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“LA FRANCE DEMEURERA UN ACTEUR IMPORTANT SUR L’ECHIQUIER DIPLOMATIQUE ET STRATEGIQUE AFRICAIN”, MATHIAS ERIC OWONA NGUINI

 
Enseignant à l’université de Yaoundé II Soa, ce socio-politiste, chercheur à la Fondation Paul Ango Ela pour la géopolitique, décrypte la place de l’Hexagone et son avenir sur le continent dans un contexte mondialisé.


 

Enseignant à l’université de Yaoundé II Soa, ce socio-politiste, chercheur à la Fondation Paul Ango Ela pour la géopolitique, décrypte la place de l’Hexagone et son avenir sur le continent dans un contexte mondialisé.


Il y a quelque temps, Antoine Glaser et Stephen Smith publiaient “ Comment la France a perdu l’Afrique ”. Quelle résonance un tel ouvrage a-t-elle pu avoir pour vous ?

Le livre évoqué d’Antoine Glaser et de Stephen Smith a, de notre point de vue, une résonance limitée, une influence mitigée. En effet, le processus de recension diplomatique et stratégique des positions politiques, économiques et culturelles tenues par des unités collectives ou individuelles et privées ou publiques de puissance relevant du ressort de la France, est déjà largement étudié et finement analysé avant le travail de ces auteurs. On peut même dire que Smith et Glaser ne sont que d’ordinaires vulgarisateurs qui viennent porter, de manière aseptisée, à la connaissance d’un public français, des évolutions diplomatiques et stratégiques déjà constituées depuis un certain temps. Glaser et Smith apparaissent alors comme des commentateurs politiques qui mobilisent leur connivence avec des cercles français de puissance et d’influence pour écrire sur la thématique (déjà rabâchée) de la perte d’influence de la France en Afrique. Le propos de ces auteurs est d’ailleurs essentiellement orienté vers la France et les élites de ce pays. Et très largement, Glaser et Smith expriment les humeurs idéologiques d’acteurs bien impliqués dans les réseaux “ Françafrique ” et qui, de façon au moins apparemment paradoxale, cultivent un afro-pessimisme condescendant. Stephen Smith et Antoine Glaser, au-delà de la profusion de détails et d’anecdotes dans leur livre, ne parviennent pas à une lecture stratégique consistante des relations France-Afrique, parce qu’ils continuent à faire partie de la ‘’tribu’’ dont ils affectent de dénoncer les secrets : celle des “ Messieurs Afrique ”.

Que reste-t-il de la France en Afrique ?

