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La preuve par Mbango
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Mbango est la preuve qu`il est possible d`avoir de l`excellence pourvu que l`on cesse de coller aux Camerounais qui ont du talent un perpétuel boulet: ces conflits stupides qui exigent qu`on ne soit jamais reconnu et respecté pour ce qu`on vaut
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L’ éditorial de Haman Mana : La preuve par Mbango
Écrit par Haman Mana
C´est curieux, aux Jeux Olympiques, les nations se mesurent comme si c´était à la guerre. Les deux superpuissances de l´heure s´affrontent sur les pistes, et la course aux médailles a un arrière goût de démonstration de force, le fin mot de tout ce déploiement. On comprend à la fin qu´on est ici en train de se faire la guerre entre nations, d´une autre manière.
On aligne le nombre de médailles comme autrefois, pendant la Guerre froide, on alignait les missiles Sam 7 face aux missiles Boulava 30. Les "petites" nations au plan militaire, économique, stratégique, se retrouvent, curieusement à l´arrière-plan, lorsque vient le moment de faire le décompte des médailles aux Jeux. Ce n´est donc point étonnant que les médailles olympiques soient fêtées avec tant de joie et procurent tant de gloire à ceux qui réussissent à les gagner… Il n´y a plus aucun doute : il existe une corrélation certaine entre la capacité d´organisation d´un peuple, et l´aptitude de ses enfants à exprimer leur force, leur rapidité ou leur agilité sur le terrain de l´Olympisme.
C´est ainsi que le Cameroun fête "sa" médaille d´or, "sa" Mbango. C´est une athlète en tous points remarquable, puisqu´elle gagne pour la deuxième fois de suite une médaille d´or dans sa discipline, le triple-saut. Françoise Mbango, la trentaine, jeune femme issue d´un milieu modeste, appartient à cette génération de Camerounais dont les parents ont connu les affres des compressions de personnel et des baisses de salaire, et dont l´issue naturelle après les études, même relativement bonnes, c´était la rue, le chômage. Le sport, devant la panne définitive de l´ascenseur social, se présentait alors comme le mince et pénible fil à emprunter pour s´en sortir. Elle a emprunté cette voie difficile et exigeante, pour enfin émerger.
Aujourd´hui, qu´on le veuille ou non, cette jeune femme est un exemple pour la jeunesse de notre pays. Elle a réussi à s´en sortir. Mais, son plus grand adversaire, ce n´est point ce sautoir dont elle a avalé les mètres avec tant d´aisance, c´est encore moins la russe Tatiana Lebedeva, rivale de toujours, qu´elle a battue haut-la-main… L´adversaire le plus coriace de Mbango sur le chemin de cette médaille d´or, ce fut le système bureaucratique encrassé, poussiéreux et contre-productif qui entoure le mouvement sportif camerounais et qui empêche au talent pur le droit de s´exprimer. Mbango a sans doute eu raison de ce système, grâce à sa personnalité fantasque, sa force de persuasion, son sens politique et son talent. Mais combien de sportifs qui n´ont que leur talent, et pas les autres qualités, se heurtent-ils au quotidien à ce système à l´orée duquel se fracasse le talent, sans rien d´autre ?
Françoise Mbango est la preuve qu´il est possible d´avoir de l´excellence en sport (et ailleurs) dans notre pays, pourvu que l´on cesse de coller aux Camerounais qui ont du talent un perpétuel boulet : les guerres camerounaises, ces conflits inutiles et stupides qui exigent qu´un Camerounais ne soit jamais reconnu et respecté pour ce qu´il vaut, dans son propre pays.
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