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SUCCESSION des ROIS et CHEFS SUPERIEURS AKWA (Par Prince Ngando EBONGUE AKWA)

SUCCESSION des ROIS et CHEFS SUPERIEURS AKWA

(Par Prince Ngando EBONGUE AKWA)

©opyright mai 2014

 

 
armoirie1Bonambéla

 

Cette étude rentre dans le cadre d’un projet des « Bonadika Akwa », la famille régnante de Bonambela qui a pour but d’inculquer à l’ensemble de ses membres et notamment à sa jeunesse et à celle de Bonambela, une partie importante de l’histoire de notre pays, marquée par le rôle prépondérant joué par nos illustres ancêtres.

 

Le courage, l’abnégation, la ferveur patriotique, le sens de l’honneur dont ils ont fait preuve durant la résistance à l’impérialisme européen doivent demeurer ces valeurs qui nourrissent à jamais le nationalisme camerounais. D’autre part, il s’agit de nous démarquer de ces maux qui ont caractérisé ces périodes à l’instar de la collaboration honteuse, de la traitrise, de la jalousie, de la corruption, de l’égoïsme, et de l’enrichissement illicite qui, aujourd’hui encore, demeurent un véritable frein au développement de notre communauté et de la nation toute entière.

 

L’histoire des successions des rois et chefs supérieurs Akwa a très souvent été relatée de manière vague et confuse. Cette étude a nécessité un laborieux travail de recherche dans les archives familiales et dans le vaste volume national et international de sources précieuses concernant l’histoire de la côte camerounaise. Ceci, dans le souci de nous débarrasser de ces fabrications qui déforment systématiquement les faits afin d’en obtenir une image saine et objective.

 

Nous avons scindé cette étude en deux périodes, la période précoloniale qui va de NGANDO AKWA, fondateur de la dynastie au tout début du XIXe siècle, à son petit-fils DIKA MPONDO et la période coloniale puis postcoloniale qui va du King DIKA MPONDO, acteur principal de l’ère coloniale, au souverain actuel DIN DIKA AKWA III.

 

I.       Période pré-coloniale - Influence Britannique

 

Dominant un des rares ports naturels de l’Afrique occidentale, le groupe dit Duala(1) était depuis le XVe siècle, tour à tour ou simultanément, entrés en contact avec les Portugais, Espagnols, Hollandais, Français, Anglais. D’abord installés comme pêcheurs à l’embouchure du Rio dos Camaroes et profitant de l’importance géostratégique de ce site, ils avaient su monopoliser le commerce transatlantique en faisant office de courtiers sur toute la région du littoral et toute la bande côtière de l’atlantique allant du Rio del Rey jusqu’au Rio de Campo.

 

Le XVIIIe siècle s’ouvrait sur des chapeaux de roues pour la Grande-Bretagne qui venait, conformément aux traités d’Utrecht de 1713, de se voir non seulement octroyer de nouvelles possessions en Amérique et aux Antilles, mais surtout de ravir à la France le contrat de l’asiento qui lui conférait le monopole de la traite des esclaves dans les colonies espagnoles. Ces traités lui assuraient une hégémonie politique, maritime et commerciale dans le monde et particulièrement sur les côtes africaines ou sa domination sans partage du commerce des esclaves se mesurait par le nombre de ses navires négriers, par celui des esclaves transportés et aussi par les activités et le dynamisme de ses ports de traite à l’instar de Londres, Liverpool et Bristol qui subirent une véritable métamorphose.

 

Au Cameroun, c’était surtout autour de l’estuaire du Rio dos Camaroes (Wouri) que se concentraient les navires commerçants. Les lieux de traite les plus fréquents étaient la côte de Bimbia et ses îles, Bonabéri que l’on appelait « Niggery-town » et surtout Douala qui était le plus important. Les échanges avaient lieu sur le fleuve à bord des navires et se faisaient généralement sur la base d’accords verbaux fondés sur une confiance réciproque.

Lorsqu’un Capitaine avait troqué son chargement, il retournait dans son Pays pour ne revenir que quelques années plus tard. L’intensification du commerce et le passage au trust(2) avaient amené les firmes européenne à se faire représenter par des agents résidants qui logeaient et travaillaient à bord de voiliers désarmés avec toitures appelés « Hulks » amarrés dans l’estuaire et exceptionnellement devant les principaux villages Duala. A cette époque, aucun Européen n’avait le droit de séjourner ou de s’installer sur la terre ferme, sans autorisation spéciale d’un roi.

Cette période de grande prospérité, de prestige, de puissance des armes, de stabilité et de monopole commercial était trop attractive pour ne pas susciter chez certains chefs de lignage Duala le désir d’accéder à l’autonomie.

 

1.1         Naissance de la dynastie Akwa – NGAND’a KWA (1801 - 1846)

                         

Une fragile unité politique des Duala stricto sensu, c’est-à-dire descendants des ancêtres EWALE et BOJONGO’a MBEDI, s’était construite vers le milieu du XVIIIe siècle autour du Patriarche DOO la MAKONGO de la branche « NJO’ a MASE m’EWALE(3) ». Il avait hérité de la fusion des familles Bassa du plateau qui portera plus tard son nom et avait été baptisé « King George »(4) par les capitaines négriers anglais. Ces derniers lui assignaient donc les fonctions d’une puissance politique chargée de garantir l’ordre et la sécurité. Devenant un des principaux interlocuteurs politiques du clan face aux traitants européens, « King George » transformé en « King Joss » par les autochtones disposait d’un revenu régulier qu’il pouvait redistribuer parmi les aînés sociaux et consolider son leadership.  Les quatre autres personnalités influentes de cette époque dont les noms figurent dans les livres de bord de navires comme traitants étaient le chef KWAN EWONDE(5) que les négriers anglais surnommaient « Peter Quan » ; le prince ANGWA(6) de son vrai nom MUANGE ma KU, fils de KU’a MAPOKA qui hérita du territoire du chef Bassa EWUMA(7) et fonda la dynastie Angwa de Bonaku ; le chef MBIMB’a MBELA alias  « King Mercer », fondateur de la principauté de « Bimbia » chez les Isubu et son fils NGOMBE la MBIMB’a MBELA alias « Mbimbe Jack ». Les deux premiers étant issus de la branche « NGIY’a MULOBE m’EWALE ».