La France, à travers les actions et les positions de différents groupes de puissance et d’influence qui travaillent sous son pavillon national, demeure une puissance diplomatique et stratégique conservant une implantation organisationnelle et opérationnelle relativement sensible dans les pays africains. Et cette formation étatique y est impliquée à travers des mécanismes publics ou privés et officiels ou officieux. Au plan mondial, et pour d’autres puissances étatiques industrielles, la France continue à apparaître, en tant que collectif étatique, comme une formation exerçant une certaine influence diplomatique et stratégique en Afrique noire ou blanche. La France, en tant que formation étatique faisant partie du club des grandes puissances diplomatiques au plan mondial, parvient encore à se mettre en scène et en acte comme un Etat disposant d’un statut international lui permettant de se présenter comme un porte-parole des Etats d’Afrique. Par cette voie, la puissance étatique française cultive et entretient son rayonnement international. La présence française en Afrique ou à propos de l’Afrique ne se manifeste pas seulement au plan symbolique-éthique. Il serait dont erroné d’examiner l’action de la France en Afrique en s’en tenant seulement aux phénomènes relevant de la stylistique diplomatique au niveau mondial. L’appareillage de la puissance africaine de la France en Afrique est également à observer dans une prospective stratégique et logistique. Cela signifie que la puissance étatique française conserve des dispositions concrètes d’action en Afrique dans des domaines sensibles comme la monnaie, la finance, le commerce ou la sécurité et la défense. 1°) Au plan monétaro-financier, la France demeure un véritable tuteur monétaire pour les Etats africains de la zone franc appartenant à la Bceao (Afrique occidental) où à la Beac (Afrique centrale), même avec la mise en place d’une garantie de convertibilité du franc Cfa par l’euro. 2°) En dépit de l’ouverture commerciale liée à la mondialisation libérale, les marchés africains demeurent largement explorés par des groupes commerciaux et industriels français soucieux de les maintenir comme marchés captifs. 3°) Au niveau de la sécurité et de la défense, l’implantation militaro-stratégique est loin d’être défaite comme cela se voit avec la persistance d’accords de défense et de coopération militaire, l’existence des liaisons d’assistance technique et d’initiatives de formation et d’opération comme le Recamp (renforcement des capacités africaines de maintien de la paix). En dépit du fait que sa position diplomatique est moins monopolistique et plus concurrencée, la France demeure bien présente. La présence stratégique et diplomatique française en Afrique se réproduit à travers les chaînes officielles et légitimes de représentation politique, économique, techno scientifique et socioculturelle (ambassades, consulats, missions économiques, représentions de l’Agence française de développement, centres culturels, instituts de recherche comme l’Ird, conseillers et assistants techniques) ou par le biais de chaînes parallèles et officieuses (loges maçonniques, filières barbouzardes, officines de financement occulte de partis français, réseaux affairistes impliqués dans la loterie et autres industries du jeu, lobbies de trafiquants d’armes, lobbies pétroliers ou forestiers).

Dans les recompositions en cours au sein de ce qui a été baptisé le “ pré carré ” français, la France est-elle concurrencée par les Etats-Unis, la Chine, le Brésil ?

Avec les recompositions stratégiques postérieures au déclassement de la bipolarité Est-Ouest et à l’effondrement de l’empire soviétique ainsi que celui corrélatif de son système diplomatico-stratégique constituant le bloc de l’Est, la France s’est retrouvée confrontée à de nouvelles concurrences s’introduisant dans son “ pré carré ”. Le jardinage stratégique de la France dans son précarré africain a été soumis à la pression de la concurrence. Le processus de dégradation de l’influence et de la puissance française dans l’Afrique des Grands Lacs (Rwanda, Burundi, et Est de la Rdc - Ex-Zaïre) illustre bien ces dynamiques de concurrence diplomatique et stratégique. On sait comment la France a été déclassée au Rwanda par la stratégie américaine de pénétration des Grands Lacs. L’appui apporté par le leadership présidentiel de l’administration fédérale des Etats-Unis ou par des groupes industriels, commerciaux et financiers américains aux régimes Kagamé (Rwanda) et Museveni (Ouganda), ainsi qu’aux groupes politico-militaires complices en Rdc comme le Mlc ou la Rdc, s’est révélé essentiel dans cette bataille. On a vu comment la dramatique crise rwandaise, marquée par une politique ontologiquement haineuse du génocide et des massacres vindicatifs, a conduit au renversement du régime Mnrd du défunt général Habyarimana par le groupe politico-militaire du Fpr appuyé par l’Etat d’Ouganda avec le parrainage en sous-main de l’administration américaine pilotée par le président Bill Clinton. Les positions de la France au plan des intérêts pétroliers ont également été mises en question par les nouvelles ambitions pétro-stratégiques et pétro-énergiques, ambitions expérimentées dans le Golfe de Guinée en province pétrolière des Etats-Unis. Le mastodonte pétrolier français Totalfina Elf est exclu du montage technique et stratégique du consortium pétrolier Exxon-Chevron-Texaco et Petronas chargé de gérer les gisements d’or noir de Doba, au Tchad, dans un pays fortement marqué par l’influence française.
Face à l’initiative française du Recamp, les Etats-Unis ont développé leurs propres programmes de renforcement des capacités de maintien de la paix des armées africaines avec l’Acri et l’Acota. La France doit également faire face à la percée diplomatique et commerciale des puissances étatiques montantes du Sud comme la Chine ou le Brésil et l’Inde. En effet, ces pays ont commencé à s’intéresser aux pays africains dans les domaines des échanges commerciaux, des investissements industriels ou de la coopération scientifique et technique. A ce sujet, il faut remarquer la pénétration des entreprises chinoises dans des secteurs comme ceux du pétrole (avec l’action notable de la China National Petroleum Corporation), des mines, des bâtiments et travaux publics ou de la téléphonique mobile ou fixe dans des pays traditionnellement dominés par la France comme le Congo, le Gabon ou le Cameroun. Si l’on prend le cas spécifique du Cameroun, il convient de constater qu’en dépit des convoitises géostratégiques affichées par les Etats-Unis, soucieux d’installer un poste de commandement pour surveiller leur installation dans la ceinture régionale pétrolière du Golfe de Guinée, la France dispose d’un système d’intérêts bien implanté en termes politiques et économiques ou même stratégiques, qui lui permet de conserver momentanément un avantage déterminant sur les Etats-Unis. C’est cet engagement sensible que la France entend retraduire par le dispositif du contrat désendettement développement ou C2D, nouvel habillage juridico-financier et politicio- financier de la puissance structurelle de la France dans les affaires du Cameroun.

