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04.06.2008
Rapatriement des restes d’Ahidjo: Sarkozy, Wade et Diouf, pour convaincre Biya
Justice Plus, une Ong créée en 2003 et ressuscitée en 2006, fait du lobbying pour obtenir des autorités camerounaises le rapatriement des restes du premier président de la République du Cameroun mort en exil à Dakar en 1989.
Depuis l’audience accordée par le chef de l’Etat Paul Biya à l’ex président du Bénin, Emile Derlin Zinsou, et actuel vice-président du Haut conseil de la Francophonie au Palais de l’unité, lundi 31 mars dernier, le débat sur le rapatriement des restes de Ahmadou Babatoura Ahidjo est timidement mais résolument relancé. Selon L’Oeil du Sahel du 14 avril 2008, l’entretien de Emile Derlin Zinsou et Paul Biya aurait porté sur « les conditions de rapatriement de la dépouille de Ahmadou Ahidjo mais également sur un ensemble de dossiers financiers intégrant tant les biens saisis de l´ancien président que son traitement d´ex président de la République. » Trois mois après la rencontre au sommet entre Paul Biya et Emile Derlin Zinsou, le peuple camerounais n’en est pas informé. Tout se passe comme si le rapatriement des restes du premier président du Cameroun, Ahmadou Babatoura Ahidjo, mort et enterré depuis le 30 novembre 1989, à Dakar, au Sénégal, relevait désormais du « secret d’Etat ». Mais, Justice Plus, une Organisation non gouvernementale (Ong) regroupant des hommes et des femmes de sensibilités politiques et ethniques différentes, en a fait son cheval de bataille. « Nous nous sommes mis dans le projet du rapatriement des restes de Ahmadou Ahidjo, parce que Justice Plus a pour objectifs, entre autres, la défense des droits fondamentaux ; la promotion de la justice et du développement, ainsi que la protection de l’environnement », a confié au Messager Aboubakar Ousmane Mey, président exécutif international de cette Ong.
Lobbying Au terme de leur réunion tenue à Garoua le 26 avril 2008, les membres de Justice Plus ont décidé de mener des actions en vue de démêler l’écheveau de ce qui apparaît comme une sorte d’imbroglio entre Paul Biya et Germaine Habiba Ahidjo. « Nous voulons d’abord que les pouvoirs publics prennent position par rapport à ce qui se dit dans les médias sur le rapatriement des restes de Ahmadou Ahidjo après le séjour de l’ancien président béninois, Emile Derlin Zinsou, au Cameroun. Car dans la famille Ahidjo, personne ne comprend plus rien », soutient le président de Justice Plus. L’audience de l’Ong introduite auprès des services du Premier ministre le 28 avril dernier n’a pas encore reçu de réponse favorable. Mais Aboubakar Ousmane Mey, Francis Kwa Moutome, Yves Epaka, Me Alice Nkom, Joseph Marie Eloundou, Diwouta Zeth Maurice, Ali Yousoufa, et les autres membres de Justice Plus n’entendent pas s’arrêter en si bon chemin. Ils ont saisi Nicolas Sarkozy, Abdoulaye Wade et Abdou Diouf, respectivement président de la République française, de la République sénégalaise et secrétaire général de la Francophonie, pour jouer les médiateurs auprès du chef de l’Etat camerounais, Paul Biya, afin que les restes de Ahmadou Ahidjo reviennent au Cameroun, avec les honneurs dus à son rang. Justice Plus qui reconnaît en Nicolas Sarkozy des « qualités éprouvées de médiateur » fait « appel à [sa] générosité habituelle » et sollicite sa « gracieuse intervention auprès des autorités camerounaises afin qu’un terme pacifique soit mis à l’humiliant veuvage de la nation camerounaise toute entière, sidérée et frustrée de subir sans réaction l’ignoble injustice infligée à son illustre et valeureux « Père fondateur ». » A Me Abdoulaye Wade, Justice Plus présente « sa profonde gratitude [pour] avoir accepté de conserver en terre sénégalaise les restes (...) de Ahmadou Ahidjo (…) et de continuer à donner à sa famille, non seulement un coin d’asile, mais aussi une nation d’adoption allégeant ainsi sa souffrance. » Cette Ong en appelle à la « diligente influence » de Abdou Diouf - grand ami de Biya - qui présidait aux destinées du Sénégal lorsque l’ex président camerounais est décédé à Dakar, « afin d’obtenir le rapatriement des restes du président Ahmadou Ahidjo, dans l’honneur et la dignité dus autant à sa dimension qu’à son rang.» A en croire certaines indiscrétions, l’une des dernières volontés de Ahmadou Ahidjo serait d’être inhumé dans le caveau familial aménagé à Nasarao, son village natal entre Garoua et Pitoa où reposent sa mère, sa première épouse, et l’un de ses oncles.
Par Noé NDJEBET MASSOUSSI
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