 

A la mort du « King Joss » en 1792, la bataille de succession qui opposa son fils aîné NJOH a DOO que les commerçants anglais appelaient « Prince Joss » transformé en « Priso », à son frère cadet BELE ba DOO anglicisé en « Bell » plongea la grande chefferie de Bonanjo dans une incertitude totale.

En effet, le verdict en faveur du frère cadet suite à l’arbitrage des capitaines de navires anglais appelés en dernier recours par les notables les plus influents ne fit qu’aggraver leurs dissensions. Il contribua logiquement à la naissance en 1795 de la dynastie Bell fondée par BELE ba DOO qui succéda à son père et se gratifia du titre de « King Bell », mais surtout renforça l’intransigeance des « Bonapriso » qui résistaient opposés à toute normalisation de la vie politique. 

 

Au cours de cette année 1795, une révolution de palais éclatait à Bonéwonda suite au décès du chef Peter QUAN. Un jeune caïman à l’affut nommé NGAND’a KWA(8) rétablira d’abord l’ordre à Bonakwan, le lignage régnant chez les « Bonamulobe », et profitera ensuite de l’affaiblissement du pouvoir des « Bonadoo » pour mettre un terme au pouvoir absolu. En effet, à la suite d’une stratégie bien orchestrée par ses partisans de la branche « MULOBE m’EWALE » dont il était le nouveau leader, le jeune NGAND’a KWA contraignit en 1801 le King BELE ba DOO au partage du pouvoir.

 

Pour la petite histoire, le schisme se produisit au cours d’une assemblée ordinaire des chefs et notables Duala qui avait lieu sur la grève caillouteuse de la pointe de Bonaberi « Dibo la Senge ». NGANDO se leva, salua l’assemblée, s’approcha du King BELE ba DOO, et lui dit : « Sache qu’à partir de ce jour, la mer qui s’étend devant nous appartient désormais à tous les deux NGANDO et BELE. » Il reçut aussi dans l’ombre le soutien des capitaines de navires négriers anglais pour qui toute scission du clan offrait de meilleures opportunités d’affaires. Le principe étant de diviser pour mieux commercer.

 

Ayant divisé la famille, une dyarchie politique s’installait de fait à la tête du vieux Cameroun dorénavant scindé en Bell-Town et Akwa-Town. Même si les deux monarques se disputaient la prépondérance, la gestion des affaires communes reposait sur une collaboration fraternelle. Pour cela, on procédait toujours avant chaque séance à un rituel. C’était « l’Esa Mboa », une cérémonie purificatrice ayant pour but d’écarter les obstacles qui pourraient entraver la bonne marche du clan afin de faire prédominer l’union et la compréhension. On assista alors à l’avènement de la prodigieuse dynastie AKWA dont le rayonnement allait fortement marquer l’histoire politico-économique du vieux et du nouveau (1884) Cameroun.

 

(Période pré-consulaire 1807 - 1849)

 

Lorsque par un curieux retournement de l’histoire, la Grande-Bretagne déclara la traite des noirs illégale dans le golfe de Guinée le 1er janvier 1807, elle entreprit aussitôt de faire reposer l’activité commerciale sur le développement de produits réglementaires, d’initier la guerre contre les trafiquants en jouant le rôle de gendarme et en ralliant les autres puissances à sa cause. Il leur fallu alors gérer les conséquences sociales et politiques de cette soudaine mutation commerciale qui contrariaient leurs affaires intérieures et leurs relations extérieures.

Ainsi, les nouveaux rapports commerciaux qui se développèrent entre officiers de la Royal Navy et chefs côtiers furent constamment appuyés par des relations diplomatiques et d’ordre moral, mais aussi de contrainte, voir de guerre pour que cesse l’odieux trafic. Devenant par ce fait sujet de Sa Majesté, les chefs les plus influents n’assumaient plus seulement pour leur territoire, les fonctions de « King ou Consul » qui était la reconnaissance officielle comme pouvoir exécutif, mais assumaient aussi et principalement celles de précieux intermédiaires de l’abolition de l’esclavage transatlantique et non plus de la traite. La société secrète « Mungui », qui faisait office de police politique chez les DUALA, fut mise à contribution par les Kings NGAND’a KWA et BELE ba DOO aux fins de signaler aux croiseurs de Sa Majesté, la présence de tout bateaux négriers dans les eaux territoriales. Les ports de « Freetown » en Sierra Leone et « Clarence » à Fernando-Po, respectivement colonie britannique depuis 1808 et 1827 servaient de base anti esclavagiste à la Royal Navy.

 

NGANDO AKWA fut honoré en 1814 du titre nobiliaire de « King Akwa » pour son territoire et l’ensemble des localités côtières sous son influence, par le commandant d’un des bâtiments de la royal Navy en mission à la rivière Cameroun au nom de sa majesté le Roi GEORGES III. 

 

NGANDO avait bâti un empire commercial le long de la côte atlantique en implantant ses succursales et ses hommes dans tous les ports stratégiques (Bata, Manoka, Mbimbia, Tiko, Bota, Rio del Rey). C’est lui qui accueillit en juin 1845 le missionnaire baptiste Alfred SAKER(9) qu’il hébergea dans sa Cour et lui offrit un petit terrain pour construire la première Eglise camerounaise nommée « BETHEL ». Les liens furent tels qu’à la mort du grandissime AKWA en juillet 1846, c’est au pasteur Alfred SAKER qu’il confia l’exécution de son testament.

 

1.2     Prince DIKONGUE la NGANDO -  King Akwa II (1847 - 1852)

 

Le document désignait DIKONGE la NGANDO alias « Big Jim Akwa », comme successeur. Il était le fils ainé de sa première épouse, la princesse NGEMOU NJOH, surnommée « LEMBE » (qui veut dire résistance), originaire de la chefferie de Yabakalaki-Bakoko.

Ce dernier étant parti en expédition commerciale, Alfred SAKER préféra attendre son retour. Durant l’absence du prince DIKONGE AKWA, certains de ses frères assiégèrent le missionnaire pour rentrer en possession dudit document. Alfred SAKER ne céda point mais ne dut son salut qu’à l’intervention d’un navire de guerre britannique grâce auquel l’ordre fut rétabli.

