceau-là. Il y a un autre morceau : "Onguele mba, onguele mba, mulema sesse". C´est des trucs que les gens qui n´ont pas connu, demandent. Ils ont écouté le disque et ils ont aimé. Voilà un peu le rapport qu´il peut y avoir entre un artiste et son public.

Il y a eu "Trois kilos de café". A quand le prochain livre de grand Manu ?

Ce genre de livre, tu ne l´écris qu´une fois. Parce que tu n´as qu´une vie. C´est une autre biographie, je n´en ai pas deux. Il faut plutôt la suite de "Trois kilos de café", parce que ça s´est arrêté en 1991. Je me rappelle, on était venu faire un film ici, qui s´intitulait "Silence". c´est passé plusieurs fois à la téé. On a vu des courses de pirogue, etc. C´était tiré de "Trois kilos de café". Ce qui est intéressant, c´est après : pendant qu´on bavarde, j´écoute un disque que j´ai fait à Yaoundé en 1964. Il y avait encore Ogui Black à la radio. Vous voyez, ces pêcheurs du Wouri-là, c´est marrant ! Et c´est un gars qui a ça en collection. Je n´ai même pas ce disque. [ NDLR : à un vieux copain qui, parmi la foule qui nous entoure, déclare avoir le disque, Manu dit : "il faut me faire une copie !" Il présente des excuses pour embrasser le copain et puis il observe : "vous voyez, ça c´est intéressant. C´est eux qu´il faut interviewer. Parce que c´est eux qui peuvent commenter la vraie vie musicale qu´il peut y avoir au Cameroun. Voilà des vrais connaisseurs. Mais, c´est vrai que souvent, vous ne les connaissez pas. Vous connaissez les gens qui font du bruit en ville, mais vous ne connaissez pas les connaisseurs. Il faudra faire des émisions ou des articles sur les vrais connaisseurs de la musique ici au Cameroun"].

Vous avez contribué à la vitalité de la chanson en Côte d´Ivoire : on se rappelle notamment que le président Houphouët Boigny avait fait appel à vous pour la mise en place de l´orchestre de la télévision nationale ivoirienne. Quel commentaire vous inspire la crise que traverse en ce moment ce pays ?

C´est l´Afrique qui a des secousses. C´est l´Afrique qui souffre. Et on ne peut que compatir, parce qu´il y a des gens qui sont tués. Un petit mot : est-ce que vous croyez possible au Cameroun qu´un musicien non camerounais devienne directeur ou che d´orchestre de l´orchestre de la télévision ? Vous imaginez ça ici ? C´est impossible. Et pourtant, Houphouët, lui, avait imaginé quelque chose. Donc, chaque pays a son truc. Houphouët pensait au panafricanisme. Il voulait les meilleurs africains chez lui. C´est ça. Maintenant, Houphouët est mort. Ce que je veux vous dire là, surprend beaucoup de gens quand je dis ça, mais je pense que c´est ma vérité. Je pense que la Côte d´Ivoire tel qu´on la connaissait, c´était le pays d´Houphouët Boigny. Ce n´était peut-être pas forcément le pays des Ivoiriens. [Rire]

Un hommage public comme celui qui vous a été rendu en février 2000, est-ce que ça vous manquait ?

Ce sont mes parents qui me manquent. Et ma femme. La vie m´a donné beaucoup de choses. Je ne peux pas me plaindre. Ce qu´on peut me donner, je prends, mais je ne cherche pas. Je cherche à travers mon travail. Je ne vis pas pour les honneurs. Les honneurs, j´en ai eu, et je ne mange pas ça. [Rire].

En recevant l´insigne de la Légion d´honneur française décerné par le président François Mitterrand, dans les années 80, dans quel état d´esprit vous trouviez-vous ?

Non, lui ne m´a pas donné directement. Disons qu´en France, je suis au top dans les distinctions artistiques. Je suis Commandeur des arts et des lettres. D´abord, tu es chevalier, ensuite officier, avant d´être commandeur. Ici également, on m´a décoré. Je suis content. Mais, je ne cours pas après ça. Franchement, la seule chose qui me plaît dans ces histoires-là, c´est que ça peut être une image pour ceux qui viennent, de savoir que si on travaille bien, il peut y avoir une reconnaissance. Voilà à quoi sert une médaille : c´est la reconnaissance de ce que vous avez essayé de faire dans votre petite vie. Parce que la vie est très courte, vous savez. La vie est très courte.

Grand Manu, que répondez-vous à ceux qui disent que vous n´avez rien fait pour votre pays ?

Vous savez, on est en démocratie. C´est leur droit. " Je suis Commandeur des arts et des lettres. "

Raphaël MVOGO
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