Avez-vous l’impression que Paris n’a pas vu venir l’irruption de ces puissances sur le théâtre africain ?

On ne peut pas dire que Paris n’ait pas vu venir l’irruption de ces nouvelles puissances officielles diplomatico-stratégiques et diplomatico-symboliques ou des puissances commercialo- industrielles et commercialo -financières sur la scène politico-internationale ou économico-internationale de l’Afrique. Il est plus judicieux de dire que la France officielle, longtemps confortée par sa rente diplomatique dans de nombreux pays africains, a été tentée par la politique de l’autruche, en dépit des avis de différents experts et chercheurs ayant réfléchi sur les problèmes posés par l’arrivée de nouveaux acteurs de puissance venant concurrencer l’implantation française dans les pays d’Afrique.

L’émergence d’une concurrence renforcée a été mise en évidence par des cercles officiels ou quasi-officiels d’expert- fonctionnaires (comme ceux du Centre d’analyse et de prévision du ministère des Affaires étrangères ou Quai d’Orsay ou ceux de la délégation des affaires stratégiques du ministère de la Défense) ou d’experts -universitaires (Centre d’étude d’Afrique noire de l’Institut d’études politiques de Bordeaux, Centre d’études et de recherches sur l’Afrique oriental de l’université de Pau et des pays de l’Adour, le Centre d’études africaines de l’Ecole des hautes études en sciences sociales de Paris ou le Centre d’étude des relations internationales de l’Institut d’études politiques de Paris). Des publicistes d’orientations idéologiques diverses comme Stephen Smith et Glaser ou Pierre Péan ou encore François Xavier Verschave s’étaient prononcés avec plus ou moins de pertinence stratégique sur cette question de la France concurrencée par de nouveaux acteurs de puissance en Afrique. C’est aussi le cas d’associations militantes comme Agir et Survie ou Médecins sans Frontières ou même des hommes politiques et activistes comme le député écologiste Noël Mamère.

Est-il exagéré d’affirmer que la France est d’abord supplantée dans ses rôles antérieurs par le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l’Union européenne ?