De retour de l’hinterland, le prince DIKONGE AKWA fut intronisé en janvier 1847. Il fut ensuite élevé à la dignité de King Akwa II par le lieutenant de la Royal Navy, commandant du vapeur « Rapid » en mission à la rivière Cameroun, au nom de sa majesté la Reine VICTORIA.

 

Mais en août 1851 lors d’une visite officielle du premier consul britannique John BEECROFT à la rivière Cameroun, les chefs et notables les plus influents de Bonaku s’adressèrent au consul, lui demandant la destitution de leur King DIKONGE AKWA. Le consul se tint sur sa réserve mais exigea cependant un rapport écrit des plaignants. Ce ne fut qu’en mars de l’année suivante, lors du séjour officiel du consul BEECROFT qu’il reçut de ces derniers, une plainte détaillée et signée par 27 personnalités. Ceux-ci motivèrent leurs démarches contre le King Akwa par sa conduite irresponsable en affaire ainsi que par son incapacité à apaiser aussi bien les différends parmi ses parents comme entre les Bonaku et les gens de l’hinterland. Se souciant de l’avenir de leur ville, ils proposèrent au consul de le remplacer par son frère, le prince MPONDO ma NGANDO alias « Jim Akwa », fils ainé de la seconde épouse du roi, la princesse MUSONGO EDJANGE surnommée  « ELEKE » (qui veut dire provocation), originaire de Bonasama-Doo.

Durant ce séjour, le consul convoqua tous les chefs, notables et subrécargues anglais à Bonaku dans une assemblée au cours de laquelle la désignation de MPONDO AKWA fut un plébiscite. Dans son rapport à sa hiérarchie au « Foreign Office », le consul ne manqua pas de mettre en relief qu’il avait strictement suivi leurs instructions et participé à l’élection sans contrarier les objectifs politiques des notables Akwa.

Signataire des accords Anglo-Duala du 17 décembre 1850 sur la réglementation maritime, Big Jim Akwa vit alors son règne s’interrompre en 1852.

 

(Période consulaire 1849 - 1884)

 

1.3         Prince MPONDO ma NGANDO - King Akwa III (1852 - 1878)

                                   

Le prince Jim MPONDO AKWA est alors solennellement reconnu troisième Roi de la dynastie le 8 mars 1852 par le premier consul impérial John BEECROFT pour les baies de Biafra et de Bénin. Ce dernier lui remit ensuite son certificat de nomination au nom de sa Majesté la Reine VICTORIA.

 

Il faut dire que dès 1849, la nomination du métis antillais John BEECROFT comme premier Consul Britannique agent de sa Majesté pour les baies de Bénin et de Biafra avec résidence à Fernando-Pô se justifiait par l’accroissement de la coopération britannique dans les affaires intérieures.

Le système consulaire, outre son opposition à toute influence directe sur la société, répondait au souci de confier à la Royal Navy la protection du commerce sur la côte et surtout de veiller à la suppression de la traite des esclaves. Le consul établissait des contacts personnalisés avec les chefs, payait les indemnités inhérentes aux traités et autres accords conclus et s’occupait de la promotion et de la réglementation du commerce légal. Même si son pouvoir était relativement restreint, les Duala le sollicitaient de plus en plus pour son arbitrage dans leurs conflits intérieurs. Mais cependant, la décision du consul n’était observée que si elle ne contrariait pas leurs desseins politiques.

 

Par exemple, à la mort du vieux King Bell LOBE BEBE au début de 1858, son fils désigné, le prince NDUMBE LOBE alias « Honesty ou encore Bonny Bell » lui succéda. Mais ce dernier encourut immédiatement la disgrâce des commerçants européens en augmentant le Koumi (droit de commercer) et en tolérant le pillage par ses sujets, d’un magasin loué par un Anglais. Conséquence, le consul Thomas HUTCHINSON remit à plus tard son acte de reconnaissance officielle. De surcroit, quand il apprit que NDUMBE LOBE avait quitté le deuil de son père en sacrifiant deux captifs, un conflit ouvert éclata entre Honesty NDUMBE LOBE et le consul.

L’investiture de NDUMBE LOBE étant suspendue, tous les traités durant cette intervalle furent conjointement signés côté Bell par le trio composé de ses grands oncles MBAPPE BELE alias « Priso Bell », chef de Bonaberi, BULU BELE alias « Joss » et lui-même.

Pour le King MPONDO AKWA qui respectait les clauses proscrivant les sacrifices humains contenus dans le traité qu’il avait signé le 19 mai 1858, ce fut le signal pour passer à l’attaque. En se vantant d’être à ce moment l’unique roi Duala reconnu par la Reine d’Angleterre, il demanda la punition exemplaire de son jeune rival alors que le consul préféra la négociation d’un nouveau traité. Révoltés, le King Akwa et son cousin le chef Deïdo EYUM EBELE alias « Charley Dido » refusèrent de signer le nouveau traité et menacèrent de faire la guerre à NDUMBE LOBE. King Akwa alla même jusqu’à provoquer le consul en combat singulier, mais ce dernier renonça au dernier moment sur les conseils d’un agent consulaire.

Toutefois, le consul qui avait les moyens de les contraindre fit bombarder leurs villages respectifs par un vaisseau de guerre espagnol qu’il avait appelé à sa rescousse, obligeant ainsi les deux chefs à signer le nouveau traité. Mais n’étant pas disposé à accepter cette humiliante défaite et afin de prouver sa puissance et son indépendance, le King Akwa fit aussi tuer des captifs et se rendit coupable d’un certain nombre d’irrégularité dans ses affaires avec les commerçants européens. Ceux-ci en informèrent le consul qui procéda tout de suite à sa destitution et à la nomination de son frère le Prince ENDENE NGANDO alias « Dido Akwa ». Mais malheureusement, la décision du consul resta lettre morte car les notables de Bonaku s’opposèrent fermement à ce revirement politique.

 

De la même manière quand M. LAUGHLAND, l’agent consulaire qui assurait l’intérim après le décès en milieu d’année 1860 du Consul HUTCHINSON, tenta de sa propre autorité de remplacer le King MPONDO AKWA, il échoua lui aussi. Il justifia son intervention par la politique antibritannique du King Akwa alors que ce dernier ne se montrait hostile aux Anglais que quand il se sentait moins bien traité que son homologue Bell.

