Les éd. Silex / Nouvelles du Sud et les éd. Menaibuc vous réserve une heureuse nouvelle : la sortie de nouveaux écrits du professeur Cheikh Anta Diop.

Ainsi, en prenant l’initiative de republier une sélection d’articles conçus par le Pr Cheikh Anta Diop et parus dans les bulletins de l’IFAN.

Cette série complète l’initiative de la même maison d’édition consistant à publier les Actes du Colloque de Yaoundé auquel Cheikh Anta Diop avait participé juste avant son décès en 1986.

Mieux encore, ces textes contribuent à donner une photographie et une idée de l’évolution de la pensée de l’auteur dans cinq (5) domaines :

  L’hominisation 
  Les méthodes de dotation 
  L’égyptologie africaine 
  Les sciences et les techniques 
  La linguistique africaine

Cette série informe aussi sur certains aspects de la carrière scientifique de l’auteur, sur les résultats de ses recherches. Quelle lumière ces documents peuvent-ils apporter dans la compréhension de l’œuvre de Cheikh Anta Diop ?

Dans le premier article de la série, celui intitulé « Histoire primitive de l’humanité : évolutions du monde l’évolution du monde noir » et publié en 1962 Cheikh Anta Diop essaie de retracer l évolution du monde noir depuis l’homo sapiens.

Il expose ses arguments sur l’antériorité du fait nègre du peuplement et de la civilisation de l’Egypte en s’appuyant sue des données anthropologiques physiques, culturelles, linguistiques.Il réfléchit sur la trajectoire des peuples africains, s’interroge sur les textures et dynamiques sociales et politiques.Dans sa conclusion il systématise l’apport de l’Egypte à la civilisation universelle.

Dans les Notes et documents n°3 et 4 publiés toujours en 1962 il se livre à un exercice de réponses à quelque critiques de ses collègues dont les professeurs Raymond Mauny et Suret Canal, annonçant déjà les répliques systématiques qui figureront dans son ouvrage de maturité, Antériorité des civilisations nègres, publié par Présence Africaine en 1967.

L’article intitulé «  L’apparition de l’home sapiens  » et publié en 1970 est en réalité un compte-rendu du colloque organisé par l’UNESCO à Paris du 2 au 5 septembre 1969 sur l’apparition de l’homme moderne : il nous permet d’avoir le film du débat entre tenants des thèses monogénétiques et polygénétiques ; le savant africain ne manque pas de montrer son adhésion au premier camp qui se trouve être celui des premiers théoriciens grecs et romains qui faisaient de l’ancienne Ethiopie le berceau de l’humanité.

La série de textes sur les méthodes de datation s’étale sur une période allant 1971 à 1977. L’auteur y expose les méthodes de Co2, du C14 par Co2 et CaO, C14 par C6 H6, Tritium par C6 H6, Argon 4O/Potassium 4O, la méthode annexe de datation relative par le dosage du fluor, enfin quelque mesures variées de faible radio activités.

Cet article montre comment le laboratoire que le Professeur avait montée lui-même a pu être le noyau d’un centre atomique de basses énergies. L’auteur offre également, dans l’article publi en 1976, des échantillons archéologiques et géologiques qui montrent les résultat obtenus et qui ont permit de faire avancer la connaissance du passé de l’Afrique en général, du Sénégal en particulier.

Les nécessités d’une approche thématique plus pointue l’ont amené a se concentrer plus spécifiquement sur la pigmentation des anciens Egyptiens en appliquant le texte par la mélamine (cf. L’article publié en 1973).

L’article sur la métallurgie du fer sous l’Ancien Empire égyptien toujours publié en 1973 prolonge l’approche thématique et la focalisation sur l’histoire des sciences et techniques ; l’auteur montre que la métallurgie du fer est une invention africaine qui remonte au moins à l’Ancien Empire égyptien vers 2700 avant notre ère.

Il n’a pas manqué dans cet article de signaler l’apport d’autres pôles africains, comme le Soudan ancien (Kerma, Koush, Napata, Meroe) qui a été un grand pourvoyeur de ce métal dans l’Antiquité. On peut dire que ce travail a frayé la voie à d’éminents chercheurs spécialistes de cette question (cf. les travaux de Hamady Bocoum de l’IFAN sur cette question).

La contribution sur les « perspectives de la recherche scientifique en Afrique » constitue un texte d’orientation méthodologique, scientifique, programmatique, politique et pratique pour relever les défis majeurs (eau, énergie). L’auteur, fidèle à ses convictions panafricanistes, expose ses thèses pour une approche régionale, la création de centres d’excellence, le partenariat en matière de financement de la recherche.

Enfin l’article publié en 1975 et intitulé " Comment enraciner la science en Afrique : exemple walaf (Sénégal) " est une pensée de Cheikh Anta Diop, oscillent du général vers le particulier et vice versa.

Les réflexions sur les relations entre la langue des anciens Egyptiens et des Wolof de l’actuel Sénégal l’ont préparé à comprendre que les langues africaines sont aussi porteuses, véhicules de savoirs pointus. Ainsi il fait des développements en wolof sur la théorie des ensembles, la physique mathématique et théorique, le niveau quantique de l’organisation de la matière, la théorie de la relativité restreinte et générale, la cosmologie.

Cet ensemble constitue donc une bonne introduction à la pensée et à l’œuvre de Cheikh Anta Diop. Il complète et /ou sa prodigieuse production intellectuelle et scientifique.

Buuba Babacar Diop Maître de conférences, Université Cheikh Anta Diop Dakar - Sénégal

  Histoire primitive de l’Humanité : Evolution du monde noir (1962)

  L’apparition de l’Homo sapiens (1970)

  Datation par la méthode du radiocarbone − Série I (1971) 
  Datation par la méthode du radiocarbone − Série II (1971) 
  Datation par la méthode du radiocarbone − Série III (1972)

  Datation par la méthode du radiocarbone − Série IV (1977) 
  Pigmentation des anciens Egyptiens : Test par la mélanine (1973)

  La métallurgie du fer sous l’ancien Empire égyptien (1973)

  Perspectives de la recherche scientifique en Afrique (1974)

  Comment enraciner la Science en Afrique : Exemple walaf (Sénégal) (1975)

par Jean-Philippe OMOTUNDE © africamaat.com