Le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ou même l’Union européenne sont des formations internationales organisées sur la base du multilatéralisme. Ces institutions financières et économiques opérant dans le cadre du multilatéralisme universel ou régional, ont effectivement accru et consolidé leur implantation dans les circuits décisionnels de politique économique et financière des Etats africains. En effet, le Fmi, la Banque mondiale et l’Union européenne sont des bailleurs de fonds qui ont su profiter de l’imposition d’une gestion économique et politique d’ajustement structurel néolibéral aux Etats et sociétés d’Afrique, pour déposséder ces formations politiques et sociales de leurs fonctions et souveraineté dans les secteurs économiques et financiers. Les agences internationales que sont le FMI, la Banque mondiale ou l’Ue, convertis à la rationalité néo-libérale du ‘’Consensus de Washington’’, ont imposé alors aux Etats africains le rouleau compresseur des conditionnalités politico-administratives et économico- financières liées à l’ajustement structurel global-libéral dans ses différentes formulations (‘’ajustement structurel, ‘’dimension sociale de l’ajustement’’, ‘’restauration de la croissance et lutte contre la pauvreté’’). La France s’est commodément déchargée d’un certain nombre de contraintes économiques et financières liées à la gestion patrimonialiste et paternaliste de ses relations avec les Etats africains placés sous sa tutelle diplomatique, en favorisant la prise en charge de ses protégés par des institutions financières internationales de Bretton Woods. Les Etats africains internationalement parrainés par la France ont ainsi pati de ce redéploiement stratégique, comme on peut le voir avec le processus économico- politique et économico- financier qui a conduit à la dévaluation du franc Cfa. La dévaluation du franc Cfa, opérée en définitive en janvier 1994, fait partie du credo néo-libéral des institutions financières internationales de Bretton Woods dès le milieu des années 1980, au moment où la plupart des Etats africains étaient passés sous les fourches caudines des ajusteurs structurels attitrés que sont le FMI et la Banque mondiale. Cette dévaluation avait été longtemps repoussée du fait des résistances et des réticences des réseaux politiques et économiques de la “ Françafrique ” rétifs à l’ouverture globale-libérale défiant le protectionnisme élargi qui caractérisait l’économie de rente et de traite néocoloniale bénéficiant à ces réseaux. Avec la dévaluation du franc Cfa, la technocratie globalo-libérale et néo-libérale de Bretton Woods entendait instaurer une rationalité managériale productrice d’une nouvelle gouvernance opposée à la vieille raison néoloniale et néo-coloniale d’Etat. En contestant l’organisation de la zone franc autour de principes structurants basés sur la fixité et la rigidité des changes, cette technocratie de Bretton Woods jugeait les régimes fluctuants et flottants de change mieux à même de restaurer la compétitivité des économies africains de la zone franc dans le contexte de la mondialisation néo-libérale. L’Union européenne constituée par la réorientation néo-libérale de la Communauté économique européenne, s’est également positionnée comme agence multilatérale orientée par la nouvelle gouvernance marchande. Dans cette optique, l’Union Européenne a progressivement révisé les mécanismes de préférence commerciale organisant les rapports avec les pays africains associés au tripode Afrique - Caraïbes - Pacifique (Acp). L’Union européenne a entrepris, avec les accords de Cotonou, de démanteler les dispositifs politico- commerciaux et économico- commerciaux de protection et de stabilisation antérieurement mis en place entre la Cee et les pays Acp. C’est dans cette optique que les fonds de stabilisation comme le Stabex et le Sysmin ont été mis en question, tout comme le principe de l’application de clauses de la nation la plus favorisée aux ‘’partenaires’’ Acp. Avec la prise en charge de la garantie de la convertibilité du franc Cfa par l’euro, l’Union européenne a permis à l’Etat français de faire imposer à ses protégés africains, les disciplines néolibérales liées à la rigueur monétaire et budgétaire exprimée dans la soumission des pays africains de la zone franc à la réalisation impérative de critères de convergence dans le domaine concerné. On peut voir que les agences multilatérales ont pris le relais de la France dans certains volets stratégiques de la régulation économico- politique et économico- financière des Etats africains, souvent avec l’assentiment de la puissance tutrice française. La France n’est donc pas évincée de ses positions africaines par le Fmi, la Banque mondiale ou l’Union Européenne. Continuant à se poser et à agir comme protecteur stratégique d’Etats africains relevant de sa sphère d’influence, la France n’a pas transféré toute la charge liée aux responsabilités politico- financières et politico- économiques qu’elle a historiquement assumées dans les pays africains constitués comme ses clients internationaux. Et la puissance étatique française continue à jouer de protecteur et de médiateur aidant ou défendant les Etats dépendants africains dans les négociations politico- économiques menées par ceux-ci avec les bailleurs de fonds multilatéraux comme le Fonds monétaire international, la Banque mondiale ou l’Union européenne. Bien entendu, derrière ces stratégies de protection et de médiation menées par les représentations de la France, il y a une démarche intéressée de parrainage.