 

En dépit du fait que les « Bonapriso » et les « Bonaberi » aient été écartés du commandement des « Bonadoo », le nouveau consul Richard BURTON gratifiait tout de même « Priso Bell » du titre de « King Bell » aux côtés de King Akwa le 13 décembre 1861 lors de la signature du traité supprimant la pratique du meurtre par représailles. Mais dès 1862, ces rivalités entre cousins qui devenaient de plus en plus incontrôlables obligèrent le consul, sous la pression continue des notables, à reconnaitre officiellement l’héritier du trône Honesty NDUMBE LOBE.

 

Durant la dernière décennie de sa vie, le King Jim MPONDO AKWA, épris de paix et de justice, redoutait de plus en plus les discussions passionnées. Raison pour laquelle il préférait se faire représenter au Ngondo par ses frères ENDENE NGANDO ou EDJENGELE NGANDO alias « Black Akwa ». Mais lors de sa dernière apparition à l’auguste assemblée, il tint ces propos mémorables :

 « Une goutte d’huile pénètrera un jour dans votre œil, et vous n’arriverez pas à vous en débarrasser ».

 

C’est sur ces paroles prophétiques qui annonçaient déjà les évènements de 1884 que le vieux King se mit en retrait et rendit l’âme en août 1878.

 

1.4     Prince DIKA MPONDO - King Akwa IV (1878 - 1907)

 

Son troisième fils DIKA MPONDO Timothy, appelé « Dika Akwa » ou encore « Tim Akwa », né de son union avec la Princesse SIKE DIKA DIBONGE de Bonadibong lui succéda.

Il est ici important de préciser que DIKA MPONDO ne faisait pas partie du premier foyer « Bonélombo » de la Cour de son père. L’aîné de ce foyer était le Prince KWA MPONDO qui malheureusement mourut avant son père et le second fils, le Prince ELAME MPONDO dût retourner à Bonapriso (Joss-Town) dans sa famille maternelle « Bonabélone » parce que l’union entre son père et sa mère n’avait pas été conforme à la coutume. C’est d’ailleurs le fils de ce dernier, DOO ELAME JOSS, neveu de DIKA MPONDO qui prendra le commandement des Bonapriso quelques temps après.

Dans le premier foyer, il ne restait plus que des enfants mineurs qui, de part le statut de leurs mères, ne pouvaient pas traditionnellement prétendre à la succession de leur père. C’est pourquoi la couronne de Bonambela revint à DIKA MPONDO du deuxième foyer qui, du vivant de son père déjà, le représentait à certaines occasions.

 

DIKA MPONDO fut donc intronisé en novembre 1878, mais dans sa quête d’autorité et d’influence, il se heurta au diktat des deux frères de son père, les vieux princes ENDENE NGANDO et KINGE NGANDO alias « Joe Garner Akwa » qui ne tenaient pas à lui concéder davantage de pouvoir.

Finalement, ce conflit de génération fut réglé au bout de trois années de persévérance du jeune DIKA AKWA qui, avec le soutien du consul Edward HYDE HEWETT, put retenir lui-même aux européens le « Koumi » (la taxe permettant de commercer) pour la première fois et se donner enfin du relief comme nouveau roi.

Le 27 novembre 1882, DIKA AKWA fut solennellement reconnu « King Akwa IV » par le Consul Impérial Edward HYDE HEWETT pour les baies de Biafra et de Bénin qui lui remit son certificat de nomination au nom de Sa Majesté la Reine VICTORIA du Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande, Impératrice des Indes.

 

En définitive, les règnes fastes et prestigieux du fondateur de la dynastie NGAND’a KWA, de ses fils DIKONGE la NGANDO et MPONDO ma NGANDO et une partie du règne de son petit-fils DIKA MPONDO témoignent de cette période pré coloniale ou les Européens et notamment les Britanniques ne purent entamer la puissance des rois Douala malgré les multiples tentatives de manipulation.

 

Cependant cette période, qui à partir des années 1870 voyait déjà la concurrence commerciale s’écarter progressivement des règles traditionnelles et les différences entre classes sociales se réduire substantiellement, se termina par la conclusion sur le rivage du King Akwa, du traité qui livra le Cameroun à la colonisation allemande le 12 juillet 1884. C’est donc avec un King Akwa tout-puissant que s’ouvrait officiellement pour notre Pays, la page coloniale de son l’histoire.

 

II.     La période coloniale (1884-1960)

 

2.1     Le protectorat allemand (1884-1916)

 

Deux années avant la signature du traité du 12 juillet 1884, le charismatique DIKA MPONDO suite à une démographie galopante, avait effectué d’importantes réformes au sein de la famille royale et de la vaste communauté de Bonambela qui s’étendait sur une bonne partie de la côte. Il faut dire que l’ancienne ville de « Cameroun », l’actuel Douala, comprenait les régions du Mungo, du Nkam et de la Sanaga au sein desquelles le King Akwa, le King Bell et leurs ascendants avaient une hégémonie précoloniale.

Tim Akwa avait alors éclaté l’ancienne famille royale « Bonangando » en trois villages autonomes à savoir Bonalembe, Bonédjang et Bonélèkè. Ce dernier devenant le village du King, il détacha son foyer « Bonadika », c’est-à-dire ses enfants et leurs descendants de celui de son père « Bonampondo » qu’il laissa sous la tutelle de son frère le Prince MANGA MPONDO AKWA.

Bonadika devint ainsi par la volonté de son géniteur, le foyer détenant traditionnellement les droits politiques et patrimoniaux de son village natal Bonélèkè et de l’ensemble de la communauté Bonambela(
)
dont il incarne le fondement. Il instituait aussi un ensemble de règles permettant le fonctionnement harmonieux des foyers de la nouvelle famille régnante. Ses nombreuses épouses, déjà une quarantaine à cette période, et sa croissante progéniture symbolisaient sa réussite politico-économique et sa puissance.

 

En signant ce traité, le King DIKA MPONDO et ses pairs se retrouvaient dans des conditions idéales après avoir dominé la traite des esclaves pour profiter de l’essor du commerce légal sans dommage pour leur société.

Ils disposaient de relations d’affaires étendues dans l’arrière-pays ou l’on produisait des biens d’exportation, ainsi que d’une abondante réserve de main d’œuvre d’esclaves acquise pendant la période de la traite.

