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Père Hebga: 80 ans en six étapes
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Le père Hebga les raconte soi-même dans " La dialectique de la foi et de la raison ", un ouvrage collectif sous la direction d`Eboussi Boulaga.
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Le père Hebga les raconte soi-même dans " La dialectique de la foi et de la raison ", un ouvrage collectif qui lui a été consacré, sous la direction d`Eboussi Boulaga.
Le père Pierre Meinrad Hebga aurait eu 80 ans lundi prochain, le 31 mars 2008. Un parcours dont il évoquait certaines étapes tantôt avec jubilation, tantôt avec ironie mais toujours avec élégance. Exemple : ses premières années d`école à Edéa, ville où il est né :
" J`ai fait mes études primaires à l`école de notre Mission, de 1934 à 1938. (…) les missionnaires d`une part, et les instituteurs (nous disions moniteurs) d`autre part, nous accablaient de travaux manuels. Si bien qu`un petit malin définissait ainsi la récréation : " un petit moment où les élèves portent des brigues " (…) J`ai commencé mes études secondaires à l`internat Saint Tarcisius d`Edéa (…). Pour une raison inconnue les mathématiques ne m`aimaient guère, et je leur rendais la pareille. Je me permis même le luxe de sortir major (…) avec 40/50, mais seulement 1/10 en calcul. Le Père Directeur ne m`adressa pas de félicitations (…).
Les séminaires d`Akono et de Mvolyé.
" Au moment de m`envoyer continuer mes études en 5ème, au petit séminaire Saint Joseph d`Akono, il envoya sur moi au R.P Kapfer, l`appréciation suivante : " Tête de linotte. Signes plutôt négatifs de vocation ." Mon nouveau Directeur répétait inlassablement à notre adresse : " Sales nègres, la seule différence entre vous et les singes c`est que vous savez faire le feu " (…). J`avais le don de l`agacer : quand le médecin me prescrivait des lunettes en 4ème, le Directeur me toisa : " C`est pour regarder les filles que tu prends des lunettes ! " La réponse fut : " Les filles sont visibles à l`œil nu : (…)
"Je suis entré, fin 1945 au grand Séminaire de Mvolyé à Yaoundé, (…) Les cours n`avaient rien de passionnant, du fait même que nos professeurs (des bénedictins Suisses, ndlr) ne maîtrisaient pas le français l`unique langue d`enseignement. (…) Le tribalisme régnait au séminaire, surtout de la part des béti, sous l`instigation cynique de leur évêque français qui leur interdisait d`apprendre le bassa`a, le douala et toute autre langue que la leur : diviser pour mieux régner ! (…)
L`université.
"Je fis mon inscription à l`Université pontificale grégorienne (…) A l`occasion de mon Baccalauréat en Théologie, une médaille d`or Bene merenti me fut décernée de la part de Pie XII (…) le P. Prefèt des Etudes (…) me suggéra de laisser un séminariste français recevoir, en mon nom, la médaille d`or (…) devant les caméras de la télévision. Je répondis sèchement que son compatriote n`avait qu`à décrocher la sienne. "
L`ordination sacerdotale.
" Un incident grave faillit me faire renoncer à recevoir ce dernier Ordre. Mgr Marcel Lefebre (…) avait été invité par le recteur du séminaire Français pour parler aux ordinands. (…) Le prélat nous tint un long discours politique colonialiste, alors que, ordinands, nous nous attendions à une vibrante exhortation spirituelle. " A Madagascar, ricana -t-il on en a descendu 80 à 100.000. Ça leur apprendra à se révolter contre la France. Au Cameroun français, là où il y avait autrefois un gendarme, il y en a maintenant cinq " (…).
Le prêtre diocésain
" Ordonné prêtre (…) je rentrai dans mon pays et fus affecté à la paroisse rurale de Bot -makak, dans le Nyong et Kellé. (…) Le dimanche qui suivit mon arrivée, mon curé, l`abbé Paul Mbadi me présenta aux fidèles textuellement en ces termes : " Voilà un jeune prètre qui a fait ses études à Rome. Il ne sait rien c`est pourquoi l`évèque me l`a envoyé pour que je lui enseigne le ministère " (…) Dès le début je protestai contre le traitement désinvolte infligé par le curé à nos compatriotes alors qu`il était (…) obséquieux envers les Européens. (…) Après seulement dix mois de séjour, il demanda et obtint mon déplacement. (…)
Le jésuite africain.
(…) A cette époque, la consigne du Vatican d`empêcher systématiquement les Congrégations et Ordres religieux de recruter des séminaristes. Ces derniers (…) ne pouvaient entrer dans un noviciat qu`après (…) trois années de ministère dans leur diocèse. (…)
Le provincial de Lyon (…) avait répondu positivement (…) mais le gouverneur du Congo Belge (…) m`ayant refusé l`entrée au noviciat de kikwet, sous prétexte que les Camerounais avaient un virus politique, je fus admis au noviciat de la Baume Sainte Marie, dans les Bouches du Rhone (…) ".
Le supérieur régional.
"Le 9 septembre 1968, (…) le R.P.Jacques Lesage, Provincial de Paris, (…) me transmit me transmit ma nomination comme Recteur du collège (Libermann, ndlr) et supérieur de la Région du Cameroun (…)
L`une de mes grandes joies durant mon mandat fut la confiance que me témoigna toujours le Père Général. (…) Par contre les fonds de la Région du Cameroun étaient gardés et gérés à Paris. Cet arrangement sur lequel je n`avais même pas été consultés me vaudra plus tard l`étage d`avoir été un supérieur peu dépensier. L`un de mes plus grand chagrin, ce fut le départ de la Compagnie et de l`Eglise du ci-devant P. Fabien Eboussi Boulaga (…) ".
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