Comment analysez-vous les initiatives françaises telles que la taxe sur les billets d’avion censée financer l’achat des médicaments au profit des pays pauvres ?

Les initiatives françaises comme celle relative à l’instauration d’une taxe sur les billets d’avion censée financer l’achat de médicaments au profit des pays pauvres, relèvent d’une stratégie diplomatique de présentation de soi par laquelle les dirigeants de la formation étatique française affichent une démarche de générosité internationale. Il s’agit pour les représentants de la puissance officielle française d’adopter une posture diplomatique de générosité et de solidarité humaniste.
L’initiative française en faveur d’une taxe sur les billets d’avion s’inscrit donc dans un style diplomatique révélant d’un moralisme grandiloquent. Pourtant, il y a lieu de souligner les limites pratiques et stratégiques d’une telle posture qui ne porte pas toujours à conséquence quant à la résolution efficace des problèmes structurels et fondamentaux de développement des pays pauvres. Il convient de relativiser une telle démarche souvent associée à un moralisme abstrait et rhétorique. La phraséologie diplomatique idéaliste et moraliste attachée à cette expression de générosité internationale n’exclut pas que ces bons sentiments humanistes ou humanitaires puissent faire l’objet de manipulations relevant d’un réalisme cynique. Pour que des initiatives de solidarité internationale en faveur des pays pauvres soient pertinentes, il importe que ces démarches prennent en charge les dynamiques structurelles d’asymétrie créées par une mondialisation néolibérale génératrice de fortes inégalités entre les pays puissants et privilégiés du Nord et les pays impuissants et défavorisés du Sud. Autrement dit, les initiatives de solidarité internationale doivent être entreprises dans une architecture politico-diplomatique et économico-diplomatique basée sur une régulation politique d’une mondialisation néolibérale fortement polarisante. Les initiatives de solidarité internationale en faveur des pays pauvres ne peuvent être crédibles en l’absence de plates-formes économico-politique internationales orientées vers une régulation d’une accumulation capitaliste néo-libérale et ultralibérale. En l’absence d’un tel cadrage diplomatique et stratégique, les initiatives de solidarité internationale opèrent surtout comme les opérations de charité peu susceptibles de rompre la dynamique planétarisée de ségrégation liée à une mondialisation néolibérale constituée en donne d’une colonisation capitaliste globale du monde, mondialisation inégalité confinant les sociétés périphériques et semi-périphériques dans la trappe infernale de la pauvreté et du sous-développement globalisé. Dans une telle perspective, ces sociétés ne peuvent franchir les fossés de développement et de gouvernement, fossés séparant ces formations caractérisées par la compradorisation néocoloniale et globalo-coloniale des formations sociales industrielles et ultra-industrielles du capitalisme axial pilotant les centres de pouvoir de la mondialisation néo-libérale. Les initiatives de solidarité internationale au profit des pays pauvres ne sont pertinents que dans l’hypothèse d’une évolution post-néolibérale de la gouvernance mondiale, évolution basée sur un rééquilibrage entre les formations du système étatique et sociale du centre, de la sémi-périphérie et de la périphérique, renvoyant la hiérarchisation du système monde capitaliste. Or, une telle évolution susceptible de restaurer des moteurs effectifs et efficaces de modernisation politique, économique et sociale auto-organisée des sociétés du Sud bloqués par des dynamiques exogènes et endogènes d’une mondialisation désavantageuse parce que marginalisatrice et désintégratrice.