Mais très vite, le King Akwa DIKA MPONDO et son homologue Bell, le vieux NDUMBE LOBE se rendirent compte qu’ils s’étaient fait berner. Ils avaient posé comme condition de leur accord non seulement que le colonisateur ne touchât pas à l’ordre politique local, mais que les fondements économiques de cet ordre fussent maintenus. Or les Allemands avaient juste besoin d’un document officiel pour prétendre juridiquement aux possessions coloniales face aux autres puissances européennes dans la compétition sur le partage de l’Afrique et de ses bandes côtières à la conférence de Berlin. Ainsi, sous prétexte d’une souveraineté acquise, ils transgressèrent les réserves du traité et dédaignèrent les pouvoirs coutumiers.

 

En réalité, le conflit germano-duala était inévitable dans la mesure où il existait une différence fondamentale entre la manière dont les Allemands et les Duala percevaient le protectorat allemand et les droits qu’il donnait aux administrateurs coloniaux sur leur sol. De part l’ancienneté de leurs contacts avec les Européens, les Duala estimaient avoir un état et des rois comme les Allemands, même si ces termes et leurs implications s’interprétaient différemment. Ils voulaient donc conjointement affirmer leur « germanisme » et leur droit à beaucoup plus d’autonomie. Mais par contre, le système colonial supposait que les populations colonisées devaient se soumettre ou périr. Leurs existences même n’avaient d’importance que dans la mesure où elles étaient au service des objectifs économiques du colonisateur.

 

Après la suppression en 1887 du statut de « King » et de ses avantages au profit de celui de « Chef Supérieur » auxiliaire de l’administration, l’usage du fouet et la de la destitution furent alors utilisée comme armes décisives par lesquelles le gouvernement colonial allait briser toutes velléités d’indépendance des chefs. L’idée qui sous-tendait ces décisions était de montrer l’étendue du pouvoir des colonisateurs  et de prévenir par ce fait même toutes autres tentatives de rébellion.

 

2.2     Destitution du King Akwa DIKA MPONDO (1907)

 

Ainsi le 19 juin 1905, dans une pétition adressée au Reichstag et à la Chancellerie Impériale, les chefs Akwa de Bonambela se plaignirent de façon détaillée du pouvoir arbitraire de nombreux fonctionnaires coloniaux avec en tête le gouverneur Jesko von PUTTKAMER.

Gravement mis en cause, PUTTKAMER et les siens leur intentèrent un procès en diffamation dont le jugement sommaire et expéditif condamna le 6 décembre 1905 tous les signataires de la pétition.

Le King DIKA MPONDO bien que n’ayant pas signé la pétition parce qu’il purgeait une autre peine(11), écopa de 9 ans d’emprisonnement avec travaux forcés. La campagne de lobbying menée au Reichstag par son fils aîné le Prince héritier Ludwig MPONDO AKWA, résidant en Allemagne et mandataire des Bonambela avec le concours des socio-démocrates (SPD) et du Centre Catholique (Zentrum Partei) contribuèrent à son annulation.

Le second procès qui se tint du 23 au 26 octobre 1906 devant le juge indépendant STRACHLER qui avait la charge de le réviser condamna, sous mise en compte d’une détention préventive de quatre mois, le King Akwa DIKA MPONDO et le chef MUANGE MUKURI à 18 mois de prison et les autres accusés à des peines inférieures.

En dehors du King DIKA MPONDO, des chefs MUANGE MUKURI et MPONDO EDJENGELE qui furent emmenés à Kribi comme détenus politiques en janvier 1907 et transférés ensuite à Campo en résidence surveillée, les 24 autres signataires de la pétition furent emprisonnés à Douala. L’administration coloniale destitua le King Akwa DIKA MPONDO et le remplaça par Adolf DIBUSI DIKA, un autre de ses fils paraissant faire preuve de meilleures dispositions à l’égard du maître allemand. Les chefs Fred MUANGE MUKURI et MPONDO EDJENGELE furent aussi destitués et remplacés respectivement par Peter MUKURI MUANGE et KWA ELAME.

 

Au courant de l’administration catastrophique des fonctionnaires du protectorat, le Secrétaire d’Etat aux Colonies Bernhard DERNBURG révoqua Jesko von PUTTKAMER de ses fonctions en mai 1907 et le remplaça par Théodor SEITZ dont la mission fut de replacer les camerounais au cœur du développement de la colonie tout en préservant l’autorité des chefs.

SEITZ qui connaissait bien les Duala pour y avoir été le premier chef de district de 1895 à 1899, promit dès sa première réunion de transformer les localités de Douala en municipalités avec une gestion minimum et d’amnistier le King Akwa et ses chefs si ces derniers s’engageaient à ne plus opposer de résistance au gouvernement colonial. Le King Akwa rejeta cette proposition. Au bout du compte et sans avoir obtenu du King Akwa un quelconque engagement, il libéra DIKA MPONDO et l’ensemble de ses chefs et notables le 20 décembre 1907 après une année de détention pour soi-disant bonne conduite alors que cela avait été ordonné par la chancellerie à Berlin. Par contre, il refusait catégoriquement de rétablir le King DIKA MPONDO sur son trône et menaçait d’exil quiconque s’opposerait encore à l’administration coloniale.

 

Lorsque la procédure d’expropriation fut décidée en 1911, DIKA MPONDO prit aussitôt la tête de l’opposition et s’employa à soulever le Ngondo contre cette décision. L’agitation à laquelle le King Akwa se livra et les correspondances de son fils Ludwig MPONDO AKWA retrouvées dans son Palais au cours d’une perquisition lui valurent en septembre 1911, une condamnation à huit mois de prison. Les courriers saisis contenaient de violentes attaques contre le colonialisme allemand; ils révélaient aussi le lien entre MPONDO AKWA et la chute du gouverneur PUTTKAMER et ses relations avec des parlementaires de Berlin à l’instar du centriste Mathias ERZBERGER et du socio-démocrate August BEBEL, deux des critiques les plus réputés du régime colonial allemand.

 

Mais afin que le King Akwa ne perturbe le transfert des autochtones du plateau Joss qui était imminent, on l’exila ensuite à Campo pendant plus de deux ans où le début de la guerre en août 1914 le trouva. Durant son exil, moult avantages parmi lesquels son rétablissement au trône lui furent proposés par l’administration coloniale s’il adhérait totalement à l’expropriation. Sa réponse fut bien entendue « NON ».

