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16.05.2008

Patrice Ndedi Penda: Comment combattre la malédiction coloniale 

Après votre ouvrage L’habit ne fait pas le moine, vous venez de publier Le clan… ou la formation secrète d’une élite. Qu’est ce qui vous a inspiré la publication de cet ouvrage aujourd’hui ?
 
Ce livre je le portais en moi depuis mon adolescence parce que j’ai été moi-même membre du clan. Mais je ne pensais pas l’écrire parce qu’à l’époque la formation se donnait de bouche à oreille et il était interdit aux membres de la divulguer à d’autres. Tout cela s’est passé il y a bien longtemps. Le clan est né il y a plus de 70 ans et aujourd’hui je me suis aperçu que cette association a pratiquement disparu et que les enseignements qu’on nous avait donnés à l’époque manquaient, à mon avis, cruellement à la jeunesse d’aujourd’hui.

J’ai eu l’opportunité de travailler avec une autre association qui, elle, aussi était composée des membres du clan et nous avons pensé pendant un certain temps faire une évocation de cette période-là. Malheureusement ce projet n’a pas abouti et j’ai décidé tout seul d´écrire ce livre.

L’objectif de l’éducation à l’époque coloniale c’était la reproduction d’une certaine classe et d’un certain nombre de valeurs. Quel est l’impact de cette tâche de reproduction aujourd’hui au Cameroun ?

Je pense que l’objectif autrefois était l’assimilation, même à outrance, des colonisés. Il fallait en faire de petits nègres-blancs en quelque sorte. Je crois que Frantz Fanon a bien résumé cela dans sans la formule “ peau noire masque blanc. ” Vous savez bien que le colonisateur est essentiellement guidé par ses intérêts. Il n’avait aucun intérêt à préparer ou à passer le pouvoir à des gens qui pouvaient léser ses intérêts. Il s’est donc arrangé partout pour choisir et former des personnes qui poursuivraient ce but-là, celui de défendre les intérêts des colons.

Regardez par exemple l’économie. La plupart des grandes entreprises ont souvent leur siège en Europe et l’on constate que des représentations se sont créées de part et d’autre en Afrique. Ça fonctionne un peu comme autrefois où l’entreprise mère était en Europe et envoyait tout le long de la côte africaine des comptoirs pour travailler à son compte. Cela revient à dire que le même processus est là. Même si dans nos pays nous avons des entreprises qui appartiennent aux nationaux, nous ne contrôlons généralement pas les sources de financement.

On constate que les mêmes pratiques se sont perpétuées. Quelles en sont les conséquences aujourd’hui ?

Les conséquences sont multiples. On peut observer le choix des présidentiables. Vous constaterez que si quelqu’un n’a pas le profil de l’emploi, c’est-à-dire s’il ne répond pas aux critères qui sont mis en place par les colons, il a peu de chance d’être élu. Quand bien même il serait par hasard élu par les populations, vous constaterez que généralement ce dernier n’ira pas loin. Il y aura un coup d’Etat qui viendra remettre ceux qui ont la tête de l’emploi en place.

Sur le plan de la gestion du pouvoir, les leaders qui savent pertinemment que le peuple est écarté de la gestion des biens du pays se conduisent comme s’ils étaient en transit dans leur propre pays, parce qu’ils estiment qu’ils sont là provisoirement. Même si on exploite le pays, ils s’y accommodent dans la mesure où l’essentiel est qu’ils restent au pouvoir et en profitent pour dilapider les biens des pays africains.

Y a-t-il quand même sur le terrain quelques mécanismes de résistance du bas peuple ?

Parlant de mécanisme de résistance du bas peuple, je pense qu’il faudrait commencer par créer une société civile responsable. Dans nos pays, la société civile n’est pas organisée. Le bas peuple ne peut presque rien dans ces conditions.

On sait quand même que les mouvements sociaux étaient en train de se mettre en place pour revendiquer. N’est-ce pas là une forme de résistance ?

Evidemment, à condition que nous ayons des syndicats sincères et vrais.

Est-ce à dire qu’il y n’a pas de syndicats sincères au Cameroun ?

Ça m’étonnerait dans la mesure où lorsqu’il y a un grand mouvement au sein d’un syndicat, on s’arrange toujours à le casser.

Que peut l’Afrique pour faire face à cette situation de reproduction qui se perpétue ?

Le pouvoir appartient au peuple. Aucun pouvoir, aucun système, ne peut résister pendant longtemps à la pression populaire. Je pense que le peuple doit se réveiller et s’organiser pour se servir de son pouvoir, même si en face il y a des mécanismes de résistance qui veulent qu’il y ait toujours la fraude. Mais un peuple qui se révolte parce que ses libertés sont bafouées et qui dit “ nous n’allons pas recourir à la violence ”, le pouvoir ne tiendra pas longtemps. On en tuera quelques-uns mais le pouvoir et ceux qui tuent finiront eux-mêmes par fuir ou par être tués.

Mais le peuple peut-il véritablement gérer le pouvoir sans qu’un autre clan se forme ?

Pour limiter l’influence des clans il faut qu’il y ait dans nos pays un Etat de droits c’est-à-dire des lois que tout le peuple est appelé à respecter ; qu’il n’y ait pas des gens au-dessus de la loi, des Africains de haut niveau. A partir du moment où il y a des textes de lois respectés par des magistrats qui ont conscience de leur place dans la société, on peut limiter l’influence de ces clans qui vont toujours se mettre en place.

Je ne vous apprends rien en vous disant que selon les dispositions constitutionnelles le pouvoir est réparti au Cameroun ; il y a un pouvoir exécutif, un pouvoir judiciaire et un pouvoir législatif. Les plus grands penseurs considèrent cela comme les trois piliers de la démocratie dans un Etat de droit. Mais au Cameroun les pouvoirs législatif et judiciaire sont subordonnés au pouvoir exécutif qui en fait tient seul le pays. Suffit-il qu’il y ait des lois pour que tout change ?

Il faut que ces trois pouvoirs soient distincts dans les faits. Ça veut dire que le politique ne doit pas exercer son influence sur les autres. A partir du moment où pour faire une bonne carrière, à partir du moment où, pour d’autres raisons, les juges eux-mêmes sont de connivence avec le pouvoir, le gouvernement ne peut que les utiliser. Or les juges peuvent prendre du recul et juger selon la loi, au nom du peuple.

Le pouvoir législatif doit faire de même. Les députés, également élus par le peuple, doivent avoir le sentiment qu’ils sont investis du pouvoir du peuple et qu’ils représentent le peuple dont ils ont la charge de défendre les intérêts. Dès lors qu’une loi impopulaire leur est proposée, je crois que leur réaction est de la rejeter et non celle d’attendre qu’on vienne nuitamment leur proposer de l’argent pour que cette loi soit adoptée.

Il y a en effet trois leviers sur lesquels on joue pour restaurer l’Etat de droit pour faire disparaître le clan dominant et barrer la voie au colon qui continue de se manifester à travers les dirigeants : le premier étant que les magistrats conquièrent véritablement leur indépendance et appliquent les lois qui sont votées, le deuxième étant que l’Assemblée nationale vote les lois qui vont véritablement servir les intérêts collectifs des peuples qui les ont élus, et le troisième étant qu’une société civile se forme pour faire un contre-poids au pouvoir politique constitué du clan qui pilote l’exécutif.

Par Entretien mené par Alexandre T. Djimeli
Le 07-06-2005
 

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