Comment entrevoyez-vous l’avenir de la France en Afrique ?

La France demeurera un acteur important sur l’échiquier diplomatique et stratégique africain. Afin de préserver leur présence et leur puissance en Afrique, les élites stratégiques et systémiques de la France sont tenues de reconstruire leur dispositif d’implantation pour en améliorer la qualité institutionnelle, organisationnelle et opérationnelle. Si les groupes publics et privés qui en modèrent les orientations diplomatiques et stratégiques savent se départir d’un style cultivant le clientélisme et le patrimonialisme. C’est à la condition de formuler de nouvelles manières de voir et d’agir à propos de l’Afrique, que les réseaux et groupes de puissance forgeant la politique africaine de la France seront capables d’en faire d’une politique simultanément séduisante et consistante ou charmante et performante. Le nouvel engagement français en Afrique peut parvenir à construire un partenariat international durable et véritable avec les Etats et les sociétés africaines, si les groupes hégémoniques qui détiennent les capacités politiques, économiques et stratégiques de puissance en France, se débarrassent d’un paternalisme diplomatique héritier de vieilles habitudes et mœurs coloniales ou néo-coloniales. Les élites et groupes de puissance qui modèlent les démarches de diplomatie et de stratégie de la France peuvent transformer et consolider l’implantation de leur pays dans différents Etats et société d’Afrique, en récusant la reproduction et la reconduction d’une politique de comptoirs néo-colonaiux. Dans cette optique, il s’agit de remettre largement en question les formes et les forces les plus rudimentairement impérialistes et expansionnistes de l’implantation politique, économique et socioculturelle de la puissance de la France en Afrique. Afin de ne pas être évincées de la scène stratégique et diplomatique en Afrique, les élites publiques, privées et civiles de la France sont tenues de développer une image positive plutôt que misérabiliste de leurs partenaires africains et d’appuyer sincèrement et utilement les forces politiques, économiques et sociales autochtones et endogènes capables de construire des démarches collectivement robustes d’un développement et d’un gouvernement progressif, constructif et créatif. Cela implique alors que l’engagement français refuse d’appuyer les groupes locaux d’intérêt et de pression désireux de reproduire une domination extravertie et stérile de leur société, domination basée sur une royauté néo-coloniale ou globalo-coloniale de facture clientéliste affichée à l’égard des tuteurs installés dans la ‘’métropole’’ française. En misant sur des activités et des pratiques évitant de lier défense des intérêts politiques et économiques et préservation obligée de liens spéciaux clientélistes entretenant une servilité jugée indéracinable des Etats et sociétés d’Afrique, les forces sociales modelant l’engagement français sur les terrains africains, contribueront à une émancipation libérale et sociale conséquente de pays encore obsédés par les complexes pratiques et psychiques du colonialisme et du néo-colonialisme. C’est en décolonisant les structures de son engagement et de son entendement africain que la France peut tirer de sa présence historique et culturelle pour faire face aux nouvelles puissances industrielles et commerciales. Il s’agit alors de pratiquer une politique éclairée et tempérée d’engagement conciliant logiques de puissance, de gouvernance, de croissance et d’interdépendance. Avec une telle démarche diplomatique et stratégique, la France se met à distance des chaînes néo-coloniales de domination impérialiste à travers lesquelles les élites africaines de pouvoir monnayent l’appui des centres politiques et économiques français en acheminant le produit de leur prédation dans les circuits de l’ancienne métropole coloniale devenue métropole néo-coloniale, voire globale - coloniale…

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