 

Arrivé au Cameroun en juin 1911 pour la concrétisation de ses projets, Ludwig MPONDO AKWA fit vaciller toute l’administration coloniale. Il avait au plan économique, prévu une organisation centralisée du commerce et de l’agriculture dans la région du littoral. Politiquement, sa vision allait dans le sens d’une gestion raisonnable des régimes coloniaux à travers l’implication progressive des représentants africains dans les prises de décision. Aussi, son idée d’un grand Etat Duala sur la base de l’hégémonie pré coloniale sur les ethnies voisines et indépendant vis-à-vis des Européens était totalement avérée.

 

Le témoignage ci-dessous du chef du district de Douala, Hermann RÖHM qui filait ses faits et gestes présageait déjà des difficultés auxquelles l’administration coloniale allait être confrontée.

 

«  Mpondo était comme le guide, le porte-étendard et le libérateur du peuple Duala dans toutes les bouches. Son apparition enflamma Douala à tel point que, comme une trainée de poudre, toutes les couches de la population indigène furent entremêlées avec ses idées et espérances révolutionnaires, politiques, sociales et économiques même si elles dénotaient en partie d’une certaine originalité. Son nom, sa personne, son apparence, ses manières conscientes de soi face à ses gens, intrépides et habiles vis-à-vis de l’autorité administrative, même si aussi déférentes apparemment, ont entraîné tout le monde dans le mouvement, une partie entraînée aveuglément pour lui. »

 

Finalement, l’ampleur que prirent ses idées fédératrices le long de la côte décidèrent les hauts fonctionnaires coloniaux à se débarrasser de lui au plus vite. MPONDO AKWA est finalement arrêté le 22 septembre 1911 et détenu au commissariat de Bonanjo sur la base de fausses allégations faites vraisemblablement par son frère, le chef régent DIBUSI DIKA selon lesquelles il aurait ramené des armes afin de provoquer une rébellion et probablement livrer le Cameroun aux Anglais. Accusé en plus de propagation de rumeurs quant à l’expropriation, il fut au bout du compte condamné à
mois et 3 semaines de travaux forcés. En réalité, c’était le succès lié aux adhésions massives et aux collectes d’argent organisées par Mpondo Akwa au profit de la « Société agro-commercial Bonambela » qui faisait peur. Il faut dire que la collecte s’étendait le long de côte et se faisait très souvent au détriment du paiement de l’impôt. Au vu du danger politique que représentait sa réapparition à Douala, le nouveau gouverneur EBERMAÏER proposa au département colonial de l’exiler au moins pour une année, ce qui fut approuvé. En août 1912, Ludwig MPONDO AKWA fut transféré à Banyo dans le nord du pays ou il fut maintenu en détention. Mais après une tentative d’évasion en avril 1913, il fut rattrapé et condamné à 3 ans d’enchainement en juin de la même année. On le déporta à N’gaoundéré, loin de la frontière Nigériane et du résidant allemand de Banyo vraisemblablement acquis à sa cause, pour y purger sa peine.

 

La fin du mois de septembre 1911 sonnait comme une victoire pour l’administration coloniale allemande qui venait d’atteindre un de ses objectifs majeurs en mettant hors d’état de nuire le King Akwa DIKA MPONDO et son fils Ludwig MPONDO AKWA, deux des trois grosses personnalités Duala de cette époque capable de faire basculer le projet allemand. Raison pour laquelle les chefs Duala ne furent officiellement informés du projet d’expropriation qu’au cours des deux assises convoquées les 24 et 30 octobre 1911 par le gouvernement. La troisième personnalité Duala était le chef supérieur Rudolf DUALA MANGA BELL sur qui l’administration coloniale avait misé pour faciliter le processus. Mais contrairement aux attentes des autorités allemandes, le Prince Rudolf DUALA MANGA BELL qui avait pourtant bénéficié du même traitement de faveur que son feu père, prit plutôt la tête de la protestation Duala en s’opposant, en dépit du prix à payer, à l’expropriation des terres ancestrales. Le feuilleton sous la houlette du Prince DUALA MANGA BELL débuta le 30 novembre 1911, lorsque le premier télégramme Duala arriva au Reichstag demandant l’annulation de l’expropriation et se termina tragiquement le 08 août 1914 par sa pendaison.

 

2.3     Retour au trône du King Akwa (1915) - Fin  du protectorat  allemand (1916)

 

Les villes de Douala et de Bonabéri furent libérées par les alliés franco-britanniques le 27 septembre 1914 avec la participation active des Duala(12). L’une des toutes premières mesures qui attira aux anglais, premiers administrateurs de la ville, la sympathie des populations encore sous le choc des exécutions sommaires du chef Rudolf DUALA MANGA BELL, d’Adolf NGOSSO DIN et de plusieurs centaines de résistants le mois précédent, fut la libération de tous les prisonniers politiques. Les Anglais délivrèrent le prince Richard DIN MANGA BELL enfermé comme otage avec son défunt frère Rudolf, et au trône des Bell, ils procédèrent au remplacement du défunt par un autre frère, le prince Henri LOBE MANGA BELL.

On assista en janvier 1915 au retour triomphal du King Akwa DIKA MPONDO de Campo que le chef des forces alliées, le général DOBELL rétablissait sur son trône à Akwa malgré l’interdiction de séjour qui pesait encore administrativement sur lui.

Le 08 janvier 1916, les allemands évacuaient Yaoundé dans la précipitation et s’engouffraient dans le territoire neutre de la Guinée Espagnole, pourchassés par le corps expéditionnaire du Général Anglais DOBELL et les colonnes de l’AEF. Le 20 février, la guerre était terminée au Cameroun.

 

En mars 1916, la ville de Douala fut placée sous administration française après le partage du territoire(13) entre les deux principaux alliés. Ce ne fut pas avec grand enthousiasme que les populations accueillirent les français, car leur principale préoccupation était la disposition de leur territoire tenu par les Allemands.

Le 15 avril 1916, l’administration française recevait par le biais du commissariat de la république, une lettre du King Akwa DIKA MPONDO dans laquelle il rappelait sa position prépondérante lors de la signature du traité du 12 juillet 1884 avec les allemands et prétendait de ce fait être le premier chef de Douala et par conséquent du Cameroun. Il était donc prêt à signer avec la nation à qui on attribuera le Cameroun, un contrat similaire à celui de 1884. Il est tout aussi vrai qu’après avoir épluché les rapports allemands sur le King Akwa, l’administration française n’avait plus qu’un un seul vœu : le renvoyer au trou.

C’est ainsi que dans la nuit du 27 au 28 avril 1916, il y eut un incident à proximité de la résidence du King Akwa. En effet, un policier français en patrouille avec quelques tirailleurs avait rencontré sa maîtresse, une veuve nommée Hanna DIPOKO, en compagnie de son rival autochtone. Le policier ordonna aux tirailleurs de corriger ce dernier qui au cours de la bagarre, avait crié, ameutant les voisins. Assaillis par la foule, les tirailleurs avaient été ligotés puis frappés sous le regard complice d’un des fils du roi, le prince DIN DIKA. Lorsque les renforts arrivèrent à la hauteur de la résidence royale, des coups de feu éclatèrent auxquels les tirailleurs armés mais sans munitions, n’avaient pu riposter.

Le 2 mai 1916, le tribunal de circonscription de Douala condamna le prince DIN DIKA à trois ans d’emprisonnement. Le chef de la circonscription de Douala demanda des sanctions contre le King Akwa, soupçonné de subversion, pour résistance par la force à un acte de l’autorité, alors qu’il n’était au courant de rien. Par décision du général commissaire du gouvernement Joseph AYMERICH en date du
mai 1916, le King Timothy DIKA MPONDO fut renvoyé à Campo en résidence surveillée avec un traitement correspondant à son rang.

Il partit le 12 mai à bord du bateau vapeur « le Haoussa » et rendit l’âme le 6 décembre 1916 à 80 ans de suite d’une affection rénale. Son corps fut ce même jour inhumé selon la coutume par les chefs Batanga. Après quelques réunions d’urgence dans la Cour du Chef Adolf DIBUSI DIKA à Akwa, une délégation s’embarquait sur le bateau vapeur « le Foullah » aux fins d’exhumer le King et de ramener sa dépouille à Douala. Elle était composée de deux frères du défunt, les princes NGANDO MPONDO AKWA et MPONGE MPONDO AKWA, d’un notable de Bonélèkè, le nommé EYUM JOHNSON et d’un notable de Bonébong en la personne de Steirnberg KONE BWINDI. Le jour du départ, les Princes KINGE DIKA et DIKA DIKA, deux fils du défunt remirent un paquet à EYUM JOHNSON et lui donnèrent des instructions précises quant à son utilisation.

Après le rituel d’exhumation et les honneurs militaires rendus par le détachement Anglais basé à Campo, la dépouille du roi fut mise dans un cercueil que l’on plaça ensuite dans une chambre spéciale du « Foullah ». Arrivée à Douala dans la nuit du 27 décembre 1916, l’autorité administrative au vu de l’heure tardive ordonna que l’enlèvement du cercueil ne se fasse que le lendemain matin.

Dès 6 heures ce 28 décembre, toute les populations de Bonambela, voir de Douala descendirent au quai pour former le cortège qui devait accompagner le King DIKA AKWA dans sa dernière demeure. Le premier cercueil ayant été mis dans un cercueil beaucoup plus imposant travaillé par EKULE EPO de Bonélèkè, le cortège quitta le port pour rejoindre l’Eglise de Bethel. Après la prédication du Pasteur Alfred TONGO DIBOUNDOU, le cortège funèbre reprit sa marche à travers la ville, ponctuée d’arrêt dans les tombeaux ancestraux et divers lieux mythiques pour finalement l’achever au lieu désigné (actuel Douala-bar) par le roi lui-même de son vivant pour l’inhumation.

 

2.4     Prince DIN DIKA AKWA (1919 - 1921) – régence de DIBUSI DIKA

 

Le 3 décembre 1916, soit trois jours avant son décès, le King DIKA AKWA faisait rédiger son testament dans lequel il désignait DIN DIKA AKWA pour lui succéder si et seulement si l’héritier présomptif, son fils aîné Ludwig Paul Heinrich MPONDO AKWA à qui il transférait les pleins pouvoirs et dont il n’avait plus de nouvelles depuis un moment, ne serait plus en vie.

La délégation envoyée en début d’année 1917 à la recherche de Ludwig MPONDO AKWA à Banyo, puis à N’gaoundéré ayant certifié qu’il était vivant mais avait, selon une source allemande probablement été transféré. Face à cette incertitude, il fut alors convenu de le proclamer roi de Bonambela afin que tout ayant droit de la Cour assurant le commandement de Bonambela durant son absence le fasse en qualité de régent. Seule la confirmation de sa mort entrainerait la restauration du trône de Bonambela.

 

Le King DIKA MPONDO décédé, l’administration coloniale française reconduisait son fils Adolf DIBUSI DIKA qui avait assuré l’intérim aussitôt après le bannissement de son père à Campo le 12 mai 1916. Et c’est le même DIBUSI qui avait de 1907 à 1914, assuré la régence suite à la destitution de son père par l’administration coloniale Allemande. Mais après deux années de règne, le Chef Supérieur DIBUSI DIKA, qui soutenait discrètement les associations d’obédience germanique qui militaient pour le retour de l’Allemagne au Cameroun fut destitué pour sa politique pro-Allemande. Il faut dire qu’entre-temps, la capitulation de l’Allemagne le 11 novembre 1918 fut accueillie avec joie par les chefs Duala qui considéraient que le moment était venu pour eux d’être indépendants. Ils étaient tous d’avis que le traité de 1884 était devenu caduque puisque le partenaire au contrat, en l’occurrence les Allemands, avait disparu.

 

DIBUSI DIKA fut remplacé en 1919 par son jeune frère, le prince DIN DIKA AKWA qui avait bénéficié d’une libération conditionnelle le 20 octobre 1918 par le tribunal de circonscription de Douala.

 

Songeant surtout politiquement aux Anglais qui s’étaient montrés bienveillants à leur arrivée en libérant plusieurs chefs et notables Douala, Sa Majesté DIN DIKA AKWA prit dès août 1919 une part active dans le processus de revendication de l’autonomie du Cameroun dans laquelle les pétitionnaires réclamaient entre autres, le droit de choisir eux-mêmes le Pays qui exercerait leur tutelle en qualité de mandataire au nom de la Société des Nations (SDN). Il est finalement destitué et condamné le 3 mai 1921 à 18 mois d’emprisonnement et à
ans d’interdiction de séjour à Douala pour son activisme anti-français.

 

2.5     Prince Ernest BETOTE DIKA AKWA (1921 - 1924)

 

Il est remplacé à la Chefferie Supérieure par son jeune frère, le prince Ernest BETOTE DIKA AKWA. Ce dernier prit immédiatement la tête de l’opposition. Mais mêlé à une affaire de meurtre rituel à Bonéwonda-Akwa en novembre 1921, il est inculpé par l’administrateur français Yves-Marie NICOL, chef de la circonscription de Douala qui ne le portait déjà pas dans son cœur à cause de ses protestations contre les abus de ladite administration.

Le Chef Supérieur Ernest BETOTE DIKA AKWA est finalement condamné le 3 juillet 1924 à 5 ans d’emprisonnement par le tribunal de races de Douala avec résidence obligatoire hors de la ville. C’est à Maroua qu’on l’envoya purger sa peine.

 

2.6     Prince Arnold EBONGUE DIKA AKWA (1924 - 1927)

 

Cet incident permit la désignation à la Chefferie Supérieure en août 1924 du prince Arnold EBONGUE DIKA AKWA, autre fils du King exerçant les fonctions de clerc d’administration.

Dès 1925, le gouvernement français avait pris une série d’initiatives destinées à modifier la physionomie de la structure foncière de la ville. Cette opération n’était en fait qu’une réactualisation du plan d’urbanisation allemand qui ne tenait toujours pas compte des intérêts des autochtones. En confirmant ces expropriations, le gouvernement rencontrait la même résistance.

 

Le 20 octobre 1925, le Chef Supérieur Arnold EBONGUE DIKA AKWA au nom des Bonambela et son homologue Richard DIN MANGA BELL au nom des Bonadoo adressèrent une lettre de protestations au Gouverneur MARCHAND en prévention du plan d’expulsion des populations du plateau Joss et de celui d’Akwa dont on commençait déjà à parler. La lettre resta sans réponse.

En 1926, sa Majesté Arnold EBONGUE DIKA AKWA prit toutes dispositions utiles pour la renaissance du Ngondo en se rapprochant des BELL. L’union des deux principaux clans fut scellée par le « Male Manjo » ou communion du sang. Cérémonie qui se déroula au cimetière de Deïdo afin de s’assurer sous la foi du serment la fidélité de tous les membres du Ngondo. Le 18 août 1926, le Chef Supérieur Arnold EBONGUE DIKA AKWA et ses pairs de Douala demandèrent au Pasteur Charles MAITRE de défendre leurs intérêts contre le gouvernement. Mais le 1er septembre 1926, le gouvernement fit publier au journal officiel l’arrêté par lequel il décidait le lotissement du plateau Joss. En réponse, le Ngondo décida de l’envoi d’une délégation à Paris, mais le retour en Europe du prince Richard DIN MANGA BELL en fin d’année 1926, excédé par les tracasseries des administrateurs coloniaux et la soudaine mort du prince Arnold EBONGUE DIKA AKWA en novembre 1927 annulèrent sa concrétisation. Arnold EBONGUE AKWA fut dès 1928 remplacé à la Chefferie Supérieure par son jeune frère, le prince Hans NGAKA DIKA AKWA.

 

2.7     Prince Hans NGAKA DIKA AKWA (1928 - 1931)

 

Redoutable activiste, sa Majesté Hans NGAKA DIKA AKWA et ses pairs de Douala envoyèrent le 19 décembre 1929 une pétition à la Société des Nations (SDN) dans laquelle ils condamnaient non seulement la gestion française, mais réclamaient la fin de leur mandat et l’indépendance du Cameroun.

Deux autres requêtes dénonçant un certain nombre d’abus furent acheminées les 18 mai et 19 juin 1931 à Genève par le délégué en Europe des citoyens nègres camerounais, le Martiniquais Vincent GANTY qui avait temporairement été mandaté par les notables Duala pour se constituer intermédiaire dans leurs relations politiques auprès de la Société Des Nations ou de toute autre autorité en Europe.

Sa Majesté Hans NGAKA DIKA AKWA fut finalement compris dans l’information ouverte au début de l’année 1931 contre Vincent GANTY et consorts. Arrêté au cours de la même année pour complot contre la sûreté de l’Etat, Hans NGAKA AKWA fut démis de ses fonctions.

Ce qui permit au prince Ernest BETOTE DIKA AKWA, désormais plus réceptif à l’égard de l’administration Française depuis sa sortie de prison, d’être de nouveau installé à la Chefferie Supérieure pendant que son frère Hans NGAKA AKWA, se trouvait encore en détention. En fait, Ernest BETOTE DIKA AKWA avait bénéficié par arrêté en date du 2 avril 1927 d’une libération conditionnelle et d’une autorisation de résidence à Douala.

 

2.8     Retour au trône du Prince Ernest BETOTE DIKA AKWA (1931 - 1976)

 

Entre temps, les investigations menées conjointement par l’Eglise et la famille confirmaient le décès en août 1914 à N’gaoundéré, du prince héritier Ludwig Paul Heinrich MPONDO AKWA. En effet, il avait été lâchement exécuté par des tirailleurs sur ordre du chef de district, l’allemand TILLER, alors qu’il allait comme tous les soirs prendre son bain dans le Mayo jouxtant sa prison.  

 

Les enfants de feu King DIKA MPONDO entamèrent alors en 1934 des réunions dans le but de préparer la cérémonie rituelle de clôture de la période du deuil de leur père pour un retour à l’ordre normal. Il fut aussi question d’assainir leurs dissensions et de présenter officiellement le nouvel héritier du défunt. Finalement, en dépit des tergiversations du Prince DIN DIKA AKWA, ces concertations aboutirent au transfert des droits du feu King Akwa au Prince Ernest BETOTE DIKA AKWA suivant un rite décrit au protocole du
février 1935. Le d


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Biographie du premier martyr SAWA: EYUM EBELE Charley DIDO

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Article sur le Traité Germano-Duala du 11et 12 juillet 1884 (Prince Kum`a Ndumbe III)

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Epouse et enfants d`EBELE KAYE

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